mardi 26 mars 2013

SCALPÉE: Épormyable





Lorsqu’un orignal vient au monde, il est déjà condamné à mort, comme nous d’ailleurs. Mais son périple sur cette terre peut s’avérer beaucoup plus ardu que le nôtre. À peine né, il intéressera des prédateurs comme l’ours noir et sans les bons soins de sa mère, il ne pourra passer les premières semaines de sa vie. S’il se rend à l’automne, il devra passer à travers une première saison de chasse et espérer que sa mère en fasse autant car sans elle le premier hiver qui est sur le point de débuter risque d’être fatal. Tout au long de sa vie, il devra composer avec les conditions climatiques, la neige, les prédateurs, la rareté de la nourriture en période hivernale, les périodes de chasse, le braconnage, la maladie et j’en passe.

Louis Turbide
http://www.sentierchassepeche.com/



Photo: Mériol Lehmann



Ma démarche artistique a toujours été peuplée de thèmes liés au territoire et à la mémoire. Ma condition d’immigré y est certainement pour beaucoup, ces thèmes provenant de réalités si marquantes qu’ils deviennent inévitables. Cette fascination qu’a l’impact du territoire sur les êtres humains m’a amené à retourner la question : quel impact avons-nous comme individus et comme sociétés sur le territoire? Nos modes de vie modifient non seulement notre environnement proche, mais également une grande partie de la planète. Cette interdépendance amène une boucle, un cycle : Nous marquons le territoire et il nous marque à son tour. Quel poids a sur nos vies ces paysages altérés par l’homme? Et quel est le poids de nos mémoires, individuelles et collectives, sur nos perceptions territoriales? Chaque individu porte en lui ses références, ses souvenirs, et c’est cette mémoire, aussi intime que collective, que je cherche à atteindre.

Mériol Lehmann




En ce monde, contente-toi d'avoir peu d'amis.
Ne cherche pas à rendre durable
la sympathie que tu peux éprouver pour quelqu'un.
Avant de prendre la main d'un homme,
demande-toi si elle ne te frappera pas, un jour.

Khayyam, Chagrin et désespoir VIII



Parce qu'on a tous un peu de rouge.........sous le blanc
MÉMÈRE CHARETTE, MÈRE-TOTEM DE N.D.M.
Photo: André Langlois



Quand je touche à l'Élise d'Anne-Marie Olivier; Quand je souffre le Charles de Steve Gagnon; Quand je songe à la Dorothée d'Édith Patenaude; Je vois tout et rien à la fois; J'entends la folie tirer à bout portant sur la tête de ses enfants; Je ne peux m’empêcher de crier: Ô Sang des Eaux, de la Chasse et de la Pêche, empêchez le scalp de mes frères et celui de la Terre-Mère, déroulez le tapis rouge des naissances, faites venir la guerre pour retrouver la paix...




Photo: Matthew Fournier


Il était une fois, sur une vaste scène, trois protagonistes.
Ils jouaient au jeu de la chair.
Firent éclater l’os et l’ovaire.
Firent fi de la misère.


Quand je vois l’éclairage swamptueux cinq étoiles entourant les mots de la bête lumineuse qu’est Anne-Marie Olivier, je ne peux m’empêcher d’en être éclaboussée moi-même. Leur odeur saline a fait prendre mon esprit dans le ravage de leur naissance. Cette enfance de l’art qui plane dans le monde des bois et des eaux, en se nourrrissant de plumes, d’encre et de coups de couteaux, se transforme en fourrures de la démesure, trempe dans le sel de la saumure, usine de l'amour pour les grandes et douloureuses éclaboussures du rejetté, braconne dans les recoins sombres de certaines de nos froides nuits d'enfer.



Illustration: L.L.



Le théâtre BIENVENUE AUX DAMES, un théâtre qui accouche, nourrit, abreuve, élève, tue, éviscère et enterre; un théâtre rempli de pouponnières et de cimetières; un théâtre de mort et de résurrection; un théâtre qui évolue dans un monde d'ombres sensibles à la lumière; un théâtre de feu qui s'immole dans la neige; un théâtre qui prend forme aux coins des rues, dans le fin fond des bois, sous nos yeux, dans nos cœurs et dans nos tripes. 




