vendredi 30 octobre 2015

CRÉPUSCULE : Des fleurs à ma boutonnière






Dans la maladie d’Alzheimer, les applications passent par le paradigme que la communication (théâtralisation par les aidants) est source de résilience des aidants, et le concept est développé en France depuis le début des années 2000.

Jean-Pierre Polydor
Alzheimer, mode d’emploi, le livre des aidants





CRÉPUSCULE

Des écrans de yeux bleus avec de la neige dedans
Des chaises qui immobilisent les mémoires d’antan
De vieux enfants qui appellent leur défunte Maman
Une femme qui danse, un homme qui grogne
Leurs visages masqués par la solitude
Leurs valises remplies de sourires, de tiroirs et de tirelires…
et de boutons...



« La paix des boutons »
Photo: L.Langlois
30 octobre 2015



CRÉPUSCULE

Une envolée au pays des souvenirs déracinés
Un entracte de confessions de vieux péchés
Une résurgence entre deux dégels
Un compte à rebours vers un printemps éternel



Photo: Premier Acte


CRÉPUSCULE

Entre le thé trop chaud, le tapioca et les biscuits secs
Une histoire en sursis pour prisonniers temporaires
Un bouquet de ballons crevés pour fêter à la résidence
Une fin de vie outrepassée dans l’internement
Une résilience qui fera grincer les dents du cerveau endommagé





Et ils avancent comme ils dansent
Et ils parlent comme ils le pensent
Ces gens qui côtoient la Somnolence le jour 
Ces rôdeurs qui rongent les Murs la nuit
Qui jouent aux poches et font des tours
Qui paradent leurs neurones en liberté
Qui taponnent le trouble de l’Oublié


Photo: Premier Acte


Au marché aux puces des sentiments perdus
Une clef des rêves dans le fou fond d’une vieille valise
Et dans le grand lit défait de la résidence
Une envolée de valises au cœur du silence
Une assurance santé pour cœurs en vacance
Une prolongation pour stimuler les Enneigés
Une survivance animée au milieu du Grand Salon
Et pour Irène, une chanson de Trenet...





L’humain ne peut vivre et se développer 
que si un autre met son empreinte sur lui.

Boris Cyrulnik



Et surtout, n'oubliez jamais de leur parler d'amour (même la nuit de l'Halloween). Et remarquez bien les valises, elles appellent le Voyage...







Marie Gilbert, artiste en arts visuels, photographe de talent, conteuse, auteure de la pièce, quoi d’autre ? Poète. C’est elle qui a créé LES ENNEIGÉS, ce texte flottant entre la noirceur, la grisaille et la luminosité, celle de la triste réalité des grands et petits oubliés des CHSLD et compagnie. Sa plume, légèrement plus lourde dans les scènes finales, fait le poids et le point sur cette maladie qui ravage les cerveaux de quelques unes des brebis égarées de notre société.






C'est Odré Simard qui a mis en lumières les mots de l'auteure, elle a choisi d’y intégrer des marionnettes au travers des comédiens manipulateurs, de forts beaux adapté(e)s d’ailleurs. 


Photo: Premier Acte


Je pense ici à Nicola Boulanger, effacé mais si efficace derrière son Edmond muet (qui avait également excellé avec son Grubi dans TROIS NUITS AVEC MADOX); à Annie Veillette, pour toute la délicatesse de son doigté ainsi que la concentration avec laquelle elle jouait. 


Photo: Premier Acte


Et les masqués de papier mâché: à commencer par Guillaume Pepin, tellement drôle avec son attachant grincheux mal léché, et si authentique avec son Vincent, fils quelque peu déboussolé devant Edmond, père perdu; Karine Chiasson, en collante et si affectueuse danseuse, qui aime bien venir s’asseoir aux côtés névralgiques du grincheux;


Photo: Premier Acte


Photo: Premier Acte

Amélie Laprise, si belle et émouvante Irène, qui elle a encore toute sa tête parmi cette bande de désertés, plantée là parce que c’est la seule place disponible sur le marché des esseulés, qui voudrait bien mourir dans la tempête de gel mais qui reprend vie après le feu de l’alarme, qui ira relever Edmond, qui vivra encore longtemps, je l'espère. 


