« QU’AVONS-NOUS FAIT DE
NOTRE PAYS POUR QUE TOUS NOS ENFANTS RÊVENT DE LE QUITTER ? »
Stéphane Brulotte
Et puis ? T,as réussis
de venir voir notre cadavre carbonisé?
11 MAI 2014
OUI, et c'était
absolument révoltant mais tellement poignant. Ma mère avait les yeux remplis
d'eau, elle tentait sans doute d'éteindre tous ces feux qui brûlent l'âme.
DIGNITÉ et JUSTICE, deux mots-clés qui ont déverrouillé la serrure qui garnit
la paroi de nos cœurs endurcis. Merci pour la générosité avec laquelle tu as
donné vie à cet enfant qui s'est endormi dans les flammes de la solitude
extrême pour mieux revivre. Merci. J'écrirais quelque chose de plus substantiel
bientôt sur mes ENVAPEMENTS. Merci et bonne continuation cher Abdelghafour. XX
12 MAI 2014
Le temps d’un
printemps
Le temps d’un bref instant
Toute l’intensité de ta
lumière
Dans le creux de mon cœur/cratère
Mohamed Bouazizi
Il n’y eut pas de plus beau jour que ce dernier 10 de mai pour y faire mon retour dans la métropole. Il faisait chaud pour la vraie première fois de cet an 2014 et c'était franchement la température par excellence pour y revoir ma Mère, mon petit Frère et...l’Acteur...
Maman Marielle
Abdelghafour Elaaziz, que j’avais vu dans ce superbe ballet
de cruauté qu’est la CANTATE DE GUERRE * de l'auteur Larry Tremblay au Théâtre d’Aujourd’hui en octobre 2011, a
à nouveau fait jaillir une lumière dans mes ténèbres. Totalement investi dans
sa fonction de médecin légiste, rôle taillé sur mesure pour lui, il en est, j'en suis maintenant certaine, ressorti grandi par cette histoire vécue il n’y a pas si longtemps…
L'histoire de ce jeune Tunisien, qui avait touché le monde entier, a pris ici, à Montréal, une tournure plus poétique et sentimentale que révolutionnaire, mais on y sentait encore très bien l'odeur du jasmin de la révolte...
N., la gentille couturière
tunisienne qui tient commerce à quelques coins de rues de chez moi, en avait long à me
raconter à propos de cette révolution du jasmin. Elle connaissait toute
l’histoire de Mohamed. Elle était encore enflammée de m'en parler. Elle m'a fait repenser à cette phrase citée plus haut et je me suis demandé si elle n'avait pas quitté son pays à cause de ce qu’elle rêvait d'y vivre mais qu'elle ne vivrait peut-être jamais...
Bessema Bouazizi tient une photo de son demi-frère Mohamed Bouazizi,
à son domicile de Sidi Bouzid (Tunisie), le 6 février 2011.
(LOUAFI LARBI/REUTERS)
Les rêves, peu importe le pays que l'on a choisi pour son exil, souvent se déforment pour se transformer en cauchemar. Je pense que N. apprécie son pays d’adoption; elle y travaille et paie des impôts, y fait instruire son fils, parle de
justice, de paix et de révolution. Elle fait son possible, comme la plupart d'entre nous ici-bas. Je l’aime comme la sœur que je
n’aurai jamais eue...
Manifestation, Paris, 22 janvier 2011
Photo: François Lafite
Voilà pourquoi
A. et moi, mon indéfectible compagnon théâtral, sommes autant attirés par les
pièces ethno-québécoises. Pour sentir l’odeur de ces épices que l’on ne
connait parfois que de nom, pour pouvoir toucher aux couleurs rebelles de tous ces drapeaux
blancs, pour envisager l’Autre au lieu de le dévisager, pour goûter son sang
chaud, pour entendre son cœur battre dans sa poitrine de révolutionnaire. Voilà
pourquoi j’ai tant apprécié que le concitoyen engagé qu'est Dominique Champagne ait mis en
scène l’ultrasensible poésie des mots brûlants de Stéphane Brulotte. Ils nous ont véritablement fait voyager au cœur de la tempête...
Stéphane Brulotte, Dominique Champagne,
Abdelghafour Elaaziz avec le cadavre de Besbouss
Ce fût difficile
par moments, surtout lorsque nous vîmes le cadavre carbonisé de Besbouss. Enrobé
de la révolte du médecin légiste, il vivait à nouveau sous nos yeux rougis. Difficile oui, mais si apaisant en même temps, surtout à la fin. La libération du douloureux monologue qu’avait eu à maîtriser
Abdelghafour Elaaziz nous libérait en même temps que lui. D'où les larmes de ma mère, et les miennes. J'entends encore l'impressionnante salve d’applaudissements dans le Théâtre de Quat'Sous pour ce vaillant guerrier de la scène. Merci pour cet autre combat, les martyrs ne seront jamais oubliés. J'ai ici une pensée pour mon petit-cousin Samuel, parti lui aussi en martyr un mois plus tard. Il était en voyage au Maroc, pays ensoleillé de la naissance d'Abdelghafour. En compagnie de ses amis, il y parcourait le paysage de ses rêves puis est tombé...fatalement. J'offre à Besbouss, Abdelghafour et Samuel cette musique qui me rappelle leurs martyrs...
Je voyagerai au creux d'une vague
d'une aile
Je visiterai les âges qui nous ont quittés
et les sept galaxies
Je visiterai les lèvres
et les yeux lourds de glace
et la lame étincelante dans l'enfer divin
Je disparaîtrai
la poitrine ceinte de vents noués
laissant mes pas au croisement des chemins
loin
dans un désert
ADONIS
BESBOUSS, AUTOPSIE D'UN RÉVOLTÉ
Texte Stéphane Brulotte Mise en scène Texte Stéphane Brulotte Mise en scène Dominic Champagne Avec Abdelghafour Elaaziz Assistance à la mise en scène et régie Guillaume Cyr Scénographie Michel Crête Costumes Julie Castonguay Lumière Étienne Boucher Musique originale Alexander MacSween Vidéo Geodezik |
P.S. : Abdelghafour Elaaziz doit venir à Québec
cet automne pour nous offrir ce magnifique cadeau et cette fois A. y sera. IL VA S'EN DIRE...des choses...
via facebook le 12 mai 2014
RépondreSupprimerMerci Louise. Ta parole me donne du courage. Il reste 4 représentations. Ça te dérange tu si tu publie ton mot sur Besbouss sur FB, question de donner gout à ceux qui hésitent encore :-) ?
Par contre, j'avais envie de te rencontrer après le show.
AU plaisir.
ABdel