mercredi 26 octobre 2016

SAINT-AGAPIT, 1920 : Ombres et lumières des Temps Suspendus

Photo: Emmanuel Burriel


Avant le shooter de l'After eight...


Tout a filé tellement vite. Et cette jeune fille sur la photo qui ignore que les souvenirs de toute une vie tiennent dans une boîte. Que le temps lui a glissé entre les doigts à la vitesse du siècle. J’ai un sentiment étrange, une grande sensation de vertige.

Olivier Normand
SAINT-AGAPIT, 1920




Corps légers en équilibre sur le verre fragile des pots Mason/Pommes croquées à même le jus des muscles de la jeunesse/Étincelles de mémoire vive illuminant les trous noirs des millisecondes/Bruit fracassant des assiettes blanches contre le bois franc d’une forêt dévastée/Airs ambiants du piano acteur voisins des mots de l’auteur/Particules explosives de poussières de farine sur les visages déridés/Murs accablés de silence épais comme une tranche de pain doré/Combustible pour alimenter le feu de foyer et les braises de l’imaginaire/Temps qui s’effrite au-delà des odeurs putrides de la décomposition/Mort rôdeuse entre les pattes coupées d’un lapin dépiauté et une bouchée de bouillie froide...


Photo: Cath Langlois


SAINT-AGAPIT, 1920

Quelque chose qui dérange & fait réfléchir
Quelque chose qui démange & finit par aboutir
Quelque chose qui ressemble à un futur chaos
Quelque chose qui pousse dans le dos de la Nuit
Quelque chose qui se fait manger par le Présent
Quelque chose qui ressuscitera au printemps




Automne. Saison des sens et des odeurs. Saison de bruits, de couleurs et de matins trop courts. Le passage des pommes résonne de chants sourds. Ils appellent la mort. Ils appellent l’amour.

Danielle Gauthier
Mots dits Maux doux
2015


Ariane Voineau, Mélanie Therrien
& Claudiane Ruelland
Photo: Emmanuel Burriel


Merci Olivier Normand pour cet exceptionnel rendez-vous. Nous vous avions manqué la première fois chez Premier Acte en 2015, pris que nous étions entre LA RÉPUBLIQUE DU BONHEURLES FOURBERIES DE SCAPIN et… le froid de l’hiver. Avouons que nous avions préféré rester calés bien au chaud sur nos sofas rembourrés de remords. Donc, à l’annonce de la reprise au Périscope, nous nous sommes repris en réservant notre place pour le 18 octobre, en premier, puis pour le 20, car A., mon fidèle au poste de compagnon de théâtre allait voir BOUSILLE ET LES JUSTES en tournée à Baie-Comeau le 18. Lui qui est originaire d’Issoudun, était passablement intrigué par ce spectacle inspiré du Saint-Agapit de votre grand-mère Normand. Et moi, par le fait que c’était vous le compositeur de ces mots-là:

J’ai une amie qui écrit des poèmes comme des oiseaux qui planent. Tout est simple. Simple et facile et magnifique. Moi, je ne trouve pas les mots. Je ne trouve pas le temps...

Ariane Voineau, Mélanie Therrien et Claudiane Ruelland, vos talentueuses et gracieuses interprètes, nous ont fait passer un moment rempli de toutes les émotions. Avec l’adresse et la vitesse d’exécution, elles nous ont fait généreusement planer tout le long dans ce décor spacieux en l'approfondissant davantage à mesure que le temps avançait...


Photo: Emmanuel Burriel

Pendant que le bloc de glace fondait sur la paille, le coffre, hérité de votre grand-mère, se préparait à accueillir la congélation et l’indisposition d’un corps qui vécut parmi nous pendant 90 ans. Touchés et quelque peu dérangés par autant de beauté, nous sommes demeurés de glace quelques instants pour finalement mettre le feu à nos mains et vous acclamer. Merci pour la Poésie comme j’aime à la voir vivre sur scène, intense et fragile, parfois cruelle mais si nécessaire.  

