mercredi 29 décembre 2010

Les mille et un bienfaits de cette année perdue


http://www.youtube.com/watch?v=94OKmqWl5OM



RÉVEILLON ~ NOUS...
pour qu'en l'An deux mille 11
nous puissions manger...
un peu plus...
de marge...


JANVIER…Le blogue CRiTURes de Christian Girard...LA VIE EN ROSE avec Depardieu et Cotillard…Le tremblement de terre en Haïti…Michel Bois, rédacteur en chef de la revue Magazine ART…Le blogue L'ART QUOTIDIEN de Gabriel LalondeLA REINE MARGOT, une pièce divine et royale…Le livre de Jean-Paul Damaggio sur Wajdi Mouawad, cadeau offert par le Train de Nuit…La naissance de Whilelmina Anne, fille unique de mon ami Simon G.. L’éblouissant HENRI IV: avec Hugues Frenette dans le rôle principal…

FÉVRIERRéal en beau bonhomme de neige sur la rue Cartier qui nous vend sa QUÊTE…La pièce ROUTE de et avec Thomas Gionet-Lavigne, pour son Jack Kerouac en personne…ÉCRIRE AU LIEU DE MENTIR ou ÉCRIRE AU BEAU MILIEU DU DIRE: L'ADMISSION en devenir…Les J.O. d’hiver à Vancouver, la mort sur le coup du jeune lugeur géorgien…LE PASSÉ QUI SE MEURT, L'AVENIR QUI SE JOUE…Le superbe BLEU CENDRE du Vincent Gagnon quintetteHanna Abd El Nour chez WOYZECK avec entre autres les électrisants Sébastien Ricard, Marc Béland et Paul Ahmarani, une pièce de choix…saignante à point…La mère de Joannie Rochette qui meurt juste avant le bronze au cœur…Une note surprise du Coyote inquiet sur son blogue déserté...

MARS…Ouverture de LA DOSEOCTOBRE ’70 à la Caserne DalhousieÉric Leblanc, Lucien Ratio, Vincent Champoux dans la chaleur de rue Armstrong...LE GRAND ÉCART de Cocteau trouvé au Vaisseau d’orDÉPOSSÉDÉS de Robert McLiam Wilson, pour l’Irlande et ses misères anciennes, présentes et futures…Une vue sur le Fleuve via la Terrasses Dufferin…LES JOUES EN FEU de Raymond RadiguetAllain Leprest, pour la voix déchue et quand y’a rien qui s’passe…Un voyage en train…Le LIPSYNCH de Lepage avec ses 9 actes et Jacques ...et puis Gauvreau qui hantait les parages…Le retour en bus avec un nouveau baladeur entre les deux oreilles…de la musique des années 70-80-90…Le HIGHWAY RIDER de Brad Mehldau, un bijou de musique pour prendre toutes les routes…Le CALIGULA de Camus mis en scène par Gill Champagne, avec le sublime et énergique Christian Michaud, et une performance inoubliable d’Olivier Normand…La parade de la Saint-Patrick dans les rues de Québec…Marianna O’Gallagher toujours vivante…et Réal en grand enfant au tambour…Keith Kouna et SON Labrador…La ville sur le RED BULL CRASHED ICE et l'Art des musées et des galeries sur le blogue de Marc Gauthier

AVRILBANG! chez Premier Acte avec Jean-Pierre Cloutier et Matthew Fournier, une visite chez les hommes-lapins…Le concours du Trident remporté pour l’Asile de la Pureté...un peu beaucoup à cause de Hugues Frenette et du fantôme de Gauvreau...qui hantait encore les parages…La soirée du Trident pour la programmation de la saison 2010-2011…de super belles rencontres théâtrales…La mort de Michel Chartrand à 93 ans, un homme de parole…Les 6 ans du 17 avril au Chantauteuil…CORMORAN à ARTV pour la nostalgie des années trente, pour les fabuleux texte de l’autre Gauvreau et pour l’ineffable Raymond BélisleLA FUITE DE TOLSTOÏ d’Alberto Cavallari, pour revivre les derniers moments de l'un des géants de la littérature russes…Le Laboratoire de Sylvie Bouchard chez Lacerte, pour ses envahissants objets théâtraux qui emplissent le pays sage de la forêt de nos cerveaux déracinés…TRANS (E) de et avec Christian Lapointe, un texte total pour 33 ou 34 spectateurs...pour le shemale obscur objet du non-désir...Le FUCK AMERIKA d’Edgar Hilsenrath, un auteur allemand à découvrir même sur le tard…Le travailleur de rue dans St-Roch rencontré dans le bus…fatigué mais courageux, qui secoure tant bien que mal les junkies de notre belle Cité…CHARBONNEAU ET LE CHEF au Trident, une œuvre remarquable pour des comédiens au quart de tour, de la grande mise en scène et…Éric Leblanc…Le train pour Montréal…La grande opération de ma mère…

Vek
Huile sur lin 50" x 70" 2009
SYLVIE BOUCHARD

MAI…Un mois dans le bois de Notre-Dame-de-la-MerciAndré Mathieu, le pianiste ressuscité par Alain Lefèvre…La marée noire américaine…LES BOUTEILLES SE COUCHENT de Patrick bison ravi StraramLE PETIT MULOT DANS MON DOS SUR LE SOFA DE MAMAN…Les TOP MODÈLES de TVA…Le glissement de terrain à St-Jude là où une petite famille est montée au ciel ensemble en même temps…de la tristesse dans l'air…Les séries du Inch Halak…(Le chant des grenouilles en voix d’extinction avec celui des oiseaux de nuit, et le gros bourdon qui se tape la gueule dans la fenêtre de la mezzanine…la nuit…des voix…venues du lac et des bois…La petite araignée qui a pris sa douche avec moi et qui est morte au bout de son souffle)…Le 2046 de Kar Wai Wong, parce que le futur est sans aucun doute du passé... pour Shangaï, que je ne verrai probablement jamais…La mort de Marianna O’GallagherLES PARAPLUIES DE CHERBOURG pour la nostalgie de l’enfance et pour le Nord de la France mais surtout pour la dernière scène…La grange de Mémère à terre, le cœur un peu serré…Une noix de Grenoble pour le petit écureuil…Le retour dans la Cité…LE PARCOURS DÉAMBULATOIRE du Carrefour International de Théâtre de Québec...les rues en fêtes, le ciel au neutre, les acteurs dans les fenêtres, les danseurs sur le parvis…POUR PARLER, le blogue en gigue de Nicolas Comtois...pour écrire un peu aussi……CIELS à l’aréna Bardy...assis bien cordés sur les tout petits bancs pivotants dans le cube avec Stanislas Norday et son regard planté dans le soleil de mon œil…Le génie de WajdiLE SANG, L’ART, L’ANGE ET…NOUS…

