lundi 28 septembre 2009

...ET AUTRES EFFETS SECONDAIRES

Salad Days by Mark Hearld
(EDITION SOLD OUT)


Samedi, 26 septembre, rue St-Joseph: la vérité sur le crack en face de l’église Saint-Roch. Des enfants, des mendiants, des souriants, des enfantants. Et le soleil avec point de vent. Un petit 2$ pour l'homme dans sa main qui a faim et qui me donne en retour un baisemain. Au Vaisseau d’or, lieu de liseurs, antre parfait pour maraudeurs de l’intellect, backstage, une tablette dans le rayon de la poésie. Jean-Guy Pilon, SAISONS POUR LA CONTINUELLE

CONSTAMMENT
QUE JE PARLE DU JOUR D’AVANT
OU DE LA PLUIE DE DEMAIN

(Parler)


Plus loin, les fantômes du théâtre de la Bordée, oasis pour acteurs et actrices, spectateurs et spectatrices. Sur la Côte d’Abraham, chez Engramme, dans le complexe Méduse, NITASSINAN, qui veut dire territoire ancestral traditionnel. Exposées, estampes de l’artiste Chantal Harvey, gravures sur bois, grandeur de l'émoi. Chez VU, Benoit Aquin, et son DUST BOWL CHINOIS, spectre beige de poussière que l’Homme fonde assis sur sa motocyclette. Avec Marie-Christine Élie, étudiante à la maîtrise et gardienne des lieux, une intéressante conversation sur l’Art en général. Nelly morte, Falardeau mort, la perte de nos créateurs. Mais le gain de Dgino Cantin, et de ses MANIPULATIONS, « pour capter la poésie des objets en dualité, l’écrasement de la matière sur la "vitre-frontière". » Dans l'Oeil du Poisson, LE CHEVALIER DE LA RÉSIGNATION INFINIE, œuvre de Diane Landry, pour « " l’éloge de la force et du courage qu’il faut pour braver le rythme inéluctable des jours qui passent. Une exposition qui nous transporte dans un univers parallèle où la banalité des petites choses laisse place à une émouvante poésie qui sanctifie le mouvement perpétuel et le cycle du temps. » Et sur le ruban de la BANDE VIDÉO, UNE CONVERSATION AVEC GOYA, de Branka Kopecki, pour « la troublante notion du temps dans l'œuvre d’art. » La vitre, un miroir, et le film, qu'un accessoire.







Remonter la St-Jean pour y voir déambuler des gens comme moi, avec ou sans leurs chiens, et toutes leurs dents, qui sourient pleines aux passants. Trouver Satan Belhumeur, de VLB, et Le tas de siège, de Robert Gurik, (trois pièces en un acte) pour me souvenir d'Octobre 1970 et de JE ME SOUVIENS, avec une pensée en racoin pour feu Pierre Falardeau. Et à côté près du Fou-Bar, le vrai, une pour le Coyote. Le Fou-Bar, roman d’Alain Beaulieu qui traînait à l'ombre lui aussi dans la boîte à rabais de la librairie Nelligan. .50 ¢, 1 $ ou 2$, merci à vous tous qui les avez abandonnés à leur joyeux sort. Sur la couverture une oeuvre de Bill Vincent, Portes vertes, encore de la gravure sur bois…Miser sur eux trois pour un petit 5 $.

Entrer chez la Pâtisserie Simon, celle qui ne change pas de décor à tout bout de champ, pour y renifler l’arôme réconfortant des sablés maison, pour en faire quelques provisions, puis pour repartir. C’est long, c’est long, mais le temps est si bon…

Au coin de Crémazie et de Cartier, l’art nouveau de l’Afrique. C'est La Kora, qui me fait penser à toi, ma chère N’deye Mariama. Et à moi. Moi, un peu perdue dans mon continent de petits cossus, m’être retrouvée pour un instant dans le tien, pour prendre de loin ta main via le sourire éclatant de la gentille Sénégalaise, qui justement inaugurait sa boutique aujourd’hui. Il faudra que tu viennes voir ça quand tu reviendras…

Sur l'avenue bondée de piétons, qui m'ont l'air heureux de flâner sur les terrasses de la fin d'après-midi, un saut aux Petits Papiers, pour acheter un Moleskine et deux cartes identiques, SALAD DAYS by Mark Herald, pour les lapins que j’aime tant. Et à quelques pas de là, chez Pinoche, pour acheter les bonbons " à la livre ", ceux-là au gingembre qui piquent la langue, même celles de bois…

Finir par arriver chez May, mon avant-dernière destination. May qui m’attend pour l'apéro et le souper de sa cuisine collective du mardi, que nous prendrons un peu en vitesse ce soir puisque nous allons au théâtre pour y voir ET AUTRES EFFETS SECONDAIRES, une création...collective, celle des finissants du Conservatoire d’art dramatique de Québec, édition 2009, une belle jeunesse gonflée à bloc. La mise en scène est signée par la talentueuse Marie-Josée Bastien. Des miettes dans la caboche, c’est le nom de cette toute nouvelle troupe. Nous en apprendrons un peu plus sur cette maladie mentale qu’est la schizophrénie.

