L.Langlois 199?
Peut-être pour me faire pardonner de ne pas avoir été de l'assistance chez TERGOS Design ce soir pour voir se dérouler cette première performance consacrée à FAUST; peut-être parce que l'esprit de la fête nationale n'existe plus pour moi; peut-être parce que le temps est venu de passer à autre chose que de se regarder le nombril sécher; peut-être parce qu'il faut maintenant passer aux actes, à commencer par le premier, celui qui engendrera la suite des choses. Probablement pour retracer ce moment sacré, celui du 28 septembre 2006, celui où je vis pour la première fois le Théâtre de l'URD. Mais surtout pour vous, cher Hanna...
Vendredi, 29 septembre 2006
Des Pommes et des Hommes
Aujourd'hui, notre monde manque énormément de courage, d'amour, de poésie et de rêve...
Éternité éphémère (mots de la Troupe)
Le théâtre est toujours un engagement. Histoires pour célébrer le monde et ses mystères. Mots et choses pour ne pas mourir. Verbes pour esquisser pierres, engendrer vies, créer des femmes et des hommes, souffler des dieux, voir défiler des siècles entiers. Le théâtre est toujours intuitions vitales, fouilles archéologiques de rêves, tentations de folies. Le théâtre est toujours labyrinthes de couleurs et de matières, chorégraphie divine, mélodie secrète. Le théâtre est toujours voyages à travers les plis de la lumière. Le théâtre est toujours une éternité éphémère...
***
Se lève la noirceur puis se couche la clarté;
soufflé des cieux, semé de terreur,
mais toujours intrigué...
d'espérer...
Régis Caron *
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URD
Dans la mythologie nordique Urd (Urðr) est une des trois Nornes. Son nom signifie ce qui est arrivé, et est lié au mot anglais weird et au haut-allemand Wyrd.Voir aussi le puits d'Urd, ce puits sacré supposé abriter la tête de Mimir le géant et source de l'eau pour Yggdrasil.
(wikipedia)
C'était LE JEUDI 28 SEPTEMBRE DE L'AN 2006...
Le Metteur en Scène accueillit lui-même les Spectateurs qui devèrent passer avec lui et La Troupe de L'URD un moment classé éphémère mais à jamais inoubliable...
L'Accueil se fit à l'extérieur des Murs de La maison de la Culture...
Un feu y brûlait déjà; le vent soufflait tiède, aucune apparence de pluie, pourtant nos parapluies se déployèrent dans un silence révolutionnaire...
Le Cortège des Comédiens-Musiciens fit son apparition...
On entendit une Voix nous parler dans une langue inconnue; une Voix Humaine, c'était celle de Sylvio Manuel Arriola...
Intrigués, nous comprenions déjà son Appel...
On longea les murs de brique de la Maison pour monter l'escalier de fer, pour enfin pénétrer dans le Monde souterrain d' Hanna Abd El Nour...
Après le sens de la Vue, s'éveilla celui de l'Odorat: l'encens parfumait le décor de lambeaux de vêtements suspendus; accrochés comme des trésors, on y huma l'Espace du Studio Premier Acte...
(des chaises aux formes diverses, éparpillées ici et là, choisissez donc votre place, O mon jeune Roi...)
Avec toute la courtoisie du sans effroi, on nous offrit, comme premier plat, des bonbons....enveloppés...puis des condoms...pour se protéger...et plus tard, une pomme...que l'on mangea...
Sans surprise on les accepta...et le Spectacle commença....[ le metteur en scène était toujours là ][ nous étions en sécurité avec Hanna...]
Un Musicien passa, c'était Mathieu Campagna; il accordéonisa nos coeurs et nos âmes sous ses doigts...
Transportés momentanément dans un sombre éclat de joie, l'Ouïe puit se mettre à battre depuis nos labyrinthes écarlates...Sylvio-Manuel Arriola et Olivier Normand, masculinisant le Temps, leurs bras nus le décrochant; Maryse Lapierre et Klervi Thienpont, le féminisant, nous le poussant hors du Ventre maternisant...Sous la pluie ou entre les gens, ils étaient tous resplendissants...
