CHRISTIAN MISTRAL, écrivain, poète,
parolier et pionnier des blogues littéraires québécois, est parti sans trop
faire de bruit faire le plus long de ses voyages...
Je n'oublierai jamais la première fois
que je l'ai vu au Salon du Livre de Québec. Il avait une grosse tache de vin
sur son T-shirt blanc usé. Mais lorsque ses grands bras m'ont enserrée en signe
de reconnaissance, j'ai vraiment cru qu'il était un Vautour. Nous avons
développé des liens via son blogue et quelques échanges personnels. C'était
l'époque des grandes correspondances entre des auteurs blogueurs professionnels
et quelques admirateurs amateurs dont je faisais partie.
Des mots, beaucoup trop de mots
quelques fois, comme des plumes qui chatouillent les pieds mais aussi comme des
couteaux qui égratignent les cœurs des plus fragiles. Avec lui, il ne fallait
pas lui parler d’un autre auteur, il fallait l’entretenir de lui et de son
travail. Avec la gang d’écrivains qui foisonnaient à cette époque, pour moi,
qui les aimais tous et toutes, c’était plutôt difficile.
Il ne m’a jamais insulté ni
menacé de quoi que ce soit. C'était avant que la Vie avec son grand V ne le
relègue aux oubliettes. Mistral gagnant, Mistral perdant. Cinquante-six ans,
c'est bien trop jeune pour mourir mais dans son cas, me
direz-vous, c’était pas mal « vieux ». Cette photo de lui est
probablement l'une de ses meilleures...
Photo: Les Herbes Rouges
Dans ma bibliothèque, ses livres
dédicacés laisseront quelques traces de son furtif passage sur terre. Je garde
précieusement un article de La Presse papier dans lequel la journaliste
Marie-Julie Gagnon m'avait interviewée à propos du phénomène des blogues.
C’était le 2 décembre 2003, il y a presque 17 ans.
Samedi 8 février 2020, comme première spectacle depuis mon retour d'Espagne: LES MAINSD'EDWIGE AU MOMENT DE LA NAISSANCE. Quoi de mieux qu'un bon vieux WajdiMouawad ! Une reprise que j'attendais depuis longtemps. J'ignorais à ce moment que ce serait fort probablement ma dernière pièce cette année au THÉÂTRE DE LA BORDÉE. Comme quoi on ne peut jamais présumer de l'avenir...
La lumineuse mise en scène de Jocelyn Pelletier a eu de quoi éblouir en masse le texte fort poignant de l'auteur libano-québécois. Et que dire des comédiens sinon qu'ils furent tous à la hauteur de cette histoire d'enfantement. Mais je suis fatiguée et je n'ai plus tellement le goût de parler de la déchirure, de celle de ces familles aveugles qui voient bien ce qu'elles veulent voir.
Le puissant trio des femmes composé de Marianne Marceau-Gauvin, Lorraine Côté et Annabelle Pelletier-Legros nous a emportés dans les lieux les plus secrets du corps humain tout en y sondant l'âme de la mort prochaine. Les hommes qui jouaient plus rudement sur le deuxième trio, Lucien Ratio, Samuel Corbeil et Normand Bissonnette, nous ont rappelé à quel point c'est pas toujours facile de faire des miracles...
LES MAINS D'EDWIGE AU MOMENT DE LA NAISSANCE
TEXTE : Wajdi Mouawad MISE EN SCÈNE : Jocelyn Pelletier ASSISTANCE À LA MISE EN SCÈNE : Laurence Moisan-Bédard DÉCOR : Jean-François Labbé COSTUMES : Virginie Leclerc LUMIÈRES : Martin Sirois MUSIQUE : Mykalle Bielinski MAQUILLAGE : Vanessa Cadrin ASSISTANCE À LA SCÉNOGRAPHIE : Jeanne Huguenin RÉGIE GÉNÉRALE : Marc Doucet RÉGIE DE PLATEAU : Abel Longuépée PHOTOS DU PROGRAMME : Nicola-Frank Vachon
Déménagés à l'IMPÉRIAL BELL pour leur sixième saison, PRODUCTION DU TEMPS QUI S'ARRÊTE a mis le paquet pour 2019. L'équipe comptait deux nouvelles recrues: MÉLISSA BÉDARD et NICOLAS DROLET, tous deux excellents. La grouillante mise en scène de LUCIEN RATIO a une fois de plus fait mouche. Les superbes chorégraphies d'ARIEL CHAREST déménageaient les 7 mousquetaires dans tous les sens des coups d'épées pas toujours donnés dans l'eau. Et si je me fie à ce qui se passe en ce moment dans le monde entier, j'espère qu'ils nous reviendront avec un BEU-BYE 2020 qui promet d'être probablement plus que mémorable.
