vendredi 25 janvier 2019

LYSISTRATA D’ARISTOPHANE OU LA FEMME POLITIQUE : elles too



« LAPITO : Mais comment prêterons-nous serment? / 
LYSISTRATA : Pose ton bouclier ici, Lampito… / 
CLÉONICE : Lysistrata! Quel serment veux-tu nous faire prêter là! / 
MYRRHINE : Notre mission en est une de paix, Lysistrata! Il ne faut pas prêter serment sur un bouclier, symbole de guerre! / 
CLÉONICE : J'ai une idée! Égorgeons, en guise de mouton, une pleine cruche de vin rouge : du meilleur! Et ce sang bien rouge scellera notre amitié… »

LYSISTRATA
Pablo Picasso
1934

Le 10 décembre dernier, avons été les bienheureux témoins d’un superbe exploit théâtral des finissants du Conservatoire d’Art dramatique de Québec. Leur LYSISTRATA d’Aristophane ou LA FEMME POLITIQUE nous en a jeté plein la vue, les oreilles et le cœur. Jean-Sébastien Ouellette et Isabelle Hubert leur avait concocté un remaniement ministériel de ce texte vieux de quelques 2500 ans. L’énergie nouvelle avec laquelle ils ont déployé tous leurs talents en était une qui a dû réjouir au plus haut point leurs professeurs. D’une qualité exceptionnelle, la mise en scène en fût une digne des futurs professionnels qu’ils et elles deviendront en mai prochain.


Des soldats menés par le bout de leur sexe par des femmes qui en ont marre de la guerre et de l’absence perpétuelle de leurs hommes. À travers les âges, nous traversons les événements marquants d’un monde qui n’a pas réellement changé. Les changements de costumes, les allées et venues, les chorégraphies, les éclairages, un tour complet dans ce cirque de l’Humanité avec ses affres et ses joies. Ce qui reste de ce spectacle synthèse, qui devrait être remonté dans un théâtre près de chez vous : une impression que tout n’a pas encore été dit à propos de la place réelle que la femme prend dans cette faim du monde…

1969



Photos ci-haut: répétition du LYSISTRATA de Michel Tremblay et André Brassard, livre que j'ai trouvé à la bouquinerie NOUVELLE CHANCE, une librairie où on y trouve parfois des perles rares. 



Photos: Vincent Champoux

Salut final
Photo: Lise Breton

REPORTAGE





 Photo: L.Langlois
Le Parchemin du Roy
 avenue Cartier

Cartel luxury guns

mercredi 16 janvier 2019

M.I.L.F.: l’enfer des roses urbaines




Le monde y peut ben penser quessé qu'y veulent
Qu'y me l'disent pas parce qu'y vont être barrés de chez nous
Pis que je l'apprenne pas de quelqu'un d'autre

Marjolaine Beauchamp
M.I.L.F.

Au tout premier jour du douzième mois, au sein d’un public averti et plus qu’attentif, des muses mères descendues direct de l’enfer pour y harponner l’âme voyageuse des voyeurs
elquidam

https://deskgram.net/explore/tags/marjolainebeauchamp

Marjolaine Beauchamp, une autrice qui se laisse savourer du dedans chaud de ses mots crus et salés. Une femme qui fait s’éclater le cœur comme un miroir qu’on n’aurait pas lavé depuis un siècle. Une fille qui déchire les sentiments en deux milles morceaux, qui se fend en quatre pour faire entendre une parole de sexe féminin. Une touchante délinquante qui ne pleure pas sur le lait renversé. Un continent à elle seule. Une génie des jours ordinaires. Une soldate en permission qui fume sa cigarette dans les quartiers pauvres d’une société brinchquebranch. 


Une poète grandeur nature qui déménage le cul laiteux des petites mères dans les salles obscures des théâtres appropriés.
La beauté des gestes lents dans les cheveux blonds bientôt blancs
Le regard des hommes enfoncés dans la noirceur des sexes chauds
De la pipe aux poignets, les langues roses qui se délient dans les lits
La moiteur des bras tatoués pour sonder les corps tièdes des anges


Les spots, les strobs, qui font danser la fureur de ce qu’elles pensent
Les boss, les chums, les loups, qui leur font tourner la tête et le cœur
Leurs fruits gonflés de lait, leurs cris, leurs armes, les mots, le drame
La bouche et les mains, du soir au matin, dans le char ou dans le train

CAP-AUX-VULVES
elquidam



Merci au THÉÂTRE PÉRISCOPE pour cette autre aventure...AVEC...lendemain…et bien sûr au THÉÂTRE DU TRILLIUM de s'être "déplacé" pour le public de Québec. En espérant revoir une autre de leurs œuvres...