Les Interprètes


Le programme



Photo: Cath Langlois

Un drôle de hasard que ce dépiautage de la petite bête, car le 20 octobre, jour de cette représentation, c’était l’anniversaire rencontre avec Tit-Boule, mon gentil et si bénéfique ami lapin qui vit avec moi depuis maintenant 10 ans. Malgré son âge vénérable, je ne puis encore me résoudre à l’idée qu’il me quitte un jour. Rien qu’à penser que je ne verrai plus ses petits yeux ronds et que ses vibrisses ne chatouilleront plus mes joues lorsque nous sommes blottis l'un contre l'autre, et que je n’entendrai plus le son particulier qu’il émet lorsque je lui parle de près et qu’il est content, la peur de le manquer me fait DÉJÀ de la peine.

Photo: L.Langlois
Jeudi, 20 octobre 2016

Certains diront que le lapin n’est qu’un animal, mais quand je vois tout le mal qu’un seul homme peut faire à des Alice un soir de saoulerie, je ne peux m’empêcher de penser que les lapins sont peut-être les meilleurs amis qu’une fille peut avoir, mis à part, bien sûr, son fidèle complice, celui-là qui l’accompagne soir après soir dans les divers théâtres de la ville pour y voir et entendre ce que les auteurs d’ici et d’ailleurs ont à leur raconter et à leur faire vivre.


Merci pour cette (re) prise de conscience à propos de nos aînés qui attendent en silence dans leurs chambres impersonnelles et cabinets de passage, gavés comme des oies, étouffés dans leurs sécrétions, meurtris par leurs plaies de lit, avec leurs yeux qui tournent en rond dans le vide de leur dernière cage. Ce soir, je pense particulièrement à tante May, quelqu’un qui a subi un gros AVC et qui s’est évaporée tranquillement dans la chaleur froide de l’Hôtel-Dieu mardi soir dernier. Elle venait tout juste de célébrer ses 83 ans de vie, et quelle vie!



Elle qui l'a tant aimé cette vie, malgré quelques vilaines secousses, et lors des grands soirs d'orages qui font des zigzag, je suis certaine que son absence nouvelle créera un très grand vide autour de ceux et celles qui l’ont connue, aimée et appréciée. May Kelly, une grande dame qui avait de la classe et un sens inné de la fête, de par son sang irlandais découlant du paternel, elle ne ratait pas grand parade de la Saint-Patrick. J'avais eu un très grand plaisir à l'accompagner pour celle de 2012...


May, qui ne souhaitait nullement finir ses jours dans un CHSLD, ou dans tout autre endroit semblable en cas d'invalidité, voulait demeurer dans son immaculé cinq étoiles et demi de la rue Turnbull tant que sa santé le lui permettrait. Tout comme sa maman Noëlla, elle aura été exaucée. Sa chère maman, qui à 82 ans, le jour où elle fut également victime d’un gros AVC, battait encore du beurre, du sucre, des œufs et de la vanille, en alternant avec le lait et la farine, pour confectionner un autre de ses succulents desserts. J'aimais particulièrement ses p’tits orgasmes comme elle les appelait. 


Photo: L.Langlois

Où s’en va le temps qui passe ? 
Qu’est-ce qu’on fait du temps qui reste ?


AU MILIEU DE MA VIE

C’est votre questionnement, cher Olivier, tout comme le nôtre, je pense. Je n’ai pas vraiment de réponse pour le premier point d’interrogation, je n’ai pas tellement l’esprit scientifique comme on dit, par contre, pour le deuxième, je dirais que l'on revoit en boucles tous ses meilleurs souvenirs avec ceux et celles qui nous les ont fabriqués, et que l’on espère vivement qu’ils ne nous quittent jamais pour l’autre rive…

Photo: Emmanuel Burriel

Les herbes fanées des souffrances anciennes se consument lentement pour que naisse demain une heureuse lumière dans le fond de la terre imbibée de souvenirs d’ailleurs.

Danielle Gauthier
Mots dits Maux doux
2015

Danielle Gauthier, une amie de May, qui a beaucoup compté pour elle, lui a dédicacé ces mots: Merci May, d'être dans ma vie. Tu fais partie de ceux et celles qui embellissent mes jours. Affection Dany. Elle résume en peu de mots ce que nous aussi avons ressenti le temps que l'on a passé avec elle.