JUINL’ENFANT PRODIGE, André Mathieu, génie de l’oubli re-ressuscité par Patrick DroletLOVE LOUVE ET LE CLAN DE L’OURS de Jean-Robert Drouillard chez Lacerte, pour voir les hommes-lapins, des oies et des loups…Le petit grand HARIKOTS d’Alain Larose, poète du CSL poésie…pour la pureté de l’intelligence…brillante…Le JAUNE Jipi…pour le jaune chaud et infini de FerlandAlain Lefèvre qui re-re-rejoue André Mathieu, qui nous le ressuscite encore…LES TRAGÉDIES ROMAINES...de 19 heures à minuit, avec le tout Québec du Théâtre réuni dans le GTQ... pour se retrouver en Shakespeare, toujours aussi vivant et actuel, pour les merveilleux comédiens qui ont joué dans le même carré que les spectateurs, pour Hans Kesting et son irrésistible regard, pour la musique, pour l’acceptation globale…et pour Amsterdam....(Le petit oiseau qui se pète la tronche sans arrêt dans la vitre de ma fenêtre de cuisine)…Les 12 minutes d’ovation à Wajdi pour les 12 heures solennelles de son grandiose SANG DES PROMESSES…Avec Alain ....comme un enchanfantement, une beauté indéniable, une apothéose, une renaissance…La délectable et inassouvie lecture de LA GRANDE TRIBU de Victor-Lévy Beaulieu...comme un éternel recommencement de LA lecture, à chaque fois aussi belle et nouvelle… les grands mots, comme lui seul peut nous en chier…une vraie drogue…La réapparition de NOKTURA, jeune artiste multi-disciplinaire qui porte en lui des mondes insoupçonnés et pour lequel j’ai un jour flanché…de la grandeur venue de tout partout…

Love louve et le clan de l'ours


JUILLET…La canicule qui bat son plein dans la sueur des peaux bronzées…(on va tous crever même si on n’est pas des artistes)..Y facho ! et les Flaming Lips de Simon et Xavier qui sont à Montréal au Metropolis avec et pour eux…Tadeusz Kantor et son théâtre de la mort…Facebook...à cause du clan St-Amour-Charette et aussi pour VLB qui me demande d’être son amie…;-) Le JULES ET JIM qui passe au feu dans Montcalm, et un pyromane qui jouit dans son coin…LA CONSPIRATION DÉPRESSIONNISTE NO. 7 pour y lire des mots...autrement…INÈS PÉRÉE INAT TENDU, pour la mise en scène énergique de Frédéric Dubois, pour Ducharme et sa transparence épaissie au noir, pour Steve Gagnon, Catherine Larochelle, Sylvio Arriola et Jonathan GagnonL’HIVER DE FORCE: un grand cru de lecture…pour me rafraîchir les idées…et pour mieux attendre la nuit des longs couteaux qui reviendra bien assez vite…and THIS PAINFULL SUMMER

AOÛT…La ballade des deux rives…Le Fleuve sous toutes ses coutures…La Petite Plaisance…L’heureux retour de N’deye Mariama…La Commission Bastarache et son caviardage pour le petit peuple…La Promenade Samuel-de-Champlain...le Fleuve encore.…Le Titanic arrimé dans le Vieux-Port de Québec…La marina…POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUSMORT D’UN JARDINIER du poète-écrivain-blogueur Lucien Suel, pour y recueillir les fruits gorgés de son labeur…QU’ILS CRÈVENT LES ARTISTES au Cercle…une journée d’enfer pour le Théâtre de l’Urd de Hanna Abd El Nour...pour la puissante lecture du REBUT TOTAL de Christian Lapointe, pour celle non moins puissante d'un extrait du projet FAUST de Sylvio Arriola, pour LE POISSON de Wajdi Mouawad, pour l’ensemble de cette soirée mémorable, et pour quelques rats domestiques abandonnés dans le Jardin St-RochLE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND de Leone et ENTRE LES JAMBES de Manuel Gomez Pereira…en attendant le Théâtre...

SEPTEMBRETHE DEPARTED...pour Leo, Jack, Matt et Mark…pour le sang qui gicle, pour la fin des plus surprenantes…pour ScorceseLES RESCAPÉS...pour Maxime Gaudette et Roy Dupuis…pour 1964…Le 16 SEPTEMBRE de René Magritte...pour le secret bien gardé du croissant de lune à travers l'arbre…pour le très cher Patrick BriseboisLouis Scutenaire et ses INSCRIPTIONS 1943-1944, plus que savoureuses…La nouvelle saison théâtrale….DOM JUAN dans le Trident, avec Hugues Frenette et Molière, plus vivants que jamais...LA MARCHE BLEUE pour les amateurs avatars de hockey sur glace professionnel…André-Philippe Gagnon...pour ses mille et une voix, son train d’enfer, son feu roulant…LES 33…rescapés du Chili...pour revenir au soleil tapant après 69 nuits dans la mine…LA FANFARE de Lucien Ratio, avec un Thomas Gionet-Lavigne à bout portant…et de la musique...pour l'Afghanistan...


Au bord de la forêt de Fontainebleau, 1885
William Bremner

OCTOBRE…Le 11…(6 ans déjà)…Il fait plus froid/Il fait plus moi…Le STRANGE DAYS des DoorsABRAHAM LINCOLN VA AU THÉÂTRE avec N'deye Mariama et ses trois acteurs principaux: Maxime Gaudette, Patrice Dubois et Benoît Gouin…Époustouflant ! Magistral ! ...Notre lapin Tit-Boule, petite beauté de poil, qui entre dans sa cinquième année avec nous…mon bonheur à quatre pattes…Le Vincent Gagnon quintette au Café-Spectacle du Palais Montcalm...un roi qui n’est plus seul, un virtuose avec ses invincibles musiciens dont le majestueux Guillaume Bouchard, contrebassiste de ses Chemins croisésLE CARDIGAN DE GLORIA ESTEBAN, l'arc-en-ciel théâtral de l’automne…de l’émotivité, du rire et de la tendresse…avec une Marie-Ginette Guay exaltée/exaltante et une Joëlle Bond auteure et comédienne pétillante, découverte de la mi-saison…UN GARS L’SOIR…juste pour rire jaune...et vert (ou bleu)…avec un Jean-François Mercier parfois assez déstabilisant...


