samedi 16 juin 2018

GIACOMETTI : La tête de l’Art sur un socle stable




Si vous détruisez les statues, préservez les socles. 
Ils peuvent toujours servir.

Stanislaw Jerzy Lec
Nouvelles pensées échevelées

« Vas-y. Examine toutes choses intensément et sans relâche. Sonde et scrute chaque élément d’une œuvre d’art. Ne la lâche pas, ne la parcours pas à la va-vite, comme si elle était comprise, mais au contraire suis-la jusqu’à la voir dans le mystère de sa spécificité et de sa force propres. Les dessins et les toiles de Giacometti témoignent de sa stupéfaction et de sa ténacité. S’il n’avait pas pris conscience de sa stupéfaction, il n’aurait pas été aussi tenace. »

Annie Dillard
En vivant, en écrivant

Photo: MNBAQ

L’exposition GIACOMETTI, présentée au Pavillon Lassonde du Musée National des Beaux-Arts du Québec, est terminée depuis le 13 mai, à peine un mois. Visitée le 27 février, en compagnie de L. et A., je ferai un retour sommaire sur l’un des artistes les plus importants du XXe siècle. Parce que tout a probablement été dit, écrit, et même filmé, sur cet homme de caractère, il y aura peu de mots, que quelques photos des œuvres qui m’ont le plus marquée, à commencer par la plus célèbre et peut-être la plus chère: L’HOMME QUI MARCHE, entouré ici de ses deux GRANDES FEMMES

Photo: Yan Doublet, LE SOLEIL


 Trois hommes qui marchent petit plateau

La Cage
Photo: Gabrielle Lauzon



La clairière (1950)

Tête noire 1957-1958
Photo: Succession  Giacometti

Madame la commissaire Catherine Grenier


Jean Hazel, l'ingénieux scénographe de cette blonde splendeur nous parle ici de la conception du "décor" imprégné de la mélancolie de la mer avec ses vagues de sable qui semblent soutenir l’œuvre d’une indépendance légendaire, celle qui  caractérise si bien Alberto Giacometti. On peut d’ailleurs écouter l'artiste nous causer de sa période surréaliste. On constate que ses sculptures n’ont pas pris une ride !


Des reportages intéressants, qui prolongent la mémoire de cette ballade au cœur du bronze, de l’encre et du plâtre...





Photo : fondation Giacometti
https://www.fondation-giacometti.fr/fr/evenement/67/latelier-dalberto-giacometti-vu-par-jean-genet


 Il n'est pas à la beauté d'autre origine que la blessure, singulière, différente pour chacun, cachée ou visible, que tout homme garde en soi, qu'il préserve et où il se retire quand il veut quitter le monde pour une solitude temporaire mais profonde. Il y a donc loin de cet art à ce qu'on nomme le misérabilisme. L'art de Giacometti me semble vouloir découvrir cette blessure secrète de tout être et même de toute chose, afin qu'elle les illumine.

Jean Genet

Le MNBAQ présentait une lecture publique de L’ATELIER D'ALBERTO GIACOMETTI, avec Christian Michaud et Emmanuel Bédard. A. et moi nous étions procuré des billets mais malheureusement la météo exécrable de ce jour du 20 février 2018 nous a retenus dans nos chaumières respectives. Nous avons préféré demeurer au chaud, à l’abri de cette autre tempête hiémale. Heureusement, il nous reste les mots, que je commanderai bientôt chez mon libraire préféré.


Et comme si on n’en n’avait jamais fini avec Giacometti, un film relatant l’exécution d’un portrait qu’il a fait de James Lord, l’un de ses amis américains, biographe en l’occurrence du Final Portrait, est sorti au cours de l'hiver. On l’a raté au Clap mais on aura sûrement la chance de le voir un de ces quatre à ARTV ou à Radio-Canada…La bande-annonce du film et un le portrait (en accéléré) que fit Giacometti de son ami plus un petit salut zen à l'Artiste:




Pour terminer ce périple au pays de la richesse artistique, un petit détour à la boutique du Musée, pour y acheter quelques reproductions du maître. Pour avoir un souvenir tangible de cette exposition de grande envergure, que je ne suis pas prête d'oublier. Merci au MNBAQ pour cette autre réussite ! La première,  L’Homme qui marche I (1960), vue un peu plus haut, et celles-ci:

La forêt (1950)

Le nez (1947)

Caroline assise en pied (1964-1965)


Pour L., à qui ça prend toujours de la musique:

"Désirs consommés Désillusions Absolues"
de Pascal Asselin, alias Millimetrik (2010)
(et un peu pour le bel Alberto aussi)