Olivier Normand
Photo: Yan Doublet



Aux alentours de 20 heures, en copiant ces mots, le téléphone a sonné, on nous annonçait que May venait de partir définitivement. Même si l’on s’attend de le recevoir ce fameux coup de fil, il reste que ça donne toujours un choc en apprenant un décès. Je n’aurai pas eu le temps de la revoir dans son chez-soi si chaleureux mais il me reste tous les beaux souvenirs que j’ai amassés depuis notre première rencontre en décembre 1979…


Photo: L.Langlois

Les magnifiques couchers de soleil admirés du 4ème étage depuis sa chambre boudoir; le plaisir de partager sa table; de boire un apéro et ses thés mélangés si réconfortants; de regarder ses albums de photos souvenirs; de parler de son passé, de son travail dans divers ministères et au Parlement; de ses nombreuses amies qui lui auront été fidèles jusque dans leur propre disparition; de sa famille, de ses 5 frères, dont mon beau-père et un qui fut lâchement assassiné à l’âge de 33 ans; et de toutes ces pièces que je vois, elle qui demeurait à deux pas des trois théâtres de la haute ville. Mais les plus précieux souvenirs sont ceux d’avoir été si gentiment accueillie dans cet espace qui n’appartiendra toujours qu’à elle et le jour où elle m'a légué cet ensemble pour le thé, cadeau qu'elle avait reçu en cadeau de noces...






Il y a quelques jours à peine, Madame Thérèse Deslauriers Drago, nous quittait elle aussi. Elle avait 88 ans. Je n’aurai pas eu le temps de parler avec May de cette dame qui a marqué son époque. Mais comme elles demeuraient toutes deux dans le même quartier pendant toutes ces années, je me plais à imaginer qu’elles ont du se croiser quelques fois entre l’avenue Cartier et le boulevard Saint-Cyrille, devenu René-Lévesque depuis le 8 septembre 1992. S’il y a deux femmes qui aimaient et connaissaient bien leur ville, c’étaient bien elles. Leurs mémoires viennent de déménager dans la mienne et c'est ce qui me fait croire qu'on ne vit jamais en vain sur cette terre qui ne cessera pas de tourner sans nous...

Madame Thérèse

Bien sûr, Olivier, que nous souhaitons tous et toutes que nos parents, grands-parents, oncles et tantes, ami(e)s, voisins, ne finissent jamais dans un CHSLD, la couche pleine, baignés une fois par semaine, nourris et abreuvés en six minutes, mais il y a des fois où l’on n’a pas vraiment le choix de les abandonner à ceux et celles qui en prendront soin du mieux qu'ils et elles le peuvent, comme ce fut le cas pour votre grand-mère Jeanne d’Arc, c’est que la mémoire, ou la santé, parfois nous joue de bien grands tours, comme lorsque un père vous quitte le cœur en miettes alors qu'il n'est âgé que de 55 ans. Mais il y a de ces jours où je suis contente qu'il n'ait pas eu à subir le sort de ceux et celles qui resteront pris dans les draps souillés des débordements, les yeux rivés sur une fenêtre invisible... 


Ma grand-mère Marguerite Saint-Amour Charette 
valsant avec mon père André, le 2 novembre 1986,
jour de mes noces, un beau souvenir...



1000 BATAILLES

Une rencontre passionnante, amorcée dans les toilettes du Périscope, avec la grande Louise Lecavalier. Elle était de passage à Québec pour y donner un stage de quatre jours à L’ARTÈRE, développement et perfectionnement en danse contemporaine. Née en 1958, à Laval, là où j’ai grandi pendant 15 ans, L.L., tout comme moi, m’a-t-elle dit, nous a fait promettre d’assister à son spectacle MILLE BATAILLES, qui sera peut-être à l’affiche à Québec dans un avenir rapproché. Bien évidemment, nous avons parlé de ce merveilleux moment que l'on venait de passer en la compagnie des Temps Suspendus. Vraiment heureux d’avoir fait sa connaissance, nous avons quitté le Périscope des étoiles plein les yeux, la lune d’octobre encore pas mal pleine pour guider nos pas vers le stationnement…







