Photo: D-Max Samson
Molière, toujours aussi vivifiant, actuel, grand, drôle et instructif. Un carnaval d’intelligence envahissant l’espace chaleureux du Théâtre de la Bordée en cette
autre soirée glaciale de début février. Une autre exquise mise en scène signée Jacques
Leblanc. L’engouement qu’il éprouve depuis longtemps pour Jean-Baptiste est connue comme Barabbas dans
la passion. Et ce soir encore il nous aura transportés aux alentours de
l’astéroïde 3046, découverte le 24 septembre 1960 par Cornellis Johannes van Houten, Ingrid van Houten-Groeneveld et
Tom Gherels.
GÉRONTE: Mais que diable allait-il faire à cette galère?
SCAPIN: Oh! que de paroles perdues! Laissez là cette galère, et songez que le temps presse, et que vous courez risque de perdre votre fils. Hélas! mon pauvre maître, peut-être que je ne te verrai de ma vie, et qu'à l'heure que je parle, on t'emmène esclave en Alger. Mais le Ciel me sera témoin que j'ai fait pour toi tout ce que j'ai pu; et que si tu manques à être racheté, il n'en faut accuser que le peu d'amitié d'un père.
SCAPIN: Oh! que de paroles perdues! Laissez là cette galère, et songez que le temps presse, et que vous courez risque de perdre votre fils. Hélas! mon pauvre maître, peut-être que je ne te verrai de ma vie, et qu'à l'heure que je parle, on t'emmène esclave en Alger. Mais le Ciel me sera témoin que j'ai fait pour toi tout ce que j'ai pu; et que si tu manques à être racheté, il n'en faut accuser que le peu d'amitié d'un père.
Photo: Nicola-Frank Vachon
En ce moment, j’écoute via YOUTUBE l’une des milliers de versions de cette pièce qui fût créée en 1671, c'est celle d’un autre Jacques (Échantillon). Nous sommes en 1973 et un certain André
Dussolier y interprète le personnage d’Octave. Les costumes aux couleurs vives me rappellent ceux de la défunte série radio-canadienne LA RIBOULDINGUE et le Géronte de George Audoubert au Professeur Mandibule.
Et ce dimanche matin glacial et venteux, je lis sur le web
la chronique de Mathieu Bock-Côté qui, par un heureux hasard nous parle du
MISANTHROPE, qui est à l'affiche présentement au théâtre du RIDEAU VERT, avec entre autre le magnifique François
Papineau dans le rôle d’Alceste. (Lire l'extrait plus bas) *. Ce qui
m’amène ici au non moins talentueux Christian Michaud qui ce soir nous a encore une fois éblouis avec une autre de ses généreuses performances. Son Scapin nous a
littéralement ensorcelés tant par la perfection de son débit que par la
gestuelle. Il était majestueusement accompagné d’une troupe dont on ne peut
rêver mieux: Jack Robitaille, Hugues Frenette, Jonathan Gagnon, Marianne
Marceau, Philippe Durocher, Pierre-Olivier Grondin, Chantal Dupuis, Ghislaine
Vincent et une jeune étoile montante, Élie
Giasson-Fragasso, qui a pour père l'un de mes comédiens préférés...;-)
Photo: D-Max Samson
Tous, sans aucune exception, ont méticuleusement collaboré à
faire de cette autre noble production de
la Bordée un succès de foule. À entendre la clameur du public absolument ravi, on se serait crus au septième ciel, ou à Versailles…La tour à bureau,
transformée en galère le temps d’une autre belle fourberie de Scapin, occupe
pratiquement à elle seule toute la scène. Une œuvre d’art conçue par Ariane
Sauvé, la scénographe. Les costumes aux motifs cartes postales, multicolores,
joyeux et légers, de Sébastien Dionne, nous ont importé une vague de chaleur bienvenue descendue
directement d’une Italie riche en histoires de joueurs…de tour…à Bergame...
Torre del Comune à Bergame
* J’en suis sorti en me
disant que la vie serait bien triste sans les acteurs qui font revivre ainsi,
pour nous, en temps réel ou sur écran les grandes pièces qui ont façonné notre
civilisation. En jouant le texte, ils nous le rendent accessibles et gardent
ainsi au cœur de l’existence les classiques que nous n'avons pas le droit de
renier. On aura beau dire, mais c’est dans sa capacité à s’approprier les grands
textes et à toujours révéler leur jeunesse qu’une culture confirme sa vocation
à l’universalité, sa véritable ouverture au monde.
Mathieu Bock-Côté
Le fils du tapissier
s´appelle Jean-Baptiste
Et il a décidé de devenir artiste
Au lieu d´être patron de quelques apprentis
Il sera simplement valet de comédie
Avec quelques copains, commence l´aventure
Et tant pis si les planches des tréteaux sont
dures
On a le ventre vide et on a le cœur plein
C´est toujours comme ça qu´on devient comédien
Une version signée Laurent Brethome
LES FOURBERIES DE SCAPIN
Texte: Molière
Mise en scène: Jacques Leblanc
Assistance à la mise en scène: Jocelyn Paré
CONCEPTION
Décor: Ariane Sauvé
Costumes: Sébastien Dionne
Maquillages: Élène Pearson
Coiffures et perruques: Sébastien Dionne et Florian Van
Wembeke
Accessoires costumes: Sébastien Dionne et Arianne
Sauvé
Lumières: Dominic Lemieux
Musique et instruments: Fabrice Tremblay
Violon: Philippe Amyot
DISTRIBUTION
Émile Bergeron
Chantal Dupuis
Philippe Durocher
Hugues Frenette
Jonathan Gagnon
Élie Giasson-Fragasso
Pierre-Olivier Grondin
Marianne Marceau
Christian Michaud
Jack Robitaille
Ghislaine Vincent
En complément, pour se remémorer cette merveilleuse soirée, les superbes photos de Nicola-Frank Vachon
Et celles non moins superbes de D-Max Samson
Photo: L.L.
Jeudi, 5 février 2015
Hier après-midi (ou plutôt hiver après-midi)
le long de la Dorchester, tout près de La Bordée
de rires et de joie du Scapin de Jacques Leblanc,
une jeune sandale abandonnée sur le banc enneigé,
qui annonce que le Printemps peut bien s'en venir.
Dans le hall d'entrée de La Bordée, l'exposition toute en fragilité végétale de Denise Blackburn intitulée APOCALYPTUS SUITE 2, a séduit le Spectateur tout juste avant qu'il aille rencontrer la bande de Scapin.
***
RUE ST-JOSEPH
Avant d'aller au théâtre, faut parfois se ravitailler un peu, et ce soir c'est chez Hosaka-Ya Ramen que nous avions élu domicile pour une couple d'heures. Un vrai festin joyeux: la salade Wafû, les gyoza (dumplings farcis au porc), les kimchi (légumes marinés coréens) et l'excellent kara age (poulet frit à la japonaise), additionné d'une bière pour A. et d'un sake pour moi, nous étions pleinement rassasiés. Avant d'entrer à La Bordée, un court détour chez Aliksir, pour y respirer l'odeur végétale ambiante des huiles essentielles qui te rend euphorique. J'oubliais, avant le resto, nous avions fait une halte chez Materia, au coin de Charest et de la Couronne, pour y admirer l'oeuvre récente de Dominique Beaupré St-Pierre intitulée CE QU'IL Y A DERRIÈRE L'ÉCORCE, une expérience entre le verre et le végétal. Quand l'intrigue de la Vie se crée en direct sous tes yeux, elle te fait penser que tu fais tout de même partie de cette végétation...essentielle...
Hosaka-Ya Ramen
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