mardi 27 avril 2010

CHARBONNEAU ET LE CHEF: Aux bancs des accusés, la justice




Une finale rêvée que cette pièce de résistance de la 39ème saison du Trident, avec ses 17 comédiens, dont deux chefs + une époque, celle de l'après Refus Global. Dans une mise en scène rayonnante de grande noirceur, j'ai eu l'impression d'avoir respiré de cette amiante mortelle de fond de mine, d'avoir été en plein centre de la tête d'un homme de coeur dont l'Église ne voulait plus " à son poste ", impressionnant et si juste Jean-Sébastien Ouellette, d'avoir été encore une fois fustigée par les mots contrecarrés d'un Chef bourru et imbu de lui-même jusqu'à la moelle de l'os, passionné Jack Robitaille, d'avoir été enrôlée par l'endurance physique des acteurs/mineurs/policiers/journalistes...et j'en passe, et d'avoir revêtu jusqu'à la grisaille des costumes...

Ces 16 hommes et cette femme, enceints d'un Québec libre, courant de tous bords tous côtés comme des gazelles au milieu d'une scène dépouillée, distribuant des coups sûrs, des coups de têtes, toussant/toussotant leurs poumons amiantosés, crachant leur écœurement d'une minable petite vie à 1 dollar de l'heure...La scénographie, tout à fait ingénieuse, avec comme unique mobilier quatre bancs transformables selon les besoins de Jean-Philippe Joubert, dont c'était la première mise en scène au Trident. La brochette de jeunes comédiens qu'il dirigeait, parmi les plus performants de Québec, ont joué le jeu avec le + auquel je m'attendais d'eux:


Éric Leblanc, encore une fois m'a tout simplement éblouie, autant sinon plus que dans Octobre 70, ce feu qu'il met aux poudres de son jeu a de quoi réchauffer le seuil de mes froidures, Jocelyn Pelletier, cette voix unique que je reconnaîtrais maintenant parmi mille, Lucien Ratio, en Marcoux et non pas en Henri Lalonde comme je l'avais cru la semaine dernière alors qu'il pratiquait son texte dans la 800, Jean-Pierre Cloutier, et ce regard parfaitement brillant, Fabien Cloutier, que je découvrais ce soir et qui m'a immédiatement conquise par son naturel, Nicola-Frank Vachon, toujours aussi juste et dense, Jean-René Moisan, avec qui j'ai eu le plaisir de converser le 6 avril dernier lors du lancement de la programmation de la prochaine saison du Trident et qui doucement fait son nid parmi les plus chevronnés tels Jack Robitaille et Claude Laroche. ... et dire qu'il fallait voter après cette pièce remplie à ras bord de talent pour le/la comédien/ne de la saison 2009-2010 ! Un choix absolument déchirant entre ..., ..., et ..., mais puisqu'il en fallait qu'un...mais chut ! un vote...c'est secret...Je ne le révélerai qu'après lecture des résultats. Un indice: disons qu'il faisait partie d'une double cour...

En résumé, cette 39ème saison m'a confirmé qu'ici, à Québec, nous sommes royalement gâtés en ce qui concerne la régularité de qualité des pièces qu'on y joue, et ce soir, dans la rangée C, siège 6, ma voisine de gauche m'approuverait, j'en suis sûre, à 100%. D'avoir été assise aux côtés de cette autre intoxiquée, redonne à la passionnée une autre paire d'ailes... et du courage...Charbonneau et le Chef, de la poussière autour de l'os, oui je l'aurai dans la mémoire longtemps...