LE PEINTRE, LA POMME ET PICASSO




samedi 22 octobre 2016

#PIGEONSAFFAMÉS: I can't stop loving you






« Si on te demande ce que tu penses des capitalistes, t’as qu’à dire :

 ‘Ahh! Donald Trump là! R’garde..!’, en roulant les yeux et c’est dans la poche! »




Un pigeon affamé est un pigeon qui souffre. Une souffrance dont l’homme est seul responsable.


Avec une assiette de poulet Shawarma
(dans la Villa Medina de Sainte-Foy)
plus une shot de killer koolaid,
(gratis pour la fidèle au poste,
c'était presque JUSTE LA FAIM DU MONDE
(et des IF YOU FEEL LIKE I DO
et des I NEVER CAN'T STOP LOVING YOU)

elquidam




I'm becoming less defined as days go by
Fading away
And well you might say
I'm losing focus
Kinda drifting into the abstract in terms of how I see myself


Je suis

Tu es

THE WORLD




avec des langues bien pendues
et des rires fendus jusque
dans les plumes des oreillers,
des beaux corps sans décor
resplendissants de lumière,
et du « pas de temps à perdre »
pour en jouir le plus possible

la musique ancienne qui se dégaine 
dans le houlahop de l’intemporelle 
pour aboutir dans les déRAP de la POP


Photo: L.Langlois

#PIGEONSAFFAMÉS 
pour une seule soirée ?
non, oiseaux de passage 
promenant les quotidiens
 dans un sac d'attache-pain



Des fesses bien écrasées sur le banc du repos, des filles et des gars qui attendent en rang l’intermission, qui danseront tant que la nuit durera, qui prendront leurs jambes à leurs cous, qui boiront leur destin, avec une paille dans l’œil, le mccafé du réveil, ce sera ainsi une autre journée à demi remplie d’extases, de paix et de niaiseries...

#PIGEONSAFFAMÉS


Certains oiseaux, notamment les pigeons, allaitent leurs petits. Contrairement aux mammifères, le lait ne sort pas des mamelles, mais du jabot, une petite poche située au niveau de l’œsophage.



Dans le creux d’une pensée avariée, au bord des lèvres du précipice de la faim, avec la gangrène de la vie avançant vers la mort, une bande de #PIGEONSAFFAMÉS, affalés sur les trottoirs glacés et égrenés, qui vivent entre les rudéraux qui y poussent et les éclaboussants couchers de soleils, cultivent, de jour comme de nuit, des fleurs imparfaites.

#Perroquetteaffamée

De leur belle étoile folie, ils rempliront certains casiers vides de nos petites têtes de parterres, déjà fort bien entretenues par les directeurs artistiques des grand et plus petits théâtres de la Cité. 


Un blanc bec sort avec son char 
(une fille l'attend dans le noir).
Leurs vies respirent à plein gaz
les parfums rares  de l'Inodore.

elquidam


I'M IN LOVE WITH MY CAR


Le THÉÂTRE DU TRILLIUM, de la région d’Ottawa, nous en a donné pas mal plus que pour nos 22 piastres. Chanteurs, chanteuses, danseurs, danseuses, chanceux, chanceuses, cette belle bande de comédiens contorsionnistes, avec les sons hallucinants du claviériste JP Loignon, nous aura transportés dans la cavité d’un quotidien préfabriqué de l’ordinaire des petits jours J, de ceux qui arrivent toujours à se pointer sans que tu les attendes trop, pognés qu'ils sont entre les dédales amoureux de l'automne des miracles et les affres neigeux et glaciaux du prochain hiver à venir…


LA DOLCE VITA

Anne-Marie White a signé cette énergisante mise en scène. Marc-André CharretteNicolas DesfossésMarie-Ève FortierAlexandre-David GagnonLissa LégerJP LoignonMicheline Marin et Frédérique Thérien ont joué et déjoué le jeu sous sa gouverne, devant les fidèles du PÉRISCOPE, captivés du début " à la faim ". On en aurait pris encore quelques bouchées tellement c'était BON !  