Une pièce tout à fait comme on aime en voir chez PREMIER ACTE, c’est-à-dire avec toute l'ingénieuse simplicité d'un décor " ajusté " aux corps plus grands que nature, ceux qui formaient cet ensemble d'acteurs, une vraie " corps et graphie ". Avec si peu de choses, créer un aussi merveilleux chaos. La densité comme la légèreté, l'équilibre des déséquilibrés. Jean-Pierre Cloutier, en Benoit adulte et itinérant, et Matthew Fournier, en Benoit adolescent qui demeure encore chez ses parents, Benoit, qui cherche SA voix parmi toutes celles qu’il entend sans le vouloir, et sa Tommie...avec un e...Benoit qui va là où les voix lui (r) appellent constamment cette dualité qui le malmène, dualité des plus déconcertantes par moments, mais ô combien satisfaisante à la fin, parce qu’il y a de l’espoir également dans la maladie mentale. Nous pouvions presque toucher à l’âme de ce (s) garçon (s) tant la finale du 52ème tableau fût poignante, nous en sommes tous ressortis sonnés je crois. Des anges ont du passer au-dessus de nos caboches à l’occasion…Et le sourire d’Antoine, qui assistait à la pièce pour y voir jouer une amie. Antoine Gratton, un jeune musicien qui rit comme un bon...pour une &*&%$ de spatule à crêpes sans nom…;-)

Un bon bouillon réconfortant en ce splendide samedi soir, jour de Culture. Le Théâtre, une orthèse pour les âmes en déficit. Cette pièce augure très bien pour le reste de la saison. Pour le chemin du retour, sur la rue Salaberry, ai trouvé cet extrait de la page 91 du Fou-Bar d'Alain Beaulieu: « Je roule ma bosse jusqu’à la côte Salaberry, qui m’offre la ville en spectacle. Le bleu sauvage du ciel au-dessus des Laurentides me fait penser à la mer, au large, à la fuite sans fin de ma complice…".

*** 

La Culture nous habite, la Culture nous précipite dans les grandes gueules de loups solitaires ou bien dans celles plus secrètes des grands manitous. En ce jour de deuil ensoleillé, il y eut des moments que je ne suis pas prête d’oublier. Je me souviendrai de cette fin septembre de 2009. Et de Satan, avec sa belle odeur de moisi….Pour les Beauchemin, famille d’éternels, " Satan qui dormait dans un cercueil qu’il s’était lui-même fabriqué dans de la belle épinette rouge, avec deux monstrueux chandeliers de chaque bord…"…Et ça dit tout…


(Pour le rire contagieux d'Antoine G., parce que j'en avais besoin pour oublier... le 18 mai.)



Du Bas-du-Fleuve


Pierre Falardeau

 
Pierre Falardeau n’était pas mon ami, mais bien davantage: un complice qui me stimulait, rendant ainsi impossible tout découragement dans un pays-pas-encore-pays par la faute de ses élites bourgeoises, corporatistes et veules. Pierre Falardeau et moi, nous partagions la profondeur de ce mot de Nietzsche qui a écrit:


"Si tu veux cultiver le pays, cultive-le à la charrue. Ainsi tu feras la joie de l’oiseau comme du loup qui suit la charrue. Tu feras la joie de toute créature."


Pierre Falardeau a été à la hauteur du mot de Nietzsche. Voilà pourquoi sa mort ne me rend pas d’une tristesse infinie. Les prophètes authentiques sont porteurs de joie pour tout un chacun, l’oiseau, le loup et l’humain. C’est cette grande leçon de choses que nous devons à Pierre Falardeau.

À sa famille, à ses amis, à toutes ces Québécoises et à tous ces Québécois qui cultivent le pays à la charrue, j’offre mon recueillement et le partage de cette joie que Pierre Falardeau a su si bien incarner. Elle est nôtre désormais. Alors, retroussons nos manches et portons cette joie exigeante jusqu’à notre indépendance comme peuple et comme nation.


Victor-Lévy Beaulieu
Trois-Pistoles
Ce 27 septembre 2009

dimanche 27 septembre 2009

La daube

(photo Bertrand Carrière)
(montage: L.L.)



Daube: n.f. (ital. addobbo, assaisonnement). Manière de cuire à l'étouffée certaines viandes braisées (surtout le boeuf) avec un fond de vin rouge; viande ainsi accommodée.

***

Au creux de sa mémoire la mer, et au bout de ses reins, des pierres. Son regard embué, une vitre mal déglacée, son corps renversé dans la poudrerie blanche. Puis une éternelle envolée de paroles récusées. Jamais son cœur prisonnier ne fût plus étanche que celui qui s'était jadis du sien tant désaltéré. Une main blessée, toute tremblante. Quelques embryons aspirés au passage. Et des miroirs dépouillés de son dur visage. L'aura de son fantôme suspendue tout autour...

Une Voix, qui jamais dans ses souvenirs ne le hante, que lorsque dans sa course lente vers son univers rapiécé, il tripla d'un mystère charnel ce que contient l'Amour et ses dérivés. Et le sien, détenu dans l'engrenage de la noirceur des jours. Le tatouage d'une troupe de papillons évadés sur la couleur pourpre de sa peau indolore. Une berceuse imaginaire qui grince au fond d'une mésange vidée. Un étranglement à l'aveuglé, effet d'un geste secondaire. Jamais moins chaude qu'elle ne fût froide, jamais moins fade qu’une daube, emprisonnée entre la couleur fantôme de ses hivers et la lueur dorée de ses aubes, cette contrée nordique, à jamais étendue sur son corps entrouvert.

C'est la toute fin de la répétition générale. La Mort qui rôde dans ses yeux et le regarde. Un cimetière de pierres pour le bon larron. Et des centaines de noirs migrateurs ballons, envolés des murs de sa fédérale prison, là où y virevoltaient au-dessus d’un nid d’hirondelles, le ciel de ses bleus & le chant d'une demoiselle.

C'est une prothèse partielle, cogitée dans la hargne, qui tua notre père en solo, là-bas, dans le trou des salauds, dans le recoin de son bagne. De près ou de loin, nous l'avions tous vu: il était presque nu quand on le sortit frais sanglant de son irrévocable sursis. On le laissa macéré, à demi avoué, dans le supplice de son compromis. On ne déposa point sa tête sur un billot et encore moins sous leurs vénérables culs. On laissa plutôt pendre une corde sensible pour ses fidèles complices, pour qu'ils puissent s'évader eux aussi des corrompus et de leurs vices, ceux-là même qui firent mine un jour de l'avoir reconnu sur la rue.

