jeudi 31 décembre 2015

REVUE de l’année théâtrale 2015


Illustration: L.Langlois


L'année 2015 agonise, 2016 se prépare à naître. Il ne reste plus que les plus beaux souvenirs marquants de toutes ces pièces qui nous ont fait grandir au fur et à mesure de leurs superbes créations. Merci à vous tous, artistes et artisans, vous faites de nos jours ordinaires des soirées mémorables. Bonne Année 2016 !


JANVIER

MÉPHISTO MÉLIÈS

En ce soir polaire de janvier, quelques jours après avoir été submergés par la lumière noire qui a inondé le tout Paris d’une France menacée, ça faisait du bien de se retrouver en bonne compagnie, tassés les uns contre les autres, à se réchauffer l’esprit avec le beau Méphisto…On était en plein Paris du début du vingtième siècle, dans les foires, dans les stands, y sentant l’odeur de la poudre des fusils, de la barbe à papa, des lilas fleuris de mai et du parfum bon marché, y croisant des siamoises, un cul-de-jatte et un cinéaste... Parce que l'instant présent, celui qui ne se vit qu’une seule et unique fois, LÀ, aux côtés des autres spectateurs, ne se démentira jamais...




FÉVRIER

DANS LA RÉPUBLIQUE DU BONHEUR

Comme un bonbon suret sur le bout de la langue humide du mal humain…Des cadeaux bien empilés dans tous les recoins de la maison decormag, développés dans l’indifférence, qui font que les sourires s’effacent assez vite sur ces beaux visages de plâtre…Et cette COLÈRE qui gronde dans les têtes des dramaturges... La famille décomposée par Martin Crimp, revisitée par Christian Lapointe, une sorte de débarque programmée dans le grand cirque pas ordinaire du théâtre de ce metteur en scène qui ne cessera jamais de me surprendre…BLNC THTR, une arène remplie d’espace, qui fait beaucoup de place à l’imaginaire du Spectateur, qui lui lance quelques bombes assourdissantes à la tête afin qu’il n’oublie pas que les guerres de mots qui font des morts ne se délivreront jamais de notre monde de sangs dessous les autres...



LES FOURBERIES DE SCAPIN

Molière, toujours aussi vivifiant, actuel, grand, drôle et instructif. Un carnaval d’intelligence envahissant l’espace chaleureux du Théâtre de la Bordée en cette autre soirée glaciale de début février...Une autre exquise mise en scène signée Jacques Leblanc…Une vague de chaleur bienvenue descendue directement d’une Italie riche en histoires de joueurs…de tour…à Bergame...






LE LONG VOYAGE DE PIERRE-GUY B.

comme une infusion de vérité
dans la grande tasse du moment présent
comme la plus belle des surprises,
celle à laquelle on ne s’attendait pas...
toutes les chances d’avoir la Vie contre soi…
La finesse des mono-dia-logues, le mouvement des vagues, le craquement de la glace, l’équilibre entre l’homme et sa mer intérieure…




LE CHANT DE MEU

Ensemble puis séparément, sur le seuil d’une porte qui claque à la face du désespoir, pendant que les poudres se compactent dans le ziploc, que le Rubicon franchit le cœur du Chasseur, que son arme dégaine sur le Sénile Cultivateur, que le chant d'une vache à l'agonie s’accorde à l’Histoire de son Créateur, que résonne l’horreur du bout de la nuit noire...Le temps d’une chasse, c’tait l'bon temps, han Alain ?...Tant qu’il nous restera quekchose dans l’frigidaire, comme de cette éblouissante lumière dans le Noble Théâtre des trous de siffleux, nous serons riches de matières premières...



MARS


DISPARAÎTRE ICI

Parce que l’esthétique y est glorifiée de tous bords tous côtés, la futilité des rencontres one night stand comme dans celle des froides amitiés sonne comme une ode aux épidermes toujours si bien épilés, un exercice mental de mise en forme physique. Une crue soudaine de remous érotiques dans le spa des riches enfants de Brett Easton Ellis





NORGE

La lumière du Nord au sein des étoiles filantes
Une aurore boréale en plein milieu de la plus longue nuit
Un vent de douceur dans le froid de l'interminable hiver
Une histoire d’amour et de souveraineté
Un accent d’Amérique venu de la paisible Norvège
Une explosion d'émotions au rouge intense
Le courant électrique de la poésie de l'accessible
L'allégresse de l'inattendu...