miséricorde
THE ECOLOGY



L’arme avec laquelle Marvin Gay Sr tire sur son fils, est un revolver de calibre 38 qui lui a été offert par Marvin lui-même comme cadeau de Noël quatre mois plus tôt, pour se protéger des cambrioleurs. Selon Jeanne Gay, sœur du chanteur, leur père aurait affirmé que si Marvin le frappait, il le tuerait.

(wikipedia)


The Gay family 


DES TUERIES ORGANISÉES

LES CAISSONS À VIDE D’AIR: les pigeons sont enfermés dans un caisson étanche puis une pompe puissante fait le vide. Beaucoup d’appareils étant vieux et bricolés, leur agonie peut durer plus de 2 minutes. C’est à peu près comme si l’on vous tuait en faisant exploser vos tympans, vos sinus et vos intestins de l’intérieur.


LE PIÉGEAGE DANS DES CAGES OU DES FILETSoù les animaux meurent lentement de faim et de soif. LE TIR À LA CARABINE.L’ÉTOUFFEMENT AU GAZ CARBONIQUE: ou encore L’ÉTOUFFEMENT DANS UN SAC DE PLASTIQUELES COUPS DE BÂTONS jusqu’à ce que mort s’en suive, une fois l’animal piégé. LA DISLOCATION DU COU: qui consiste littéralement à tordre le cou du pigeon. L’ABSORPTION D’ALPHACHLORALOSE, un souricide.





STAND BY ME


Le programme de la soirée:





BONUS de fin de nuit



dimanche 16 octobre 2016

GLOUCESTER: Tempête dans une tasse de thé


ANTOINE ET CLÉOPÂTRE,
CORIOLAN, 
HAMLET, 
JULES CÉSAR, 
MACBETH, 
OTHELLO, 
LE ROI LEAR, 
ROMÉO ET JULIETTE, 
BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN, 
LA NUIT DES ROIS, 
LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ, 
RICHARD III, 
HENRI IV, 
LA TEMPÊTE…


Jean-Guy Legault, Simon Boudreault
et Mario-Josée Bastien
Photo: Isabelle Jetté


GLOUCESTER, que nous attendions avec impatience depuis l’annonce de sa venue en mars dernier lors de la présentation de la saison 2016-17 de La Bordée, a inébranlablement atteint la cible parfaite des spectateurs avides de longues pièces que nous sommes A. et moi, et j’ose l’espérer de plusieurs autres comme nous... 




Quel magnifique déploiement de talents, à commencer par l’écriture des deux auteurs, Simon Boudreault et Jean-Guy Legault, et à l’énergique mise en scène de l’impériale Marie-Josée Bastien. Et que dire de l’exceptionnelle habileté verbale et physique des comédiens et comédiennes ? Qu’ils et elles se sont tous littéralement * tué(e)s * à la tâche afin de nous faire voir toutes les couleurs mêlées à l’ardeur de ce feu roulant de scènes déchaînées ? Bien évidemment, comme dirait l’autre, nous avons été comblés au plus haut point par leur jeu indéfectible...




Simon Boudreault et Jean-Guy Legault, * aucteurs * de ce marathon théâtral de presque 3 heures, tiennent le fort avec toute la force nécessaire pour faire aboutir les caractères loufoques et délirants de leurs Gloucester et York (YARKQUE). Rien de plus, rien de moins, parce que LE DIVERTISSEMENT LE PLUS AGRÉABLE EST CELUI QUI PLAÎT À SON INSU, dixit Shakespeare en personne (lu dans le programme de cette soirée 5 étoiles)...