Combien de fois me prendrais-je encore au piège de votre magie, mesdames ? Beaucoup d’autres fois encore j'espère. Beaucoup. Parce qu'une immersion dans votre univers de chasseuses de têtes vaut superbement la peine et le détour d'être l'une de vos proies.   
Véronique Côté qui a mis en scène cette foudroyante histoire d'issues devient ainsi l'indissociable d'Anne-Marie Olivier. Autant dans l’œil de l'une que dans  l’oreille de l'autre, par-delà les frontières de l'écriture, elles écri-vivent ce qui se doit de se dire. Un détail à ne pas négliger: Philippe Ducros, qui venait tout juste de nous ébranler avec sa saisissante AFFICHE, a collaboré avec elles en tant que conseiller dramaturgique. Et une note spéciale à Mériol Lehmann pour l'excellente ambiance sonore qui nous emmène encore plus profond dans les bois incertains des bêtes lumineuses. Sa dernière exposition chez VU Photo, ANGLO CANADIAN PULP & PAPER MILLS LTD, m'avait tout autant éblouie en février dernier avec ses embrouillements de mémoire...




SCALPÉE

Comédiens
STEVE GAGNON
ANNE-MARIE OLIVIER
ÉDITH PATENAUDE

ÉQUIPE DE PRODUCTION

Scénographie: Josée Sirois-Landry avec le soutien de Christian Fontaine
Éclairages: Christian Fontaine
Musiques: Meriol Lehmann
Costumes: Maude Audet
Conseiller dramaturgique: Philippe Ducros
Aide dramaturgique et recherche: Sophie Devirieux Tremblay
Conception vidéo: Jean-Philippe Côté, à partir des images de Josée Landry Sirois






Comme à tous les années, les faons naissent et certains s’éloignent prématurément de leur mère et croisent un humain.... Le reste est presque toujours ceci: la personne croit que la mère est morte ou a abandonné le petit. Les gens partent avec le chevreuil et quelques jours plus tard, s'apercevant de l'ampleur de la job, cherchent une solution qui les amène vers les gardes-chasses...
Louis Gagnon
http://www.bearbuckobsession.com/bloglouis/








La griffe écrit dans le sang
et ses messages les plus doux
sont ceux de l'agonie.


Claude Gauvreau


lundi 25 mars 2013

RHINOCÉROS: Principe et sacrifice


Tintin fait exploser un rhinocéros à la dynamite
TINTIN AU CONGO



La doctrine matérialiste qui veut que les hommes soient des produits des circonstances et de l'éducation, que, par conséquent, des hommes transformés soient des produits d'autres circonstances et d'une éducation modifiée, oublie que ce sont précisément les hommes qui transforment les circonstances et que l'éducateur a lui-même besoin d'être éduqué. C'est pourquoi elle tend inévitablement à diviser la société en deux parties dont l'une est au-dessus de la société (par exemple chez Robert Owen).La coïncidence du changement des circonstances et de l'activité humaine ou auto-changement ne peut être considérée et comprise rationnellement qu'en tant que pratique révolutionnaire.


http://www.marxists.org/francais/marx/works/1845/00/kmfe18450001.htm









Ruben Cukier
THE TRAGEDY



Pensionnat



"Le rhinocéros est le coffre-fort de la connaissance au niveau de l'animal, un coffre-fort massif, plus sculpté et travaillé qu'une plaque de bronze".

Salvador Dali Louis Pauwels
Les Passions selon Dali



Salvador Dali, COSMIC RHINOCEROS



La gauche la droite c’est une notion dépassée.

Docteur, est-ce que vos candidats auront une attitude particulière, bien à eux, en chambre ?....
Lorsqu’un candidat rhinocéros deviendra député, non seulement il ne rira pas mais il ne parlera pas et il ne pensera pas, il sera rhinocéros.