DISTRIBUTION

Normand Bissonnette: le directeur Mc Donald, Turcotte et Mgr Antoniutti
Guillaume Boisbriand: Plante
Pierre-Yves Charbonneau: Marchand et Sansfaçon
Fabien Cloutier: Abbé Camirand et le garde du corps
Jean-Pierre Cloutier: Un scab, le Vicaire et Drouin
Denis Lamontagne: Rosaire et Antonio Barrette
Éric Leblanc: Laroche
Nicolas Létourneau: M. Gagnon, M. Roy et le chef de police
Jean-René Moisan: Ruel, Thivierge et un policier
Jean-Sébastien Ouellette: Monseigneur Joseph Charbonneau
Jocelyn Pelletier: Paquet et un journaliste
Maxime Perron: Un policier, un gréviste et Pierre Laporte
Lucien Ratio: Marcoux, L'Heureux et un policier
Jack Robitaille: Maurice Duplessis
Ève Saïda: Simone
Patric Saucier: Monseigneur Courchesne, un policier et un gréviste
Nicola-Frank Vachon: Rainville



jeudi 22 avril 2010

TRANS (E): à la pointe du couteau





illustration: Mathilde Corbeil


« Pendant un bon moment, Nathan Bronsky se regarda dans la glace », je dis. « Puis, il passa le miroir à sa femme, et à Jakob aussi.

« Nos yeux ont changé », dit sa femme.

« Exact, dit Nathan Bronsky.

« Ils n'ont plus d'éclat », dit sa femme.
« Tu as raison », dit Nathan Bronsky.

« Nos yeux n'ont plus d'éclat

Edgar Hilsenrath
FUCK AMERICA
(p. 30)



………SOUDAINEMENT,
LA POUPÉE….
des gonflés...
(à bloc)...

LA NUDITÉ DE L’HUMANITÉ DANS L’INSTANT D’APPRÊT.
L'Amputation du JE-TU-NOUS…
L’invasion des débris…….

La Renaissance du krash des sens.
L’OUVERTURE DANS LA FERMETURE…
Le dernier acte.

Le strobe *. L’écran des coupures.
Les VOIX dans l’intensité du texte dans le noir.
Le fils/la fille/le trans(e)---parents de l'Animal.
Les sexes qui se meurent dans une humanité désenflée.

Sur la pointe de son couteau,
le Souffleur/Sculpteur a tranché
le geste continu de la mue des langues.

Et l’alarme soudainement (par erreur) a sonné,
c'était peut-être le signe qu'il est MAINTENANT l'heure
de la plus persistante des intransigeances.

Le couteau dans la Plaie suppurante---
les déchets de la belvitude de govrô----
le brouhaha des grands éboueurs.

À partir d'aujourd'hui,
il est reconnu qu'il n’y a plus de "critiques" dans les salles,
que des chroniqueurs qui brilleront...
par leur …. absence.

Il y aura toujours du Péril dans les théâtre de garages.
Et un peu de fumée floue, du gaz et du sang…
chaud.

***

33, 34, 35 ? Dans la petite salle de chez Premier Acte, c'est à peu près ce nombre de Spectateurs que nous étions ce soir à avoir mis notre main dans celle de l'Auteur, à lui avoir offert nos restants de moignons...à moitié mangés. Merci à Christian Lapointe et Maryse Lapierre, pour la densité, leur limpidité ainsi que leur disponibilité, ce fut un réel plaisir que de converser en live avec eux.




Nous ne serons plus les seuls à avoir été ensemble.


Écrit à froid en réaction à Trans (e),
right after la représentation du 22 avril 2010….
JOUR DE LA TERRE.
minuit 39

* C'est ce soir que j'ai enfin eu la certitude que je n'étais pas...cardiaque. ;-)




mardi 20 avril 2010

Semblables et différents





IL FAUT DES MARCHANDS D’ANGOISSE SI L’ON VEUT QUE RÉUSSISSENT LES MARCHANDS DE BONHEUR.