Nous n'oublierons jamais qu’il avait un jour vécu par ICI, en même temps qu’eux et que nous.


Inspiré par LE PARTY, film réalisé par Pierre Falardeau et par LE COEUR EST UN OISEAU de Richard Desjardins


L. Langlois
1995 - 2009



jeudi 24 septembre 2009

Sagan est morte


Montage: L.L.



Aimer, ce n’est pas seulement " aimer bien ";
c’est surtout comprendre.


Françoise Sagan
(Qui je suis ?)


Les planches d'un lambris de bois possèdent un côté languette mâle, l'autre côté rainure femelle.


À Françoise Sagan, qui est décédée un 24 septembre.



L’Amour féal qui tourne autour de ton sang impur, qui meurt un peu plus à chaque jour, comme à la tombée d’un murmure sourd. Un jeune amant qui fit battre la chamade à tous mes dix-huit ans, quand saignant et gravement malade il m’accompagnait comme une amie incertaine, comme tu le fis toi, Sagan, dans les boues sales et souterraines de mes longues galeries lointaines.

Ces mots que tu métisses et nous unissent, qui jamais ne nous vieillissent, et que lui seul, vieil Adonis, plante en pleine terre au creux de mes supplices…Ces mots qui me manquent, ces mots d’ami mal épris. Ces feuilles que tu déplissent, flanquées au fond de ton sac à malices, ou dans le cul trop étroit d’un hiver étouffé par les fourrures de nos pelisses, comme celles de Lara et de Zhivago.

Malgré l’alcool et le froid, et le décroisement de nos doigts, malgré le son de nos corps en débat et de celui de nos petites bouches de verglas, nos yeux rougis qui se touchent et débouchent sur d'anciennes gueules de bois louches. Et tes doigts jaunis dans le lisse de ma bouche, qui m’entraînent en plein milieu d'un nouveau supplice. Tes mains d'artiste affûtant des flèches factices pour les jeunes novices, depuis le carquois usagé du plus salé de leurs vices. Depuis tes restes automnaux, tes mots bus à même le tonneau; tes mots tannés à même le cuir craquant de nos vieilles peaux…

Et l'Amour, vieille lame rouillée, flammèche pour Illusionnés, qui ampute les cœurs et rase les toits, qui fait couper des têtes et supputer l’Émoi. Bien après que tu ne meurs sur la rive gauche de ma mémoire, j’incendiais volontiers pour toi l’œil bionique d'un trépané. Son orbite noire dans la Rue des Évidés, vautour nu sur son écran à jamais tu.

Du feu sacré des âmes sœurs à l’éclatement de nos destinées, la greffe de tes mots sur ma cornée, rois et reines bien encrés dans ton cœur auto proclamé. Créer de cette histoire mémorable, au nom de nos amours bas de gamme, un réceptacle rempli de rêves lambrissés pour nos cauchemars devenus plus que déraisonnables. Rêves discrets enfermés sous clef dans le Tabernacle des mal consacrés; sanctuaires dégorgés de nouveaux oracles pour ancien printemps de dégel et de débâcles. T’avoir encore écrit ce soir une autre nouvelle, comme si la défunte envie de te revoir en Elle était devenue aussi efficace que rebelle. Comme une résurgence giclée de l'Intemporel, les vives eaux de son dernier souffle, et le sursaut de son ultime désespoir.

Pour que remouille ta pulpe, pour qu’éclate à nouveau ton pré-texte: Peggy, Sue, Barbara ou Juliette, qui s’inculpent de ton troisième sexe. Pour que jamais nous ne cessions d’être éprises l’une dans l’autre, pour être toujours aussi bien mal ici que mal ailleurs, entrouvir à nouveau les feuilles rougies et l’écorce blanchie de tes petits livres, grands lits doubles des jeunes mariés, premières nuits de secondes noces des divorcés.

Pour ne jamais être comme ceux qui ont enfanté dès leurs premiers malaises ces livres qui nous fatiguent, ces pages qui nous dénigrent, rejeter les faux rejetons de la mi-avril, les morts tués dans l'oeuf, ou au chant d’honneur, les morts nés des Fils Prodigues, ces cygnes noirs venus perturber notre Imprévisible. Depuis les congrès de nos déroutes, dans les mots cerclés de la Redoute, face à face, sur la plus meurtrière des routes, la démolition de tous nos sans aucun doute.

Avec nos angoisses qui la raboutent aux voraces vautours, l’encre rouge, celle qui s'avale d’une seule becquetée, celle que tous ceux-là avaient délibérément ensanglantée du dedans saccagé de leurs petits cahiers d’écoliers déboîtés. Tous ceux-là qui un jour avaient sarclé l'Amour de leurs beaux mots d'usagers, et qui formèrent à l'emporte-pièce leurs phrases-clés, pour plus tard aller les incendier dans les foires des affriolants jardins de papier …

Depuis le bon jack daniels de tes nuits blanches mal arrosées, le porto cheap, les traits poudrés, les saignements de nez et le scotch bien tapé pour les larmes sèches de tes frais rasés, et des becs sucrés pour ta petite bouche pincée, des bons baisers de la France de la part de tous ceux et celles qui auraient tant aimé y en avoir déposé. Pour seulement y avoir été l'invité(e) privilégié(e). Pour y être encore.

L’Amour n’est que le co auteur de notre désarroi.