Emmanuel Bédard, dont la voix grave et tant reconnaissable entre mille sillonne les ondes radio d’un Roi de grand boulevard ;-), monte sur ses grands chevaux, de bois et de métal, et fait rire aux éclats de verre. Il campe un Brutus absolument délirant. Il s’est d’ailleurs mérité une salve d’applaudissements PENDANT l’exécution d’un soliloque qui demandait plus que du simple souffle. Il donne à tout coup d’épée, et même ceux dans l’eau, de cette joie profonde qui habille et habite les textes de tous ceux et celles pour lesquels IL JOUE...




David Bouchard, son jeune compagnon, avec ses Iago, Edmond et autres, a offert à nouveau une puissante performance qui m’a fait penser que nous avons eu droit à la naissance d’un futur roi de la scène. Brillant, éloquent, agile, intense, on n’a surtout pas fini d’entendre parler de lui. On doit d’ailleurs être en train de lui courir après pour des rôles demandant de la rigueur et de la patience...




Jonathan Gagnon, qui fait également partie de l'équipe des FIVE KINGS du Théâtre de Poche (qui je l’espère ardemment viendra faire un tour dans la Capitale un de ces quatre), a définitivement conquis la salle avec son truculent roi Édouard et son licheux de crucifix d'abbé de Westminster ;-). Investi de toutes parts par le fantôme mort-vivant de Shakespeare, il nous a à nouveau fait don de son immense savoir être...




Éloi Cousineau, hallucinants Caliban et Horatio, une * tête * que je ne suis pas prête d’oublier ;-), il a déclenché moult fous rires tant par ses mimiques et ses contorsions que par son JEU d’ensemble AVEC LES MOTS...





Érika Gagnon, en reine Goneril ou en soldat et autres rôles, naviguait en terrain de guerre connu puisque elle campait au printemps 2015, sous la même gouverne de Marie-Josée Bastien, une Lady Macbeth des plus sublimes, émouvantes et machiavéliques...




Quant à Alexandrine Warren, une autre habituée des pièces du grand Will, elle a fait de sa Leavinia défigurée aux mains coupées une martyre particulièrement drôle, avec sa langue arrachée qui...continue de parler. En compagnie de ses deux autres compagnes sorcières, Catherine Ruel et Geneviève Bélisle, elle a exécuté avec brio les multiples tâches des divers rôles exigés pour cette histoire suintante, sanglante et baveuse…;-) 




Merci à vous, comédiens et comédiennes, qui avez conquis admirablement ces scènes de guerre et de paix qui habitent le Théâtre de LA BORDÉE depuis 40 ans. En passant, bienvenue à M. Michel Nadeau qui comme l’a fait M. Jacques Leblanc pendant les 12 ans qu’il l’a dirigé, apportera son lot de surprenantes histoires d’ici et d’ailleurs. En espérant que le thé et le sang des majestés coule encore à flots pour longtemps dans la plume de messieurs Boudreault et Legault...Et un tonitruant bravo à ceux et celles qui ont imaginé ce décor pratico-pratique qui s'alliait parfaitement au ton humoristique de l'histoire. 









Et parce qu'on aime tous et toutes Shakespeare, voici quelques extraits de mes impressions sur les spectacles auxquels j’ai assisté mettant en vedette les mots de l'auteur anglais (avec accompagnement musical shakespearien en prime, pour passer le temps à lire mes délires)...





En attendant la mort…le poison errant de leurs amours suspendus dans le temps…et de la neige…enchanteresse...pour les flancs en sang et saupoudrer la tête et les épaules des comédiens qui jouèrent pendant trois heures dans cette brise d’antan, haleine fraîche d’un vieux printemps…

ROMÉO ET JULIETTE
Alexandrine Warren en Juliette

***

Pour retourner vivre quelques deux heures quarante à l’époque des ducs et des comtesses, avec leurs maîtres et valets à bord de la scène…pour partager leurs farces et attrapes…pour voir (ou revoir) et subir leurs grandes et petites manigances…pour étancher la soif des mots qui donnent à boire à toutes ces histoires faites de scènes de choix qui ne vieillissent pas…pour retrouver les mots d’un certain temps qui n’en n’auront probablement jamais fini avec l’histoire de ce grand théâtre qu’a écrit William Shakespeare…ces histoires qui n’en finiront jamais de faire réfléchir et émouvoir le Spectateur, autant le Jeune que le Vieux…pour s’imprégner de la douce folie des grandeurs qui habite encore les esprits-châteaux de cette Angleterre qui ma foi n’a pas réellement changé…pour perpétuer l’œuvre d’un créateur encore si actuel…pour se sécher au soleil d’aujourd’hui…