Une bienheureuse et sublime ballade au pays de centaines de fjords et des quelques cinquante mille îles qui sculptent son pays sage…




W ; T

Un flot de mots évanouis sur le linceul d’une femme qui les aimait tant. Les mots du poète John Donne qui s’éteignent un à un sous le couvert de leur gloire. Anonymement, presque sans bruit, c'est le coup dur sur la vie qui bat, le sang qui coule encore dans la veine noire de la destinée…Des traces de beauté infinie dans le décor de l’Éternité…





NOVECENTO

Parce que je n’ai pas ENCORE écrit sur cette pièce, le souvenir de cet homme tellement seul et unique me reviendra bien un jour…




AVRIL


MOI, DANS LES RUINES ROUGES DU SIÈCLE

Devant le fait accompli de la nouvelle agréable le divin enfant nous est né. Et même lorsqu'il est triste son histoire sait comment nous faire rire. Mais par-dessus tout, il sait comment faire vivre…
Depuis le rouge éclatant de sa bonté: son cœur. Toujours à la bonne place. Et son souffle au centre du ventre chaud de sa mère, entre les mains charbonneuses de son père...De quoi faire le plus beau des voyages, avec presque rien…





LA CHATTE SUR UN TOIT BRÛLANT

Le débat des ébats
Les amants dans la salle d’attente
Les bras croisés autour de l’amour
La déflagration des couples

Le bonheur dans le placard
Le Jack dans le fond de l'armoire 
Le parfum délicat de la chair contre la chair
La résistance des fureurs
L’accoutumance de la froideur

Tout ça dans le ciel du Mississippi

Et la bonne à tout faire
(surtout le ménage de la mère)





 MAI


MACBETH

Au sein de leur Écosse en guerre
Au bord de nos larmes en gouffre
À des années-lumière de la Terre
L’odeur sanglante de leurs frimes,
esbroufes et autres bluffs

Le cœur sur la main
La tête sur la pique
La fin n'est pas encore pour demain
La mort dépendra encore pour le fric




BOOM

L’Histoire, celle avec un grand H, parsemée d’une multitude de clins d’œil faits humoristiques aux humains que nous sommes encore…La consommation, les munitions, les maisons, la télévision, les klaxons. Et les bonbons...1945-1969, un quart de siècle en plein milieu du 20ème, des histoires de famille, de politique, de  guerre, de sexe, de religion, inlassablement pratiquées pour probablement aboutir à la finale parfaite. BOOM !!!! Le monde entier fait boum




JUIN


OXYGÈNE

Purement
Follement
Abruptement

Surtout pas comme d’habitude,
Le crachat, vacuum dévastateur et novateur

Les Russes arrivèrent
Les Russes dérivèrent
Le fantôme toujours aussi actuel de Dostoïevski 
s’est à nouveau manifesté.

Ce soir, dans la 
CASERNE DALHOUSIE
on a donné des perles au cochon
ennoblit la bosse du chameau
fait la noce aux LUI et aux ELLE
OXYGÈNE
Ce sont des arbres qui poussent, vivent et meurent à travers l’asphalte
Ce sont des noces qui n’auront duré qu’une toute petite heure
Le temps de faire penser des têtes à claquements de pieds au cul
Le temps d'une gigue majeure et intensément vécue au sein de la Parole
Le temps d'un sentiment de vérité russe
Le temps de faire quelques pas dans l’insécurité mondiale
OXYGÈNE
De la graine d’apocalypse pour restless fugitives




OÙ TU VAS QUAND TU DORS EN MARCHANT ?

C'EST LA FÊTE D'ÊTRE ENSEMBLE
C'EST LE FAIT D'ÊTRE ENSEMBLE

Assister autrement le Théâtre, la Poésie, la Musique, la Technologie pendant quelques deux heures, pour apprivoiser l'Art ne serait-ce que pour le comprendre davantage et l'apprécier encore plus, pour le vivre ENSEMBLE sur un même pied d'Égalité, de Fraternité et de Liberté...




TROIS
UN

Monologue qui parle de la vie qui bat
de la mort qui rôde
de la liberté à venir
du désir de création
du verbe blanc
du sujet rouge sang
et des paquets de compléments, 
avec fenêtres vue sur océans,
ceux-là qui nous séparent
pour un moment
ou pour longtemps

UN pour faire l’amour à DEUX
puis à l’humanité

DEUX
L’Histoire revue et améliorée
par celui qui l'avait créé seul 
AVANT… 
Cette souveraine mise en scène qui nous emmène vers un TROIS absolument foudroyant d’énergie...renouvelable...




AOÛT


HIER EST UN AUTRE JOUR

Le plaisir de jouer ENSEMBLE leur a mérité une superbe ovation, 3 rappels je crois. Une bien belle soirée dans une chaleureuse petite salle pleine à craque-poter...