NOVEMBRELA MONTAGNE ROUGE (SANG) pour faire tabula rasa au cœur du contre-courant…un texte fort vivant...sur la mort par suicide d'un jeune homme...avec des mots de Steve Gagnon pour sa tendre moitié Claudiane Ruelland et lui-même…et le livre, pour se souvenir de cette douloureuse beauté qui déchire les entrailles de la mère que je suis…La mort délivrante de mon oncle Fabien…les arbres dépouillés de toutes leurs feuilles, le feu qui se remet à courir dans le poêle…Jef Neve trio et son magnifique IMAGINARY ROAD, un autre piano man, belge celui-là, rempli de talent et de beauté…Réal sur la rue Cartier...déguisé en lui-même, préparant son hiver…KLINIKEN (Crises), une performance théâtrale art-norme…des fous comme on les aime, plus intelligents qu’on l’aurait cru… Et le feu, le vrai, celui qui rase les tables à café remplies des souvenirs d'une maison familiale, avec un fils dedans devenu soudainement plus fou qu’on l’aurait cru…UN SOFA DANS LE JARDIN avec un Hugues Frenette absolument drôle et avec qui j'ai pu parler quelques instants de cette pièce du Théâtre Niveau Parking, à peine retouchée, le temps de lui faire savoir que c'est moi L.L., celle qui laisse des commentaires de temps en temps sur son blogue...le temps d'une re:connaissance...pour célébrer les 25 ans du TNP...


Soleil du matin (détail), 1901
Joaquin Sorolla

DÉCEMBREWIKILEAKS et ses nouveaux révolution-nerfs…DU PAREIL AU MÊME ? ? ? Les 30 ans du John Lennon assassiné…LES TROIS SŒURS de Tchekhov, mise en scène par Wajdi Mouawad, avec entre autres Hugues Frenette, Benoît Gouin et Linda Laplante...encore et toujours les mêmes mais non jamais les moindres…une pièce d’exception pour célébrer les 40 ans du Trident…de la grâce…du grand théâtre…La mort de Raymond Bélisle à 65 ans, LE Clément Veilleux de CORMORAN, et un record de visiteurs pour mes ENVAPEMENTS. (Merci)…Le petit mot de Hugues Frenette, celui-là qui crée un lien…Les retrouvailles amouritieuses sur Facebook d’un ancien groupe de travail…DE GRECO À DALÍ plus WILLIAM BREMNER au MNBA pour y admirer l’une des montres molles en bronze du Catalan Salvador Dali...pour me promener dans les sentiers lumineux (ou lunineux) des Gagnon, Côté, Morrice et cie, pour faire des pas de tortue dans l’au-delà de l’Art…Et un tour de grande roue avec Liliane Larose, une amie de passage, juste en avant des ruines du manège militaire…LES BIENFAITS DE CETTE ANNÉE PERDUE...Et les cartes de vœux des amis qu’on croyait malheureux…


 
Mais au fond, malgré toutes ces belles choses de la vie ordinaire on dirait parfois que...Y’ rien qui s'passe … sinon NOUS ... dans le Temps…des Fêtes...


Une BONNE et surtout MEILEURE année à vous tous !

Louise Langlois

dimanche 26 décembre 2010

LE BONHEUR TOTAL (Vaudecampagne): Un homme de coeur




LE CHIFFRE 1 EST LE SYMBOLE DE L’ÊTRE MAIS AUSSI DE LA RÉVÉLATION.

Victor-Lévy Beaulieu
LA JUMENT DE LA NUIT



MADAME BELLEAU:

…" autrement, le risque est grand pour lui de se retrouver betôt toasté des deux bords comme disait le Balzac des pauvres qui s’est réfugié à Trois-Pistoles depuis que je l’ai pleumé dans toute son héritage comme un petit coq de plâtre. "


p. 14 Premier acte


Victor-Lévy Beaulieu
Le Bonheur total
Éditions Stanké


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26 octobre 1995: Enfin reçu LE BONHEUR TOTAL. Aucune dédicace ne l’accompagnait, mais j’ai le livre, et c’est tout ce qui compte. C'est mon quatrième VLB.

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C’est après avoir vu cette pièce de VLB au Caveau-Théâtre des Trois-Pistoles que les téléromans cucul kébékois de "Télé-Nécropole " et de « Radio-Cadenas " prirent le bord de MA télévision. C’en était fini pour le pauvre petit moi de tourner en rond devant toutes ces histoires télémétropolitaines qui n’en finissent pas de te faire perdre ton temps, qui payettent la stérilité de ton peuple qui est en marche vers son hécatombe future. Un peu plus de lecture et presque autant d’écriture allait pratiquement me désintoxiquer des mièvreries d'auteurs en manque d'imaginaire. Bien évidemment, c’est pas toujours facile, surtout quand on a deux jeunes enfants qui aiment bien regarder les petits bonhommes, mais ça se fait, je le sais parce que je l'ai fait. Une vraie libération...Dans les jours qui suivirent la réception de ce vaudecampagne, il se passa quelques événements dans le paysage politico-socio québécois….