Photo: Premier Acte

Et finalement, Catherine Simard, éclatante et humaine Sarah, dessinatrice, photographe, animatrice, aidante, témoin principale de la vie de ces fragiles flocons de papier fin, envolés dans la mémoire trouée de leurs précieuses valises. 


Photo: Premier Acte






Ce fût à nouveau une bien belle virée chez Premier Acte et comme à l'accoutumée on y a fait d'enrichissantes rencontres, ce jeudi-ci ce furent celles de Maxime Dumais et de sa mère. Une bonne discussion sur la pièce, enchantés que nous étions par rapport à la poésie qui s'en dégageait et le traitement des objets, la scénographie, la musique. Maxime, qui étudie en théâtre (communication) à l'Université Laval, est également animateur à CHYZ. La veille ou l'avant-veille, ils avaient vu le TRAINSPOTTING de Marie-Hélène Gendreau à  La Bordée; encore extasiés et sous le choc, ils n'ont fait que nous donner encore plus hâte au 12 novembre prochain. Et comme Maxime chronique les restos aussi, je lui envoie ma critique sur la Bleue sauce crème mozzarella, oignons caramélisés et noix de Grenoble du Milano Pizza: rue Crémazie Ouest: tout simplement divin ! Il nous a fait grand plaisir à A. et moi d'y retourner, le décor avait changé et le service fût impeccable. J'ai comme l'impression que nous irons nous réchauffer souvent dans ce parfait repaire d'avant théâtre. Miam et Ciao !





 AVANT LA PREMIÈRE NEIGE, 
EN VOICI DE L'ANCIENNE...
ET À L'HEURE NORMALE !!!




Vidéo: L.Langlois


Et pour tous les Edmond, Irène, Marcel, Ronald et Claude, depuis le chant de ce monde qui les a créés et que nous n'oublierons pas, la voix de la Divine:





samedi 24 octobre 2015

TRIBUS: Débats troués de ... ... ...




Le cœur a ses oreilles.
Et la langue, 
sa poche.

L.L.



Photo: Périscope


...tapis de Turquie... bouilloire... figues... poivre... mur de livres... piano... table... bancs... bas troués... écrans... tout est là, bien aménagé... ce décor spacieux et libre de murs, dans lequel nous avons été invité(e)s à partager les secrets de la famille qui l'habite... la famille de Billy, avec ses petits, moyens et grands débats, animés autant par les profonds silences de l'Incompréhension que par les cris fidèles de leur Traduction... TRIBUS, c'est pas tellement du bonbon, c'est plutôt d'la tarte... au citron ... avec beaucoup de pointes de ... sustentation ;-) ... ... ... 



Frédéric Blanchette et David Laurin


TRIBUS, spectacle « bilingue », car joué dans les deux langues officielles des sourds. Avec ou sans la voix des comédiens, les basses et les aiguës de ce texte absolument magistral ont orchestré de main de maître cette symphonie familiale déployée dans un concert de notes parfaites. L’étalement de l’amour fraternel, plus grand que la superficie de tous les déserts du monde, autant les glaciaux que les torrides, se déploie devant les entendants que nous sommes du début à la fin, surtout à la fin…




Billy et Daniel, brillamment interprétés pas David Laurin et Benoît Drouin-Germain, deux frères dans le même monde, mêlés de mots crus et tendres, de signes forts/faibles et de préjugés, deux êtres humains qui se heurtent pour rester ensemble  "à vie " et tels qu’ils sont, avec ou sans les signes qui leur permettent de communiquer cet amour qui les unis depuis le tout premier jour de leur naissance. Ils sont entourés de leur sœur Alice, époustouflante Catherine Chabot, une jeune femme qui se cherche une voix/voie en même temps qu'elle se cherche un chum, qui chante le même refrain depuis trop longtemps, et de leurs parents, Christopher et Helen, exaltants Jacques L'Heureux et Monique Spaziani qui, ma foi, sont les enfants de leurs enfants; tellement intellectuels, gauche/droite, mais si aimants et surtout drôles. 