Jacques Godbout
Le murmure marchand
(p.27)

Ce sont ces mots que j’étais en train de lire dans l’autobus qui m’emmenait au GTQ juste avant de rencontrer Lucien Ratio. (Il fallait que j’aille absolument échanger ce billet de la représentation du 29 avril de CHARBONNEAU ET LE CHEF)…Le jeune comédien, que j’ai croisé la semaine dernière au lancement de la prochaine saison du Trident, s’est assis à mes côtés, un peu de biais, il lisait un texte dans lequel le nom d'Henri Lalonde était surligné en jaune à plusieurs endroits. Tiens, ça a l’air d’un dialogue, mais lequel ? Fallait que je sache. J’avais presque la certitude que c’était lui, mais pour être plus certaine, je lui ai posé LA question, directe sans aucune espèce de préambule: " Êtes-vous Lucien Ratio ? " " Oui. " " Ah!, c’est donc ce soir le grand soir ? " " Oui. " S’en est suivi une courte conversation à propos de cette remarquable pièce de notre répertoire, une pièce que nous attendons, moi comme lui j’imagine, depuis près d'un an…J’ai eu le temps de lui mentionner que je serais présente dans l’Octave-Crémazie la semaine prochaine pour savourer ce texte qui, ma foi, avec tout ce qui brasse ces temps-ci en politique et en religion n’a pas l’air d’avoir tellement vieilli…Lucien Ratio, qui n’est pas seulement un acteur, mais chanteur, il fait partie de DÉCEMBRE EN CHUTE LIBRE





La descente au GTQ pour moi mais pas pour Lucien, qui devait poursuivre sa route ailleurs pour continuer de répéter sa pièce j’imagine…Donc, pas eu le temps de lui causer d’Octobre 70 et de son rôle électrisant de Pierre (Bernard Lortie), de Henri 4 et de son Harald, du Menteur et de son Alcippe, de Cyrano et de son Christian, lui ai plutôt parlé de cet autre Christian (Lapointe) qui, ce soir, lui aussi, avait une première. Il offrait TRANS(E) chez Premier Acte, une pièce quelque peu controversée d'après un certain critique du Devoir…Il est maintenant 00 :34, et à cette heure, Lucien et les 16 autres comédiens de Charbonneau et le Chef doivent, je l’espère bien, être contents que leur première soit enfin passée...

Le soleil brillait par sa présence, le vent était bon, il ne fallait donc pas rentrer…Alors, descendre la St-Jean, arrêter au Copiste du Faubourg pour un autre carnet à moitié prix, puis à la librairie St-Jean-Baptiste, pour piquer une autre de ces petites jases avec Frédéric, qui m'a parlé de la dernière soirée de poésie qu’ils ont organisée David et lui, qui me met au courant du prochain cercle de lecture que M. Dugas veut commencer avec comme thème les auteurs et le suicide, de quoi susciter l’intérêt de la lectrice pour celui que je porte à certains d’entre eux, dont les regrettés Tristan Egolf et John Kennedy Toole (de qui nous avons parlé…dans le dos large de leur mortalité rajeunissante)…Frédéric qui ne manque jamais de nous lancer des belles invitations, cette fois-ci pour le recueil d’un collectif de poésie à tirage limité, relié et imprimé à la main, publié chez éphémère éditions itinérantes…Un collectif composé de Francys Chenier et Sandrine Briand, deux autres jeunes artistes de la relève qui veulent laisser leur trace…Faite de ces beaux hasards, une autre soirée aura lieu le 6 mai prochain à quelques pas de la librairie, elle se passera au bar Le Sacrilège, on y rapaillera quelques deniers de la part des buveurs de bières présents pour financer le théâtre d'Hanna Abd El Nour. C’est ça, la rue St-Jean: des mots, de la couleur, de la vie, de la spontanéité, et du temps, beaucoup de temps…pour y flâner…

