mercredi 31 mars 2010

La sueur des promesses sur le genou d'Hubert




LA MÈRE D’UN FILS NE SERA JAMAIS SON AMIE
Jean Cocteau

Une mère qui mange un bagel au fromage à la crème et qui suce ses doigts devant son fils/c’est-tu assez dégueulasse ça, Madame Lemming ? Madame Lemming, ou Chantale, la mère morte d’un auteur de demain, qui n’aime pas les papillons sur ses murs de banlieue plate, un jeune auteur qui se fout un I-Pod sur les oreilles pour ne plus l'entendre parler, qui lui crie qu'elle vient de passer sur la rouge, qui se fera offrir des bonbons par une douce et gentille professeure... Hubert/Xavier, oui, pour un premier film, c’est spécial, il y a là quelque chose qui se passe entre lui et cette mère aimante..

Casser de la vaisselle dans sa tête, siffler La vie en rose, avaler des crottes de fromage prédestinées aux fourmis, pédaler entre les craques de rues du 450. PARLER. AIMER. Et CRITIQUER...(positivement) le motif safari de l'abat-jour de la lampe qui s'accorde bien avec le petit rayé du tigre dans le tableau au-dessus du sofa...s'ACCOTER contre un mur de briques rouges, faure une pause...dripper de l'amour au plancher...écouter cette musique amélie poulin, l'avoir coincé dans le travers du coeur et de la gorge....Envoyé promener le monde ou le faire philosopher dans un coin du boudoir de monsieur le marquis...Faire éclater une vitrine dans sa tête...et des assiettes, pour le vrai...Nouer des cravates de bugs bunny à des quotients de 150...Lire la dernière strophe de la page 218....Retrouver l'enfant-roi dans son Royaume, arracher du visage d'un ange de pâte fimo la larme bleue des jours gris...

À Montmagny, on a peut-être fini par se parler...comme avant...

--- « BONJOUR HUBERT, tu sais qu'ici, dans le salon de bronzage, on n'attrape jamais le cancer, parce que c'est même pas du vrai soleil »
***

J'AI TUÉ MA MÈRE, un film fort touchant pour la beaunté des personnages, notamment celle de Sophie Clément en professeur attachée/attachante, mais aussi et surtout très drôle de par l'époustouflante interprétation qu'Anne Dorval fait de cette mère un peu chiante mais si aimante. Et bien évidemment pour Xavier Dolan qui EST ce film. Ses gros plans noir et blanc de lui-même dans la baignoire: du bonbon ! Ces lèvres parfaites, découpées à la James Dean, vraiment j'ai cru revoir en lui ce dieu de ma jeunesse. Cette façon franche qu'il a de nous parler, du direct au but, c'est ce qui m'a le plus charmée et désarmée. Des fils aussi beaux et intelligents qu'Hubert qui parlent ainsi à leur mère, il n'y en a pas qu'au cinéma, et je suis bien placée pour le savoir. ;-) Qui sait ? Peut-être qu'un jour on parlera d'Hubert Minel comme on le fait encore d'Antoine Doinel.

« Soyez à l'écoute »

dimanche 28 mars 2010

Des joues en feu



Jean Cocteau, Georges Auric
Raymond Radiguet et John Russell 
Bibliothèque Jacques Doucet, Paris
don Marie Laurencin © Bibliothèque Jacques Doucet / fonds iconographique




Hier soir, au gala des Jutra, après avoir vu la joue en feu de Patrice L'Écuyer, celles tout aussi en feu d'un jeune créateur d'ici. Avec son regard embué et ses paroles vibrantes, il a encore une fois envoûter toute la place. Je n'ai pas encore vu son J'AI TUÉ MA MÈRE, mais ça ne saurait tarder. Cependant, il me plaît d'imaginer que par son audace Xavier Dolan pourrait être de ceux que l'on oubliera pas de sitôt.

Peut-être est-ce là le simple fait que je lise LES JOUES EN FEU de Raymond Radiguet ces jours-ci et que j'aie terminé LE GRAND ÉCART de Jean Cocteau il y a quelques semaines, mais il existe certainement un lien entre eux et lui, parce que la fraîche beauté de leur audace aura fait la preuve de leur touchante intelligence. Il est à souhaiter que Xavier Dolan puisse vivre un peu plus longtemps que l'impossible M. Bébé, que sa belle et surprenante histoire puisse se poursuivre ici et là, surtout là.

(Bon, il me semblait bien aussi que M. Dolan n'avait pas eu à faire qu'avec Jean Coutu...;-) En tapant Xavier Dolan/Jean Cocteau sur Googles, juste pour voir s'il n'y avait pas déjà eu quelque chose " entre eux ", je suis tombée sur cette interview du Figaro du 10 mai 2009; elle se termine ainsi:

Et, à ces mots, Xavier Dolan, baisse son pantalon. « Cela devient très intime », dit-il, amusé. Et il vous montre, tatouée dans sa chair, au-dessus du genou droit, la phrase de Jean Cocteau « L'œuvre est une sueur ».