Jacques Ferron
http://archives.radio-canada.ca/arts_culture/litterature/clips/11277/




«Jacques Ferron est le seul romancier qui ait tenté, tout au long d'une œuvre maintenant essentielle, de nous donner une mythologie. Son écriture d'ailleurs hésite toujours entre le mythe et le réel, entre l'imaginaire, le rêve québécois et le quotidien.»
Victor-Lévy Beaulieu, Docteur Ferron




Le parti, qui est le descendant spirituel d'un hippopotame  (Cacereco) qui avait été élu maire de Sao Paulo par le passé, a sélectionné Cornélius Premier, un rhinocéros du zoo de Granby (à l'est de Montréal), en tant que chef. Le parti a réclamé que le rhinocéros soit reconnu comme le symbole du parti politique, puisque les politiciens ont, par leur nature, la peau « épaisse, se déplacent lentement, ont l’intellect faible, peuvent se déplacer très vite lorsqu'ils sont en danger, ils aiment se vautrer dans la boue et ils ont de grandes cornes velues poussant au milieu de leurs visages et qui obstruent leur vision ».



Le 7 mars dernier, au GTQ, j’ai vu passer tout un troupeau de rhinocéros. Ils étaient aussi remarquables les uns que les autres. Leur père, un dénommé Eugène Ionesco, les avaient fort bien élevés. Ils sont nés de son imaginaire en 1959. Sont apparus sur scène l’année suivante. Ils sont donc encore passablement jeunes. Regardez-les entrain de répéter la pièce dans laquelle ils jouent en ce moment au Théâtre du Trident. Ils sont tellement attachants. Ils ne font pas peur. Quoique…



Alexandre Fecteau, leur nouveau metteur en scène, nous les a servis sur un plateau africain ou plutôt asiatique, TRÈS TRÈS JAUNE ! Il fallait les voir se faire aller le body sur leurs exerciseurs, boire leur café matinal cartonné, philosopher, se métamorphoser, se résigner à faire comme le reste de l’humanité parce qu’…

...IL FAUT SUIVRE SON TEMPS


Quelque chose qui fait peur mais à laquelle on ne peut résister. Quelque chose qui engendre le chaos. Quelque chose qui arrive sans qu’on s’y en attende. Quelque chose d’anormal qui devient vite trop normal. Quelque chose de vide en même temps que plein. Quelque chose qui part et qui ne revient pas…
RHINOCÉROS, tellement d’actualité, qu’on ne sait pas à la fin si l’on doit applaudir ou huer, non pas les comédiens qui ont joué avec un brio inégalé le jeu de Ionesco pendant deux heures dix (avec entracte) mais la résurgence d’une certaine époque quand même pas si lointaine qui augurait la Seconde Guerre mondiale. Huer ce que l’Homme applaudit sans qu’il ne sache ce qui se cache en dessous de son futur désastre. Détester ceux qui le suivent de trop près. Suivre celui qui résiste. Ne pas avoir peur de rester debout, comme lui, pour rompre avec la conformité. Il ne reste pas beaucoup de Béranger dans ce monde d’aujourd’hui, mais il en reste encore, nous l’avons rencontré le 7 mars dernier. Il était seul devant l’humanité rhinocérosisée.


NASHORN



La distribution, la scénographie, les costumes, les éclairages : tout était ajusté au tour de taille géant de cette rhinocérite apocalyptique. Chaque comédien jouait du sur mesure ajusté à son talent. Jean-Michel Déry nous a encore fait bénéficier du sien qui n’en finit plus de s’xxxx-élargir. Ouf! La transformation de son Jean nous a transportés au-delà du jeu. C’était totalement dément ! Il nous a quelque peu rappelé à la mémoire de son rôle tranchant dans VIANDE: éclatant de noirceur et d’inhumanité, aussi froid qu’un granulat recyclé, tranchant comme une lame de rasoir dans une pomme de tire et à celui du beautiful and so serious Oliver dans l'inoubliable ABSENCE DE GUERRE. Du bonbon (acidulé) pour un Spectateur avide de générosité d'acteur complètement investi dans son art.