Le flânage, certes la plus belle des activités de plein air que je connaisse à ce temps-ci de l’année…et tout au long tant qu’à y être…Déambulation vers le côté est à droite; y’a du monde, mais pas trop, juste assez pour avoir le temps d’observer quelques visages d' ( in) connus ici et là, pour lécher des yeux quelques devantures de vitrines fleuries, dont celles des librairies que je préfère, et entre autres, la Pantoute…Y entrer dans son réconfortant refuge, entendre de loin cette voix devenue familière avec le temps, celle de Christian G., jeune mais éminent conseiller de littérature acidulée qui connaît mes moults goûts après ces quelques 5 années de fréquentations…;-) mais ne plus me souvenir du nom de ce nouvel auteur pas plus que du titre de l’ouvrage qu'il m'a suggéré avec toute la passion qu'il l'habite.…On y reviendra…c’est sûr et certain... un de ces mardis prochains …

Continuer, monter à la Librairie Générale Française pour y cueillir ce petit livre de 107 pages d’Alberto Cavallari, La fuite de Tolstoï…. Sur la quatrième de couverture: Tolstoï a quatre-vingt-deux ans. Dans la nuit du 27 au 28 octobre 1910, il quitte la propriété familiale de Yannaïa Poliana. Sans prévenir sa femme ni ses enfants, il s’enfuit seul dans l’hiver glacial. Après quatre jours d’errance, il échoue dans la petite gare d’Astapovo, où il meurt une semaine plus tard. Comment expliquer cette fuite ? Alberto Cavallari mène l’enquête grâce aux journaux des rares témoins directs et à Tolstoï lui-même qui, dans la gare, écrira sur son geste. C'est Louis Hamelin qui, dans le Devoir du 27 mars dernier, m'a incité à me procurer ce titre réédité par les éditions Christian Bourgeois (extrait):

Dans cette maison des journaux, tout le monde écrivait secrètement des observations, des notes, des carnets, des cahiers, que d’autres ensuite finissaient par connaître. Cette " toile d’araignée de mots écrits, au centre de laquelle évolue l’auteur de Guerre et Paix, n’est pas sans évoquer l’actuelle Toile de blogueurs et une culture du dévoilement obligatoire avec ses postures qui déguisent les stratégies de diffusion en exigence de vérité, Cavallari: " Tout cela créait une pelote enchevêtrée de "vérité " qui ne faisaient que du mal, et tressaient des fils coupants de soupçons, de jalousies, de pensées sincères ou de pensées artificieuses, souvent écrites pour manœuvrer les pensées d’autrui. Tout alimentait ce culte des "vérités " secrètes devenues publiques, qui épaississaient le filet du mariage-prison."...

Payer. Mais avant de partir, recevoir un cadeau: une belle petite brochure intitulée, MA LIBRAIRIE INDÉPENDANTE…avec des textes inédits de Jean-François Beauchemin, Robert Lalonde, Nicolas Dickner, Marie-Hélène Poitras, Jean-Jacques Pelletier et nul autre que Michel Tremblay. Tremblay qui a écrit LES BELLES-SŒURS, la pièce québécoise la plus jouée au monde, des mots qui actuellement font vibrer les cordes vocales du chœur chantant des comédiennes qui l'interprètent et apparemment avec beaucoup de brio…Tremblay qui, avec ce texte inédit intitulé POE, saura toujours me surprendre, il est question ici d’un jeune de 13 ans qui ne lit que des BD et qui soudainement après avoir reçu son premier livre sans images en cadeau de la part de sa libraire préférée, découvre toute la densité des mots….oubliés …

" Vous aviez raison ! Vous aviez raison ! J’ai tout vu ! J’ai tout entendu! J’ai tout senti ! Paris, les bruits dans les rues, les cris des femmes qui se font tuer, l’inspecteur Dupin dans sa redingote, le singe, le singe qui tue, je l’ai vu, lui aussi, pis…je l’ai senti ! J’vous jure que je l’ai senti! Ça sentait le zoo! J’avais pas besoin d’images! C’est la première fois que ça m’arrive ! J’ai faite comme vous m’avez dit, j’ai essayé d’oublier les mots que je lisais…pis ça a marché! Merci! J’sais pas comment vous remercier, mais je vous jure que j’vas continuer!" [ ] Mais faut pas me demander d’abandonner les bandes dessinées, par exemple! Jamais je ne les abandonnerai! "