LA NUIT DES ROIS OU CE QUE VOUS VOUDREZ

  ***

Au sein de leur Écosse en guerre
Au bord de nos larmes en gouffre
À des années-lumière de la Terre
L’odeur sanglante de leurs frimes
Esbroufes et autres bluffs

Le cœur sur la main
La tête sur la pique
La fin n’est pas encore pour demain
La mort dépendra encore pour le fric

MACBETH
Érika Gagnon en Lady Macbeth


 ***

La bave qui sort des bouches pleines de rage, ou d’amour, les coups de langues sur le visage des traîtres, les doigts brûlants qui prennent les peaux froides, les yeux croches qui touchent les âmes pures, la Louve Capitoline ressuscitée pour un soir à Québec, ici, entre les sofas, les projecteurs et le son tonitruant des tambours battants des jeunes musiciens…

TRAGÉDIES ROMAINES
CORIOLAN, JULES CÉSAR, ANTOINE ET CLÉOPÂTRE

***

En ce soir du 18 avril 2013, autour de cette histoire de vengeance qui n’en finira jamais de nous en apprendre sur le comportement humain, nous nous sommes retrouvés * entre amis *, comme si c’étair hier. Traduite dans la langue de Jean-Marc Dalpé, Shakespeare vit encore parmi nous, ici-bas, autour des décombres et dépouilles, dans les ronces et les pierres. Il est toujours aussi captivant et sait comment se faire aimer après plus de 400 ans…

HAMLET
Alexandrine Warren en Ophélie

***

Ne devrions-nous pas nous prosterner devant ce fantôme géant que Shakespeare a dessiné pour la postérité ? Certainement, car après toutes ces années de révolutions ratées, rien n’a vraiment changé, il y a encore autant de tricheries, de malhonnêteté et de harcèlement dans nos sociétés soi-disant évoluées. Il y aura toujours quelque chose de pourri au royaume de ces gros roitelets. Un divorce à l’amiable entre eux et nous pourrait peut-être créer un nid-de-poule gigantesque dans leur budget du mois, soit 1% de moins à dépenser en guenilles et bijoux (mais jamais jamais au grand jamais en œuvres d’art…)

LE MONDE SERA MEILLEUR

***

La mort d’un roi nous rappelle qu’elles furent aux pieds de l’amour, qu’elles firent la fête, qu’elles moururent sans véritable couronnement. Leurs enfants leur ayant survécus, elles revinrent ici, sur la rue Lavigueur, pour nous révéler le secret de leurs tombeaux. Le temps leur a bien arrangé cette chose qu’on appelle éternité...

LES REINES
Dans la tour Martello

***

…ni les chants d’oiseaux de nuit blottis entre le bruit du moteur d’une grosse moto et celui cascadant de la chute Kabir-Kouba; ni l’eau de la mer qui montait inlassablement sur le rivage de l’île; ni les peaux de la trappe qui recouvraient celle des danseurs et danseuses wendats; ni la trahison, ni l’amour, ni la réconciliation; ni le grand départ de l’embarcation des conquérants; ni le sentiment étrange d’être à nouveau en train de recommencer à vivre là notre histoire d’il y a plus de 400 ans; ni celui qui animait ce soir-là les cœurs et la raison de certains d’entre nous, d’eux et de vous…

LA TEMPÊTE
Jouée en plein air à Wendake

***

L’humanité qui éternue tousse toussote,
Lave ses petites mains,
Astique ses menottes enduites du purell
Des plus sains que sains;
Qui assouplit ses langues molles,
Qui durcit ses dagues sales.
Langues molles qui mordent les bagues du vol,
Langues de bois qui lèchent celles du Vassal;
L’humanité qui scrute via le blanc mort de ses yeux glauques,
L’humanité qui colmate ses peines dans les craques aveugles de ses aveux,
Qui recoud le voile de ses tentures déchirées,
Qui décape ses portes d’armoires ébréchées,
Qui graffigne les miroirs de ses parquets cirés,
Qui desserre les cordons malusés de sa bourse,
Qui danse en transe sur le son des vieux records…

