mercredi 6 août 2014

BESBOUSS, AUTOPSIE D'UN RÉVOLTÉ: tapis rouge pour un second printemps





« QU’AVONS-NOUS FAIT DE NOTRE PAYS POUR QUE TOUS NOS ENFANTS RÊVENT DE LE QUITTER ? »

Stéphane Brulotte








Et puis ? T,as réussis de venir voir notre cadavre carbonisé?
11 MAI 2014

OUI, et c'était absolument révoltant mais tellement poignant. Ma mère avait les yeux remplis d'eau, elle tentait sans doute d'éteindre tous ces feux qui brûlent l'âme. DIGNITÉ et JUSTICE, deux mots-clés qui ont déverrouillé la serrure qui garnit la paroi de nos cœurs endurcis. Merci pour la générosité avec laquelle tu as donné vie à cet enfant qui s'est endormi dans les flammes de la solitude extrême pour mieux revivre. Merci. J'écrirais quelque chose de plus substantiel bientôt sur mes ENVAPEMENTS. Merci et bonne continuation cher Abdelghafour. XX

12 MAI 2014









Le temps d’un printemps
Le temps d’un bref instant
Toute l’intensité de ta lumière
Dans le creux de mon cœur/cratère


Mohamed Bouazizi



Il n’y eut pas de plus beau jour que ce dernier 10 de mai pour y faire mon retour dans la métropole. Il faisait chaud pour la vraie première fois de cet an 2014 et c'était franchement la température par excellence pour y revoir ma Mère, mon petit Frère et...l’Acteur...


Maman Marielle


Abdelghafour Elaaziz, que j’avais vu dans ce superbe ballet de cruauté qu’est la CANTATE DE GUERRE * de l'auteur Larry Tremblay au Théâtre d’Aujourd’hui en octobre 2011, a à nouveau fait jaillir une lumière dans mes ténèbres. Totalement investi dans sa fonction de médecin légiste, rôle taillé sur mesure pour lui, il en est, j'en suis maintenant certaine, ressorti grandi par cette histoire vécue il n’y a pas si longtemps…

L'histoire de ce jeune Tunisien, qui avait touché le monde entier, a pris ici, à Montréal, une tournure plus poétique et sentimentale que révolutionnaire, mais on y sentait encore très bien l'odeur du jasmin de la révolte...





N., la gentille couturière tunisienne qui tient commerce à quelques coins de rues de chez moi, en avait long à me raconter à propos de cette révolution du jasmin. Elle connaissait toute l’histoire de Mohamed. Elle était encore enflammée de m'en parler. Elle m'a fait repenser à cette phrase citée plus haut et je me suis demandé si elle n'avait pas quitté son pays à cause de ce qu’elle rêvait d'y vivre mais qu'elle ne vivrait peut-être jamais...


Bessema Bouazizi tient une photo de son demi-frère Mohamed Bouazizi,
 à son domicile de Sidi Bouzid (Tunisie), le 6 février 2011. 
(LOUAFI LARBI/REUTERS)

Les rêves, peu importe le pays que l'on a choisi pour son exil, souvent se déforment pour se transformer en cauchemar. Je pense que N. apprécie son pays d’adoption; elle y travaille et paie des impôts, y fait instruire son fils, parle de justice, de paix et de révolution. Elle fait son possible, comme la plupart d'entre nous ici-bas. Je l’aime comme la sœur que je n’aurai jamais eue...


Manifestation, Paris, 22 janvier 2011
Photo: François Lafite



Voilà pourquoi A. et moi, mon indéfectible compagnon théâtral, sommes autant attirés par les pièces ethno-québécoises. Pour sentir l’odeur de ces épices que l’on ne connait parfois que de nom, pour pouvoir toucher aux couleurs rebelles de tous ces drapeaux blancs, pour envisager l’Autre au lieu de le dévisager, pour goûter son sang chaud, pour entendre son cœur battre dans sa poitrine de révolutionnaire. Voilà pourquoi j’ai tant apprécié que le concitoyen engagé qu'est Dominique Champagne ait mis en scène l’ultrasensible poésie des mots brûlants de Stéphane Brulotte. Ils nous ont véritablement fait voyager au cœur de la tempête...