(Et voilà. La boucle est bouclée, cher Xavier, nous venons d'assister à la naissance d'un autre beau et grandissant phénomène.)


ÉCHO

Petite niaise ! qui, pour me plaire, se fait fine taille: sa ceinture pourrait être ma couronne. Ville, statue géante, avec, en guise de ceinture, un chemin de fer. Villas abandonnées, instruments de musique qu'on n'a pas baptisés. Gai comme la romance d'un arbre en exil, le vent du Sud émeut les clochettes que le hasard accrocha au cou des beautés déchues. Banlieue criminelle; ici, les roses sont des lanternes sourdes. A quoi pensez-vous ? Quand il mourut, Narcisse avait mon âge. Lac, miroir concave; pour mon anniversaire le lac m'a fait cadeau d'une image qui m'épouvante.

Raymond Radiguet
LES JOUES EN FEU et autres poèmes


1923

En février, Cocteau s’isole quelques jours à Chantilly, à l’hôtel du Grand-Condé. En mars, Le Diable au corps est publié. En avril, Cocteau effectue un voyage à Londres et à Oxford avec Radiguet. A l’automne, Plain-chant, la Rose de François, Picasso et en octobre, à une semaine d’intervalle, Le Grand écart et Thomas l’Imposteur sont publiés. A la fin de novembre, Radiguet s’installe à l’hôtel Foyot. Il meurt, le 12 décembre, d’une typhoïde mal soignée. Cocteau, très affecté, n’assistera pas aux obsèques.


Après la disparition du petit Raymond, tout le monde se persuada que le charme était le secret professionnel des écrivains.
François Bott
Critique littéraire




LE GRAND ÉCART

(Résumé)
Jacques Forestier préparait son baccalauréat. Ses parents, obligés de vivre une année en Touraine, le mirent en pension chez un professeur, monsieur Berlin, rue de l'Estrapade, à Paris. Mais Jacques, qui émeut tant l'imposante madame Berlin, va séduire tout d'abord Louise, qui danse à la Scala. Puis il aimera Germaine, qui elle aussi est dans le spectacle. Puis il y a Nestor, Lazare et Osiris, les amants, les amis, les protecteurs de ces dames. Il y a aussi Paris et la jeunesse qui passe, comme si on faisait un pied de nez au destin. Pourtant, nous savons bien que la fête qui commence devra s'achever un jour, et qu'avant de choisir notre destin, la mort nous a déjà choisis. La carte de notre vie est pliée de telle sorte que nous ne voyons pas une seule grande route qui la traverse, mais au fur et à mesure qu'elle s'ouvre, toujours une petite route neuve. Nous croyons choisir et nous n'avons pas le choix. Dans ce roman, écrit en 1923, Jean Cocteau mêle tendresse, humour et légèreté, comme pour un pastiche. Mais derrière ces pirouettes et ces clins d'oeil, se cache un sourire plus grave. Après avoir dansé et rit, vers quel destin s'en va Jacques ?


EXTRAIT (choisi pour la scène finale entre la mère et le fils)


Le diamant, qu'est-ce ? Un fils de charbonnier, devenu riche. Ne lui sacrifions pas notre chance. Ni fleuve, ni diamant. L'eau molle et l'eau dure n'auront plus ses larmes.

Ainsi Jacques se fait des mots. Il croit fixer un type, cerner l'ennemi, le voir en face, ligoter le fantôme, se mettre en garde contre le danger connu.

Les mots fleuve, diamant, vitre, sirène, sont des fétiches nègres. Mieux vaudrait un signalement. Mais quel signalement ? Le vrai monstre a beaucoup trop de têtes différentes. Leur multitude cache son corps.

Jacques bouge, regarde sa mère en souriant. Elle se lève. Elle va faire une maladresse charmante, avouer sa jalousie.

--- Jacques, dit-elle, mon Jacques, il ne faut plus te tourmenter pour une mauvaise femme.

Jacques lâche ses résolutions d'un seul coup. Il se contracte, se révolte. Mme Forestier se rasseoit. Il cherche sur la table un porte-carte, l'ouvre, tire par bravade la photographie de Germaine. Que voit-il ? Une actrice. Il ferme les yeux. Sa martingale réapparaît. Il s'y accroche. Sa mère pardonne et, pour rompre le silence:

--- Tu te souviens d'Idgi d'Ybreo à Mürren ?

Elle compte ses mailles...

--- Le journal annonce sa mort au Caire.

Cette fois, Mme Forestier lâche son ouvrage. Jacques se renverse. Des larmes coulent sur ses joues, des larmes profondes.

--- Jacques...mon ange...s'écrie-t-elle. Qu'y a-t-il ? Jacques !

Elle l'embrasse, l'enferme dans son châle. Il sanglote sans répondre.

Il voit un lit. Contre ce lit, le dieu Anubis se dresse. Il a une tête de chien. Il lèche une petite figure toute froide, toute noble, déjà momifiée par la douleur.