Compagnie: Théâtre du Trillium 
Texte: Marjolaine Beauchamp
Mise en scène: Pierre Antoine Lafon Simard 
Appui dramaturgique: Dominique Lafon 
Assistance à la mise en scène et direction de production: Benoit Roy
Distribution: Marjolaine Beauchamp, Geneviève Dufour et Stéphanie-Kym Tougas
Lumière: Guillaume Houët
Musique: Pierre-Luc Clément
Direction artistique:
Pierre Antoine Lafon Simard


PROGRAMME





LA LUNE EN ROBE DE CHAMBRE
Illustration: L.Langlois


I remember when you first arrived
Magic marker on yr belly button all right (all right)
I read what you said you said drop dead oh no (oh no)
I need you now 'cause I know you got nowhere to go
Schizo action baby create a scene
I'm the type of guy to boost yr self esteem
We party all night 'cause it's you you you everyday
Self-obsessed and sexy all the way
I remember yr bloody trail to the top (the top)
Took it all too far now you just can't stop (don't stop)
I'll help collect yr soul from the lost & found (it's around)
And I will build you up while they tear you down
Schizo action baby create a scene
I'm the type of guy to boost yr self esteem
We party all night 'cause it's you you you everyday
Self-obsessed and sexy all the way (all the way)
Party party party party all the time
Party party party party all the time
Party party party party all the time
Party party party party all the time

SELF-OBSESSED AND SEXXE



Lake of Fire Charger
2017
Lindsay Montgomery
LES FATIGUÉS FOURRABLES
Revendiquer une double identité
c’est se prendre pour un autre.
Faites-moi ricaner de n’avoir jamais ri d’être si drôle
ou, si l’on préfère, si tant performant dans le comique.
Vu que le monde refuse de s’engager
de peur de se fatiguer ou de se faire fourrer
Ce court poème devrait « plaire »
à une majorité de « fatigués fourrables »
Non parce qu’il paraîtrait « plaisant »
mais parce qu’il est court
et moins c’est long
moins longtemps ça fait suer.
N’est-ce pas?!
N’est-ce pas !?
Bonsouair, car surgissent les vrais problèmes.

Yves Boisvert
Extrait de Classe moyenne (2009)








lundi 14 janvier 2019

COMMENT JE SUIS DEVENU MUSULMAN : Ave Allah !




Simon Boudreault, l’auteur de la pièce, qui nous avait donné l’excellent Gloucester en octobre 2016, dans cette même Bordée, a su autant nous dérider que nous faire pleurer. Son histoire, tirée de celle de son mariage « obligé », dérange DRÔLEment, surtout les deux familles concernées. Des familles qui, par leur sens commun de la fête, apporte la joie même en plein milieu de la détresse. Voici d'ailleurs un extrait de quelques quatre minutes qui nous résume assez bien cet échange culturel haut-de-gamme:


La force des mots justes et bons fait apparaître des sentiments qu’on aurait cru tout d’abord plus difficiles. Des scènes divinement orchestrées par l’auteur lui-même nous transporte au cœur même de ces pères et mères qui ne souhaitent qu’une seule chose au fond d’eux : le bonheur de chacun de leurs enfants. On se souviendra longtemps de ce 29 novembre 2018...







Et cette femme, juste en avant de nous, qui s’est soudainement mise à pleurer si fort qu’elle a dû quitter la salle. Le théâtre c’est parfois ça…aussi...Quelque chose d’émouvant, ou de douloureux, qui nous ramène en quelque part, à quelque chose, à quelqu'un, un moment que l’on a vécu intensément un jour...ou un siècle avant…Et comme il n'y a jamais vraiment de hasard, suis tombée le soir même sur ce texte de Patrick Bilodeau, libraire rencontré juste avant la pièce...J'ai eu une pensée pour le Jean-François de la pièce qui venait de subir à peu de mots près le même sort...

Patrick Bilodeau
Libraire chez PANTOUTE

Et comme nous étions invités aux noces de Jean-François et de Mariam, fallait bien qu'on prenne une pose pour l’album de famille ;-), gracieuseté de ATWOOD PHOTOGRAPHIE.



COMMENT JE SUIS DEVENU MUSULMAN

PRODUCTION: Simoniaques Théâtre
TEXTE ET MISE EN SCÈNE: Simon Boudreault
ASSISTANCE M.E.S.: Marilou Huberdeau
DÉCOR: Richard Lacroix
COSTUMES: Suzanne Harel
LUMIÈRES: André Rioux
MUSIQUE: Michel F. Côté
MAQUILLAGES: Florence Cornet
COACH ARABE MAROCAIN: Houda Rihani 
PHOTOS: Patrick Lamarche



BGL


Avant la pièce, un arrêt obligatoire à la GALERIE 3, rue Saint-Vallier E. pour l'expo GRAND ÉCART de BGL. Toujours aussi surprenant !










Photos et vidéos: L.Langlois

BABY SITTER : confettis




Un banquet sans confettis ? 
Aussi sinistre qu’une femme sans poitrine.