Ce matin, dans les pages de l'opinion du OUI et du NON, une longue lettre de VLB. (27 octobre)
On s’installe vers 8 heures p.m. Ça part très bien mais lorsque Montréal arrive, on vient tout déchambouler. Et finalement ça se termine 50,5 pour le NON et 49,5 pour le OUI (80000 votes ont été annulés par des cocos qui ont barbouillé le côté imprimé en anglais !!!) Parizeau a fait un discours plutôt acerbe. Bouchard ne lâchera pas et Dumont, on le sait pas, on verra bien…(30 octobre)

Pense à VLB, il doit être pas mal déçu lui aussi. Pense à d’autres qui doivent être soulagés, comme la grosse P.(31 octobre)

Jacques Parizeau a annoncé sa démission comme premier ministre, président du PQ et député de son comté. Un second choc en moins de 24 heures. Il l’avait dit à Stephan Bureau la journée du vote " on va voir demain soir ". Ça a l’air que Bouchard le remplacerait. (31 octobre)

Cette semaine est très particulière puisque je sens que des CHANGEMENTS vont RÉELLEMENT se produire dans les semaines qui viennent...(1er novembre)

Maman m’avait envoyé un article sur Anne-Marie Gélinas, elle connaissait bien Gilbert Langevin, décédé la semaine dernière. Hasard encore.(2 novembre)

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LE BONHEUR TOTAL: des dialogues qui postillonnent le réveil, appellent au péril, dérangent le pays sage du 5, rétablissent les faits, les vrais, et qui sustentent l'imaginaire...et ses tentations...etc...etc...


Le bonheur total!...Quel beau titre pour mon téléroman!...Pis dire que ça s'est trouvé sans même que j'aie eu besoin du moindre petit procès pour y arriver! (Se saisissant de son ordinateur, le pressant contre elle.) Mon plus grand succès de téléromancerie! Mon triomphe à Télé-Nécropole". Le bonheur...le bonheur...le bonheur rien de moins que total!

Elle tombe sur son ordinateur, dans un grand spasme orgasmique.

RIDEAU


Fin du premier acte

Photos: L.L.

lundi 20 décembre 2010

À l'affiche: Le petit lundi exceptionnel d'avant Noël

Le pommier illuminé
Photo: L.L.


C’était hier…déjà…

Au Quai St-André, dans le stationnement du Marché du Vieux-Port, A. avait un plan…de blanc…cassé ! Il fallait avoir le goût de marcher sur Elle, Vieille Ville, une fois de plus...Nos tuques et gants bien en place, nous partîmes à l’assaut de nos petits bonheurs...


Après avoir remonté la Côte-du-Palais et tourné à droite sur la St-Jean, nous prîmes la direction de la LIBRAIRIE PANTOUTE, A. voulait annuler une commande spéciale. Avons pris le temps de saluer Christian G., le plus aimable des libraires de la ville de Québec. ;-) Rien à acheter (pour une fois), juste parlé de son prochain recueil, qui pourrait bien voir le jour quelque part en 2011, aux Éditions MOULTS, dans la collection CRiTURes…collection qu’il dirige…Pris le temps de lui demander s'il me reconnaissait avec ma nouvelle tête à la jeanne d'arc avant d'aller au bûcher mais également des nouvelles des siens, qui sont en Gaspésie et qui attendent la prochaine grande marée. Pas trop de dégâts pour eux mais on croise nos doigts pour qu’il n’y en ait pas trop cette fois…

Second arrêt: la boulangerie LE PANETIER BALUCHON, parce que A. avait un papier à remettre à P.-C., le proprio, et qu’il voulait me montrer la superbe affiche des champs de St-Elzéar, là où nous avions passé la journée du 1er juillet 2009 ensemble…La culture du lin ayant été depuis remplacée par celle de la moutarde, c'est donc du jaune flash qui prédomine sur l'affiche...Après tout ce bleu....Entre le vert de cette vallée de la Beauce et le gris glissant de notre ville: le pain frais, celui que l’Homme boulange sept jours sur sept avec les mains de sa fatigue...

Fallait bien que je finisse par entrer chez ERICO CHOCO-MUSÉE, depuis le temps que je passe devant leur vitrine. C'est presque un péché de ne rien acheter tant l’arôme du chocolat vous excite et le nez et l’estomac…Glissé une pièce de 0.25¢ dans l’un des tourniquets pour y cueillir une petite poignée de mi-amer…Devant le comptoir, une foule de clients un peu pressés, qui en étaient probablement dans leurs dernières courses avant Noël. Acheté pour 4$ d’aiguillettes à l’orange enrobées du goût affriolant de cette fève royale…Divin!

Quelques pas plus loin, sur les trottoirs un peu gadoués, nous étions devant la porte d’une boutique de cuisine, le nom m’échappe. Je savais que A. finirait par l’acheter cette fameuse râpe à gingembre, depuis le temps qu’il s’était passé de l’autre, celle emportée par M. dans le raz-de-marée de la subite rupture. Enfin, il va pouvoir "violer " quelques racines de cet excellent rhizome pour l’incorporer dans son potage à la citrouille ou encore en parsemer la chair rose d’un tendre saumon…


Un court arrêt à la LIBRAIRIE ST-JEAN BAPTISTE, pour demander à Frédéric s’il n’y aurait pas en stock un poète du nom de Delvaille, Bernard de son prénom. Delvaille, un poète que j’ai " rencontré " récemment via Emmanuel F., un blogueur découvert grâce à Louis Hamelin du Devoir, dans une critique fort éloquente sur LA FUITE DE TOLSTOÏ, d'Alberto Cavallari, journaliste italien qui raconte la fin de la vie du célèbre romancier (que je n’ai pas encore terminé d’ailleurs). Pas de Delvaille mais du Larose…et éventuellement du Girard…Voici pourquoi on tombe pour un auteur:

Et ce sera l'adieu
un soir de neige
au chant des lèvres
col relevé
inconnu à moi-même
j'avancerai
je connais
le chemin

Tout est décidé
nul hasard
nul secours


Je sais à quel virage
m'attend
ma mort

Bernard Delvaille
Faits divers, 1976"
(site: Poezibao)

Le temps passait, nous approchions de la rue Cartier, celle-là qu’on aime tant A. et moi. Le Jules et Jim est à se refaire une beauté, lui qui a passé au feu en juillet dernier mais qui selon sa page facebook devrait rouvrir en février prochain. En attendant, nous avions le goût de nous asseoir un brin pour avaler quelques gorgées de cette rousse au goût de caramel, nous entrèrent donc au Pub Galway, à quelques pas du Jules et Jim, pour y retrouver un petit air d'Irlande... enneigée...