Louise L.
Avril 2005
Mars 2006
Septembre 2009

mercredi 23 septembre 2009

Lu d'ici




VU D'ICI
Mathieu Arsenault
éditions Tryptiques
(extractions spontanées de mes souvenirs " à la pièce ")

CETTE ÉMISSION S’ADRESSE À UN PUBLIC DE TOUS ÂGES


Parce que je ne connais que la mêlée des choses qui ne vont nulle part zappe-moi tout le visible car je n’arrive qu’à me voir dans la réalité et mickey et minnie et pluto et donald et buzz lightyear sont les organes que je cherche à arracher en me déchirant les coutures et en fouillant ma bourrure de toutou mal léché et et et il n’y a pas de et qui tienne parce qu’il n’y a absolument pas de point commun entre l’actualité et mes souvenirs d’enfance et je ne sais que faire ni de la guerre ni des crayons de cire que je me suis fait donner la partie qu’on voit donne une idée de toutes celles qui restent dans l’obscurité je me faisais des cabanes en coussins cabane de certitudes et je pose mon doigt sur l’écran froid comme la surface du Saint-Laurent et ma langue sur le plancher qui cherche des miettes le beurre et la misère du beurre les autres ravagés du réel et je me suis mis à pleurer pour un œuf qui s’était cassé retiens-moi bien dans le rien au-dessus de ce vide ouvert un ouvre-boîte électrique qui pleure et qui ne veut pas qu’on l’abandonne parce qu’il est démodé et inutile dans le silence désolant de ce dépotoir salopé de possibles où finissent les gens brisés par cette vie trépidante et les défis à relever de ce nouveau siècle qui vient de commencer dans soixante ans d’ici au mieux il ne restera rien ni chair ni os ni personne pour se souvenir des pissenlits des bottes et des huissiers personne pour se rappeler comment j’ai erré dans cette banlieue en ruine cherchant en vain quelqu’un qui pourrait me rapailler les fragments éparpillés de ma vie brève sur ce même divan de velours côtelé beige la main au fond de la gorge à la recherche d’une phrase sale et colorée qui ferait tout s’arrêter et tout s’améliorer comme la dernière maison encore debout dans mon pays en béton armé qui s’effrite enterré depuis ma naissance dans la bourrure d’un divan le bruit que fait la combustion spontanée des restes décomposés de milliards d’organismes morts pour aucune autre raison que celle de m’emmener au dépanneur me chercher un six pack de heineken et un sac de nachos avec de la salsa pour faire passer plus vite une soirée de télé dont je ne me souviendrai même plus le lendemain matin ces histoires de gagner de l’argent pour payer l’hypothèque et les vacances sur l’autoroute de kigali à montréal qui passe par la banlieue je voudrais faire cinquante tonneaux comment faire pour retrouver mon chemin vers le confort des dessins animés du samedi matin il est venu le temps de donner aux images la parole l’histoire de québec c’est que j’avais perdu une dent dans le funiculaire speak white best buy and loud qu’on vous entende de boucherville à beauport pour enterrer le bruit de tous les os qui craquent quand me passe dessus le rouleau compresseur des privatisations et des baisses d’impôts je n’habite pas un pays mais un peuple en robe de nuit mais sur cette rue où j’habite on parle français mais on pense en argent le bois dormant a été rasé pour construire ce nouveau développement où je demeure remplir le vide est une dépense prendre la parole est un silence l’asphalte nous retrouve tout le temps la misère en costume de fée donne des coups de baguette à gauche et à droite en voltigeant indifféremment d’une image à l’autre il n’y a pas de maison il n’y a que des cycles économiques acheter plus acheter moins et jeter tout ce qui est trop vieux à la poubelle et ma princesse chérie que je veux garder toujours s’il vous plaît tiens le coup jusqu’à la fin du jour je ne la vois pas encore mais la sortie je vais en trouver une dans ma course petit poucet rêveur j’égrène tout ce que j’ai pour trouver quelques chose à dire j’égrène tout ce que je suis pour trouver quelque chose à te donner j’attends d’être fier de mon pays ça suffit la politique de la terre brûlée ne prendra plus sur nous on a juré de se cultiver même s’il faut que gaston miron passe à la poule aux œufs d’or qu’est-ce qu’il y a au plus profond de notre cœur c’est des barres de couleur c’est de la neige c’est noir c’est blanc c’est rouge c’est l’amour moure moure



mardi 22 septembre 2009

Sous le joug des mots

Michel Goulet
Rêver le Nouveau Monde, 2008


N’ayant jamais été illuminés que par la lumière intangible du Hasard, ils construisirent tout de même sans elle, mais avec la droite robustesse, un abri souterrain, cantonné dans l’une de ces îles vierges de négresse. En voyage tout autour des confluents de la mer, un radeau avance comme un grand train de nuit, il les vogue sur les ondes d’un paysage embrumé. Elle, le visage caché sous le regard fardé de blanc, lui, verrouillé dans les ombres du passé scabreux. Eux, ne péchant et ne s’aimant que dans le simple tourment, ne se couvrant que de la boue de ce providentiel printemps. Une grappe de froideur pour la chaude poignée de rigueur, phare initial que ce refus fustigé, quoiqu’il était bien temps.

Puis des drames écoulés dans les fonds fangeux des étangs noirs, pour ne pas oublier ni la forme ni l’odeur des blancs nénuphars. Libres mais obéissants, sur des airs de Brel ou de Ferré, leurs larmes refoulées dans le bruit syncopé des fanfares, leurs larmes écrouées sur le rubis enrobé d’un gyrophare. Envie de battre le cœur d’une métis, création d’une prodigalité, envie humide de rebelle actrice, inondation dans ce qui se sauve. Avec ses phrases trésors de pirates et ses mots repeints d’argent, la faune bienséante de l’auteur, pour la scène des fauves chauves, réconciliera avec quelques unes des siennes, intimes et scandaleuses, ces quelques autres, phrases qui deviendront plus tard secrets d’alcôve.