MACBETT
Celui de Ionesco

***

HAMLET, encore une fois, comme l’ultime revenant de Shakespeare. Lui qui passera toujours à travers le Temps, au-delà des hommes et de leurs tourments. Lui qui revient enrober de son essence l’esprit du Père via le Fils. Et boire au sein de la Mère…

Je sais que tout ne me reviendra pas, et je le reconnais, car je ne le veux pas. Laisser retomber la fine poussière entre les spectres, ne pas abandonner la vie au détriment du coma. Il n’en fallait pas plus pour que les fantômes de cette opération réussissent à agiter à nouveau l’Émoi et y reconnaissent la fragilité de son état.

RECONNAISSANCE
Exploration de l’univers d’Hamlet

***

Gemme rouges, vifs éclats
Noms anciens de ces grenats;
Rouge cœur de leur stérile célibat;
ESCARBOUCLES de toutes ces envies,
Quand L’HEURE se pare de faux rubis

Les couronnes des royautés d’autrefois,
N’ont depuis ces temps-là que peu terni,
Car de par leur vif-argent de ces dernières
Dont l’on peut extraire pour quelques öres,
De cet allié fluide qu’est le brillant or,
Quelques tiares recyclées pour les néo-rois d’ici

ELSENEUR
Le Hamlet de Robert Lepage


N.B.: Pour lire les textes au complet, n'avez qu'à taper SHAKESPEARE dans la petite fenêtre Blogger en haut à gauche...





ROYAL PINE
Marc Nerbonne 
2010
60 x 60 encaustique 
et technique mixte sur panneau

TIMBERLINE
1989
1500 Royal Pine car air fresheners paint
Cobalt blue pastel pigment
Installation: 10 X 8 X 15 feet
Barbara McCarren


Parce que William Shakespeare sent toujours aussi bon et qu'il sera toujours celui par qui la mort vient et le vent va...parce qu’on ne cessera jamais de lui creuser non pas sa tombe mais un nouveau berceau...parce que nous serons toujours de service pour témoigner de son éternité…

elquidam

Et Line était de service ce soir à LA BORDÉE, toujours aussi accueillante et souriante.




SOL LATINO 
Photos: L.Langlois
6 octobre 2016

Pendant que le soleil brillait de tous ses feux sur la Basse-Ville de Québec, en Floride, un ouragan de force 4 menaçait de déranger passablement le paysage de nos voisins. Jeudi, 6 octobre 2016, le mercure est monté jusqu’à 21 degrés, on se croyait presque…en Floride. Avons donc profité de cet autre bel après-midi d’automne pour se balader dans les quartiers Saint-Roch et Saint-Sauveur...


Avec François G., proprio de DÉJÀ VU, meubles anciens à qui il redonne une seconde vie; CAMILLA SINENSIS, ROCK’N LIVRES, LE LIEU, avec Patrick D., qui nous a conseillé le SOL LATINO sur Saint-Vallier O., IMAGIN’HAIR, avec Bianca V., coiffeuse-propriétaire, une ancienne voisine avec qui nous avons parlé de famille, frère pour elle fils pour moi. 17 heures, le Sol Latino nous ouvrait sa porte. Bianca connaît le proprio, c’est à quelques pas de son salon. Endroit très sympathique, familial. Le menu est simple mais savoureux, et surtout peu dispendieux. Et ce soir, par exception, nous avons bu du vin, du rouge. La chaleur du Mexique, émigrée à Québec en cette superbe fin journée, aura permis encore une fois de s’être sentis bel et bien en vie malgré toutes les sortes de tempêtes que l'on peut traverser...



Photos du spectacle: La Bordée


THÉÂTRE DES VENTRES BLEUS


http://saintluc.over-blog.com/article-26196844.html