Jean-Michel Déry
Photo: Pascal Ratthé

Israël Gamache, qui faisait également partie de cette pièce mémorable, marvelous Andrew, nous a joué un fort et touchant beau tour (de piste): son Béranger, rempli d’humanité nous a touchés droit à la tête, un endroit qu’on a parfois tendance à oublier en ces temps de sur-nautilusés. Normand Bissonnette, lui aussi de cette glorieuse distribution, LE seul et unique et si sublime George Jones, juste et bon avec son Vieux et son mcdonaldisé; Réjean Vallée, absolument  méconnaissable en logicien, nous a encore une fois fait apprécier la versatilité de son superbe talent; Jonathan Gagnon, irrésistible comme toujours; Marie-Josée Bastien, tellement étonnante dans son superbe costume de métamorphosée; Frédérique Bradet, aussi brillante et drôle qu'à l'accoutumée; Anne-Marie Côté, fabuleuse et pétillante, et Noémie O'Farrell, lumineuse en divine Daisy lusionnée. Tous et chacun ont contribué à faire de ce spectacle une autre de ces soirée magiques du Trident.

« Les philosophes 
n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières,
ce qui importe, 
c'est de le transformer. »
Karl Marx Thèses sur Feuerbach


RHINOCÉROS

LA DISTRIBUTION
Marie-Josée Bastien: Madame Bœuf
Normand Bissonnette: Le Vieux
Frédérique Bradet: Ménagère
Anne-Marie Côté: Dudard
Jean-Michel Déry: Jean
Jonathan Gagnon: Botard
Israël Gamache: Bérenger
Noémie O’Farrell: Daisy
Réjean Vallée: Papillon

ÉQUIPE DE CONCEPTION

TEXTE: Eugène Ionesco
MISE EN SCÈNE: Alexandre Fecteau
SCÉNOGRAPHIE: Marie-Renée Bourget Harvey
COSTUMES: Élène Pearson
ÉCLAIRAGES: Hubert Gagnon
MUSIQUE: Yves Dubois
MAQUILLAGES: Élène Pearson



Photos  de Vincent Champoux
http://www.flickr.com/photos/letheatredutrident/sets/72157632949179920/



mercredi 13 mars 2013

MERZSONATE: la 777ème merZveille du monde



Kurt Schwitters
SELF PORTRAIT







I am merZ.
Before the universe was, I am.
I made the suns.
I made the worlds.
I created the lives and the places they inhabit;
I move them here, I put them there.
They go as I say, they do as I tell them.
I am the world and my name is never spoken,
The name which no one knows.
I am called merZ, but that is not my name.
I am.
I shall always be.


Philip K. Dick




Une immense bouffée d’air frais après les étouffements de L'AFFICHE, une dose d'humour à l'allemande avant le massacre du 20 NOVEMBRE, une flopée de rires avant l'intensité du drame de SCALPÉE

MERZSONATE, tel un OVNI théâtral dans cette fin d’hiver de feu et à sang. Un objet nous transportant haut du début à la fin avec ses loufoques personnages, ses onomatopées gauvroïennes, son bègue pissant, son poisson volant, sa souris morte, son chien fidèle, ses yeux sortis de la tête, son éclatement, ses éclairages, ses années folles. Tout était réglo pour ce voyage aux confins du monde de Kurt Schwitters *.
MerZi à Philippe Savard qui a collé et mis en scène cette magnifique bande de comédiens surdoués: Marc Auger Gosselin, Julie Lespérance, Maxime Robin, Jean-Michel Girouard, Anne-Marie Jean, Mélissa Bolduc et Vicky Bertrand. Que ce soit en solo, duo, trio, ou tous ensemble, chacun, à tour de rôle, y a mis SON grain de folie en y retirant SON épingle d'un chapeau rempli de lapins magiques. De l'audace, du cran, de l'abus, du changement, de la révolution, tout pour donner envie de poursuivre l'aventure du CLUB POUR L'AMÉLIORATION DE LA CULTURE.

Je regrette maintenant de ne pas avoir pris quelques heures pour aller me plonger dans le BAIN DE MERZ que le Club avait offert aux festivaliers du Carrefour International de Théâtre en juin dernier. La piscine du Centre Lucien-Borne servait de scène. En sortant de chez PREMIER ACTE le 1er mars dernier, j'ai promis au metteur en scène que je ne raterais pas les prochaines immerZions de son Club.

Philippe Savard: « On veut faire au moins une manifestation merZienne par année, sur 10 ans. Avec celle-là, notre septième, on arrive à la moitié. »
VOIR
14 février 2013

MERZI



Photo: Érick Labbé, Le Soleil





 Illustration: L.L.
199?