Une tribu comme tant d'autres, avec ses hauts et ses bas...troués...qu'elle reprise «en famille» jusqu'au jour où la belle Sylvia, excellente et émouvante Caroline Bouchard, qui perd l'ouïe peu à peu mais trouve l'amour en perçant le cocon de Billy pour le transformer en papillon...de nuit. Elle apparaît telle une fée mais sans baguette, naturellement aimante et combattante. Sylvia, la douce amie rêvée, celle qui ose lui parler enfin...comme il a toujours voulu entendre...Sylvia, une forêt remplie de voix dormantes tout au fond de son âme...



Caroline Bouchard
Photo: Marie-Eve Des Roches


Sylvia/Caroline, qui est venue nous saluer après la pièce dans le hall si convivial du Théâtre Périscope. Je pense qu'elle a vu dans nos yeux encore mouillés combien nous avions tous et toutes été comblés et émus par ce que nous venions d'assister. Caroline, une comédienne que nous avions remarquée dans l'abracadabrante production SÉRIE NOIRE. D'ailleurs, Jacques L'Heureux y participe lui aussi. La suite s'en vient bientôt, en novembre je crois pour les abonnés d'ICI tout TV extra. Tellement hâte de revoir cette belles gang de malades. 



Photo: Périscope
  

C'est Frédéric Blanchette qui a mis en mouvements perpétuels ce clan dysfonctionnel que nous ne sommes pas prêts d'oublier. Il était grand temps qu’on voit enfin cette pièce dont on en avait entendu que du bien. L’équipe du Périscope sait choisir des œuvres qui nous parlent en face-à-face, jamais de dos, et celle-ci davantage que d’autres. Carrément eu l’impression d’avoir été sollicitée par un visiteur inattendu venu sonner à ma porte (ouverte), qui me demande s'il peut venir jouer du piano dans mon salon environ pour une heure trente, le temps que l'orage familial cesse. C'est plutôt rare qu’on réponde non à une telle proposition. Le théâtre LAB87 sait comment capter l’attention du Spectateur: il ne le lâche jamais des yeux et surtout pas des oreilles…


Illustration: L.Langlois


L'auteur, Nina Raine


Pour Daniel 
et ses voix…dans MA tête…





Interprétée par Lucien RatioDCL, (Décembre en Chute Libre) que nous reverrons bientôt à La Bordée dans la nouvelle mouture de TRAINSPOTTING. Un super de bel adon. TRAINSPOTTING, une énorme montagne russe écossaise d'émotions pures. Hâte de la revoir pour ses nouveaux atours, avec un personnage de plus dans la distribution, interprété par Marco Poulin et aussi pour la musique d'Uberko. J'ai comme l'impression qu'on va y goûter encore plus ! Tiens ta tuque, Lucien !


TRIBES 
(extrait en version anglaise)



WATCH THESE HANDS




En vieillissant, on sait tous que l’ouïe finit par prendre quelque petit repos bien mérité de tous ces bruits de fracas et de fureurs. Si c'est mon cas, et je pense bien que ce le sera de par mes deux « branchies », j'aurai peut-être une petite pensée pour Billy et Sylvia, ces enfants qui nous avaient pris dans leurs bras un certain soir d'octobre 2015, le mardi juste après les élections, celui où un certain « mal entendant » aura fait place, on l'espère bien, à un jeune prétendant issu d'un autre prétendant...





THE TRIBE, de l'ukrainien Miroslav Slaboshpitsky, un film tourné entièrement en langage des signes; une histoire autrement plus violente que le TRIBU de l'anglaise Nina Raines mais tout de même. Voici quelques extraits qui " parleront " d'eux-mêmes...









ENTREVUE avec David Laurin





TRIBUS

TEXTE: Nina Raine
MISE EN SCÈNE: Frédéric Blanchette
ASSISTANCE M.E.S.: Jean-Simon Traversy
ÉCLAIRAGES: André Rioux
DÉCOR, COSTUMES ET ACCESSOIRES: Elen Ewing
DIRECTION ARTISTIQUE: David Laurin (LAB87)
TRADUCTION: Jean-Simon Traversy
COMPAGNIE: LAB87



SONATE AU CLAIR DE LUNE

Vladimir Horowitzjuif ukrainien 
interprète cet air célèbre 
composé par Ludwig van Beethoven 
au début de sa surdité...