Jean Cocteau
Le grand écart (p. 153-154)

POÉSIE

De son amour noircir les murs,
C'est très difficile à la ville;
Souvent les murs étant de verre
Aux patineurs je porte envie

Mais me contente de mes vers;
Seuls les voleurs sont assez riches
Pour inscrire sur la vitrine
Le prénom de leur bien-aimée.

Que ton diamant, Poésie,
Une de ces vitrines raye,
Des bavardes boucles d'oreilles,
J'achète ou vole le silence,

Pour en orner de roses lobes.
Patineur, la glace est rompue
(En belle anglaise copiée,
Ma poésie, avec ses pieds).

Raymond Radiguet
Les Joues en feu et autres poèmes


NOTRE PETIT MONSIEUR

Comme les fins fétus de paille tirés au sort, romancier de l'angélique urgence de vivre, tu te fis aimer automatiquement de la Mort/Comme le moustique gavé de sang qui éclate après avoir trop bu, ivre, comme un bourgeon gavé de ton printemps, Cocteau éclatant, s'aspergeant de ton essence/Autour de ce corps givré de jouvence, esprit libéré de toutes ses souffrances, tu préféras t'emmurer dans le Silence/Nous relisions ensemble cet unique roman dans lequel tu y avais déposé tout le talent qui méritait amplement ta frêle immortalité/Au sein de tous ces futurs malentendus, tu pourras désormais dormir en paix, décoré par les mots de ta transparence avec comme seul cachet, ton nom: Radiguet/Comme elle fût courte ta jeunesse, Ô ! Raymond, Petit Monsieur protégé des génies bienveillants/Non ! jamais les démons du midi, ces vieilles putes, ne parviendront à cerner tes yeux ni ne les rideront/Après avoir lu tes mots profanés puis consacrés, tu greffas en mon âme importée par ta douce France/ceux du symbole parfait que fût cet Amant du Temps/Amant qui donna ton sang à ceux que nous sommes devenus, ceux-là mêmes qui naquirent des deux fins poètes que vous fûtes.

Claude É. Larousse
Diatomées et Paramécies
1995



samedi 27 mars 2010

Au coin de Ste-Cath et de Champlain

Rodrigue Jean
Photo: ONF




HOMMES À LOUER, réalisé par Rodrigue Jean, (en nomination aux Jutra pour le meilleur documentaire) un autre de ces films documentaires qui secoue les pleumats de l'âme-mère. Ces jeunes hommes qui ont des visages d'anges avec des yeux de chats sauvages, qui se prostituent à cause de la drogue ou/et qui se droguent à cause de la prostitution, m'ont fait penser un instant à Ripley Bogle, ce personnage drop-out du roman du même nom écrit par Robert McLiam Wilson.

Qui sont-ils vraiment ces hommes à louer ? Ils ne le savent pas eux-mêmes, ils sont tout simplement là, en train de se battre, de se débattre, de se défoncer, de se faire sucer, de se demander pourquoi ils font ça. J'ai vu dans la lueur de leur regard quelque chose qui m'a éclairé sur ce qui s'est passé cette semaine à Charlesbourg, alors que L.-P., un jeune homme de 22 ans qui a agressé sa mère au couteau et qui s'est livré à des voies de fait sur son jeune frère âgé de 17 ans, s'est vu arrêté par la police et emmené en prison. L.-P., avec qui j'ai traîné sur les bancs d'école il y a deux ans alors que nous suivions un cours d'immersion anglaise. Pas lui, mais oui, lui, L.-P., qui se droguait et avait un train de vie assez rock'n roll, qui se présentait en classe un jour sur deux, qui justement s'était fait sortir du cours à cause de ça et qui avait menacé l'une des élèves dans la classe en lui disant " je vais te tuer, toé ", parce qu'elle avait manifesté un certain ressentiment à son égard du à son " mauvais " comportement. J'étais assise à un banc de lui quand il lui a dit ça avec des éclairs dans les yeux. Nous avions eu peur qu'il aille plus loin mais il est tout simplement sorti de classe, sans plus. Le lendemain matin il était à nouveau à sa place mais encore passablement amoché, agité et maussade. Sous la pression des élèves troublés le directeur l'a donc mis à la porte du cours, et de l'école. On n'entendit plus jamais parler de lui jusqu'à cette semaine, deux ans plus tard...

Quelle ne fût pas ma stupéfaction lorsque je vis son beau visage dans le carreau de la fenêtre de l'auto de police. De la stupéfaction, oui, c'est sûr, mais pas tant que ça, étant donné ce qui s'était passé dans la classe, mais des interrogations à propos des multiples antécédants judiciaires qu'il a connus lors de ces deux dernières années, pas moins de 14. Alimentés par la violence, la drogue, le manque d'argent et quoi d'autre encore, les risques d'explosions spontanées sont parfois inévitables pour ces jeunes hommes désemparés. J'ai appris que L.-P. avait reçu des verdicts de non-responsabilité parce qu'il souffre de troubles mentaux, il doit d'ailleurs subir un examen psychiatrique afin de déterminer son aptitude à comparaître...