L’apparence de leur bonheur brutal, qui paraissait franchement mutuel, les fit se rejoindre sous une galerie actuelle, près d’une peinture gestuelle. Il n’oublia certes pas d’apporter avec lui cahiers usés, plumes et encres, et elle, angoisse renaissante de son rêve d’enfants, misère d’auparavant. Ils déformèrent ensemble la sorte d’urgence de Claude et Muriel, ces ex personnages d’un monde frais repeint d’abysses suburbains. Puis allèrent s’aimer ailleurs que dans l’antre pollué de l’univers des pavés, comme le feraient lézards et salamandres parmi les algues gluantes. Une sortie de secours, sans essayer le moindrement de s’en échapper. Sur l’eau, la forêt boréale flottait. Ils s’engloutirent, laissant ces traces…

Pour leurs mémoires toujours aussi actives qu'indispensables, toute la houle vagabonde de leur vague à l’âme contagieux. Pour la brève et géniale symphonie de l’Amour incontestable, le mythe de l’œuvre, pour que l’on puise un jour reconnaître le travail intégral et colossal de ces deux solitaires contremaîtres. Pour eux, comme le présent de ce temps passé, un poème douteux, que j’offre sans parti pris au poète maudit et à l'amie friable.

1994



vendredi 18 septembre 2009

BANDINI




L’HOMME DOIT AGIR;
À LA LONGUE, L’INACTION DEVIENT MONOTONE.


John Fante
BANDINI

Chaque phrase avait sa propre énergie et elle était suivie par une autre exactement pareille.

Charles Bukowski

***
Pour faire partie de votre avenir, j’ai demandé à la poussière…
Il n’y a pas que la lecture et l’écriture dans la vie.
Rocco à BANDINI

rapiéçage

ROCKLIN, COLORADO

le bruit des pantoufles de ma mère qui entre dans la cuisine
la contemplation de sa tasse de thé
le temps qui rampe comme une limace
la lenteur mélancolique de la cire molle
l'impression générale d'un anonymat monacal

dans le silence de l’attente
le serpent de la culpabilité
QUELQUES CHOSE DE SORDIDE ET DE TERRIBLE,
COMME D’ALLER REGARDER SOUS UNE PIERRE HUMIDE.

l’eau des bénitiers glaçant le bout des doigts et des fronts
l’odeur de mille funérailles et de mille baptêmes
la profonde rêverie silencieuse de la foi

sous l’auvent du cinéma Isis
L O V E O N T H E R I V E R
le trouble poisseux du mal
l’ordalie du purgatoire

et des peupliers fatigués et glacés
étranglés dans l’agonie interminable des longs hivers,
et un torrent qui ne riait plus
dans la petite boîte pourpre
un camée noir sur une chaîne d’or
péché de prodigalité
une minuscule paire de gants
avec au bout des doigts de chers petits trous
et une chaussette grise
elle aussi pleine de trous
avec un gros orteil rouge et nu dedans
pour habiter des chaussures de kangourou

dans le profond fauteuil de lecture
voluptueusement confortable
la torture de l’indécision
le jeu du tourment délicieux
AUTANT QUE FAIRE SE PEUT
DIAVOLO ! DIO ROSPO!
baratin d’Arturo et de Rocco
à l’HÔTEL COLORADO
l’abîme de leurs différences

sur la fleur de leurs peaux
sous la crasse du crapaud
L'ÉTERNEL SCÉNARIO

la porte d'entrée ouverte à tous les vents
et une fenêtre brillante à casser

dans l’attente des ombres du soir
le glaçon dans la bouche
chaos du sang et du cerveau
le sang des papas, le sang de nos sangs...

et un lourd banc

dans la splendeur de ce nouveau monde
une colline
et une petite table rouge où la poussière commençait de s’accumuler
et le seuil d’une école juste au moment de la sonnerie

dans le léger brouhaha des longs rubans de soie
une couronne mortuaire pour Rosa
et une longue prière, comme un rosaire

à l’orée des pins
adossé contre le saule noir
sur le chemin rougeâtre,
un petit flocon de neige étoilé

avec un sifflotement dépourvu de sens

FULL OF LIFE
chaque arbre détient ses souvenirs



mardi 15 septembre 2009

Le Mémorable

Photo: Marguerite Duras
Gaston Miron (1928-1996)



« Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence. »
Euripide
Extrait de Fragments

Je demande pardon aux poètes que j'ai pillés
poètes de tous pays, de toutes époques,
je n'avais pas d'autres mots, d'autres écritures
que les vôtres, mais d'une façon, frères,
c'est un bien grand hommage à vous
car aujourd'hui, ici, entre nous, il y a
d'un homme à l'autre des mots qui sont
le propre fil conducteur de l'homme,
merci

Gaston Miron
extrait du livret des DOUZE HOMMES RAPAILLÉS

***

Mais comment ne pas être tombée en bas de sa chaise dès la première écoute de cet album ? Comment ne pas avoir eu honte de ne pas avoir mieux connu cet homme avant ? Et comment faire pour rattraper tout ce temps-là ?

Gaston Miron, doux homme rapaillé par nos coeurs sans cloison, rêveur à seize heures, ramoneur d'âmes soeurs. Faudrait peut-être lui écrire quelque chose pour lui dire que je l'aime...Les mots que l'on a choisis pour la conception de ce bijou unique, non pas comme l'on enfilerait des perles, non, des mots tout à fait exceptionnels, écrits à la main, par un homme qui n'en finit plus de nous vivre. Le 25 novembre, à Québec, dans l'enceinte de l'Octave-Crémazie, nous écouterons tituber la voix de ses marcheurs qui nous le déportera depuis son grand amour navigateur.

collage

sur le seuil de nos mémoires
les morts d'aujourd'hui
mages du silence

et au nord de notre monde
déserts de blancheur aigüe
quand nos yeux se vident de leur mémoire

dans l'ordinaire rumeur de nos pas à pas
à la place des matins qui nourrit le soleil
nous serons devenus ces bêtes féroces de l'espoir
avec nos vies qui fondèrent la controverse *

Good-bye farewell

tout ce que tu me donnes sans prédire
tout ce que tu me siphonnes doux élixir
Septembre, ou le mois de mai qui revient
Novembre, celui de la pluie chargée de vin

Espérons le mémorable


* orthographié contrEverse dans le livret


lundi 14 septembre 2009

Lendemain



Wolfe’s and Montcalm’s Monument , 1831.
Source : Bibliothèque nationale du Canada, Quebec and its Environs,
being a Picturesque Guide to the Stranger , James Pattison Cockburn.

