samedi 23 novembre 2013

FRONTIÈRE: La bête à l'état critique


La petite bergerie
Paysanne arrangeant les râteliers
Charles Jacque






La frontière


Aujourd’hui je retourne 
À la frontière
Je dois encore traverser 
C’est le vent qui me commande 
Et me pousse à la frontière 
Et efface le chemin 
Qui disparaît derrière moi

Je me traîne sous le ciel 

Et les nuages d’hiver 
C’est le vent qui les commande 
Et personne ne peut les arrêter 
Parfois combat sans pitié 
Parfois danse 
Et parfois…rien

Aujourd’hui je traverse 

La frontière 
Sous le ciel sous le ciel 
C’est le vent qui me commande 
Sous le ciel acier 
Je suis le point noir qui avance 
Aux abords de la chance



Manger à tous les râteliers

Cette expression date du XVIIIe siècle. A l'époque, un râtelier était une mangeoire accrochée au mur et facilement accessible à tous les animaux, il était donc facile de manger dans celle du voisin ! Adaptée aux hommes, cette expression signifie profiter de quelque chose sans scrupule.

L'internaute



Oeufs sur une plante



« Au théâtre, on ne sait à peu près jamais à quoi s’attendre. C’est un risque à prendre. Ça fait partie du plaisir, mais seulement une fois qu’on est convaincu. Ça fait peur quand on n’est pas convaincu. »

Alexandre Fecteau
Voir 14 novembre 2013



Chenille se nourrissant







Commentaires entendus quelques instants après la fin des applaudissements:

«Comme quoi faut jamais se fier aux critiques » et « La journaliste était complètement dans le champ » et puis : «elle devait être dans son spm» !

Je me suis dit : mais y’a donc ben du monde qui lisent les critiques !

En arrivant de FRONTIÈRE, je relis donc la fameuse critique:



La première fois que je l’ai lue, j’ai pensé qu’elle avait ses raisons d’avoir été aussi négative mais qu’elle avait peut-être aussi un peu exagéré. Je me suis dit on verra après avoir vu...et entendu…

Avant la représentation, mon voisin de droite a pris soin de me glisser à l’oreille : bien hâte de voir ça, avec la mauvaise critique qu’il y a eu. Puis chut! Silence, ça tourne...


Début de la chrysalide


Faut être honnête, elle n’avait pas tout à fait tort pour quelques-unes des raisons énumérées ci-haut. Lors d'un long repas, qu'il soit gastronomique, traditionnel ou moléculaire, y'a toujours quelque chose qui sera plus ou moins à notre goût. Pour FRONTIÈRE, disons que la mise en bouche était plutôt ordinaire, mais que l’entrée, le plat principal, le vin et le dessert ont été des plus satisfaisants au point de vue présentation, goût et digestion. 






J’ai pensé qu’elle n’avait peut-être pas dû apprécier  le fait qu’immédiatement après la pièce certains spectateurs, comme A. et moi, riaient, alors qu’ils auraient probablement dû pleurer. C’est peut-être vrai. Mais c'est pas de notre faute si Nancy Bernier et Hugues Frenette, déguisés en Mrs et Mr Dallas, étaient tout à fait hilarants dans leurs caricatures de parvenus américains qui se pensent au-dessus d’à peu près tout ce qui bouge sur cette terre. La fin, il est vrai, était d’un tragique à couper le souffle. J’ai vu des yeux se couvrir de lacs salés, des soupirs de tristesse sortir des cœurs serrés et des mains applaudir suffisamment pour que l’on constate de visu que cette pièce-là avait fait bouger plusieurs émois en nous.


Chrysalide


On dira de ceux et celles qui sont abonnés aux différents théâtres de la ville qu’ils sont soit de fervents passionnés soit des amateurs qui bouffent à tous les râteliers. Pour les uns, je dois sûrement faire partie de la première catégorie, pour les autres, de la seconde.  On ne pourra jamais plaire à tout le monde et à son père. La journaliste, comme nous, a droit à son opinion, c’est une critique professionnelle après tout, et nous, que de simples amateurs, qui viennent vivre quelques heures dans le noir pour se faire raconter des histoires qui ne font peut-être pas toujours «  notre affaire » mais qui ne nous laissent jamais indifférents. 

Quoique il se soit passé de bien ou de mal entre les murs tapissés de répliques « remplis de longs textes remplis de maladresses ou de métaphores doucereuses », le chant de la pluie mexicaine, accompagné de celui douloureux d’une mère aimante étreignant dans ses bras un fils envolé au pays des monarques, aura fait la job aux multiples têtes grises, blanches, noires, blondes ou rouges assises à LA BORDÉE jeudi soir dernier.


