Jeudi le 19 janvier,
Mon cher Clov,
Je ne sais
pas si tu as finalement quitté Hamm. J’ose imaginer que oui, et non. La retenue
avec laquelle tu as joué ta FIN DE PARTIE m’a bouleversée. Tellement de mots…d'entre
les mots...
Comme une bombe sale qui éclabousse tous les jours de nos allées et venues; de la cuisine au salon, du salon à la cuisine, des poubelles à l’évier, de la toilette à la chambre à coucher. Et ces pieds bien enveloppés dans des babouches à bon marché, qui se traînent inlassablement sur les sols gelés et poussiéreux de nos vieux prélarts craquelés, nos jambes qui nous font mal, nos yeux qui baissent à vue d’œil, qui ne lorgnent plus que la lumière grise d’un ciel de béton désarmé, notre oreille moyenne qui n’entend plus guère que les petits sons provenant d'un étrange nulle part, nos lavages de cerveaux et de linge sale en famille, nos piteux visages pâles qui ne retrouvent plus leurs anciennes amours, notre obéissance aux ordres du grand désordre, nos langues roses qui suçotent la fadeur d’un biscuit vert, nos ventres plats ou gras qui ont le mal de mère, nos cœurs dans la tête, la petite veine qui s’éclate de rire sous le regard des fous de solitude, le brouhaha des âmes mortes…
L’obéissance, la tyrannie, l’abandon. La terre, la mer, la forêt. Du sable au fond des poubelles. Du vide pour les fenêtres. Un chien à trois pattes. Un escabeau. Un décor lugubre illuminé par la présence des derniers hommes. Une issue sans faim hors du solage gris.
Comme une bombe sale qui éclabousse tous les jours de nos allées et venues; de la cuisine au salon, du salon à la cuisine, des poubelles à l’évier, de la toilette à la chambre à coucher. Et ces pieds bien enveloppés dans des babouches à bon marché, qui se traînent inlassablement sur les sols gelés et poussiéreux de nos vieux prélarts craquelés, nos jambes qui nous font mal, nos yeux qui baissent à vue d’œil, qui ne lorgnent plus que la lumière grise d’un ciel de béton désarmé, notre oreille moyenne qui n’entend plus guère que les petits sons provenant d'un étrange nulle part, nos lavages de cerveaux et de linge sale en famille, nos piteux visages pâles qui ne retrouvent plus leurs anciennes amours, notre obéissance aux ordres du grand désordre, nos langues roses qui suçotent la fadeur d’un biscuit vert, nos ventres plats ou gras qui ont le mal de mère, nos cœurs dans la tête, la petite veine qui s’éclate de rire sous le regard des fous de solitude, le brouhaha des âmes mortes…
L’obéissance, la tyrannie, l’abandon. La terre, la mer, la forêt. Du sable au fond des poubelles. Du vide pour les fenêtres. Un chien à trois pattes. Un escabeau. Un décor lugubre illuminé par la présence des derniers hommes. Une issue sans faim hors du solage gris.
La scène finale de ton grand départ m’a particulièrement émue: ce changement de manteau, la blancheur de ton chapeau, ton attente dans le noir. Ton silence. Mais qu'y avait-il donc dans cette valise pour que Beckett te la laisse prendre ? Quelques livres de liberté ? Le dernier once upon a time de la fin de l'humanité ? Un paquet de feuilles à jaunir ?
Voilà, mon
cher Clov, ce que j’avais envie de t’écrire en ce soir glacial du 19 janvier
2012, quelques 55 ans après la création
de ton attachant personnage. Merci à Hugues Frenette de t'avoir rendu
aussi vrai et émotif que l’impossible. L’heure cinquante que nous avons passé en ta
renversante compagnie restera gravée dans ma mémoire active pour encore très
longtemps j’espère, autant, sinon plus, que sa mirifique interprétation de
Donatien Marcassilar dans L’ASILE DE LA PURETÉ.
C’est toujours un réel plaisir de venir à la rencontre de l'Artiste, de le voir s’exécuter dans un parcours pratiquement sans faute pour un parterre pas toujours prêt à le recevoir, et d'ainsi apprécier le talent de Beckett, un auteur associé au théâtre de l’absurde, qui le frôle et le dissèque.
C’est toujours un réel plaisir de venir à la rencontre de l'Artiste, de le voir s’exécuter dans un parcours pratiquement sans faute pour un parterre pas toujours prêt à le recevoir, et d'ainsi apprécier le talent de Beckett, un auteur associé au théâtre de l’absurde, qui le frôle et le dissèque.
FIN DE PARTIE
DISTRIBUTION
CONCEPTION
Caroline Martin assistance à la mise en scène
Christian Fontaine décor
Virginie Leclerc costumes
Lucie Bazzo éclairages
Marc Vallée musique
Virginie Leclerc costumes
Lucie Bazzo éclairages
Marc Vallée musique
Hugues Frenette via facebook
RépondreSupprimer21 janvier
Quel témoignage ! Et quel superbe blog ! S'y rendre souvent. Merci infiniment Louise. Tu m'atteins droit au coeur ce matin.