Production: Le Club pour l'amélioration de la culture
Texte: Kurt Schwitters 
Mise en scène: Philippe Savard
Assistance à la mise en scène: Véronique Morin 
Scénographie: Sonia Pagé
Lumière, régie et graphisme: Jérôme Huot


dimanche 10 mars 2013

LE 20 NOVEMBRE : E F T R M, that’s it !


LE 20 NOVEMBRE
La couleur sombre du verbe mortel





Comme l’autre         fois
Comme au grand jamais
Rien      de          déjà vu
Ni de    déjà      entendu
Que des anges
Que des ondes
Venus nous désaxer de notre centre
Venus nous écarter de tous nos sens
Le Terrifiant avec les Terrifiés !
Un résident de l'Enfer
Un Intolérant d'humanité
Le weird sans le cool
Le bien avec le mal
Le temps d’une chasse à l'inconfort 
Pour le RésistantX




Christian Lapointe ne fait jamais rien comme les autres. Il attente à nos intentions d’assistant(e)s. Il croît avec l’usage. Sa théâtralité ne s’obtient pas toute seule. Il fait participer amplement son public, celui qui est encore une fois venu vivre son nouvel objet. Le Théâtre des Sybillines en est un autre qui ne fait rien comme les autres. La qualité et l’originalité de ses productions ont le pouvoir de déranger, pour le meilleur, jamais pour le pire (dans mon cas). Il y avait un air semblable de LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS qui flottait dans la salle Multi de Méduse. Nous étions en pays de re:re:re: connaissance...

JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE TU JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE JE


Sebastian Bosse, l'auteur de l'attentat, est le seul à avoir perdu la vie dans ce terrible attentat survenu en 2006. Aucun des élèves de l’école d’Emsdetten n’est mort de son dégoût de vivre.

 I like the Simpsons.
I don’t like comics at all,
 but I love the Simpsons





Dernières pages d'une vie sans vie


Christian Lapointe a sabordé tous nos sens. La longue portée de son regard a transpercé les nôtres. Rivé dans la lumière néon, celle qui ne s’était jamais éteinte, tout son corps jouait avec la musique de l’Invisible. Des mains au bassin en passant par le nez cassé et la bouche grande ouverte des asphyxiés d’Auswiztch, le corps parlait fort quand la bouche se taisait. Le monologue intransigeant d’une durée d’une heure et douze nous est rentré dedans…en partant...C'était le 5 mars 2013.



Sebastian Bosse



Regardez-moi
Ou me regardez pas
Comme vous voudrez
Vous serez de toute façon obligés
tôt ou tard
de me regarder



BRRRRRRRRRRRR…….à donner froid dans le cœur de l’adossé…GRRRRRRRRRRRR, à faire grincer ses belles dents blanches…… CRRRRRRRRRRRRRRRRRRR…. à faire crisser ses ongles vernis sans crasse sur le tableau noir de l’ange rebelle….SSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS…à faire siffler tous les serpents à sonnettes dans nos bouches muettes et désertes….AAARRRRRRRGHHHHHHH….à faire regretter toutes les paroles assassines d'enfants logotisés des grandes cours d’école commanditées by

COCA-COLA


Il n’est jamais arrivé, il était là, devant nous, sur sa chaise d’école. Il nous observait. Il nous attendait pour nous tirer...de notre long sommeil...de parvenus. Il ne nous a jamais menti. Il n’a pas joué au gentil. Il nous a seulement poussé SON cri. Il a fait sonner SON alarme. Nous n’osions trop le regarder, la peur de sa vérité donnait un peu la nausée. Une arme qui ne tire pas n’est pas une arme.


La craie mangeable du RIEN N’EST ÉTERNEL. 
Le gun du looser. Le gag du winner.
La lutte des abandonnés contre un monde
qui n’en finira jamais de se corrompre,
au gré de ses commissions d’enquêtes qui se bidonnent.
Au gré des grosses vaches qui rient des porcs qui prient.
Le temps d’une chasse à l’Homme.
Le temps de lui faire la preuve que les anges existent,
Sebastian était écœuré de vivre dans NOTRE monde,
bande de caves !

« VOUS N’ÊTES PAS INNOCENTS »


Puis il est parti comme il n’était pas arrivé.
Parce que le 20 novembre, c'était demain.