Remercier le courtois commis. Sortir. Marcher. Errer. Découvrir deux nouvelles rues qui se croisent et que je ne connaissais pas encore: Mont-Carmel et des Grisons, là où un charmant B & B y a élu domicile…Trouver une sculpture de rue, une moitié de cintre. Me pencher dessus. Le ramasser...pour marquer cette journée au fer...rouillé. Rentrer. Ouvrir La fuite de Tolstoï, la commencer... 

mardi 13 avril 2010

Parce que... " comme Chartrand "

Pierre Vadeboncoeur et Michel Chartrand
avec les gréviste de la Vickers (1952)
(archives CSN, auteur inconnu)


A human interest story is a feature story that discusses a person or persons in an interactive and/or emotional way. It presents people and their problems, concerns, or achievements in a way that brings about interest or sympathy in the reader or viewer. Human interest stories may be the story behind the story about an event, organization or otherwise faceless historical happening, such as about the life of an individual soldier during war-time, an interview with a survivor of a natural disaster, or profile of someone known for a career achievement. Human interest stories are sometimes criticized as "soft" news, or manipulative, sensationalistic programming.

(Wikipedia)

Michel Chartand est mort à l'âge vénérable de 93 ans. C'est de la vie ça, monsieur ! Ce sera curieux aujourd'hui de voir et d'entendre tous les beaux témoignages de sympathies, de condoléances, de remembrances, qui se succéderont sur les différents fils de presse, à la télévision, à la ray-dio, sur les blogues qui, comme celui-ci, se remplissent de ces délicieux commentaires à propos de notre cher et si inestimable syndicaliste. Un petit inside pour les curieux qui s'arrêtent ici quelques secondes en passant...

J'ai déjà rencontré cet homme que j'admirais beaucoup pour son franc parler, c'était lors d'un salon du livre de Québec, un des derniers auxquels je suis allée faire acte de présence. Il lançait un livre, ne me souviens plus du titre, mais ce dont je me rappelle, alors que je lui glissais quelques mots de convenance, c'est qu'il me fixait droit dans les yeux en m'appelait Madame, comme je l'ai entendu dire à Madame B aujourd'hui dans un extrait télévisé alors qu'il s'excusait d'avoir dit hostie. Son regard perçant, c'est ce qui m'a touchée le plus chez lui. Cet éclair de jeunesse qui brillait toujours dedans. Il a certainement du lire dans le mien que j'avais été aussitôt charmée. Nous n'avons pas beaucoup parlé puisqu'il y avait une petite filée qui attendait pour voir ce monument vivant de plus près. En le quittant, j'ai donc pris le temps de me présenter, de serrer sa grande carpe chaude puis d'aller virevolter ailleurs dans le salon rempli de livres...de recettes...

J'ai souvenir encore de lcette grande chaleur qui a irradié ma petite main. Un moment simple mais impérissable. Espérons maintenant qu'on ne récupérera pas trop vite SON histoire dans l'une de ses insipides tragico-comédies musicales made in Québec, parce que si on se souvient bien: le human interest, ça le faisait c... ;-)

Ave Michel !




mercredi 7 avril 2010

En orbite avec le Trident





« Pour moi, le théâtre a toujours été un geste social,
avant même d’être un acte artistique ».