Le film de Rodrigue Jean ne se termine pas, il se poursuit...au coin de Ste-Catherine et de Champlain, là où les doses sont parfois mortelles...








samedi 20 mars 2010

Le Chemin du Trèfle

Miss Marianna O' Gallagher
(dans ce qui sera l'une de ses dernières apparitions publiques)


DÉFILÉ DE LA ST-PATRICK
Québec, rue Fraser
Samedi, 20 mars 2010

photos: L.L.


Le chant écriaillé d’une corneille effrontée dans le samedi matin. Le chauffeur d’autobus de la 44 qui te donnerait la lune si tu la lui demandais. La conversation au coin de l'arrêt de la 800 avec le gentil Jérôme qui s’en allait jouer aux quilles. Une parade pour l’Irlandais dans la ville que tu aimes le plus au monde. Le son des petites fanfares comme celles des plus solennelles. Les cornemuses du NYPD. Le jeune joueur de cymbales des ÉCLAIRS. La grosse caisse des TITANS. Et l'irradiant sourire d’un joyeux troubadour philosophe, beau bonhomme de neige fondu sous le plus chaud des soleils de mars. Le son de sa petite caisse claire d'enfant. Miss Marianna O’Gallagher, amie de la famille K. et grande patronne des Irlandais de Québec.




Le pub Galway sur la rue Cartier pour voir fêter les fêtards. Keith Kouna chez Sillons le disquaire avec SON Labrador, le Zinc no. 3, celui de l’été 2004, avec ses belles lettres-réponses à VLB plus quelques poèmes sans fin briseboisiens...


Dans la brume

On

En

Aura beaucoup à se dire


Une tournée des restaurants indiens du quartier Montcalm pour en choisir un dans un avenir rapproché. Une visite de courtoisie chez l'épicier traiteur Morena pour faire se concentrer toutes les bonnes odeurs de ce monde. Pour se pourlécher les babines. Pour imaginer l’été prochain...Une cuillère à café ramassée dans la rue plus un caillou dans la plate-bande dégelée. Un petit lapin tirelire caché dans le coffre à trésors de May. Un Martini siroté avant le shop-suey du mardi. Un pet-de-sœur réchauffé dans la saveur d'un bon thé infusé dans le bijou de la porcelaine anglaise ivoire et dorée…Le soleil pâlot émergeant des nuages dégrisés. Le retour tranquille dans la banlieue voisine. Les retrouvailles avec l’Ami Lapin. Une tiède léchée de sa tendresse. Un amour à recommencer...Le crash glacé dans la froideur de la vitesse en folie. Le contentements des purs plaisirs de ce premier jour de printemps. La lecture d'un simple quotidien. Le Devoir d’en être son unique lecteur....La chaleur de la lune. Le restant de la nuit. Ce jour-là est fini.




jeudi 18 mars 2010

CALIGULA: le pouvoir de la solitude

Photo: Louise Leblanc

Christian Michaud
la preuve qu'il aura fallu que ce monstre existe.




Nous savons pertinemment que nous sommes gouvernés par une administration qui nous ment effrontément. Nous sommes apparemment comme ces parents libéraux qui acceptent volontiers les affabulations de leur enfant préféré. Nous voulons croire que la vie ne va pas sans une certaine vilenie.

Robert McLiam Wilson
LES DÉPOSSÉDÉS 
(p.235)

CALIGULA QUI DANSE DANS SES PLUS BEAUX ATOURS, QUI JOUE DE LA GUITARE ÉLECTRIQUE AU PLAFOND, QUI FAIT PLUTÔT DANS L’ÉMOTIF, QUI FAIT VRAI, QUI JOUE CRU, QUI VOIT GRAND, QUI NOUS DÉTEND. CALIGULA, VIA CAMUS, MIS EN SCÈNE PAR GILL CHAMPAGNE. CALIGULA, DU GRAND THÉÂTRE ET SURTOUT DU GRAND CHRISTIAN MICHAUD. ET DE PARFAITS BEAUX ET BONS ACOLYTES, QUI LUI DONNENT DES BELLES ET FRANCHES RÉPLIQUES. SANS BAVURE. ET DE LA MUSIQUE AJUSTÉE AU CORPS DU TEXTE. PLUS DES COSTUMES HAUTE COUTURE ET DES ÉCLAIRAGES LUNAIRES. CALIGULA, DE LA VIE, DE LA MORT, DU SEXE. ET DES HOMMES. CALIGULA: OU BIEN TU POURLÈCHES, OU BIEN TU LYNCHES, SINON T’ES DANS LA DÈCHE. CALIGULA, POUR LA FOLIE DU POUVOIR, MAIS AUSSI POUR CELLE DE LA POÉSIE QUI ÉMEUT OU QUI DIVERTIT. CALIGULA, QUAND LE ROUGE COLORE LE BLANC DE L’ŒIL, QUAND LA CHAIR ROSIT, QUAND LES CŒURS REFROIDISSENT. CALIGULA, QUAND LE JOUR SE LÈVE SUR L'ANCIEN NOUVEAU MONDE. QUAND LA NUIT LE DÉCOUCHE DANS LES PROCHAINS CERCUEILS. CALIGULA, PARCE QU'IL SERA TOUJOURS BEL ET BIEN TEMPS D'ÊTRE ENCORE VIVANT. ICI, PARTOUT. ET AILLEURS.