Monté voir son public pour le regarder de plus près dans les yeux. Lui trad-dire les mots de Lars Norén, des mots qui sonnent, des mots qui raisonnent. Pas de poudre aux yeux pour les merlans frits. Que du poivre de Cayenne pour asperger l’os de l’âme. La vibration d’un texte vivant pour le commun des mortels. L’appel d’un jeune condamné au peuple mou de lui ouvrir son cœur au lieu de sa portière de BM. Le plongeon d’un acteur dans une piscine–mère remplie de ses eaux meurtrières. L’atterrissage d’un ange dans la poubelle humanitaire. Un beau désastre de lumière noire. La route obligatoire pour se rendre direct au purgatoire.


 Photo: Pascal Ratthé, LE SOLEIL


Voilà ce qui ressort de ce jeu sans égal. Parce que le mal de vivre c'est LEUR affaire, merci à Brigitte Haentjens et Christian Lapointe d’être de ceux qui ne font pas les choses comme les autres parce qu'en ce moment...

C’EST LA GUERRE


LE 20 NOVEMBRE

Texte: Lars Norén
Traduction: Katrin Ahlgren
MIse ne scène: Brigitte Haentjens
Assistance à la mise en scène: Dominique Cuerrier   
Lumière: Claude Cournoyer
Costume: Yso

Maquillage et coiffure: Angelo Barsetti   
Scénographie: Anick La Bissonnière
Dramaturgie: Mélanie Dumont Crédit photo: Angelo Barsetti



Y'A QUELQU'UN QUI VEUT DIRE QUELQUE CHOSE 
QUI VEUT FAIRE UN COMMENTAIRE 
QUELQU'UN
Le 20 novembre



vendredi 8 mars 2013

L'AFFICHE: Nous ?


L'image lauréate du 56ème World Press Photo Award.
Photo : Paul Hansen


« NOUS étions installés dans un hôtel près de Gaza proche d’un hôpital où travaillait un docteur norvégien pendant la crise. Il nous a raconté l’histoire tragique d’une famille dont la maison avait été frappée par un missile. Ils avaient dans leur salle la mère et ils étaient très stressés parce qu’ils savaient qu’ils devraient la réveiller et lui annoncer la mort de son mari et de ses deux enfants. Le jour suivant, nous nous sommes rendus à l’un des enterrements au bord de la ville et il s’avérait qu’il s’agissait de cette famille."






Einstein aurait de beaucoup préféré « que la communauté juive se constituât et s’installât en Palestine avec l’accord des Arabes, sans devenir un État national ».
«Je n’ai jamais trouvé bonne l’idée d’un État, à la fois pour des raisons économiques, politiques et militaires. Mais à présent il n’est plus possible de revenir en arrière et on doit se battre. »

Albert Einstein
SCIENCE & VIE (hors-série)
Einstein un homme d’exception





C'est mon histoire. Moi, Max Schulz, fils bâtard mais aryen pur souche, génocidaire nazi reconverti en Juif pour sauver ma peau. Une métamorphose. Un SS devenu barbier en Israël, et sioniste fanatique par-dessus le marché. Je me suis installé en Terre promise comme chez moi, combattant pour la liberté du peuple élu. Voilà l'affaire. Mais laissez-moi vous raconter en détail.




Toutes les bonnes choses vont par trois. Et cette fois l’enjeu est de taille. L’ENJEU, C’EST LES BANCS BLANC ET BLEU. L’ENJEU, C’EST LES FRONTIÈRES HISTORIQUES QUI VONT BIEN AU-DELÀ DE NOS FRONTIÈRES ACTUELLES. L’ENJEU, C’EST JÉRUSALEM. L’ENJEU, C’EST LA VIEILLE VILLE. Parce que là-bas, dans la vieille ville, il y a le mur des Lamentations ! Les derniers vestiges du Grand Temple, le site le plus sacré du judaïsme !