Paul Hébert, qui portait un superbe beau jacket de cuir "d’ouvrier ", nous a parlé de ce bon jeune temps en vrai pro de la scène qu'il est. Paul Hébert, un vrai de vrai, qui sait encore comment capter l’attention d’une assistance composée de spectateurs de tous âges, dont la majorité en atteignent déjà la beauté. Dans la salle Octave-Crémazie nous étions là pour apprendre en primeur ce qui se jouerait lors de la prochaine saison théâtrale du Trident, une saison faite de promesses, de souvenirs et d’inconnu…

Pour la débuter, un Molière, et non le moindre: DOM JUAN, avec, dans le rôle titre Hugues Frenette, ce comédien sur qui le public de Québec et les différentes compagnies théâtrales peuvent toujours compter, lui qui revêt des rôles faits sur mesure pour lui, et pour nous, Spectateurs…Pour l’épauler, Jean-Michel " Sganarelle " Déry, avec qui il nous a offert un extrait des plus prometteurs, également Véronique Côté, la plus que radieuse, Jean-Pierre Cloutier, que l’on pu voir dans BANG!? la semaine dernière chez Premier Acte, et que nous reverrons à compter du 20 avril dans CHARBONNEAU ET LE CHEF …avec, entre autres, Jack Robitaille et Jean-Sébastien Ouellette, qui respectivement seront acteur et metteur en scène dudit Dom Juan. C’est que c’est tricoté serré ICI, à Québec. Jean-René Moisan, un jeune comédien que j’ai découvert l’automne dernier dans LES ARBRES, sera lui aussi de cette prestigieuse distribution du Festin de pierres. Jean-René qui m’a servi sur son plateau une conversation des plus appétissantes (entre deux canapés et une gorgée de champagne ). Jean-René qui jouera également chez Premier Acte la saison prochaine, dans un texte sombre de Jocelyn Pelletier, de quoi verser dans les drames " de l’autre côté de la rue"…

Pour enchaîner à Dom Juan, KLINIKEN, une œuvre du poète metteur en scène dramaturge auteur suédois Lars Norén, que presque personne ne connaît ici, mais qui par le seul sujet de 10 personnages refoulés dans une institution psychiatrique (un genre de vol au-dessus d’un nid de coucous selon Gill Champagne) saura fort probablement nous faire passer un autre de ces bons mauvais quart d’heure, un autre genre d’asile au sens pur du mot. La mise en scène est signée par le directeur artistique lui-même, Gill Champagne, et la distribution en est une de haute voltige, elle est composée des mâles Frédérick Bouffard, Christian Michaud, Fabien Cloutier, Roland Lepage, Kevin McCoy et Réjean Vallée, ils côtoieront les femelles Lise Castonguay (la si douce Michelle de LIPSYNCH), Linda Laplante, Klervi Thienpont et Marjorie Vaillancourt. Une co-production du Théâtre Blanc sous la conception de Messieurs Jean Hazel, Dominic Thibault et Marc Vallée. Ça promet !

Pour janvier, une fort belle surprise nous attendait: on pourra à nouveau faire un saut dans le vide en para/chute sur l’un des plus grands cratères de LA FACE CACHÉE DE LA LUNE. Avec un Yves Jacques tout en verve comme satellite autour d’elle…et de nous. Robert Lepage étant absent, c’est le grand comédien qui est venu nous présenter la pièce qu’il interprétera en solo pour la je ne sais plus combientième fois. Ce fut un plaisir de l’entendre nous dire à quel point le théâtre compte pour lui, le théâtre qu’il a découvert à l’âge de huit ans ici même au Trident, grâce à Paul Hébert. Le théâtre de Québec avec SON public qui, au contraire de celui de Montréal, selon les dires de M. Jacques, sait distinguer une vedettes d'un personnage…Un petit gonflement d’ego soudain s’est fait sentir dans ma petite tête de spectatrice comblée. Bien évidemment, la mise en scène sera de Robert Lepage, et les manipulations, d'Éric Leblanc, j’ose croire que c’est le même Éric Leblanc que celui qui jouait si merveilleusement bien le rôle de Jacques Rose dans OCTOBRE 70 (m.e.s de Martin Genest). Oui, tricoté très serré pat ici je vous disais…