Une mention spéciale à messieurs Olivier Normand, Steve Gagnon et Jean-Nicolas Marquis, respectivement dans les rôles de Cherea, Scipion et Hélicon, leur soutenante performance aura fait de cette pièce qu'elle en soit une de douce résistance. Si on avait eu à en demander plus à un acteur, cet acteur n'aurait pas pu exister. Merci à toute l'équipe de production, plus particulièrement au travail impeccable du scénographe, Jean Hazel, qui après Octobre 70 et Lipsynch n'avait rien perdu de son ingéniosité.


mercredi 17 mars 2010

L'annonce faite au printemps


FESSE QUE DOIS!

La Reine-Nègre et autres textes vaguement polémiques

Les Éditions Trois-Pistoles sont heureuses d’annoncer la parution de La Reine-Nègre et autres textes vaguement polémiques de Victor-Lévy Beaulieu. Cet ouvrage constitue la suite logique et chronologique des écrits de toutes sortes que VLB a rédigés depuis qu’il est écrivain et éditeur: Écrits de jeunesse, Chroniques du pays malaisé et Entre la sainteté et le terrorisme  — morceaux épars de ses interventions publiques sur l’écriture, la littérature, la politique et l’édition. Plusieurs de ces textes ont été publiés dans les médias; d’autres ne l’ont pas été, parce qu’on n’a pas jugé bon de les faire paraître pour toutes sortes de raisons: à cause de l’humeur qui s’épanchait dedans et portant trop à controverse, à cause du manque d’espace, à cause de l’actualité considérée comme une galopante schizophrénie.

Dans La Reine-Nègre et autres textes vaguement polémiques, on trouvera donc des textes inédits: sur les vieux penseurs grecs, sur ce génie que fut Jean-François Champollion, sur la Conquête de l’espace et sur l’inscription de notre littérature nationale au travers des mots américains.

La Reine-Nègre et autres textes vaguement polémiques est entrecoupé de quelques entrevues importantes que VLB a accordées à la revue Possibles et à Lettres Québécoises. Un fort beau texte de Josée Blanchette sur la solitude, publié dans Le Devoir, donne tout son sens au projet littéraire que poursuit VLB depuis plus de quarante ans.

La Reine-Nègre et autres textes vaguement polémiques est un ouvrage de 450 pages, porte le numéro isbn 978-2-978-89583-213-3 et est en vente partout au prix de 29.95$.

PARUTION: 22 MARS 2010

dimanche 14 mars 2010

LIPSYNCH: Dans le fruit de nos entrailles

Photo: Jacques Desmarais





Le petit orphelin fut reçu par elle comme un fils, élevé près de sa fille, et partagea avec celle-ci les caresses de la douairière, et cela d’une manière si égale, qu’il était difficile de distinguer lequel des deux était l’enfant de ses entrailles ou l’enfant de son adoption.

Alexandre Dumas
Othon l’archer
1839






Dans l'ordre ou le désordre des neuf vies: trois, huit et neuf---un, deux et cinq----quatre, six et sept. Marie-Michelle-Thomas-Jeremy-Ada-Sarah-Sebastian-Jackson et Lupe. Dans les plis lisses de leurs voix, leur oeil qui luit. LIPSYNCH...Le regard du maître dans celui de ses disciples. L'étendue de la portée du son sur ses lumières....Les douces embardées dans ses revirements de décors. Les modulations spontanées des cordes vocales sur les images de son histoire. Le viol imparfait d'une vie sans mort. L'enfant qui porte sa mère dans les trouées de la mémoire. L'interprète qui nous le chante de ses entrailles jusqu'aux entractes. LIPSYNCH...Pour la pureté du simple geste du don des mots. Pour l'importance d'un poète révélé derrière la vitre d'une douce schizophrène. Contre l'assistance des toux navrantes aux langues mortes ou savantes. Pour la grandiloquence d'une drôle de flatulence...LIPSYNCH...Le théâtre dans le cinéma. Le JEU du retour des pas sans bruit. Le défilé de nos âmes en sueur sur le fil frais cassant des hommes bombes.


Le samedi 13 mars 2010, un homme améliora le progrès avec sa brillante équipe de collaborateurs, et nous, nous étions là, dans la bouquinerie enneigée de Michelle pour les encourager, lorsque Guillaume Samson récita ces vers éternels de Claude Gauvreau:


Mon olivine
Ma ragamuche
Je te stoptatalère sur la bouillette mirkifolchette
J'aracramuze ton épaulette
Je crudimalmie ta ripanape
Je te cruscuze
Je te golpède
Ouvre tout grand ton armomacabre
et laisse le jour entrer dans tes migmags
Ô Lunètophyne
je me penche et te cramuille
Ortie déplépojdèthe
j'agrimanche ta rusplète
Et dans le désert des marquemacons tes seins obèrent le silence

C14UD3 G4UVR34U

Extrait des Boucliers Mégalomanes


AVE ROBERT


samedi 6 mars 2010

Lumières sur ma ville

Ute Wolff
Photo: Jean-Marie Villeneuve, Le Soleil


Ce matin, dans la tête de mes érables, un clan de geais bleus. Ils jacassaient probablement, comme nous humains, de cette superbe température qui décore nos premiers jours de mars…Ou peut-être qu'ils jasaient du Train de Nuit, c'est son anniversaire aujourd'hui, de qu'est-ce qu'ils pourraient bien lui offrir comme cadeau ?...De mon côté, à part des mots, je ne vois pas grand-chose d'autre à lui offrir...pour le moment...