Mais qui sommes-nous donc ?
Des intellos, des vieux, des snobs ?













Ce soir dans les boîtes d'appréciation du public après la représentation de Frontières au théâtre de la Bordée : sur une cinquantaine de votes, 6 "un peu", 0 "pas du tout" et la balance dans "beaucoup" et "à la folie". Les acteurs sont contents.

Hugues Frenette 
facebook 8 novembre 2013

Et c’est ce qui compte, han ? ;-) 

Louise Langlois


Hugues Frenette 
Photo: Nicola-Frank Vachon


Que voulez-vous, j’ai toujours eu un faible pour ce comédien qui ne cesse de me toucher, rôle après rôle, scène après scène. Même chose pour Christian Michaud. C'est un gros plus quand j'ai la chance de les voir jouer ensemble. Très souvent, ce sont eux qui amèneront un spectateur  " occasionnel " à vouloir les revoir dans une autre pièce. Au fur et à mesure, s’y ajouteront d’autres figures, émergentes ou vieux de la vieille. On fera ensuite connaissance avec des metteurs en scène et des auteurs. Puis des scénographes, des éclairagistes, des musiciens. On se mettra à en reconnaître au restaurant, à la librairie, dans les galeries, sur la rue, dans le bus, au marché, dans un café, mais rarement à l’église.  Ils deviendront peu à peu comme cette famille reconstituée de membres plus ou moins affiliés que l’on revoit une couple de fois par année. Et le plus beau paradoxe: c’est lorsqu’ils sont le plus « occupés » qu’on aime le plus aller les «  déranger ». En première classe ou en économique, les paysages qu'ils occupent sont toujours offerts en panoramiques et en 3D. On ne va pas au théâtre pour y faire du social ou du m'as-tu vu, on y va pour cheminer avec ceux et celles qui font que malgré tout the show must go on.


Sortie



Josiane Desloges ne critique pas que le théâtre au Soleil, elle dissèque les divers spectacles de danse présentés à Québec, chronique également les arts visuels. Et elle le fait très bien. J’ai déjà eu l’occasion de la rencontrer lors de différents spectacles on ne peut plus saisissants, dont ceux des théâtres Péril et de l’Urd. Elle préfère des cas plus lourds, plus goûteux, épicés rare, avec une langue plus crue. Elle aime le troublant et le décadent et je la comprend à 100 % puisque je suis également une disciple de ces pièces qui vous rentrent dedans à coups de crosse, de balai, de pieds et de poings. Un peu comme le bouleversant VISAGE DE FEU de Marius von Mayenburg  du Théâtre Blanc qui « nous donnent une gifle en plein visage, qui dérange, déboussole et questionne. »



Râtelier


Je reviens au drame qu’Isabelle Hubert et Jean-Sébastien Ouellette ont choisi de monter à La Bordée; une pièce à leur goût, qui reflète leurs valeurs humaines. J'ai pensé que c’était tout à leur honneur car je suis persuadée qu’il n’y avait pas que des Josiane Desloges dans l’assistance ce soir mais d’anciens abonnés du Trident, qui ont dévié vers la Bordée: des têtes blanches, qui aiment souvent des histoires plus  " classiques ", pas trop compliquées, mais qui savent les toucher de la tête au cœur. Mais aussi des têtes grises, des intellects, des culturels, des " permanents ", qui aiment débouler dans les escaliers de secours de l'alternatif ou se faire tasser dans les ascenseurs pour l'échafaud. Et des " occasionnels ", qui de temps en temps font un move vers un théâtre pour se changer du salon où trône la 60 pouces. Et les nouveaux arrivants, ceux et celles qui pour la première fois se voient dans le miroir...
  

 Les ailes se déploient


Je ne crois pas que la critique se foute de ce que les spectateurs en pensent mais qu’elle se dise que ceux et celles qui ont apprécié FRONTIÈRE ce soir se foutaient royalement, et en majorité, de sa critique. Fausse balle ? Strike-out ? De toute façon, on sait tous que cette partie-là est finie, mais que la saison est loin d’être terminée.

En apercevant le programme avec le mot SUPPLÉMENTAIRES pour les 20 et 27 novembre, A. et moi avons échangé un petit sourire en coin qui en disait long. Mais c’est sans rancune aucune, car au pays des accommodements plus que raisonnables, on peut bien accorder un petit pardon de temps en temps. Mais WATCH OUT si ça se répète trop souvent. À bon entendeur, salut.