Une excellente critique de TRIBUS 

http://ici.radio-canada.ca/breve/31543/tribus-une-piece-magnifiquement-racontee





      Carte de l'Israël messianique 
       publiée en 1695 
        par Abraham bar Jacob

http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/History/1695map.html




   LA TRIBU AVANT L'ÉTAT



« L'ARBRE DE VILLE »
Rue Maufils, Québec
(en face du restaurant libanais Shady)
Photo: L.Langlois
20 octobre 2015




L'ARBRE DE VILLE

tellement beau, 
tellement cruel;
tellement cruel 
mais si essentiel

Coincé entre l'asphalte et le ciment,
ses racines le réchauffent sous terre. 

Bravant bientôt la neige et le gel,
s'endormira jusqu'au printemps prochain.

Pour à nouveau se dégourdir
et que de ses cent mille bourgeons
renaissent cent mille feuilles.

La ville ainsi pourra respirer à son aise,
et ce sera bien tant mieux.
Ce sera durant ce moment unique 
qu'il nous la magnifiera.

Et même quand nous l'abattrons
d'un atroce coup de fouet,
jamais, Ô grand jamais 
nous ne l'oublierons.
Jamais.


L.Langlois 
25 octobre 2015



samedi 10 octobre 2015

TROIS NUITS AVEC MADOX : Les possibilités du TOUT ou RIEN



 Photo: Courtoisie Premier Acte




La vie ne m’intéresse pas assez 
pour que je puisse me passer d’écrire.

Vient toujours un moment où on rationalise,
Et toujours un matin au futur aboli.
Le chemin se résume à une étendue grise
Sans saveur et sans joie, calmement démolie.

Michel Houellebecq
CONFIGURATION DU DERNIER RIVAGE



Catherine Simard, Amélie Laprise,
Paul Fruteau De Laclos et Guillaume Pelletier




LE DEUXIÈME TILLEUL À GAUCHE


Qui nous voit? Qui nous manipule?
Qui se pense au-dessus de nous ?
Qui ne se voit qu’en-dessous de tout ?

Les uns à la fenêtre, les autres à la porte.
On sonne, on cogne, on ouvre. Ou pas.
Nous fuyons. Ou nous restons.
Les fenêtres n’existent que pour l’Oeil.


LE DEUXIÈME TILLEUL À GAUCHE, d’une durée d’à peu près un quart d’heure et qui précédait TROIS NUITS AVEC MADOX, amorçait parfaitement cette soirée de JEU d’équipe. Avec des comédiens incroyablement justes, nous avons eu droit à une joute oratoire et gestuelle de premier ordre. Présentée en deux parties, c'est la courte histoire longue d'un couple qui s'observe depuis dix ans via leurs fenêtres respectives. Ils ne se sont pourtant encore JAMAIS rencontrés. Chacun d'eux croit qu’il manipule l’autre. Tellement pathétique et pourtant comique. Je n'ai pu m’empêcher de penser aux divers réseaux sociaux, blogues et autres sites de rencontres qui vous connectent avec des soi-disant autres comme vous. Nous savons tous que c'est un jeu d'espionnage de près et/ou de loin. Mais qu’est-ce qu’on gagne VRAIMENT à jouer à ces jeux de mains jeux de vilains où l’on se fera tirer parfois ou trop souvent la barbichette ? TOUT et RIEN, ces deux grands gaillards tragi-comiques, qui n’en finiront jamais de se chamailler pour les futilités des petites et grandes invraisemblances de ce monde de plus en plus cloîtré en lui-même, pourraient peut-être en avoir long à nous dire sur ce sujet, mais passons, nous devrions plutôt aller jouer une partie de billard, de cartes, de tock ou de dards avec...MADOX...