Il y avait cinq groupes qui participaient à la bataille le matin du 13 septembre 1759. Un, les vainqueurs, les Anglais. Deux, les vaincus, les Français. Trois, les futurs vainqueurs, les Américains. Quatre, les déjà vaincus, les Amérindiens et cinq, finalement, les conquis, nous. Apparemment on a été conquis ce jour-là. On a été conquis, pas vaincus, c'est pas du tout la même chose.

René-Daniel Dubois
in LE SORT DE L'AMÉRIQUE

Étreints par les mots sauvages de leur flamboyant destin, des porteurs de lumière sages arrivèrent de loin par les bois et rivières. Ils détonnèrent, clamèrent ou chuchotèrent, pour ne pas finalement finir par se taire. Puis ils devinrent poussières. Les rêveurs de ce temps-là, mon frère, firent de toi et moi leurs plus proches descendants. Et depuis ce jour du treize septembre 1759 firent à jamais que l'on ne se taise. Les paroles et écrits de certains jours nous blessèrent, mais retinrent en vie, et en nous, le grand coeur des conquis. Les lendemains de Moulin font parfois des petits...

dimanche 13 septembre 2009

Le chant des Plaines


Ce plan de 1734 porte la première mention localisée avec précision du toponyme Abraham. La «rue d’Abraham» rejoint le Chemin de la Grande Allée, mais sans prolongement au sud, site actuel des plaines d’Abraham.

Source: Henry Hiché, Plan annexé à un contrat notarié, BANQ


Peut-être que...
Peut-être que ce banc, là où j'étais assise hier soir, repose là où tu es mort mon frère. Peut-être que toutes ces paroles passées dans la moulinette usée de notre histoire, que tous ces mots-là récités sur le bout de tes doigts brûlés, dans Photo: petit boisé, dans l'attente de nos souvenirs, furent à l'heure pour les absents que nous fûmes depuis tout ce temps. Toutes ces gorges riantes que l'on a déployées, tous ces massacres doux dans le cœur de l'Indien enfirouapé, ces mots mironnés, enchantés de détresse et d'espoir, une nuit sans adresse, dans l'air frais de Québec. Auprès de ta blonde, cent ports d'attache, et une voix, une seule petite voix qui manquait à l'appel, la vôtre...en celle de mon père. Mais peut-être que...

Hubert Marsolais, Andrée Lachapelle, 
Sébastien Ricard, Brigitte Haentjens & Biz
Photo: Robert Mailloux, LA PRESSE

Quelques uns de nos plus beaux textes, récités par des comédiens, chanteurs, historiens et politiciens, unis pour la cause, et une enfant, qui s'amusait toute seule avec deux bouts de branches, de la terre et du gazon, qui creusait un trou, peut-être au même endroit où tu fus tué mon frère, une petite fille qui jouait à l'estropiée avec les mêmes bouts de branches, et un homme, avec sa ceinture fléchée, qui caressait tendrement le cou refroidi de sa bien-aimée, et les arbres, qui écoutaient silencieusement, presque sans bouger, le son des voix qui chantaient a cappella. Le temps a fini par se fixer un rendez-vous avec nous, avec ce qui restait de nous.

Merci à tous les protagonistes, lecteurs de ce spectacle unique, performance on ne peut plus révélatrice de notre jeune histoire. Merci à tous ceux-là qui firent notre simple bonheur d'y être. Je reviendrai souvent sur ces 24 heures passées en votre solidaire compagnie. Et aux absents: même sans votre présence, moi je sais que vous y étiez.


L0U153 L4N6L015
13 septembre 2009


samedi 12 septembre 2009

Descendants

photo: L.L.

(un des deux)






Au milieu de vos Plaines, le centre de nos peines. Pour seulement ce souvenir. Et la parole. Action !


vendredi 11 septembre 2009

Une confession nature




Hier, tout se passait dans la tête, dans l'esprit, dans les livres, à l'écoute d'une voix intérieure. Aujourd'hui tout se passe devant les yeux, dans l'espace, sous la dictée des voix extérieures. Mais il n'y aura rien en l'an 2000 qui n'existe déjà. Tout au plus quelques portes fermées derrière soi.

Mais chaque livre de littérature est un prototype. Il est évident que des écrivains prendront plaisir à utiliser l'ordinateur. J'en connais quelques-uns qui jouent déjà avec leur écran comme d'autres jouent aux échecs. Ils ont formé un club social remarquable, puisque tous les écrivains de l'Amérique du Nord qui ont l'ordinateur à la maison peuvent par exemple correspondre, échanger des textes, entreprendre, par micro-ondes, des projets en commun. Mais entre une lettre, livrée instantanément par ordinateur, et le courrier paresseux que nous connaissons, il n'y a que le facteur temps qui change. Ceux qui sont pressés ont donc à leur disposition des outils plus rapides. Mais qui est pressé ?

