vendredi 4 mai 2012

AMOURS ÉCUREUILS: La première étoile








DU NOIR, DU BLANC
SURTOUT PAS DU GRIS


Jeudi soir dernier, chez Premier Acte, c’était salle comble…et surtout comblée; nous étions venus pour assister à cette première pièce de Jean-Michel Girouard, lui que nous avions découvert au Trident dans le Henri IV de Pirandello mis en scène par Marie Gignac, une prestation qui nous avait  fait bien rire. En septembre dernier, nous avions eu le bonheur de le voir jouer dans NOTES DE CUISINE de Rodrigo Gracia, mis en scène de Frédéric Dubois. Toujours aussi affable et souriant, un amoureux du théâtre, un bon vivant. Sa pièce nous le révèle davantage, elle est lui, enfin, une partie de lui. En compagnie de la lumineuse Marie-Hélène Gendreau, sous la brillante direction de Vincent Champoux, il nous en a mis et remis...plein la bouche. Les trois lits doubles, les trois fenêtres,  les trois lampes de chevet, les trois planchers (qui craquaient pour vrai), les deux portes, tout était en parfait ordre pour plonger au creux de cette belle histoire du pays d'en haut, juste « pour comprendre le monde » (oui, oui, je lis les programmes !)...

Quartier St-Jean-Bapstiste, vue sur la Basse-Ville
3 mai 2012
Photo: L.L.

Par un soir de printemps, comme celui de ce soir, en plein cœur du quartier St-Jean-Baptiste, l’intelligible et savoureux monologue d’un gars qui a lost sa baby il y a quelques mois, qui entre dans la chambre de celle-ci qui est couchée dans le lit tiède de sa solitude d'après rupture qu’elle n’arrive pas à vraiment contrôler. Elle entend les mots qu'il lui dit, mais il ne sait pas, ou enfin. Un flot de mots que l’on boit à même les serrements de son cœur encore brûlant d'amour qui a mal aux dents et qui n’a pas abouti où il pensait…


Photo: Simon Clark




Un segment de vie, un saignement de lit, une mauvaise nuit; une intention, une relation, un grignotement d’émotions, parce qu’il y a toujours un ou deux de ces écureuils qui vous regardent avec étonnement tout en poursuivant leurs mille et une pirouettes à travers les arbres des rues tranquilles de la Cité ou sur les fils électriques de la frAgilité. Comme eux, Alex et Agathe gambadent ici et là, se regardent et se touchent, s'arrêtant chacun de leur bord sur des scènes dans lesquelles l’humour et la poésie y prennent toute la place qu'ils veulent bien leur donner. Entre autres, celle de la partie de hockey avec les boys et leurs blondes, tordante à souhait et tellement vraie, et d’autres, aux envolées poétiques touchantes et profondes, composées de la sève de cette toute première intimité partagée avec l’être aimé. Elles auront, je le crois bien, rappelé à plusieurs Spectateurs suspendus aux lèvres des ex frenchés, certains des grands moments inoubliables de leurs amours qu'ils croyaient bien à l'abri de la défaite, blottis dans le nid moelleux des petits écureux amoureux fous. Et pour les plus jeunes d'entre eux, encore plus.




Un vrai bon chocolat chaud,
avec du quick liquide
celui dans la bouteille en forme de lapin

Les derniers instants de ces cent vingt minutes bien remplis ont donné lieu à une excellente performance de Jean-Michel Girouard, notamment celui où il a tire la douillette grise du premier lit pour s’en enrober le corps bien au chaud, alors qu'il nous livre le dernier combat, celui où il plonge dans le fleuve glacé pour mieux en remonter, une scène littéralement à couper le souffle dans laquelle on a pu ressentir toute la vie qui s'abattait alors en lui à ce moment précis. La fin finale fermait bien le bal à ce texte fort soigné et exigeant qui aura permis à un jeune auteur d’ici d’entrer en grande communication avec un public qui, je le pense sincèrement, suivra mot à mot ses prochaines pièces, parce qu’il a encore beaucoup à DIRE.



La saison 2011-2012 s'est donc terminée en beauté, sur une note très rafraîchissante, et la prochaine de Premier Acte augure tout aussi bien. Il y aura encore beaucoup à écrire sur ces productions qui ont le don de nous jeter...en bas de nos fenêtres ouvertes...


...et leurs amours qui ont mal aux dents



Extrait de la lecture d'AMOURS (z) ÉCUREUILS



Un peu de Leloup dans la bergerie





Dans le soir doux et calme, 
auprès d'un ami écureuil...
Photo: L.L.



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