LES DARDS
Claudine Bouzonnet-Stella
Bibliothèque municipale de Lyon


De la pluie, c'est le dimanche. Dans le bar du météodépendant Bruno, à l’autre bout de notre monde, l'autre monde se lève...La nuit dernière, il a joué aux dards avec MADOX, celui qui dort encore dans la chambre attenante au bar. Il attend que quelque chose se passe. Il a mal au ventre ou dans ce coin-là. C'est son hernie ou peut-être que c’est une appendicite qui se profile à l’horizon, qui sait ? Grubi, tout courbé, le corps enduit d’imperméables, fait sa glorieuse entrée. Son chapeau rond sur sa tête aux yeux fous, il dit à Bruno que la nuit passée, il a joué lui aussi avec MADOX, mais aux dés…Clara, la fille de joie un peu folle, débarque au bar, elle crie à tue-tête qu’elle part demain…avec MADOX ! César se pointe lui aussi, il dit avoir promené MADOX toute la nuit dans son taxi…Pour Njiami, le balayeur, c’est la même chose. Ils ont tous été avec MADOX en même temps mais pas au même endroit. Fou ? Mad ? Absurde ? Incohérent ? Absolument…Résolument…





Guillaume Pepin, le brillant metteur en scène, une belle découverte, assisté de la charmante Edwige Morin, qui avait présenté la pièce au même endroit l’an passé, c'est-à-dire au deuxième étage du Pub L'AUTRE ZONE sur la 3ème avenue à Limoilou, avait tout à gagner en nous présentant cette œuvre indigène. Parce que ça fait du bien de sortir de notre terroir habituel. Ses comédiens ont réussi à nous transporter dans le bout d’un monde où il fait aussi clair-obscur que partout ailleurs. Et de découvrir ces jeunes comédiens, inconnus de nous jusqu’ici, n’a fait que rehausser le plaisir d’y assister. Jocelyn Paré (Bruno), Nicola Boulanger (Grubi), Paul Fruteau De Laclos (César), Nadia Girard (Clara) et Guillaume Pelletier (Njiami) ont tous été à la hauteur de ce texte délicieusement …absurde du Roumain Matéï Visniec. En espérant vivement croiser à nouveau leurs couleurs uniques dans d’autres tableaux aussi vivants.


Guillaume Pépin



Mad-ox/bœuf fou
Mauvaise conscience ?
mad max ? 
En tout cas...



Aucun gagnant ni de perdant aux jeux que joue MADOX, personnage que nous ne verrons jamais durant la pièce mais que nous voyons...Mais voyons donc ! Sont-ils tous si cons que ça ? Je crois bien que NON. Ils sont seulement des hommes qui attendent que quelque chose se passe…en quelque part...

Il pleut toujours le dimanche.
Il pleut toujours. POINT FINAL.


Décor naturel
Photo: L.Langlois


Avons grandement profité de cette heure et quart que dure le show pour nous évader de notre cage pour entrer dans celle du perroquet et de la poupée de Clara. Aussi pour voir cette montre qui fait kling kling klang ou quelque chose du genre. Pour entendre ce grand train de nuit aux cent wagons qui passera ce soir dans notre salon…Parce que c’est toujours l’heure de partir, de courir ou de pourrir, il y a autant de poésie ICI que LÀ-BAS. En fait, Bruno, Grubi, Clara, César et Njiami habitent de l’autre bord, à côté du deuxième tilleul à gauche, là où ou la vie court encore après la mort...


Photo: L.Langlois


Ce soir, Miguel Fontaine et Vincent Nolin-Bouchard, deux finissants de la cohorte de 2015 du Conservatoire d’art dramatique de Québec, nous accueillaient chaleureusement à la porte du Pub L’AUTRE ZONE. Deux jeunes hommes à la communication irréprochable, articulés, affables, et beaux en plus. Nous les verrons probablement un jour sur l’une de nos scènes ici, ou encore à la télé. Leur ai promis d’aller voir au moins une des pièces des prochains finissants, car après tout, ce sont eux et elles que nous irons applaudir à tout rompre un de ces soirs de découverte.


Dans la toilette du 2ème étage
Photo: L.Langlois



L'auteur, Matéï Visniec, possède la clef des possibilités de l’Imagination. Rien de tout cuit dans le bec avec cette écriture de la folie des petits jours. Des corps pris dans des cages, my body is a cage...Un grand train de nuit qui s’échouera sur une plage remplie de sable et de vide avec sa locomotive qui nous entraîne en quelque part pour nous faire plonger au cœur de l’imaginaire de l'auteur. Avec des mots qui courent plus ou moins vite les uns après les autres, avec leur construction puis leur démolition, un peu comme on aime démolir les vieux murs d’une maison inondée de mauvais souvenirs, dans laquelle on avait pris les malsaines habitudes de la sédentarité. C'est le passe-temps favori du Grand Ménage chez ceux et celles qui prennent de l’âge. Et de voir se côtoyer dans cette assistance les jeunes et les aînés, pour faire autre chose que d’y boire la lie des Grands Saboteurs de notre siècle, aura procuré autant de jouissance à mon esprit qu’une envolée d’outardes en octobre...