« Et hier après-midi, un grand tour à pied dans les rues de la ville. Un premier arrêt à la Librairie Le Vaisseau d’Or, là où la passionnée libraire m’a remis deux laisser-passer pour le Musée National des Beaux-Arts. Trouvé un Cocteau, édition Stock, 1947, LE GRAND ÉCART, l’histoire d’un certain Jacques Forestier qui dès la première page était déjà rendu dans mon salon. Puis Jacques Poulin et ses GRANDES MARÉES, mon avant-dernier Poulin sans qui je ne voyagerai plus jamais de la même manière à travers les rues tranquilles de cette ville, la sienne plus que la mienne, cette ville que nous avons pris pour amante en exilés que nous étions…

« Puis longer la rue St-Joseph sous le jouissif soleil printanier, de quoi faire amplement rêver au prochain été. Prendre le temps d’avancer lentement avec nos grosses bottines d’hiver parce qu’il fait encore un peu froid à Québec. S'arrêter au coin de La Couronne et Charest, entrer chez MATERIA, pour enfin la voir cette exposition de Ute Wolff, qui prend fin dimanche. Des bâtons de lumière, des lunes aquatiques, des textiles, de l'exploration à l’ombre du fil….de la vraie poésie textielle, de quoi encore éblouir mes yeux d’étain. Avoir repéré dans la boutique adjacente à la salle d’exposition un étalage de cartes, des créations de l’artiste Marianne Chevalier, et parmi celles-ci, une photo de chemin de fer ornée de fils cousus à même la carte...Ne pas l'acheter tout de suite, attendre une autre occasion...

« Sortir pour revenir sur ses pas, non, plutôt monter la Côte d’Abraham et se rendre jusqu'au complexe MÉDUSE, entrer chez VU juste pour…voir ce qu’il y a de bon à se mettre sous les yeux. Quoi d’autre que des grands ÉCRANS, ceux du photographe rimouskois Steve Leroux, pour emprunter à l’Art neuf l'un de ses sauf-conduit…Laval, en bordure de l’autoroute 15, pour me ramener dans cet étroit fond de cour semi-asphalté où j’ai habité durant 15 ans. Depuis les fenêtres de la cuisine de notre duplex jumelé, là où nous avions comme panorama la vue imprenable de l'autoroute 15, la route rapide avec une sortie pas loin de notre rue, avec tous ses lots d’accidents de vitesse, de tamponnage, de bouchons…de bruit et de pollution...Des écrans anti-bruit ont maintenant pris la place de la vieille clôture frost...
***

(ÉCRANS de ciné-parc à l’abandon, qui m’ont fait me souvenir de cette entrevue que mon père avait donnée pour la télé lors de l’ouverture du premier ciné-parc au Québec; entrevue que je n'avais jamais vue ni ma mère ni mes frères, avant qu'un hasard ne se pointe le nez dans l'écran de notre vieux téléviseur...Il y a quelques années, aux nouvelles de fin de soirée, pour justement commémorer la naissance du cinéma en plein air, E. reconnut mon père dans le reportage, le temps de me lever du lit, d,arriver jusqu'au salon son image avait disparue, c'était le choc de l'avoir raté...Mais on repassa l'émission à RDI et je le vis...C'est un choc de voir son père aussi vivant, encore tout plein de sève, qui s'exprime avec émotion comme s'il jouait là son premier rôle au cinéma, avec sur le banc arrière du Chevrolet Bélair 62 (ou du Météor station wagon 68, je ne me souviens pas) les mimiques comiques d’un garçonnet de 7-8 ans qui se trouve être votre frère cadet, celui que vous ne voyez plus que très rarement aujourd'hui parce que c'est la vie...Il parlait d'écran géant pour le petit. Mon père, sa voix archivée dans le temps, par la magie des ondes du noir et blanc...)
***

« Revenir sur terre pour déambuler dans la plus simple des saines solitudes, celle qui te remplit au fur et à mesure des regards furtifs de touristes encapuchonnés comme en pleine tempête, et toi, nu tête….tout comme en plein été…Rue St-Jean, la partie en bas de sa porte, où je n’avais pas mis les pieds depuis un bon moment. Il y avait encore des patineurs au Carré, je ne les ai regardé qu'un court instant préférant me rendre au plus vite chez Pantoute pour prendre possession des DÉPOSSÉDÉS de Robert McLiam Wilson, celui qui me manquait...Ne pas avoir vu Christian, mais penser qu'il y aurait très certainement une autre fois...Se rendre compte que le livre de papier n'est pas encore arrivé à son dernier souffle, toutes ces pages à retourner pour les jours à venir...