Stéphane Brulotte, Dominique Champagne, 
Abdelghafour Elaaziz avec le cadavre de Besbouss


Ce fût difficile par moments, surtout lorsque nous vîmes le cadavre carbonisé de Besbouss. Enrobé de la révolte du médecin légiste, il vivait à nouveau sous nos yeux rougis. Difficile oui, mais si apaisant en même temps, surtout à la fin. La libération du douloureux monologue qu’avait eu à maîtriser Abdelghafour Elaaziz nous libérait en même temps que lui. D'où les larmes de ma mère, et les miennes. J'entends encore l'impressionnante salve d’applaudissements dans le Théâtre de Quat'Sous pour ce vaillant guerrier de la scène. Merci pour cet autre combat, les martyrs ne seront jamais oubliés. J'ai ici une pensée pour mon petit-cousin Samuel, parti lui aussi en martyr un mois plus tard. Il était en voyage au Maroc, pays ensoleillé de la naissance d'Abdelghafour. En compagnie de ses amis, il y parcourait le paysage de ses rêves puis est tombé...fatalement. J'offre à Besbouss, Abdelghafour et Samuel cette musique qui me rappelle leurs martyrs...





Je voyagerai au creux d'une vague
d'une aile
Je visiterai les âges qui nous ont quittés
et les sept galaxies

Je visiterai les lèvres
et les yeux lourds de glace
et la lame étincelante dans l'enfer divin

Je disparaîtrai
la poitrine ceinte de vents noués
laissant mes pas au croisement des chemins
loin
dans un désert

ADONIS



BESBOUSS, AUTOPSIE D'UN RÉVOLTÉ


Texte
Stéphane Brulotte

Mise en scène 
Texte
Stéphane Brulotte


Mise en scène 
Dominic Champagne


Avec 
Abdelghafour Elaaziz


Assistance à la mise en scène et régie Guillaume Cyr


Scénographie
Michel Crête


Costumes 
Julie Castonguay


Lumière 
Étienne Boucher


Musique originale 
Alexander MacSween


Vidéo 
Geodezik








P.S. : Abdelghafour Elaaziz doit venir à Québec cet automne pour nous offrir ce magnifique cadeau et cette fois A. y sera.  IL VA S'EN DIRE...des choses...






LES LIAISONS DANGEREUSES: La grande séduction

Photo: D-Max Samson



Rien ne valait plus la peine que de prendre place à LA BORDÉE pour y apprécier la dernière production de la saison 2013-2014. LES LIAISONS DANGEREUSES, une excellente mise en scène d’Érika Gagnon, mettant en vedette le magnifique Réjean Vallée, dans le rôle du sulfureux comte de Valmont, et la toujours aussi intense Marie-Josée Bastien, dans celui de la machiavélique Madame de Merteuil. Ils forment un duo absolument dément secondé avec brio par leurs jeunes acolytes, Noémie O’Farrell, en énergisante Cécile de Volanges et André Robillard, en excellent chevalier Danceny. (André, que j’avais entrevu sur son vélo sur la rue St-Joseph quelques minutes avant la représentation de ce 3ème jeudi d’avril). 

Ils m’ont tous et toutes ébloui avec leurs prouesses amoureuses qui étaient en soi quelque chose à voir et à entendre...de très près. Évoluant dans un décor tout à fait resplendissant, fait d’éclairages majestueux, leurs élégants costumes, parfaitement ajustés aux lettres divines que s’échangèrent jadis tout ce beau grand monde, remplirent à ras bord nos yeux d'illuminés. 

C'était à nouveau une autre de ces charmantes et inoubliables soirées passée en agréable compagnie, de quoi donner amplement le goût de revenir séjourner quelques soirées dans cet espace si convivial que l'on aime tant A. et moi. L'automne, que l'on annonce déjà assez chaud merci, promet tout autant que ce dernier printemps. La dixième saison de Jacques Leblanc en tant que directeur artistique a pour thème LUMIÈRES ! de quoi éclairer en masse nos petites lanternes québécoises...


Photo: L.L.

LES FÉES ONT SOIF

GUERRE ET PAIX

LES FOURBERIES DE SCAPIN

W;T

LA CHATTE SUR UN TOIT BRÛLANT



Photo: Théâtre La Bordée


Magnifiques photos de la pièce par D-Max Samson



LES LIAISONS DANGEREUSES