Comme quatrième pièce de résistance, [ . .] de Wajdi Mouawad. RIEN de plus, RIEN de moins. Une pièce montée exprès pour le 40ème du Trident, une pièce dont l’auteur n’en connaît à peu près RIEN (pour le moment) puisqu’en entrant en répétition il n’aura encore RIEN écrit. C’est qu’il s’enfermera pendant deux mois avec ses collaborateurs dans la salle de répétition pour créer cette histoire…. (à suivre). Un beau gros mystère, comme la naissance, comme je les aime…Ne cherchons plus midi à quatorze heures et laissons entrer ce grand soleil qu'est Wajdi Mouawad dans notre arrière-cour et laissons planer les ombres qui se dé-brouilleront sur nos murs. Qu’ajouter à ce nom désormais synonyme de beauté crue/cruelle ? qu’il sera entouré des non moins talentueux Marie-Josée Bastien, Jean-Jacqui Boutet, Véronique Côté, Denise Gagnon, Gérald Gagnon, Anne-Marie Olivier, Valera Pankov et Isabelle Roy, un heureux mélange de comédiens issus de Québec, Montréal et Moscou ? Que la création de collaboration spontanée fera s'allonger la liste de son palmarès " populaire " ? RIEN de plus à ajouter, sinon que d’attendre avec impatience le 8 mars 2011…

Pour terminer ce menu théâtral " à la carte ", quoi de mieux que d’aller faire un tour à L’OPÉRA, un comme celui de QUAT’SOUS par exemple ? Bertold Bretch et Kurt Weill entre les bras, les têtes et les souffles de Bertrand Alain, Joëlle Bourdon, Jonathan Gagnon, Israël Gamache, Linda Laplante, Valérie Laroche, Véronika Makdissi-Warren, Christian Michaud, Olivier Normand, Patrick Ouellet, Jean-Sébastien Ouellette, Lucien Ratio, Andrée Samson, Klervi Thienpont et les musiciens de l’Orchestre d’Hommes-Orchestres… Quelque chose qui d’après ce que j’ai pu en voir et en entendre ne laissera personne indifférent…C’est Martin Genest, avec la collaboration du Théâtre Pupulus Mordicus, qui orchestrera toute cette belle gang de maudits beaux bandits !


Et voilà que déjà se terminait la présentation officielle de la saison 2010-2011, et non encore au bout de nos surprises, Gill Champagne nous annonça qu’on aura droit à une prime: LES TROIS SŒURS, d’Anton Tchekhov, qui exceptionnellement sera présentée en décembre, un mois où habituellement le Trident fait relâche. Wajdi Mouawad dirigera les Jean-Jacqui Boutet, Lise Castonguay, Gill Champagne, Vincent Champoux, Hugues Frenette, Benoît Gouin, Linda Laplante, Michèle Motard, Anne-Marie Olivier, Paule Savard, Richard Thériault et Marie Gignac formeront le cœur battant de cette production auréolée de plusieurs prix.

Wajdi Mouawad (bis), Robert Lepage, Martin Genest, Gill Champagne, Jean-Sébastien Ouellette: cinq de nos meilleurs metteurs en scène pour célébrer la mémoire des quarante dernières années d’un théâtre fidèle au goût de son public qui sera encore une fois bien nourrissant.


Merci à ceux et celles qui ont choisi LE SOUVENIR IMPÉRISSABLE DE L’ASILE DE LA PURETÉ,un texte que j’ai envoyé dans le cadre d’un concours pour les 40 ans du Trident. Cinq autres textes furent choisis parmi la vingtaine reçus, ils seront lus lors des représentations de la saison prochaine. Le prix, un abonnement pour la prochaine saison ainsi qu’une place de choix pour la présentation d’hier soir. Merci également à Madame Marie Gignac, avec qui j’ai eu le plaisir de discuter un bon moment du prochain Carrefour International, du théâtre d’ici, de celui des plus petites salles, de la passion qui anime les spectateurs, de la liberté d'être ou ne pas être sur et devant la scène. Cette conversation avec l’une des sœurs de Tchekhov méritait à elle seule le déplacement pour cette soirée de lancement, et l'invitation pour la conférence de presse du Carrefour m’a démontré à quel point la spontanéité des grands cœurs animent les gens de théâtre d'ici. Leurs grands cœurs, leurs grands yeux et leurs longs bras…lassos, qui enserrent les nôtres...dans le rouge et noir des grandes et petites salles de Québec.