« Descendre encore un peu puis remonter la Côte de la Fabrique. Remarquer une vitrine que l’on avait jamais remarquée auparavant: CLAUDE BERRY, Arts de la table, parce que ça existe l'art de la table. La France dans ses assiettes: faïence de Quimper, de Gien, également des tapisseries et des centaines de petits santons qui vous regardent à travers les vitrines où on les a cadenassés pour les mettre à l’abri des mains fugueuses qui pourraient peut-être vouloir en déposer quelques uns dans des poches pas encore percées ou encore dans des grands sacs écologiques. Encore de la beauté, mais à quel prix ?

« Prendre quelques instants pour entrer à la Librairie Générale française, là où le plancher craque sous nos pas feutrés, là où l’on trouve presque toujours ce que l’on cherche, cette fois-ci des Anthony Phelps (que le jeune libraire a rencontré l’automne dernier alors que le grand poète haïtien était venu réciter quelques vers à l’occasion d’une soirée de lecture au Musée de l’Amérique française). Un libraire engagé de la relève, qui m'a gentiment invitée à assister à ces rencontres poétiques que la librairie, en bonne voisine qu'elle est du Musée, parraine. Le remercier de cette délicatesse et n’avoir rien acheté finalement, mais avoir en tête d’y retourner prochainement pour la chaleur de l'accueil...

« Puis avoir apprécié la gratuité de la vue panoramique que nous offre la grande terrasse du Château sur le fleuve, les quelques glaces qui flottent sur lui, molles, le rose dans le ciel de 18 heures de ce 5 mars 2010. Magnifique ! Descendre le grand escalier, tenir la rampe cuivrée. Marcher, respirer, ne pas avoir mal aux pieds parce que bien chaussés et au chaud. Passer sur Sault-au-Matelot, retrouver la St-Paul, aller s’écraser au Buffet de l’Antiquaire. Boire un thé (en poche), avaler un morceau de gâteau (au chocolat fondant), engraisser. Puis attendre la facture patiemment, la waitress étant seule sur le plancher pour servir tout ce beau monde du vendredi soir venu se la relaxer...Ne pas parler à personne. Payer. Aller aux toilettes. Sortir enfin. Admirer les aurores boréales d'Ex Machina sur les silos de la BUNGEE. Penser un peu à Robert Lepage et à son LIPSYNCH, que je verrai dans quelques jours.

« Flâner sur Dalhousie en attendant d’entrer dans la Caserne pour enfin la voir cette pièce d'OCTOBRE 70. Faire la charmante rencontre de deux jeunes étudiantes du CEGEP Limoilou qui feront un travail de comparaison entre le film et la pièce...et la réalité, celle qui m’a fait encore une fois aller le mâche-patate…Ah! ces babybaboumeuses qu’elles ont du se dire en m’entendant après les avoir quittées pour une dame " de mon âge ", une mère, comme moi, qui par un beau hasard a un fils, qui s’adonne à travailler avec…Robert Lepage. C'est ça le le bla-bla-bla des rencontres inopinées avant d’entrer au théâtre et d'y prendre l'état de son siège, parce qu'en prime on a comme voisins de palier un gentil couple tout à fait assorti, qui par un autre heureux hasard ont comme ami le scénographe d’Octobre 70

« Faut sortir de chez soi pour constater que la vie ça ne se passe pas que dans l'écran de la virtualité mais bel et bien dans cet espace qui t’appartient pour un instant, un moment qui ne passera peut-être pas à l’Histoire comme ceux qui y passèrent il y a bientôt 40 ans, non, un simple moment qui passera dans la tienne, ton histoire, celle qui te rappelle à l’humanité, qu’elle soit en péril ou en liesse…

« Puis rentrer. Mais avant, faire une dernière rencontre en attendant la 1, parler avec elle qui commence sa vie de vadrouilleuse de la nuit, puis se séparer pour prendre moi la 800 et elle la 801, pour finalement aboutir au terminus avec la 54…Commencer à lire LE GRAND ÉCART. Se dire que ce sera celui-là l'heureux élu qui partagera ce voyage dans l'autre ville...

Éventuellement, nous savons tous que l’été arrivera, mais pour le moment, c’est le printemps, celui des poètes, celui qui dure tout le mois de mars…

«Le sommeil n'est pas à nos ordres. C'est un poisson aveugle qui monte des profondeurs, un oiseau qui s'abat sur nous.»

Jean Cocteau
Le grand écart

« Bon anniversaire encore une fois, Monsieur Desmarais. »

http://www.utewolff.com/


vendredi 5 mars 2010

OCTOBRE 70: Dans la chaleur de la rue Armstrong

Jacques Rose à son procès

http://archives.radio-canada.ca/guerres_conflits/terrorisme/clips/12471/


Francis Simard est un homme dangereux. Il l’était, il y a trente ans. Il l’est encore aujourd’hui. Plus que jamais. C’est pour ça que je l’aime. Comme mon frère.