Assis au bord de la fenêtre, nous regardions passer les gens, ceux qui font et feront toujours l’âme et l'os de cette rue de caractère. Réal n’était pas à son poste, en avant de chez SILLONS LE DISQUAIRE, peut-être était-il demeuré au chaud chez lui en ce petit lundi d’avant Noël, entrain de préparer son habit de bonhomme de neige ou de Père Noël…A. et moi étions contents de nous retrouver ainsi, à recruter les humeurs et les visages de ces gens qui arpentent les rues abruptes de notre ville. Étrangement, on aurait dit qu’il y avait un vide dans ses rues, comme si le 23, dernier jour de magasinage éhonté, attendait dans le recoin fidèle de sa folie des grandes heures…ou des grands heurts (c'est selon)…A. et moi n’étant pas naturellement des gâteux de cadeaux, respirions donc à plein nez l’air humide de la belle Capitale, profitant de la liberté offerte à nos pieds bien chaussés…

La Grande Allée, sur laquelle les miens ne sont pas habitués de s’y poser, avait des allures d’après match…Devant le Dagobert, disco bar où le boxeur Jean Pascal est allé fêter après sa mi-victoire de samedi passé, des gros morceaux de glace étaient déjà en place, j’imagine que ce sont les préparatifs pour les terrasses chauffées pour le réveillon du Jour de l’An.

Les aurores boréales de la Bungee, le Moulin à Images, les feux d’artifices Loto-Québec, les édifices tout illuminés, le Red Bull Crashed Ice, les défilés du Carnaval: Québec est devenue une vraie ville-lumières, sans oublier le Parlement...Curieusement, y'avait pas de contestataires devant lui aujourd'hui, le monde est bien trop affairé à cuisiner ses derniers préparatifs des Fêtes: des tartes, des dindes, du kraft dinner ou des toasts au beurre de peanuts…

Non, pas de contestataires, que les statues de silence de nos grands et petits hommes politiques au parterre. En les voyant ainsi, bien plantées sur leurs socles, on a eu une pensée futile pour celles que Sylvio Berlusconi est entrain de faire réfectionner en Italie: greffe de pénis pour Mars, mains pour Vénus, et pourquoi pas un peu de botox sur le bord de ses vieilles lèvres et du silicone pour ses seins passés date ? ! Devant la porte Saint-Louis, on a rit comme deux fous, elle qui est aussi entrain de se faire faire un face-lift, tout comme sa petite soeur de la rue St-Jean. Je n'ai rien contre la réfection de statues, en autant que ce soit seulement pour les décrotter...

Rue Saint-Louis, pavée de ses restos classiques, avec le travers de ces boutiques attrape-touristes pour arriver aux portes tournantes et dorées du Château, le temps d'une certaine envie qui n’en pouvait plus d’attendre…Déambulation sur ses tapis sourds, auscultation de ses artères centenaires, un havre de repos pour les marcheurs fatigués que nous sommes...un arrêt dans le temps, pour la magie des lieux et le confort des demi-dieux…

Quasiment seuls sur Sault-au-Matelot, ses galeries semblaient presque s’ennuyer, c’est vrai que nous n’étions qu’un lundi, c’est ce que la plupart des commerçants nous ont chanté…St-Paul, au 48, pour déguster quelques tapas avec les 25$ qu’il me restait des 100 du prix littéraire de la revue Prestige, remporté à cause d’Elle, Vieille Ville…Encore un brin de jasette à propos de tout ce que nous avions à rattraper A. et moi de nos conversations estompées des derniers temps…

Assis bien calés sur des fauteuils plus que moelleux, le paysage des murs noirs et des glaces nous renvoie le calme souverain de ce coin que nous aimons depuis le jour du premier jour…Le gentil serveur, un peu surpris de voir arriver deux clients en plein après-midi, nous a servi: une bière pour A. et un thé vert pour moi, puis quelques unes des 48 tentations: satay de poulet sauce aux arachides et lait de coco, prosciutto et melon, croûtons de chèvre et sa tapenade d’olive, oignons caramélisés et canard fumé, mini fondue de mamirolle…Nos bouches qui se déliaient là-dedans, nos mots prenaient alors tout leur temps. L’instant d’une étiquette, à la table des petits rois…

À Espace 400, autour du sapin " développement durable ", puis une petite virée dans le labyrinthe des sapins, et une petite peur bleue de A. à moi, à la Jack Torenz dans le Shining ! La glissade de chambres à air au loin, avec des cris de vrais enfants qui s’amusent autrement qu’avec des consoles de désolés, ou de futurs consolés…

Fallait bien finir par boucler la boucle...de retour au Quai St-André pour le Marché de Noël du Vieux-Port…avec les odeurs de cannelle de chandelles au soya, les savons, les sirops, etc…Et les petits boires et bouchées à déguster, on se laisse bien sûr tenter: pour moi ce fût beignets maison, saucisses Sö-Chö, choucroute garnie, crème de cèpes et bolets, quinoa, (avec une petite pensée pour Mélissa, chez qui j'emprunterai bien une de ses recettes pour apprêter cette mère de tous les grains) et un sachet de poudre de maca, tubercule péruvien que les Incas cultivaient pour y solliciter l'énergie, l'intellect et la libido...;-)…Une bien belle fin de journée s'achevait...Le retour dans nos bercails respectifs, un petit bec sucré sur la joue de l'Ami retrouvé et heureux, des Joyeux Noël et Bonne Année, on peut bien encore se les souhaiter...entre nous...


De l'âme jusqu'à l'os,
ta mouelle dans mon écorce


Et le vent,
qui se véloce
sur tes voies
de vieille précoce;


Salut ma Belle Ville,
je t'aime encore autant,
et même plus qu'avant...



L.L.
21-12-10




SITES VISITÉS

samedi 18 décembre 2010

DONATO/BOUCHARD "HAPPY BLUE": deux contrebasses sous mon toit


HAPPY BLUE
(ZIGZAG TERRITOIRES)



Comme il ne reste plus grand temps avant la fin de 2010 pour faire advenir mon petit boniment sur le superbe HAPPY BLUE de messieurs Donato et Bouchard, je prends l'engagement d'écrire sur ce qui se danse autour de ce noble instrument. HAPPY BLUE, une musique tout à fait dans le genre qu'on a, ou pas...