JACQUES GODBOUT
Écrire en l'an 2000
in LE MURMURE MARCHAND (1976-1984)
***

Hier, tout se passait dans ma tête, dans mon esprit, dans les livres, à l'écoute d'une voix intérieure....À la librairie Legendre des Galeries de la Canardière, des livres, des vieux livres, des milliers de livres, la plupart usagés, et parmi eux, LA GRANDE TRIBU, celle du non moins grand Victor-Lévy Beaulieu. Une brique offerte à seulement 24.95 $, au lieu de 39.95 $. Un livre d'occasion. Pratiquement encore neuf, comme si ça avait été un fantôme qui l'avait lu. Sans aucune espèce d'hésitation, je le pris. Une autre histoire à lire, pour l'hiver qui s'en vient...Mais avant, LE MURMURE MARCHAND, coincé entre deux autres Godbout, dont L'INTERVIEW, un texte radiophonique coécrit avec Pierre Turgeon. Un tout petit livre. Rouge. 59 pages. Qu'une certaine Guylaine Auclair de Charlesbourg, rue N.D., avait feuilleté en 1973...La vie d'un livre ne s'arrête jamais là....
***


Chico Tremblay, 33 ans, gunman de la pègre montréalaise, caché dans un hôtel de la Rive-Sud, attendant de faire face à ses assassins, répond aux questions d'un journaliste qui le fera parler de son enfance, de ses amis, de ses expériences...
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CHICO --- O.K., j'allais à l'école commerciale. Mon père voulait que je prenne son business alors il m'a envoyé faire le cours commercial. T'sais des comptables, faire des additions. Mais moi je figurais que je travaillerais jamais. Comme mon père qui laissait son manager s'arranger avec toutes les bébelles. Il avait un avion, il partait à la chasse dans le Nord avec des chums. Il lui manquait un oeil à mon père, il portait un oeil de vitre. Quand je me suis retrouvé à Lachine, il a fallu que je me mette à travailler. Avec mon cours commercial pas fini, tout ce que je pouvais faire, c'était travailler comme commis de bureau. Avec un cerveau électronique qui corrigeait mes calculs. On était quatre ou cinq, on se réunissait au coffee break. Tous les gars essayaient de trouver un moyen de fourrer la compagnie. Parce que des fois on avait $ 5,000 à descendre du 15ème étage jusqu'à la banque en bas. Mais ils checkaient. Ils te donnaient 2 minutes pour descendre. Après ça ils téléphonaient pour savoir si t'étais rendu là. Des comptables avaient essayé des hosties de patentes à gosses avec les ordinateurs. Ils s'étaient tous faits fourrés. Sauf un. Celui-là il s'était sauvé en Floride, c'est ce que les gars au bureau disaient. Mais c'était drôle. Tout le monde essayait de fourrer la compagnie.

JOURNALISTE --- Il y avait pas de moralité ?

CHICO ---Ah! de ce côté-là, non. Parce que nous autres, on voyait que la compagnie n'en avait pas d'hostie de moralité. La companie était plus bright que nous autres, c'est toute. C'est là que j'ai pensé à mon premier coup.

L'interview
Leméac - 1972 ( premier prix du Concours des oeuvres dramatiques de Radio-Canada)


jeudi 10 septembre 2009

Coup de circuit dans les neurones


« Timothy Leary's dead. 
No, no, he's outside looking in »

The Moody Blues



« Un employé anonyme qui se joint à la longue file des banlieusards pour aller au boulot le matin et qui rentre chez lui le soir pour ingurgiter des martinis… comme des millions de robots intellectuels issus de la classe moyenne libérale. »

Thimothy Leary
***

Et pourquoi pas ? Qu'est-ce qu'il y aurait eu de mieux à faire ce matin que de vous parler de Thimothy Leary ? Du pourquoi des Moody Blues pour en arriver à Mitch Joel...? Des six degrés de séparation ou de la règle des trois clics ? Parce qu'après avoir lu une brève réponse de courriel, dans lequel on me disait que si l'on était pas sage avec Facebook que ça devient vite addictive ce bidule social, le fantôme flottant de l'ancien gourou m'est apparu....Voici un extrait de son NEUROLOGIQUE:

Tout ou rien

Tout ou rien, telle est la loi du neurone. La cellule nerveuse est, ou bien stimulée, ou bien au neutre. C'est l'intensité et la nouveauté de l'expérience qui détermineront combien de synapses et d'autres circuits entreront en action.

Les mots, les connexions laryngiennes et la pensée sont essentiellement des réactions musculaires apprises, lentes et malhabiles. Pour exprimer sa conscience neurologique, l'individu doit apprendre à se servir de moyens de communication multidimensionnels, multi-sensoriels électriques et électroniques, et de modes de fusionnement inter-personnel.

(p.67)

***

Et maintenant, une question: Google, Facebook, YouTube, Blogger, Twitter, etc... WHY ?
Réponse (ou une partie): http://www.youtube.com/watch?v=joA89bb3T0k

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10 septembre à 08:32
L.L. à P.B. :

En tout cas, ça demeure que c'est un moyen ( bon ou mauvais ? je ne saurais dire encore) d'entrer en communication avec ceux que tu vois rarement, d'écarter un peu cette solitude de tes jours gris, d'écarter aussi ceux que tu ne désires pas voir rôder dans ton harem, d'avoir l'impression que tu fais toi aussi partie de ce projet un peu " indiscret " qu'on a appelé la vie de tous les jours, de te sentir moins seul. ;-) En espérant que tu sors un peu dehors tout de même, il fait tellement beau. Bonne journée cher. Et à bientôt. xxx

***

Le rire est la clé de l'évolution.
T. Leary, Montréal, 14 avril 1980


mercredi 9 septembre 2009

24 heures pour 250 ans

Battle of Quebec


Au bout du clavier nous avons désormais tout les textes et toutes les images du monde, c'est-à-dire beaucoup plus que ce dont nous avons réellement besoin. Mais l'ordinateur, quoi qu'on en dise, n'a pas de mémoire. Il n'a que des tiroirs.