La vie change vite et les gens se changent avec le développement technique. Moi comme palestinienne, mes habitudes alimentaires ne sont pas comme il y a cinq ou six ans mais j'ai gardé les traditions de mon pays la Palestine. Je mangeais plus de trois repas mais aujourd'hui je prends mon petit déjeuner, mon déjeuner et quelques fois mon dîner. Notre petit déjeuner se compose du fromage, fèves, pois chiches purées avec du thé. Le déjeuner se compose de riz, de viande, de salade et de soupe. Le dîner se compose de beurre, de confiture, de zatar (thym). Le vendredi est le jour où toute la famille se regroupe pour manger un plat traditionnel comme Fata (pain léger avec du riz et du poulet ) et maklouba (du riz avec la viande et l'aubergine). L'alimentation représente pour moi et pour mon peuple une identité culturelle puisque quand nous mangeons ces plats traditionnels palestiniens hérités de nos parents et grand parents, nous gardons nos habitudes et j'en suis fière. Mais, j'essaie aussi de manger à la mode car la façon de manger représente la personne, son caractère et aussi sa culture et sa façon de vivre.
Wafaà Hmid (15 ans )
Articles préparés par les élèves du collège Ramla des jeunes filles-Gaza-Palestine
Suivi par le Professeur Ziad Medoukh


Dôme des Rochers



 Un jeune manifestant palestinien prêt à lancer une pierre
contre les soldats israéliens, près du barrage militaire de Jamala,
Le 24 février 2013 - Photo : AFP/Saif Dahlah


Curieusement, au retour de L’AFFICHE, il y avait la mort de Stéphane Hessel
http://www.humanite.fr/monde/stephane-hessel-inlassable-militant-des-resolution-516339


 Colonie juive de Har Homa, à Jérusalem-Est

Une pièce béton qui fesse, autant en dedans qu'en dehors.
(Mon premier commentaire (via Facebook) au PÉRISCOPE)


FAILLURE 1
Patrick Bérubé




LES LANCEURS DE PIERRES



Le mot éther est comme le mot Dieu; 
il masque et déguise somptueusement ce que nous ignorons.
Maurice Maeterlinck



Devant l’immensité de tes oliviers décapités
le cœur à dévorer des aubergines violacées

Le long de la route des colonies
du soleil jaloux sur les lunettes noires

Sous le Dôme des Rochers
la valeur nette d’un battement de cœur

Dans cette mémoire où tu t’enroules
de café amer et d’encre fraîche
l’écume de guerre autour du bleu pâlissant
de tes affiches massacrantes

Pour dormir entre la vie des gens normaux
des caps d’acier poussiéreux sur le drap de tes rêves

Sans levain
Sans terrain
Sans demain

Sans pain ni rien

Que la morsure du silence
et des miettes de grand festin

Au bout de chaque détail de ton espoir
dans la poussière de l’attente
que le silence du mur sous l'éther
que le sifflement de ta pierre

Face à l’éclatement du cœur occidental
les mouettes n’annoncent plus la terre

Par eux j’ai su que rien ne va changer
mais par toi j’ai vu la Palestine m’en parler
car la mémoire ne suffit pas
parce que c'est tous les jours septembre



TO EXIST IS TO RESIST



Photo: Philippe Ducros



L'Esprit de Tsahal

« Pureté des armes — les hommes et femmes de Tsahal n'utiliseront leurs armes et leur force que dans l'objectif et dans le cadre strict de leur mission et conserveront leur humanité même durant les combats. Les soldats de Tsahal n'utiliseront pas leurs armes et leur force pour faire du mal à des êtres humains qui ne sont ni combattants ni prisonniers de guerre et ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter de causer des dommages à leurs vies, leurs corps, leur dignité et leur propriété. »



Les mots sont ceux de Philippe Ducros, auteur et metteur en scène de L'AFFICHE; ils sont extraits de ses LANCEURS DE PIERRES, carnet de voyage publié aux éditions Lansman. Je les ai quelque peu trafiqués pour y lire entre les lignes. Ils font aussi partie de cette pièce monumentale que nous avons eu le plaisir, et la douleur, de voir le 27 février dernier au Théâtre Périscope. Il y a des pièces qui nous marquent plus que d’autres, L’AFFICHE sera l’une d’elles. Des mots, des gestes, des silences, de la lumière, de la noirceur, qui resteront à jamais à l’affiche dans l’espace ouvert de nos petites têtes d’occidentaux qui parfois n'en mènent guère plus large que ces peuples isolés de là-bas. Philippe Ducros, dont nous avons pu entendre la voix en lecture deux jours après cette explosion théâtrale, fait du théâtre engagé comme on l'aime. Nous étions LÀ. Nous avons vu. Nous avons su. Nous avons cru.