Jacques Dutronc

Photo: L.Langlois
20-11-18

Théâtre Périscope, 20 novembre 2018, dans décor qui nous parle avant que la pièce commence, une chambre d’enfant, un divan et quelques mots…viraux. En place donc pour assister à cette nouvelle bataille des sexes sociaux. Un texte original de Catherine Léger, une autrice qui ne manque ni de verve ni de verbe. À voir aller les quatre dynamiques interprètes que sont David Boutin, Steve Laplante, Isabelle Brouillette et Victoria Diamond, on peut dire qu’ils semblaient s’en donner à cœur joie avec cette histoire pour le moins désopilante par moments. Et c’est pas parce qu’on rit plus qu’autre chose durant cette heure et quelques qu’on ne réfléchit pas aux conséquences des mots de trop…



Obsolescence programmée des cœurs, l’amour 2.0, les jeunes couples d’aujourd’hui, avec ou sans enfants, se parlent maintenant autant par textos qu’en face-à-face, leurs désirs se succèdent à la queue-leu-leu des histoires de sexe, ou d’amour, c’est selon. Pour un oui, un non ou des si peut-être, ils se chicanent, se déchirent, se séparent, s’entretuent même. L’homme rosit, la femme bleuit ? Pas ces temps-ci en tout cas. Ils sont plutôt colorés du gris, noir et blanc d’une mode qu'on appelle non genrée...


Ils se confrontent après s’être langoureusement enlacés, ils se disent des mots qu’ils ne regrettent plus, ils font leurs valises en vitesse pour le Sud, pour faire comme tout le monde,  ils s’envolent de leurs cages dorées, ou rouillées, ils déménagent leurs sentiments d’appartement, et ils croient tellement au changement. Mais c’est quand la bonniche s’en mêle que tout se démêle…

Victoria Diamond






Photos: THÉÂTRE CATFIGHT

BABY SITTER

Texte et idée originale 
Catherine Léger
Mise en scène
Philippe Lambert
Décor et costumes 
Elen Ewing
Lumières
Étienne Boucher
Conception sonore 
Benoît Côté
Compagnie
Théâtre Catfight 
Distribution
Isabelle Brouillette
Victoria Diamond
François-Xavier Dufour
Steve Laplante

CRITIQUE





vendredi 4 janvier 2019

THE DRAGONFLY OF CHICOUTIMI : far away dans le cauchemar





«Gaston me parle au coeur. Il me ramène à l’enfance, à la poésie, à la grâce. Il veut me pousser au bout de la générosité. Et c’est un retour vers l’âme, une émotion cruelle, sauvage, violente comme l’amour et comme le théâtre, quand il a la prétention de se faire grand.»
Jean-Louis Millette
VOIR, 25 février 1999


Jeudi 15 novembre 2018


Les grenouilles gèlent au pays du partisan de la déconfiture. Que des miettes de mots pour les oiseaux de passage. Le combat des couleurs sombres recommence avec la tombée de la nuit des longs couteaux. En parlant la langue du Dominant, Gaston Talbot est revenu nous hanter de son Chicoutimi natal. Speak WHITE and please, KEEP IN TOUCH.

LE SEUIL DES FROIDURES

Illustration: L.Langlois
15-11-18

BLIND TRUST



NOVEMBER, THE 15TH, 2018

Nothing is better than a story from here. And for that it takes someone who's speaking our langage. Larry Tremblay is a genius. Nothing less. And Jack Robitaille, aka Gaston Talbot, was simply delightful ! His performance brought us in the nightmare of the country. His mother, played by the brilliant Sarah Villeneuve-Desjardins, who's also a wonderful singer, was definitively more than a secondary role. That's the magic of theatre.Thank you to the director Patric Saucier and La Bordée to have remix this piece of anthology of our dramaturgy. Even if A. is not a bilingual he appreciated the show. ;-) 

Photos: LA BORDÉE


TEXTE : Larry Tremblay
MISE EN SCÈNE : Patric Saucier
ASSISTANCE À LA MISE EN SCÈNE : Edwige Morin
DÉCOR : Vanessa Cadrin
COSTUMES : Dominique Giguère
LUMIÈRES ET VIDÉO : Keven Dubois
MUSIQUE : Emilie Clepper



Photo: L.Langlois
15 novembre 2018


J'ATTENDRAI

Les fleurs palissent
Le feu s'éteint

L'ombre se glisse

Dans le jardin

L'horloge tisse

Des sons très las

Je crois entendre ton pas

Le vent m'apporte
Des bruits lointains
Guettant ma porte
J'écoute en vain
Helas, plus rien
Plus rien ne vient





So if you hear that sound
I'm talking 'bout
When you know he's near
And your time's run out
Well don't you feel there's nothin'
That you can say
'Cause he will come and take you to that special place
He'll take you there
He'll take you there

DRAGONFLY