dimanche 3 janvier 2010

Les petits écureuils morts dans la boîte de croissants dehors


Hier soir, j'écrivais à S. pour lui raconter mon inquiétude du long silence de Carl, NokturA pour les intimes...Puis ce matin, dans ma boîte de courriels presque vide, il y avait un court message de Charlie Carlsön m'annonçant la mort de sa grand-mère. Il m'avertissait qu'il mettrait peut-être quelques photos sur son blogue...Toute contente que j'étais d'avoir enfin de ses nouvelles, je lui répondis aussitôt, sans toutefois passer par son blogue, ce qui fût fait tout de suite après ma réponse. Et qu'est-ce que j'y aperçois? Tout plein de photos sur lesquelles Carl tient dans ses belles grandes mains d'artiste un bébé écureuil; c'est sa nouvelle amie, nous écrit-il. Touchant. C'est à ce moment que je me remémore ce que mon fils N. m'avait raconté plus tôt cette semaine, lundi je crois, que deux petits bébés écureuils étaient tombés de leur nid installé dans l'un de nos épinettes dans la cour...que mon voisin J.-P. les avait recueillis tous deux, puis qu'il les avait enveloppés d'un linge...propre, qu'il les avait ensuite déposés dans le fond d'une petite cage faite pour attraper...des écureuils (!) parce qu'il pensait que la maman pourrait revenir afin de les ramener dans leur nid tout là-haut...J'appelai aussitôt J.-P., il me dit qu'ils devaient être probablement morts (s'ils avaient été bouffés par un gros chat errant)...Je sortis donc immédiatement dehors, en robe de chambre...(brr...c'était vraiment pas chaud à Québec cet avant-midi-là), pour me diriger vers la petite cage, dégager la cloison à moitié ouverte et découvrir les deux petits corps endormis...La fatalité étant ce qu'elle est parfois, comme on peut s'en douter, les deux petites bêtes qui ressemblaient à celle que vous voyez ici-bas avec Carl, étaient bel et bien mortes. On aurait dit deux fœtus...humains; l'un noir, l'autre gris; ils semblaient si bien dormir, il étaient dos à dos, comme un vieux couple qui dort en paix après avoir fait l'amour, face à face...Une image vaut mille maux, et celle-là à elle seule les valait amplement...Je les sortis de la cage, toujours enveloppés de leur linceul de fortune, puis les rangea dans une boîte de plastique à croissants...Je les laissa dehors, là où ça vit habituellemnt des écureuils...Puis j'ai réécrit à Carl, sur son blogue cette fois, pour lui raconter cette drôle de coïncidence avec nos écureuils, que je les enterrerais à l'ombre du lilas et des épinettes dans le fond de ma cour... Mais ce soir-là, ça ne me tentait pas de leur creuser un trou, je suis suffisamment assez enfoncée dans le mien comme ça; je les ai donc remisés dans le gros bac vert, celui qui avale presque tout de nos ordures, les belles comme les vilaines, celui qui les envoie toutes dans le Grand Incinérateur de la Stadaconna Nouvelle pour les réduire en un immense paquet de cendres....J'espère seulement que l'Esprit Maraudeur des Petits Bébés Écureuils ne se sent pas trop coincé à l'intérieur de ce fatras de salmigondis immondes...Cette pure coïncidence dans le petit monde des écureuils a donc fait ma journée, et pondre ce texte...Et peut-être que ce soir l'Esprit des deux petits écureuils veille avec celui de la grand-mère de Carl, qui doit reposer en paix en quelque part...

J'aime beaucoup les écureuils, ça me vient de mon enfance, de mon arrière-grand-père Lucien, qui les nourrissait de cacahuètes et d'amour à tous les matins sur sa galerie arrière. Je connais quelqu'un d'autre qui aime beaucoup les écureuils lui aussi, je tenais à lui écrire ce texte pour qu'il sache à quel point la Mort est parfois bienvenue, comme une Amie Précieuse...Regardez bien les images de Carl * avec sa nouvelle amie, deux vrais complices. Il ne nous a pas précisé cependant s'il l'avait ramenée coucher chez lui ce soir-là ;-)


Merci à mes trois inspirateurs.
L.L.
19.05.06

ON and OFF

http://onhandoff.blogspot.ca/




* Les photos de Carl ne veulent plus se copier-coller, nous les laisserons là où elles sont...

1 commentaire:

  1. Par la magie facebookienne, via Patrick Brisebois, viens de retracer Charlie Carlsön et...la fameuse photo en question. Une vraie belle histoire.

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