François Bernier et Michel Mongeau
Photo: Patrice Laroche

La prestation des comédiens était impeccable et ce à tout point de vue, mais notre révélation fût sans contredit le jeu enflammé de François Bernier, il nous est apparu telle une météorite inattendue dans le ciel du Périscope. Son soldat Itzhak nous est rentré dedans comme une balle de M16. Son corps en entier nous a semblé être en feu tout au long de sa captivante prestation, surtout lors de cette scène houleuse avec sa jeune épouse. Son collègue, Étienne Pilon, qui nous avait été révélé dans le FRANKENSTEIN de Jean Leclerc en janvier dernier, ne donnait pas sa place lui non plus avec ses quatre renversants rôles. Passant aisément de la frontière israélienne à celle de la Palestine, la plupart des comédiens avaient à conjuguer avec plusieurs rôles: Mohamed, Sarah, Saïd, Bilal Islam dit le Barbier, le rabbiOum Saïd, Abou Salem, Shahida, Oum Salem, pour ne nommer que ceux-là. La scène de la danse entre autres en était une qui illustrait fort bien cette si fragile interchangeabilité. Dominique Quesnel et Isabelle Vincent, poignantes en mères de martyrs, Klervi Thienpont, explosive en mère porteuse de l'implosion, Richard Thériault, fort et résistant, comme à l'accoutumé, en père et ange, Michel Mongeau, attachant Bilal, impitoyable lieutenant Lévi, érudit rabbi, Larissa Corriveau, touchante Sarah, solide soldat Yehouda, Justin Laramée, journaliste, soldat, docteur, Saïd et homme...Toute un team que cette AFFICHE de l'équipe HOTEL-MOTEL.

Page couverture des LANCEURS DE PIERRES
Photo: Philippe Ducros

Il fallait voir cette mise en scène absolument géniale dont on avait tant attendu parler lors du dernier Carrefour international de théâtre de Québec fin mai 2012. La vie, la mort, le deuil, l’espoir, tout s’est parfaitement imprimé dans nos prunelles et cervelles Des comédiens taillés sur mesure pour danser sur le fil du rasoir, des éclairages ingénieux, de la musique accordée au paysage, du noir pour la torture, du rouge sang, de la peinture sur le ventre de la jeunesse, des sons humains à travers le bruit que font les pneus quand ils tombent pour imiter celui des bombes, une danse libre, un festin de beauté, un théâtre d’horreur, une pièce magistrale. Aucun doute qu'elle fera époque, tout autant que l'INCENDIE de Wajdi Mouawad. J’espère vivement qu’elle puisse un jour à nouveau redonner la parole à ceux et celles qui résistent là-bas, au sein de leur damné quotidien, dans un recoin de leur terre...qui rapetisse à vue d’œil. 






« Le texte est très travaillé, parce que ça m’a pris du temps avant qu’il soit joué. Quand est venu le temps de la mise en scène, j’avais déjà un peu de recul sur mon propre travail. »

Philippe Ducros
VOIR 
14 février 2013



L'AFFICHE


Auteur: Philippe Ducros

Mise en scène: Philippe Ducros

Assistance à la mise en scène: Charlotte Ménard

Conception: Magalie Amyot, Nadia Bellefeuille, Ludovic Bonnier, Thomas Godefroid, Philippe Larocque, Anne Plamondon, Catherine La Frenière et Romain Fabre.

DISTRIBUTION

François Bernier, Larissa Corriveau, Justin Laramée, Michel Mongeau, Étienne Pilon, Dominique Quesnel, Richard Thériault, Klervi Thienpont, Isabelle Vincent.     


            








Et parce la pièce ne s'arrête pas ici....











Le samedi 2 mars 2013: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a interdit la publication d'appels d'offre pour des logements de colons en Cisjordanie ou à Jérusalem-Est occupées d'ici la fin de la visite du président Barack Obama dans trois semaines, rapporte hier un quotidien israélien.



THE GATEKEEPERS




ENFANTS-SOLDATS, un texte datant d’une guerre personnelle.