MY FUNNY VALENTINE
Un restant de peau d’ours sous l’ongle brisé/
le cœur d’une abeille éclaté/
la soûlerie d’une âme au rebut/
totale ambiance de réverbérations nocturnes/
marche nuptiale de foutus flocons fœtus/
automne des glacés qui vêle aux vents à écorner les bœufs/
poète qui clenche des mots sans saison/
musicien qui s’éveille sous les contrebasses de l’aurore
ANNETTE
petite robe pleine de soleils fleuris/
yeux verts qui pétillent pour une rose fraîchement cueillie dans le vieux rosier du quinquagénaire/
une odeur de vanille française sous la jupe d'une fille au coton/
un vent d’été pour un crabe qui danse tout croche sur le sable salé/
le ras-le-bol des grands départs/
le plein de vide pour l’essence des jours sans fiel/
le strict essentiel/la rature des mots de trop/
l’immédiat de cet instant qui se traîne dans les heures sans faim/
la négligence d’une coiffure défaite et puis refaite/
la fin de l’odeur d’un parfum envoûtant de la veille/
(un lapin qui gruge une feuille, qui demande toute mon attention)/
et les violons de Verlaine---
que j’entends sous sa cervelle pleine lune/
et son irrémédiable amour






HAROLD’S RYTHM
dans le placard des jours sans fond une razzia de baisers volés pour de bon/
quelque chose qui s’écrirait de loin sur le coin d’une table à café turc/
à la vitesse de l’éclair/
à la vitesse du son-art/
dans la pénombre de la lumière d'un salon de basse couture
HAVE YOU MET MR JONES
un homme qui marche sur un lampion espion de lampadaires/
la nuit qui fond sur le guerrier malusé par le joug des jours/
un cul-de-sac érotique pour une ruelle en amour/
clopin-clopant de portes qui claquent au vent/
(des si déments)/
le gosier qui pète au sec/
du temps en sursis pour le repos des dents sur le mordicus de la vie
qui mord dans le vent qui n’a plus le temps de souffler sur les vivants/
DÉSERT
du sable déversé dans la bouche de l’errant/
sa tête enveloppée dans un gros turban/
l’équivoque d’une rencontre animale entre un chameau deux scorpions et un serpent/
(instant propice pour un petit changement)/
oasis magistral des envolées de cordes en feu/
sous la saharienne réchauffée le cœur qui flambe ses pétro-douleurs/
graduellement/
éventuellement/
un grand changement/
le temps s’émoustillant/
le temps s'agenouillant
GOOD MORNING
éveil/
étirements/
hors du lit pieds traînant/
tête des rêves sur une poussière dans l'oeil/
(aveuglement)/
café turc toasts brûlées lait caillé/
traffic jam/
good morning America/
welcome into the cafouillis/
dring dring drunk/
bam boum dame damn/
drink drink drink/
(un époux stouflant dans les vibes du contretemps)
NUAGES
dans le ciel à nuages des capricornes à vaisseaux/
dans les nuages de Django une tête à claque sur l’oreiller des pelouses bien rasées/
un doux sourire en coin sur les lèvres d’un ciel à juin/
brouhaha de blancs moutons/
duel d’arc-en-ciel épouvantés par quatre vents poussés dans la tête d'un mendiant nouveau-né/
avec les doigts qui se pointent sur la carte d'un ciel clément le tonnerre du jour un qui les ramène au bercail/
et la nuit qui les détrousse au diable/
ils sont là quand même/
ils sont toujours là quand même/
sans gêne et sans façon/
démesurément grandiloquents/
si bienfaisants/
les nuages de Django/
(mange tes notes, curieux de petit écureuil)
DBBD
dibibidi dibibidi/
Donato Bouchard Bouchard Donato/
des lettres des notes sous le bas des portes ouvertes/
par le haut plafond de nos têtes de chouettes deux minutes quarante pour sonner l’alerte/
pour compléter le set trois triple sec doubles
SORO
dans le temple de la contrebasse ses tendres décibels/
quelques chose comme une fuite par en arrière/
quelque chose qui s’écrirait aussi vite qu’un poème sans mystère/
une joie pour le cœur de l’oreille/
des doigts qui dansent sur des cordes/
(du vent sous la terre)/
un homme et une femme sur un serpent sédentaire
LA MER
comme une toute petite nouvelle/
la Mer/
encore Elle/
toujours aussi belle/
comme si le lustre de sa mélodie ne s’était jamais éteint sous la houlette de ses vagues vertes/
les doigts agiles qui se la jouent sur son bas de dos d’eau/
quelques mouettes sous ses aisselles de sable chauffrette/
l’élégance de la France dans le ventre du Québec/
un plat de résistance sur une vague de souvenirs salés
NOT YET
pas tout de suite/
tantôt/
tout à l'heure/
pas là/
attends/
bientôt/
demain/
hier/
not yet/
jamais prête jamais prête/
pas tout de suite/
tantôt/
tout à l'heure/
not yet/
attends attends attends/
jamais prête jamais prête/
toujours chaude jamais frette/
une belle grosse pincette pour le bec de la clarinette/
et une petite nuit bluette dans le creux de sa couchette/
not yet !!!
HAPPY BLUES
un tempo du diable pour une prise de conscience/
dans l’étalement du vent un jeu de doigts habiles/
une résonance pour les cordes à danser/
comment faire pour ne plus rien tout défaire/
l’éclatement d’une nouvelle urgence/
dans l’œil d’un arbre sexagénaire/
irrésistiblement grinçant
LINE FOR LYONS
celle qui fait fondre les glaçons dans ton verre/
celle qui ne te donnera jamais sa place/
histoire sans fin de bouts d’anecdotes/
copié-collé de chiffres et de notes/
pluie d’hirondelles pour la belle éternelle/
mulligan for the road/
sur les chemins croisés de l’indépendance/
révolution de coïncidences/
un verre à moitié vide/
un bar de beaucoup trop pleins/
une ruade dans l’art/
une ruelle et sa gloire/
un coffre rempli de miroirs dans un cabriolet noir/
une clef perdue dans un tiroir/
voilà, c’était son histoire
CHANSON DE PLUIE
à travers la fenêtre habituelle une corde de pluie torrentielle/
pour chauffer l’envolée des petits parapluies et des feuilles fracassées
dans les rues décrassées de l’hiver qui peut enfin arriver/
la pluie des ruisseaux venue des glaciers/
la formation étoilée du ballet des flocons fanés/
l’eau de pluie amie de l’astre qui donne de ses couleurs arc-en-ciel
et qui tombe sur les vieilles poubelles/
à travers la fenêtre embuée la pluie et sa ritournelle
RITOURNELLE
un autre titre/
un autre chant/
une autre vitre/
un autre décapant/
comme un re:re:re:commencement/
une tonne de vent qui entrerait par l’automne en fût/
et l’hiver au four/
et le printemps sous la douche/
une dose énergique de blanc calmant/
une gelée sucrée sur le rond de l’étang/
un jelly bean collé entre les dents/
un coup de patin sur la gueule du Temps
ALL BLUES
Miles sous la peau de Guillaume et Donato/
comme une force venue d’on sait où/
(de sous la brunante des confusions)/
(sur les cordes raides du grand rassemblement des notes au vent)/
All blues for snooze/
au jour le jour autour du cou all blues
P’TITE BRISE
one last for the road/
une petite dernière dans les voûtes de l’église/
une petite dernière pour la mémoire de nos vieilles valises/
le temps d’un voyage à Paris (ou à Venise)/
le temps d’une chanson qui te défrise/
l’âme d’un free son/
le brouhaha de l’humide humanité/
la parenthèse qui se referme dans le lit des reines/
de la dévotion pour cet instrument noble et secret/
la contrebasse pour se fendre en quatre/
pour se faire couper la poire en deux)/
la p’tite brise qui boit tout son temps dans le bar de la tempérance…