Visniec aime bien les surréalistes, les dadaïstes, les récits fantastiques, la poésie, le grotesque; c’est peut-être en partie pourquoi je me suis prise à aimer immédiatement son TROIS NUITS AVEC MADOX. C’est à souhaiter que LA TRÂLÉE nous fasse à nouveau savourer de ce théâtre humanitaire. Les superbes éclairages et les bruitages ayant largement contribué à faire de cette soirée originale une création hors norme, ont imprimé dans ma mémoire une ambiance louche comme j'aime en vivre depuis que je fréquente le théâtre auquel PREMIER ACTE nous convie saison après saison.

   
Parce que c’est de vie dont on parle ICI.
Et surtout parce que c’est de mort aussi.

DEDANS DEHORS
VIVANTS OU MORTS

Faire une trêve dans la Nuit
pour faire un trou dans l’ennui





 SOUS LES RÉGIMES TOTALITAIRES, 
LES ÊTRES HUMAINS DEVIENNENT DES ÎLES.
LA MÉFIANCE GÉNÉRALE BRISE TOUT LE TISSU SOCIAL.



Herta Müller
Romancière roumaine, 
une autre qui a fui le régime Ceausescu
Prix Nobel de littérature en 2009





Entre les deux oreilles, il y a parfois du vent fort qui sile,
le même qui souffle sur le Phare où Grubi habite la nuit,
le même où les mystères s'enroulent de réalité ordinaire,
le même où la Folie se rive aux parois poreuses du Doute.

TRAVAILLER LA NUIT, C’EST CHIANT
(MAIS PAS TOUT LE TEMPS)






Photo: SI LES OBJETS POUVAIENT PARLER






Les vêtements, maquillages et coiffures des attifés m’ont semblé sortis tout droit d’une cage à moyens moineaux. Pantalons, chaussures, bottes, imperméables superposés, gants, et le chapeau rond de Grubi, tous agencés parfaitement aux corps et âmes de ces personnages plus grands que nature. Le fait de jouer dans un lieu autre qu’une salle de théâtre habituelle contribue à faire de ce spectacle « extérieur », une sorte de parade de la parole. Et comme la troupe finissait ce samedi 10 octobre, j'espère qu'ils célèbrent en grand en ce moment. Il est minuit 51 dans la Basse-Ville de Lelièvre...Écoutez et voyez...  





Au restaurant LA SALSA, l’aimable et jeune serveur, qui ressemble comme deux gouttes de tabasco à Lucian Bute, nous dit qu’il se le fait dire à peu près trois fois par soir. Bute est Roumain, tout comme Visniec, mais notre serveur ne l'est pas, c'est un Poulin. On rigole avec ça. 



« SPÉCIAL MAMI »
Photos: L.Langlois




Notre « spécial Mami », assiette de dégustation salvadorienne, est tout simplement exquise. L’ambiance est chaleureuse, les gens ont l’air heureux d’y entrer. C’est qu’on se prépare tranquillement à accueillir l’hiver ICI, alors il nous faut repérer de nouvelles adresses où la bouffe ne coûte pas trop chère. Faut bien faire vivre les restaurateurs, qui en arrachent un peu ces temps-ci. Faut faire rouler nos petites économies et profiter de ce temps béni pour fréquenter les rues et ruelles de NOTRE Limoilou. La 3ème avenue entre autres est tout à fait plaisante à marcher, très conviviale. On essaiera d’y revenir plus souvent…comme partenaires...




Bruno: Il t'a montré des photos ?
Grubi: Lui, enfant avec...
Bruno: ...un pot plein de mouches à la main.
Grubi: Oui... je crois que c'est le même mec.

(Silence. Ils boivent leur café en regardant par la fenêtre)