Une interview intéressante pour comprendre la critique:


http://laprincesseaupieddelescalier.wordpress.com/2013/06/05/josianne-desloges-je-critique-donc-je-suis/

***

Après autant de mots, je ferais peut-être mieux de me taire et laisser faire pour mes impressions personnelles sur la pièce, mais je me permettrai tout de même quelques mots pour l’auteure et le metteur en scène afin de les remercier au nom de tous ceux et celles qui ont été touchés par leur drame émouvant et qui n’ont pas toujours les mots pour le leur dire ou le leur écrire.:

 « Merci pour cette île d’espérance au milieu d’une terre de survivance, pour le sang précieux sur cette autre robe…Et si demain soir il y a de la trempette mexicaine aux haricots noirs pour accompagner des chips de tortillas sur ma table ancestrale, c’est qu’il y a eu, a et aura encore du partage au milieu d’elle. »


Pressoir à tortilla


La Llorona

Ever away from seeing more than life
The morning lies miles away from the night
No man ever could steal her heart
But With bright gold coins I'll take my shot

And all it takes to fall
If you don't walk, might as well crawl

All it takes to fall
What a quiet world after all
Of the things that you guessed will come
What a moment it was after all

Beirut
Extrait de MARCH OF THE ZAPOTEC
2009







« Amenez du monde avec vous, mais choisissez intelligemment votre spectacle et surtout accompagnez-le. »

Alexandre Fecteau
VOIR 14 novembre 2013






En fin février, commence la migration printanière du Monarque vers le nord. Femelles et mâles volent en groupes séparés, vite et haut, jour et nuit, sans se nourrir. Il est capable de couvrir plus de 2000 km lors de son voyage et vole une distance d’environ 30 km par jour. LE VENT AIDE À RENDRE LE VOYAGE PLUS FACILE.




THE BEAST











dimanche 17 novembre 2013

L'ABSENCE DE GUERRE: Les EUX brouillés part two OU Les câlisses du pouvoir




Lorsque nous avons appris en avril dernier, lors de la présentation de la saison 2013-2014 du Théâtre Trident, que L’ABSENCE DE GUERRE y serait montée, A. et moi n’avons pu nous empêcher de pousser un léger cri de satisfaction. Le plaisir immense que le Trident nous faisait ! Un cadeau tombé de la bouche " à oreilles " d’Anne-Marie Olivier, nouvelle directrice artistique et co-directrice générale du Trident. Quelle bienfaisante surprise avions-nous eu en assistant à cette pièce présentée dans le grand petit théâtre de Premier Acte. C'était en novembre 2011, à peu de jour près la même date...




En descendant les escaliers qui nous menaient à la salle Octave-Crémazie, je remarquai une jeune femme aux cheveux noirs courts, vêtue élégamment, contrairement à cohorte de spectateurs, elle ne portait pas de manteau, elle tenait simplement un lys calla entre ses mains. Intriguant, mais bon, nous sommes au théâtre après tout et... tout peut y arriver…





De retrouver au Trident presque toute la même bande de merveilleux comédiens qu’en novembre 2011, Catherine Hugues et Claudiane Ruelland ayant été remplacées par Andrée Samson et Alexandrine Warren, fût tout aussi emballant. La scène du Trident étant tout de même plus vaste que chez Premier Acte, la direction a bien pensé en y assiégeant les spectateurs des premières rangées. Ainsi, nous avons pu retrouver de cette atmosphère intime qui baignait les parlementaires de la première création. Le bal masqué des aspirants pouvait commencer, nourri par le dense de la pluie de novembre et le feu sauvage de l’espoir. Le bouton de la fièvre électorale était mûr pour éclater sous le soleil de Londres...  

Normand Bissonnette s’est à nouveau surpassé avec son rôle de Georges Jones, chef du parti de l'opposition. Touchant, drôle, humain, fumeur mais pas fumiste, il vole le show de ses propres étincelles. Mais comme c’est avant tout un gars d’équipe, il laisse continuellement le plancher à ses ouailles:

Jean-Michel Déry, toujours aussi intensément beau à voir s’accomplir, la rigueur et la concentration étant ses meilleures alliées; Vincent Champoux, tout simplement lumineux; Israël Gamache, Marc Auger Gosselin, Jean-René Moisan, retenus, soutenus, continus; Joanie Lehoux, douce et forte à la fois, sensible et avenante; Marie-Hélène Lalande, passionnée et résolue; Laurie-Ève Gagnon, énergique et travailliste; Jessica Ruel Thériault, drôle et pleine de bonne volonté, (c'est elle que j'avais croisée dans les escaliers); Andrée Samson, Alexandrine Warren, discrètes et efficaces, et Jack Robitaille, distant premier ministre réélu de justesse par quelques sièges, qui trône ses mots et traîne…sa femme.