Photo montage: L.L.

mardi 14 décembre 2010

Juste du pareil dans le même


Illustration: L.Langlois
197?











Pour faire comme une suite à la pièce LES TROIS SŒURS, que j'ai vue jeudi soir dernier au GTQ, voici un extrait de LA GRANDE TRIBU de Victor-Lévy Beaulieu. C'est le portrait (dé) mesuré d'une certaine race de monde pour et dans laquelle nous sommes tous tombés un jour ou l'autre. L'extrait provient de la sixième partie de la grotesquerie du sieur des Trois-Pistoles


LES LÉSIONNAIRES


-1-


Je suis vivant. J’ai hâte. Le docteur Avincenne prétend que la race humaine, qu’elle se lève au Ponant ou qu’elle découche au Levant, est si dure faite que rien ne peut en venir à bout, même pas l’idée qu’elle peut avoir d’elle-même et qui la porte à l’autodestruction. Ça serait de même depuis le commencement du monde. Caïn et Abel n’étaient que deux, mais il y en avait déjà un de trop. Plus nombreux, les Mongols n’étaient pas plus fins: une fois l’Asie rasée de fond en comble, ils se rasèrent eux-mêmes, grand Khan dans un camp, petits khans dans l’autre, nuits des longs couteaux à l’année longue, mutineries, trahisons, rébellions, révolutions, épidémies, génocides: tabula rasa, que ça s’appelait quand les Mongols n’étaient pas encore à batteries.



Chez les Chinois, les Japonais, les Indiens, les Perses, les Grecs, les Romains, les Français et les Anglais, ce n’était pas mieux: des centaines de millions de morts et autant de vivants qui n’en menaient pas épais dans leur plus mince. Pourtant, la race humaine ne cesse pas de proliférer: neuf milliards sera tantôt le nombre de ses fanatiques, de ses estropiés, de ses mutilés, de ses misérables, en deçà et au-delà, à bâbord et à tribord de la mer Océane, des Grands Lacs ou de la rivière des Outaouais, des peuples, des nations, des États, des pays, des empires, en veux-tu toutes sortes de monde de toutes sortes de couleurs, de toutes sortes de tares, de toutes sortes de maladies qui se prennent pour des rêves, de la poésie, de la chanson, eh bien ! regarde-moi dans le miroir, car je suis l’une de toutes ces sortes de monde-là, pas mieux, pas pire, JUSTE DU PAREIL DANS LE MÊME.


Je devrais être mort, mais je ne le suis pas. Quand tu passes de longues heures dans une grande cuve d’eau bouillante, tu coules, tu t’écroules jusqu’au fond et tu ne devrais pas en remonter avec l’ombre de la queue de la survie de ton bord, tu devrais être cuit jusqu’aux mouelles, tout en petits morceaux épars à vidanger en même temps que l’eau usée de la grande cuve. Pourtant, j’existe encore, parce que je suis comme la race humaine, je m’accroche au semblant de trou que j’ai dans le crâne, je me concentre fort dessus, je me concentre dedans et je survis. Pas beaucoup, mais pas beaucoup, c’est beaucoup plus que rien.



Victor-Lévy Beaulieu
LA GRANDE TRIBU
Éditions Trois-Pistoles




samedi 11 décembre 2010

LES TROIS SOEURS DE WAJDI MOUAWAD: La part des anges

RÊVER LE NOUVEAU MONDE
Michel Goulet
GARE DU PALAIS, QUÉBEC

Photo: L.L.


Le monde ne vous attend plus/ il a pris le large/
Le monde ne vous entend plus/ l'avenir lui parle

GASTON MIRON
1928-1996


Si j’en crois mon espérance.
Non, si j’en crois mon espérance,
J'attends un meilleur avenir.
Je serai malgré la distance
Près de vous par le souvenir.
Errant sur un autre rivage,
De loin je vous suivrai,
Et sur vous si grondait l’orage,
Rappelez-moi, je reviendrai.

Mikhaïl Lermontov

Les âmes vives….
DU PAREIL AU MÊME  
Jeudi soir dernier.
GTQ, salle Octave-Crémazie
Rangée E, siège 22.
La dernière pièce de la mi-saison
LES TROIS SOEURS, d’Anton Tchekhov
Mise en scène de Wajdi Mouawad

 

Du pareil au même ? Pas vraiment...

Extrait:

ANDREI: Ah! Où est-il, où est-il parti, tout mon passé, quand j'étais jeune, gai, intelligent, quand mes rêves et mes pensées touchaient à tout ce qui est beau et élevé, quand mon présent et mon avenir étaient éclairés d'es­poir? Pourquoi, à peine commence-t-on à vivre, est-on déjà ennuyeux, terne, inintéressant, paresseux, indiffé­rent, bon à rien et malheureux, pourquoi... Cette ville existe depuis deux cents ans, il y a cent mille habitants, et pas un seul qui ne soit pareil aux autres, pas un enthousiaste, ni dans le passé, ni dans le présent, pas un savant, pas un artiste, personne qui se distingue un tant soit peu, un homme qui susciterait l'envie ou le désir passionné de l'imiter... Chacun ne fait que manger, boire, dormir et puis, il meurt... et d'autres naissent, et à leur tour, ils ne font que manger, boire, dormir et, pour ne pas s'abrutir d'ennui, ils agrémentent leur vie de ragots dégoûtants, de vodka, de cartes, de chicane et les femmes trompent leurs maris, et les maris font hypocritement semblant de ne rien voir, de ne rien entendre, et cette influence répugnante et irrésistible pèse sur les enfants, étouffe en eux l'étincelle divine et ils deviennent, à leur tour, des cadavres semblables les uns aux autres et aussi pitoyables que leurs pères et mères.