Pierre Falardeau




Pour une fois, il n'y avait aucun écran de télévision, qu'un simple ray-dio dans lequel on syntonisait CKAC, le poste " officiel" de la crise d'Octobre...Ce soir, dans la Caserne Dalhousie d'Ex Machina, sur trois étages, le public, et au plancher, dans l'arène, les acteurs. Un peu comme des prisonniers pris dans le feu de l'action du grand silence des hommes. La beauté d'un ensemble. Une confrérie. De la croyance. De la défaite. Du brasse-camarade, un peu comme dans une équipe de hockey, avec un gardien, des attaquants et des défenseurs. Une joute qui finit mal pour certains d'entre eux. Quatre hommes qui en détiennent un autre. Des hommes/canons. Des hommes d'action, pas des pousseux de crayon. Quelque chose comme du bon malaise. Les dernières vingt minutes de la pièce de résistance, des instants que nous, têtes grises et blanches de la moyenne vieille garde, ne sommes pas prêts d'oublier. Avec en prime les bonnes odeurs de la cuisine: spagat " à la Elvis Gratton " et poulet BB-Q délivré de ses pleumats du saint hubertlambert, mais pas celle des tripes du ministre sur la bolle, ni celle des maux de coeur à régurgites du gros. Une ride en char à cinq dans le noir qui fait peur, une autre dans le métro à travers la magie de l'éclairage. Un rond de poêle allumé. Une apocalypse de salon mortuaire. Une rage en or animée du désir de la justice, mais aussi de l'injustice et de beaucoup de... responsabilité.

OCTOBRE 70, comme si nous avions été nous aussi détenus, et libérateurs. Dans cette maison de la rue Armstrong, avec l'gros et le p'tit, nous faisions équipe...Octobre 70, un épisode sanglant dans cette maxi-série d'un automne plus rouge qu'à l'accoutumée. Une mise en scène parfaite pour nous, spectateurs, on ne pouvait mieux espérer pour... juger.

Merci à Martin Genest et à ses " joueurs ":

Vincent Champoux/Pierre Laporte
Lucien Ratio/Bernard Lortie
Éric Leblanc/Jacques Rose
Louis-Olivier Mauffette/Paul Rose
Renaud Paradis/Francis Simard

Merci également au scénographe, Jean Hazel, pour l'audace de nous avoir assis en haut dans la zone de l' (in)-confortable et au reste de son équipe: Stéphane Caron à l'environnement sonore, Louis Xavier Gagnon Lebrun aux lumières, Lionel Arnould aux projections vidéo, Huguette Lauzé aux costumes, Adèle Saint-Amand, la reine des pitons, à la régie, sans oublier François Leclerc, à la direction de production et technique, Caroline Martin et Jean Bélanger, pour l'assistance à la mise en scène.






lundi 1 mars 2010

Le temps des sucres impalpables




Il s'est éjarré (tomber en s'écartant les jambes) en tombant sur le ganoué (élévation située à côté de la cabane et sur laquelle monte le cheval attelé à la chienne à l'eau; ceci pour favoriser le transversement de l'eau d'érable).

Ce n'est pas la victoire qui rend l'homme beau, c'est le combat.
Madeleine Ferron 
Coeur de sucre

Au début de 1885, tous les paroissiens sont invités à assister "à une grand’messe chantée pour Louis Riel, à laquelle il y aura de l’orgue". En 1888, on informe la population qu’il y aura au couvent une grande soirée théâtrale. Des jeunes gens joueront "le drame de Félix Poutré". En 1887, le curé, commentant les élections fédérales, se déclare satisfait de la façon dont elles se sont passées et constate que si "des gens sont encore achetés, le nombre diminue". Dans ces mêmes prônes, les curés, s’élèvent contre:

Les veillées de désordre
Les vols dans les vergers
Ceux qui pillent l’eau d’érable
Les charivaris
L’usage immodéré de boisson
Les batailles à la porte de l’église
Les excursions de chemin de fer


Et blâment ceux qui "emmènent les filles dans les cabanes à sucre, à la gomme et aux Etats-Unis".

L’influence nocive des mœurs américaines de la fin du siècle dernier est fréquemment dénoncée.

"La plainte générale de nos paroisses de la Beauce, c’est le va et vient continuel d’un certain nombre d’hommes et surtout de jeunes gens qui vont travailler aux Etats-Unis et nous reviennent endommagés sous le rapport des mœurs".

[ ]

Aux prônes de 1887 à 1901, on annonce qu’il y a corvée pour "Joseph Nadeau, un vrai pauvre". Il faut "reconstruire le moulin de Cyrille Giguère" et aller "faire les foins de Joseph Lessard à David, malade depuis deux mois". Il faut "faire les semences de Samuel Paré, toujours malade". Une quête pour "Isidore Dery, le postillon, qui a perdu ses deux chevaux".


 
Marcelle Ferron

Les Beaucerons, ces insoumis

Petite histoire de la Beauce 1735-1867
Moeurs et comportement

 
http://www.erabliere-lac-beauport.qc.ca/blonde.htm