LA VIE COMMENCE...À 40 ANS !

vendredi 2 avril 2010

BANG! : Big BANG

Un homme-lapin...(dans une forêt)...
une femme...(enceinte de lui)...
Ils jouent à ze cowboy.
Deux de leurs amis les filment.
Elle tire sur lui.
Elle le tue...
BANG!?

***

BANG!? c'est un coup de revolver pas du tout fumant qui part tout seul au beau milieu d'un bois dense, qui traverse le corps voluptueux d'un homme-lapin et qui le tue. BANG!?, c'est la suite du film-pièce des trois amis qui restent. C'est leur recueillement autour du fantôme de chair de Math, celui que Mary, enceinte de lui, a malencontreusement tué. Puis c'est la décision de Pero, le réalisateur, qui décide de montrer " les vraies images" prises lors de tournage tragique; Pero qui ne fera pas l'unanimité auprès de Mary et J.P mais qui remportera tout de même un prix traju...

Le quatuor de jeunes comédiens qui ex-im-plosent dans BANG!? en est un qui a tout pour aller se faire voir...jouer ailleurs. Il est formé de Jean-Pierre Cloutier et Matthew Fournier, qui tout deux avaient magistralement bien interprété " leur " Benoit dans « ...et autres effets secondaires » *, (vu chez Premier Acte le 28 sept. 2009), également de Martin Perreault, qui m'a beaucoup touchée par le mal-aise de son Pero, avec qui j'ai partagé pendant quelques instants l'émotion de la finale qu'il venait de nous faire vivre, et de Marie-Hélène Gendreau, pleine de grâce et de vie, étant elle-même enceinte " pour le vrai ".

À cause de la vie, la mort...remplie de vie. Oui, parce qu'il s'agit bien de celle de ceux qui restent après la mort, de cette vie d'ici-bas et de celle de l'au-delà. Les scènes de recueillement sur la pierre tombale de Math, des mouvements très naturels pour des moments on ne peut plus personnels...Tout ce qu'on peut dire à celui qui n'est plus là, qui l'était pourtant hier...De bien beaux moments de réflexion en ce jour de crucifixion...L'amitié qui unit les quatre personnages tient ici son premier grand rôle et c'est là, pour moi, toute la force de la pièce.

Merci à Monsieur Marc Gourdeau, le directeur artistique, qui a eu l'amabilité de m'informer, en avant-première, de la prochaine saison de Premier Acte, un menu théâtral tout ce qu'il y a de plus tentant. Merci également à Madame Édith Patenaude, comédienne et metteur en scène, à qui j'ai pu serrer la pince et glisser quelques mots d'admiration pour LES ARBRES, une pièce qu'elle a écrite et mise en scène avec la collaboration de Krystel Descary, qui était présentée justement dans la petite salle conviviale de la rue Salaberry le 14 octobre dernier.


BANG!?
PRODUCTION: THÉÂTRE ?
IDÉE ORIGINALE: MATHEW FOURNIER
SUPERVISION À LA MISE EN SCÈNE: MICHEL NADEAU
SCÉNOGRAPHIE: DAPHNÉE LEMIEUX-BOIVIN
CONCEPTION VIDÉO: MATTHEW FOURNIER
INTERPRÉTATION : JEAN-PIERRE CLOUTIER, MATTHEW FOURNIER, MARIE-HÉLÈNE GENDREAU ET MARTIN PERREAULT

* Un hasard: pour illustrer mon texte de..« et autres effets secondaires » (28 septembre 2009), j'avais choisi Salad days de Mark Hearld: deux lapins, un brun et un blanc, qui ne ressemblent en rien du tout à un écureuil... ;-)