C'était le dimanche 22 décembre 2019. Déjà presque trois mois. Le temps passe, oui, le temps passe très vite. Trop excitée et occupée à préparer ce voyage en Espagne qui me sortirait de l'hiver pour quelques 25 jours, je n'avais pas tellement la tête à écrire, mais plutôt à rêver...Mais voilà, j'en suis revenue de justesse et avec tous mes morceaux.
De cette soirée de contes je me souviens bien sûr des brillantes performances d'artistes qui en ce moment-même doivent se demander s'il y aura une dixième édition. J'ose espérer que le microbe qui terrorise la planète en ce moment, fera partie d'un passé pas trop simple à vivre.
Mary-Lee Picknell, Marc-Antoine Marceau Lorraine Côté, Nicola-Frank Vachon et bien sûr, Sophie Thibeault et Maxime Robin, les grands manitous de cet autre magnifique après-midi, nous ont à nouveau remplis de joie, de chaleur et d'humanité.
Il n'y aura pas d'autres mots ni photos, mais une critique du SOLEIL ainsi qu'une vidéo publiée sur facebook. Ce sera ce qui m'en restera.
M. Belkaloul a remonté le fil des événements de la funeste nuit de
vendredi à samedi dernier; soit les 90 minutes qui ont précédé l'impact du
convoi de wagons au centre-ville de Lac-Mégantic.
«Le train de la MMA s'est arrêté à Nantes vers 23h. À 23h50, un
incendie a été signalé au contrôleur de la circulation ferroviaire de la
compagnie. Ensuite, un employé de la MMA est arrivé sur les lieux pour aider le
service d'incendie qui avait été appelé par des témoins du sinistre. Vers
minuit, le moteur a été coupé, le feu est éteint et vers une 1h, le train a
commencé à rouler après le départ des pompiers et du représentant de la
compagnie», précise le gestionnaire du BST.
Hors contrôle, le train sans conducteur et chargé de pétrole est
parti à la dérive poursuit Ed Belkaloul. «Il y a une pente de 1,2% entre Nantes
et Lac-Mégantic. En termes de chemins de fer, 1,2% c'est énorme. Dans les
Rocheuses, vous avez un 1,4%. C'est une pente assez raide. Il est descendu vers
Lac-Mégantic où il y a une courbe et là, il a déraillé vers 1h14.»
Je me souviens très bien de
cette nuit du 6 juillet 2013…
…dans le sous-sol de la maison
mère, seule, en train de visionner l’écran sur lequel je tape des mots à mesure
que défilent les dernières nouvelles de TVA, CNN, RDI, ICI...
…des images percutantes en
direct du feu démentiel qui a détruit le cœur de Mégantic…
…le café où y dansaient des
gens venus décompresser de leur semaine de travail, des gens venus s’amuser
entre amis pour écouter de la musique, boire un verre et plus, vivre…
…le lendemain matin, le pétrole
qui brûlait encore au cœur de la ferraille, puis de l’eau, de l’eau et encore
de l’eau, comme pour laver de l’horreur ces images abominables qui défilaient
en continu sur les différentes chaînes du monde entier…
... la ville, avec ses
commerçants, l’église avec son curé, et M. Lafontaine, qui a perdu quatre
membres de son entourage immédiat, l’incrédulité devant cet événement qui a laissé
derrière lui le souvenir ininflammable de la mort des 47 disparus…
…et le nom de Thomas Harding…
"Je respire l'odeur humaine,
aggravée de fleur morte et de pétrole,
qui offense le jardin."
Sidonie Gabrielle Colette
…puis cette pièce d’Alexa
Bürger, acclamée par la critique montréalaise, brillamment mise en scène par
elle-même, interprétée de façon aussi drôle qu’émouvante par trois hommes qui
portent le nom de Thomas Harding : Martin Drainville, Bruno Marcil et Patrice
Dubois.
Cet émouvant et nécessaire spectacle m’a quelque peu réconciliée avec le tragique événement de
la longue nuit du 6 juillet 2013, surtout en ce qui attrait aux hommes de garde
qui ont fait du mieux qu’ils pouvaient avec les moyens du bord d’une compagnie
qui ne leur avait pas vraiment fait de cadeaux. Ces mots réconfortent le cœur et le remettent sur les rails de nos sentiments les meilleurs, ceux-là qui parfois nous
font défaut...quand on déboule une pente avec un dénivellement de 1,2 %...ET C'EST PAS FINI...