Une autre excellente job de tête de la part des ÉCORNIFLEUSES. On se pense toujours en plein Carrefour international avec leurs productions. Leur théâtre de réflexion n'occasionne jamais de courbatures au cerveau, au contraire, il le muscle en lui étirant son génie. 



À quelques jours du cinquantième anniversaire de la mort de John F. Kennedy, et à quelques heures de notre éternité, sommes-nous en droit de se demander QUAND, COMMENT et finiront par pactiser afin de faire aboutir l’abcès gorgé de pus dans lequel y baigne le virus de la $$$$acro-$$$$ainte politique, celui qui défigure jour après jour le doux visage de la paix maquillée par les atrocités de la guerre.





Aujourd'hui lundi, soufflera tempête sur la vallée du Saint-Laurent. Il y aura des hurlements dans tous les parlements. Les couloirs se rempliront de faux silences. Il y aura des hommes et des femmes qui se défonceront à refaire, ou à défaire, l’image d’anciens innocents pour les transformer en gens « avec une marque ». Sur les bureaux des impuissants, reposeront des bouquets de roses rouges offertes par des entrepreneurs en destruction…

Demain vendredi, comme un air de Kennedy Death’s Day...





ABSENCE OF WAR 
DOES NOT MEAN PEACE


(WARNING aux petites oreilles fragiles)


Silently we have been observing you
Watching closely your every move

Taking notes of your sickening motives

Gaining information of your forces

Preparing our men for the impending fight

As the ultimate plague is upon us


[Cho:] 


Absence of war does not mean peace
It is just a temporary phase

When all hell breaks loose

It is the war to end all wars



Silently all the killing will start

We will hunt you down one by one
We will destroy all your religious relics
We will burn down the places of worship
We will cut all your children's throats
And bury them under camel shit


IMPALED NAZARENE



PHOTO CHRIS YOUNG, LA PRESSE CANADIENNE
9 novembre 2013, montréal



L’ABSENCE DE GUERRE

Texte : David Hare
Traduction : David Laurin
Mise en scène : Édith Patenaude
Scénographie : Gabrielle Arsenault
Costumes : Maude Audet
Éclairages : Jean-François Labbé
Musique: Mathieu Campagna
Vidéo : Vincent Champoux - Marilyn Laflamme


Photos du spectacle:



Texte sur L’ABSENCE DE GUERRE version Premier Acte







mardi 12 novembre 2013

ORPHELINS/ LES MUSES ORPHELINES : Familles recherchées




Le 18 octobre dernier, au théâtre de La  Bordée, j’ai eu le marquant privilège d’assister à la pièce ORPHELINS du Britannique Dennis Kelly. Traduite par Fanny Britt et mise en scène par Maxime Denommée, que j’avais vu en avril dernier, le 15 plus précisément, à la salle Albert-Rousseau dans LES MUSES ORPHELINES, ce n’est que quelques jours après l'avoir vue que j’ai fait le parallèle entre ces deux histoires de familles « bombes à retardement ». Deux histoires qui traitent des liens parfois chaotiques entre frères et sœurs, qui les unissent, ou les désunissent, pour le meilleur et/ou pour le pire. Comme dans une cérémonie officielle, il y avait des fleurs, de la musique et de l'angoisse (cosmique) pour célébrer l'une de nos plus belles dramaturgies québécoises, de celles qui nous rappellent à l’ordre…





ORPHELINS, une peinture qui tourne autour de la peau d'un frère, d'une sœur et de son mari. Étienne Pilon, Liam le frère, est tout simplement explosif dans le rôle du gars floué/fluant au T-Shirt ensanglanté. Changeant comme l’air du temps, constructeur/destructeur de sentiments allant de la violence à la dépendance, fatiguant autant qu’attachant, semant le doute dans la tête de Danny, son gentil beau-frère, interprété magistralement par l'électrisant Steve Laplante, un homme qui est peut-être encore plus révolté que lui. Liam dérange Helen, jouée ici par la superbe Evelyne Rompré. Il dérange, oui c’est ça, il dérange, comme ceux-là qu’on voit retentir en plein milieu d’un souper qui s’annonçait romantique, un vrai casseux de party comme on dit par ici…

En attendant le drame, on rit, mais pas tant que ça, surtout lorsqu'il s’agit de l’Étranger, qui au début apparaît en traître à la patrie et qui finalement ne s’avoue être qu’un pauvre quidam qui passait sur le trottoir des immigrés, un encabané qui essayait tant bien que mal de se déprendre des mains méchantes d'un illuminé. On se brasse la cage, on déterre nos propres morts, on crie au loup pour ne pas se faire abattre par le triste chasseur qu’est le chagrin des opprimés. On en prend plein la gueule de cette pulsion de vie et de mort.