Jacques Godbout
L'histoire est une fiction (12)
in Le sort de l'Amérique

***

Paul Ahmarani, Victor-Lévy Beaulieu, Marc Béland, Frédéric Bouffard, Lorraine Côté, , Jean-Marc-Dalpé, Raoul Duguay, Michel Faubert, Hugues Frenette, Marie Gignac, Brigitte Haentjens, Hugo Latulippe, Jacques Leblanc, Robert Lepage, Nathalie Lessard, Loco Locass, Baron Georges de Marestan, Yann Perreau, Luc Picard, Lucien Ratio, Sébastien Ricard, Sylvain Rivière, Jack Robitaille, Evelyne Rompré, Samian, Konrad Sioui, Marie Tifo, Gilles Vigneault, Laure Waridel, Andrew Wolfe (Burroughs)...Quelques unes des voix qui apporteront des paroles au Moulin, samedi et dimanche prochains.

Pour se souvenir qu'il y eut une bataille par ici: http://www.youtube.com/watch?v=D4eVwzZ9a_A



mardi 8 septembre 2009

Désormais





Les Plaines d'Abraham étant le lieu de toutes nos réjouissances ainsi que de toutes nos résistances, on ne sait jamais Monsieur, peut-être que ça va finir par défoncer un jour. Qui sait ? Les conquis ? Les vaincus ? On a le choix de ses héros ou de ses fantômes. Entre 20 et 81:29 minutes.


Les consommateurs n'ont aucun besoin d'historiens, au contraire. L'idée de plaisir a remplacé la quête, les thérapies, la religion, et la solitude des consommateurs de fond ne permet pas l'histoire. C'est désormais chacun pour soi.


Jacques Godbout
Le murmure marchand
Revue LIBERTÉ no. 47, 1983



lundi 7 septembre 2009

7 septembre au matin

Il faut mentir pour dire la vérité des choses.
Jacques Godbout

Et l'ange du pays vient baiser nos drapeaux.
William Chapman

Mouliner
Tordre ou filer la soie avec une sorte de moulin garni de bobines et de fuseaux.
Les fils fantaisie sont le plus souvent des retors et ils sont moulinés irrégulièrement.
(D. de Prat, Nouveau manuel complet de filature;
1re partie: Fibres animales & minérales, Encyclopédie Roret, 1914)

Mouliner
Ronger le bois et le mettre, par places, en menue poussière, en parlant des vers.

(wikipedia)

***

La voix de l'Enfant que l'on fit sur les planchers de bois franc; les bras en croix que le françois charcuta de son oeil en émoi; le sang qui perla dans le visage de son néo-néant. Ces instants semi précieux incrustés dans la chair des amants, tels des pierres perdues au milieu d'un étang de sang; cette voix d'antan qui scie encore ton coeur en deux, ton coeur toujours saignant, depuis près de 250 ans.

Septembre, qui te régurgite les restes des généraux, comme ceux que la coke t'arracha de sur l'émail de ton ventre béant. Septembre, fumant dans les jardins de papiers brûlants, là-bas sur des Plaines enflammées par les canons de nos bouches humectées de paroles moulinées. Demain, nous rempliront encore nos vers de ce péan. Sous la grêle des balles, mousquets en main, un deuil sans nom couvrira nos champs...



dimanche 6 septembre 2009

Sérendipité

Découverte, par chance ou par sagacité d'informations qu'on ne cherchait pas exactement. La sérendipité, ou serendipity en anglais, est l'art de trouver quelque chose d'imprévu en cherchant autre chose.
(wikipedia)


Au hasard des touches, au coeur du clavier, sans avoir eu à se concentrer, une heure en avance, une heure en retard, nul ne sait vraiment ce qui fait ce moment unique. Au hasard d'un clic, d'un clin d'oeil, d'un coup de vent ou d'un coup de chapeau, les sorts se jouent parfois aux dés, les pipés comme les jetés. Sérendipité, un mot comme tant d'autres. Comme diffuser, vouvoyer, interviewer, surtaxer, barber.

vendredi 4 septembre 2009

Jour impérial dans le Nouvo St-Roch



Au Comptoir du Livre, Le sort de l'Amérique, ou le 13 septembre 1759 s'est joué en vingt minutes, de Jacques Godbout. Chez L'Artisan et son pays, échoppe de fromages artisanaux québécois, les paroles du proprio qui goûtent aussi bon que le Délice des marais. Chez Camellia Sinensis, la boutique de thés, des perles de dragon bues dans la pleine sérénité. Chez Champagne chocolatier, des perles de noir fourrées à toutes sortes de crèmes. Et au Cirque du Soleil, sous les bretelles de béton, une belle troupe d'Embarrassants.

***

En ce soir de fin d'été, là où le Soleil luit sous la nuit aux côtés de sa pleine Lune, le jour où les fils et filles de Laliberté firent de cette soirée un jour impérial, des milliers d'itinérants, comme nous, épaule à épaule, entendirent sous les bretelles de la Capitale le son équitable du piano des pauvres. Des Embarrassants dans le dôme des espérances créèrent Ivresse et Beauté, deux gouttes d'eau salées pour nos yeux éblouis. Nous revinrent sur Terre.

***

Et puis Svevo Bandini, dans le fin fond de son Colorado glacial, qui grogne sa rogne et ronge son frein, en attendant qu'un autre jour se lève...Et la semaine prochaine, sur les Plaines de ce cher Abraham, un Moulin, non pas à images celui-là, mais à paroles. Avec des Embarrassants d'une autre espèce...







jeudi 3 septembre 2009

Impression no. 1

La brique entre les mains du vent. L'automne à ta porte. On cogne sur l'Impuissant. On lui dévalise son tourment. Il craint le printemps. Nous n'élirons plus que les livres à sensation molle. L'Art, dans le champ de la beauté des corolles.