Anne-Marie Olivier, Marie Gignac, Benoît Gouin,
Hugues Frenette et Richard Thériault

Photo: Louise Leblanc



La Part des anges (les messagers de Dieu) est la partie du volume d'un alcool qui s'évapore quand celui-ci est mis en fût pour vieillir.

(wikipedia)

Marie Gignac, MACHA, la pianiste, l’amoureuse, la femme qui triche, sa résignation…Lise Castonguay, OLGA, la directrice de la douceur, la beauté grisante de son cœur protecteur...Anne-Marie Olivier, IRINA, la plus jeune des trois, la très travaillante, la ponceuse, la porteuse de portes closes, la fougue de la jeunesse, l’espoir…le feu…Gill Champagne, TCHÉBOUTYKINE, le peintre, le docteur, l’alcoolique, sur les murs de SA révolution: le vert été, le blanc hiver, le rouge feu…et le jaune sur sa tête…la bile de sa foi...Linda Laplante, NATACHA, la belle-sœur gouvernante de ce petit peuple que constitue la famille Prozorov; avec son landau, ses promenades, ses fourrures et…sa belle ceinture ! Benoit Gouin, VERCHININE, un père malheureux auprès de sa blonde; un appel au milieu de l'allée, presque à mes côtés, à l’autre bout de la ligne, entre les bras de Macha et les cul-sec de vodka, sa philosophie d'indéraciné…Vincent Champoux, en KOULYGUINE, mari trompé en pied-de-bas, reniflant l'antre de ses orteils, niais comme pas un mais bon, et si gentil; et en FÉRAPONTE, sourd comme un pot, colportant des nouvelles qu’on écoute à peine…Un homme dans l’Assistance, EL SPECTATOR, choisi comme par hasard, prenant SA place aisément sur la scène, un participant gagnant et privilégié de cette distribution hors pair...Jean-Jacqui Boutet, ANDRÉÏ S. PROZOROV, le frère de sang, le père de ce futur (foutu ?) espoir; devant le grand rideau bleu, se promenant parmi la foule, l’interrogeant, la subjuguant…et son violon sous la pluie...Hugues Frenette, TOUSENBACH, baron-ange lumineux, amoureux d’Irina, beau comme un poisson dans...le...cognac (V.S.O.P. svp ! ou X.O.); drôle et touchant, toujours aussi juste et bon, mais tellement...laid ;-)...Richard Thériault, SALIONI, éclatant géant aux longs cheveux, fantasque critiquant le tout pour le tout, bravant l'ami comme l'ennemi... Paule Savard, ANFISSA, la Nounou au samovar, au balai magique et à la chainsaw, la repoussée de Natacha, la protégée d’OlgaMichèle Motard, LA CHANTEUSE, l’étonnante et saisissante beauté de son chant prenant, la grâce de la finale...

***

C’est l’âme russe de Tchekhov en celle de Mouawad qui s’est promenée en nous jeudi soir dernier…L’âme souveraine et équitable de ce grand metteur en scène qui n’en finira jamais de nous émouvoir, éblouir et surprendre. L’ovation que le public de Québec lui a réservée valait à elle seule le prix du billet, deux heures ¾ de cette splendeur théâtrale envoûtante et mémorable.

Dans la luminosité de l'ombre, le blanc des bancs et celui des portes. Depuis les carreaux de la fenêtre, en haut des notes du piano, un peignoir caché. Oublié…Des sacs de papier brun sur les têtes (une pensée furtive pour Christian Lapointe) des silences délinquants, des bruits de bottes...Du sans pareil au même…Du sang pareil…aux gènes. Et la musique, le chant de la sirène...MICHÈLE. La La la humaine danse en ligne, le BUNNY HOP des mouvements fous, les pas perdus dans la forêt des déploiements, des gestes lents, des arrangements pré-funéraires, des surprenances... Et des trous dans les murs. De la D-Day de grande défonce…Du pareil au même…? Oui, sans aucun doute, cher Docteur Tchéboutykine...Et de la neige en plus, en dedans comme en dehors, au parterre...Du froid, de la joie et beaucoup de...travail...

Москва ! Москва !

À la fin, Wajdi Mouawad est apparu tel un ange au tendre milieu de cette troupe sensationnelle; une troupe formée de comédiens tous égaux à eux-mêmes. M. Mouawad m'a semblé être comblé par son...travail. Nous aussi, bien évidemment. Et maintenant, à eux le Brésil !

***

Petit échange " commercial " sur facebook avec Éric Simard:



Éric Simard: Je vivrai ma cinquième expérience Wajdi de l'année ce soir avec Les Trois soeurs... (six, si je compte le film Incendies)

Louise Langlois: Et la septième en mars ? ;-) J'étais rangée E, siège 22 hier: au 7ème ciel ! on a touché à la grâce et la perfection. Je m'en vais écrire mes impressions aux Envapements. Bonne descente sur terre.

jeudi, 17:41

Éric Simard: C'est fou avoir une telle signature au niveau de la mise en scène. Hier, je n'ai pas vu un Tchekhov, j'ai vu un Wajdi.

Louise Langlois: C'est en plein ce dont je me suis rendue compte vers la trentième minute..de JEU! J'ai eu l'impression de m'être retrouvée en plein incendie, au bord du littoral, au milieu de cette forêt désenchantée, mais surtout, surtout dans ce vaste pays qu'est Wajdi Mouawad...(à suivre)

vendredi, 08:49

CONCEPTION  

Texte Anton Tchekov 
Traduction Anne-Catherine Lebeau et Amélie Brault 
Mise en scène Wajdi Mouawad
Assistance à la mise en scène: Hélène Rheault 
Scénographie et costumes Isabelle Larivière 
Éclairages Éric Champoux 
Musique Robert Caux