ORPHELINS, de père ou de mère, ou des deux, comme de l’humanité toute entière, le trio disloqué nous en apprend encore plus sur un mal qui se répand à la vitesse grand V dans les mégapoles des surpeuplés comme dans les bleds des éparpillés:  le cœur de la virtualité qui passe par le corps de la réalité. On attend que la révolution arrive mais elle est bien souvent très en retard pour ses grands rendez-vous.

L’auto ou le métro ? Le téléphone ou le texto ? Le farniente ou le boulot ? Le poème ou le brûlot ?  L’ordre ou le désordre ? La paix ou le chaos ? C’est à l’auteur de décider. Pas aux acteurs.  Dennis Kelly sonne l’alarme générale avec ses répliques sismiques qui crevassent les ruelles désertes des cœurs de pierre précieux et fait tomber le masque de la douleur des catcheurs de rêve...



Masque de catch el Santo


ORPHELINS

PRODUCTION : LA MANUFACTURE
TEXTE : DENNIS KELLY
TRADUCTION : FANNY BRITT
MISE EN SCÈNE : MAXIME DENOMMÉE
ASSISTANCE À LA MISE EN SCÈNE : MARIE-HÉLÈNE DUFORT
DÉCOR : OLIVIER LANDREVILLE
COSTUMES : STÉPHANIE CLÉROUX
ÉCLAIRAGES : ANDRÉ RIOUX
MUSIQUE : ÉRIC FORGET
ACCESSOIRES : PATRICIA RUEL
DIRECTION ARTISTIQUE : JEAN-DENIS LEDUC

DISTRIBUTION 
STEVE LAPLANTE
EVELYNE ROMPRÉ
ÉTIENNE PILOn

*****

 « Y’A PERSONNE DE NORMAL DANS FAMILLE 
PIS VA FALLOIR VIVRE AVEC ÇA »


photo: Le théâtre jean-duceppe






« Prenez garde de vous casser la margoulette dans les montagnes. 
Rapportez-nous vos personnes en bon état. »
Gustave Flaubert Correspondances


LES MUSES ORPHELINES, de Michel Marc Bouchard, créée en 1988, raconte l’histoire d’une famille du Lac St-Jean tricotée serrée, une maille à l’endroit une maille à l’envers. Abandonnée par une mère voyage il y a plusieurs années, elle attend nerveusement son (im) probable retour. Trois sœurs, un frère, occupent l'air pesant d'une maison bien isolée par la chicane, l’amour et…les secrets.
Maxime Denommée, qui interprète le rôle du frère, comme à son habitude, nous a livré une performance sans faille; Léane Labrèche Dor, quelle agréable découverte, nous a pris les tripes avec ses répliques à l’emporte-pièce; Macha Limonchik, un peu plus effacée, a cependant accoté fermement une Nathalie Mallette spirituelle à souhait.


On soulève avec les comédiens le poids lourd de leur secret familial : leur mère toujours vivante à qui l’on a caché l’existence à la cadette des trois sœurs, Isabelle, exquise Léane Labrèche Dor, fille d'un certaine Marc et petite-fille d'un certain Georges. L’angoisse de la lumière crue que ce secret procure aux personnages colorés de ce décor gris latté favorise une mise en scène ravageuse, ravageuse dans le bon sens de la définition. De la parole aux actes, LES MUSES ORPHELINES, c'est comme un fin crochet de gauche sur la margoulette, une grosse vague de critique culturelle dans le clos des renfermés habituels.

Le chant d’adieu des Paloma
la jupe espagnole d'un frère fripé
le fantôme errant des amants
une corrida de sentiments mal usés
une définition du mot dictionnaire


Un dictionnaire est un ouvrage de référence contenant l’ensemble des mots d’une langue ou d’un domaine d’activités généralement présentés par ordre alphabétique et fournissant pour chacun une définition, une explication ou une correspondance.






LES MUSES ORPHELINES

Mise en scène : Martine Beaulnes
Assistance à la mise en scène : Manon Bouchard
Décor : Richard Lacroix
Costumes : Daniel Fortin
Éclairages : Claude Cournoyer
Musique : Ludovic Bonnier
Accessoires : Normand Blais


  

Photo: François Brunelle