Acteurs invités dans la Noirceur de l'Auteur, Spectateurs noyés dans le Rayon X du Broyeur, interactivés par les mots en chaleur, des rives de sueur, bruit des odeurs...le chariot élévateur de nos âmes soeurs fit, sans aucune crainte du Malheur, un détour...dans l'Arène du Bonheur...
L'eau giclait du haut des cieux; le riz, la neige, la pluie, le Bleu...rien ne sera jamais plus comme avant, rien ne sera jamais plus comme ce vent...L'Or de l'Oeil du Comédien se fixa dans le mien; ses mains moites effleurèrent notre quotidien...ses sourires à l'Elquidam pleurèrent du crachin, ses chagrins de Dydrame lamentèrent le matin...
On ne peut espérer mieux que ces mots venus de la terre du Liban, interprétés sur celle d'un Québec errant, d'une Mer intérieure... et d'ailleurs...des mots qu'Artaud aurait aimer entendre sur scène, des mots qu'Anouilh aurait aimer pendre...lui-même. Antigone, Créon, Sophocle, ré-installés sur des pierres, dansèrent sur des sons et des lumières, sur des mots de roc en poussières...
Que de la Poésie-mère dans l'Agora des Cités-Bloc...La Tombe, la Bête, l'Arbre et les Étoiles...Le Socle, la Tempête, le Marbre et le Voile...Oui, nous étions bien...nous étions même très bien: on avait des cannes de sirop d'érable, des caméras vidéos...on avait le Câble, pour se pendre avec...on avait aussi des jobs à temps plein et du sable sur nos chemins...des sourires vernis, et des fioles de venin, des vêtement dégriffés signés Calvin CLIN...mais c'était flou...c'était flou et ça le serait toujours...parce qu'on avait pas encore eu à caller l'original, ni non plus à danser un rigodon sur les tapis du rideau-hâle mais on est bien quand même.,.on est bien, et on le sera encore...demain...sur la tonne métrique de nos déchets résiduels...ou sous la tonne empirique de nos peines présidentielles...
Ne nous reste qu'à savoir QUAND sera la prochaine Levée des Grosses Vidanges, celles que l'on déposera dans le Dernier Dépotoir, mais peu importe, nous étions LÀ mon ami, peu importe nous étions LÀ, avec ou sans permis...
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Je ne sais pas si j'ai bien résumé la pièce Les Grenouilles et les Parapluies Idées, Corps et Voix en quête d'une fête révolutionnaire ANTIGONE COMME SPECTACLE SANS FIN, mais c'est en vrac ce qui m'est resté dans ma mémoire de ce 28 septembre-là, celui de l'an 2006...
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Pour terminer cette soirée inoubliable, les Spectacteurs furent conviés à rester dans la Maison, afin d'y rencontrer les Comédiens-Musiciens, le Metteur en scène et ses assistants. Ce fût pour la Spectatrice une joie, oui, une vraie fête, comme on se plaît à qualifier les scéances de l'Urd...Encore sous le charme de cette pièce révolutionnaire, je soumis à l'Auteur presque un questionnaire, lui qui est très discret..Hanna Abd El Nour: un homme affable, généreux et respectable, il porte en lui, comme chaque être humain sur cette Terre Mère en porte un, le charme intègre de son propre mystère...Mais je dois apprendre à me taire pour retourner le fer dans la Plaie, celle que le Feu du JEU immolé a laissé en moi et à ceux qui l'ont créée, pour y éveiller ce qui dormait dans le creux et l'extrémité de nos sens endormis...Merci au Théâtre de l'URD et à tous ceux et celles qui rêvent d'un pays libre.
C'était le Jeudi 28 septembre 2006...
publié par Les Jambes Urbaines à 12:21 PM
in THE FLYNG PAPERS
http://theflyingpapers.blogspot.com/
*Régis, ainsi qu'Alain, étaient de l'assistance...ce soir-là.