SEPTEMBRE


VINCI

Un Philippe qui élabore des plans d’évasion, qui se demande ce qu’il fait maintenant de et avec sa vie, qui décide de prendre un billet ouvert pour l’Europe, qui part à la recherche de son identité dans d’autres pays aux miroirs embués, qui croise le sourire d’une fille-homme à travers le génie illimité de son créateur, qui visite les fortifications antiques d’une civilisation signée Léonard de Vinci. Un fort beau voyage au cœur de l’Humain, du Louvre, de l’Italie, du vin…et du bain…




LE DIEU DU CARNAGE

Des Toutou par ici, 
des Toutou par là
Des toi, toi, toi, 
Des moi, moi, moi…

Puis des coups de mains flatteurs
dans les dos courbés des fatigués

Quelle belle folie que celle des hommes
(Tant qu’elle n’entre pas à l’asile)




OCTOBRE


BOUSILLE ET LES JUSTES

Pauvre Bousille, pris entre ses saints et ses démons, si tendre et bon, simple comme bonjour, pas compliqué pour un sou, rempli de tout le respect possible envers ses semblables, pauvres, idiots, riches ou mécréants.

Un chien sale te mord, 
un homme froid te bat; 
Une chatte en chaleur te griffe, 
une mère porteuse qui s’en va…

Peu importe la justice, peu importe les lois, 
c’est ce que tu décideras de faire APRÈS avoir triché 
qui comptera…



LE MONDE SERA MEILLEUR

Une rencontre au cœur du krach de la Crise anticipée, dans un décor avant-coureur d’un monde rempli de rivés à l’écran, qui regardent en direct 24 heures sur 24 la destruction de notre civilisation actuelle. Des gens qui perdent tout ce qu’ils n’avaient pas encore fini de payer: leurs maisons, leurs autos, leurs meubles, leurs abris temporaires…une élévation de la parole citoyenne qui vise droit au cœur de la réflexion…la Rencontre avec l'Autre, l'Échange. Comme en famille...






TROIS NUITS AVEC MADOX

LE DEUXIÈME TILLEUL À GAUCHE

Qui nous voit? Qui nous manipule?
Qui se pense au-dessus de nous ?
Qui ne se voit qu’en-dessous de tout ?

Les uns à la fenêtre, les autres à la porte.
On sonne, on cogne, on ouvre. Ou pas.
Nous fuyons. Ou nous restons.
Les fenêtres n’existent que pour l’Œil.

TOUT et RIEN, ces deux grands gaillards tragi-comiques, qui n’en finiront jamais de se chamailler pour les futilités des petites et grandes invraisemblances de ce monde de plus en plus cloîtré en lui-même, pourraient peut-être en avoir long à nous dire sur ce sujet, mais passons, nous devrions plutôt aller jouer une partie de billard, de cartes, de tock ou de dards avec...MADOX...

Parce que c’est de vie dont on parle ICI.
Et surtout parce que c’est de mort aussi.

DEDANS DEHORS
VIVANTS OU MORTS

Faire une trêve dans la Nuit
pour faire un trou dans l’ennui

Entre les deux oreilles, il y a parfois du vent fort qui sile,
le même qui souffle sur le Phare où Grubi habite la nuit,
le même où les mystères s'enroulent de réalité ordinaire,
le même où la Folie se rive aux parois poreuses du Doute.

TRAVAILLER LA NUIT, C’EST CHIANT
(MAIS PAS TOUT LE TEMPS)





TRIBUS

L’étalement de l’amour fraternel, plus grand que la superficie de tous les déserts du monde, autant les glaciaux que les torrides, se déploie devant les entendants que nous sommes du début à la fin, surtout à la fin…




CRÉPUSCULE

Des écrans de yeux bleus avec de la neige dedans
Des chaises qui immobilisent les mémoires d’antan
De vieux enfants qui appellent leur défunte Maman
Une femme qui danse, un homme qui grogne
Leurs visages masqués par la solitude
Leurs valises remplies de sourires, de tiroirs et de tirelires…
et de boutons...
CRÉPUSCULE
Une envolée au pays des souvenirs déracinés
Un entracte de confessions de vieux péchés
Une résurgence entre deux dégels
Un compte à rebours vers un printemps éternel..





NOVEMBRE


ET AU PIRE ON SE MARIERA

De la vérité toute crue, hachée en menus morceaux, injectée directement dans le bras de fer du plus faible que toi, participant qui ne gagne pas souvent à la loterie des sous financés…

Bonne nuit...Ti-Cul...XOXO





TRAINSPOTTING (2)

TRAINSPOTTING, une belle grosse sauce brune bien grasse, nous rappelant de LA ou LES fois où un jour nous autres aussi avions glissé sur cette méchante pelure de banane trop mûre pour s’y casser quelques ongles, se péter le nez en poudre de perlimpinpin ou encore se fendre les babines en quatre…La truculence de ce langage cru haché, additionné du dédain de cette Chose gluante qui pend au bout du nez, des oreilles, des doigts, des sexes et des idées, fait que les spectateurs en ont plein la gueule...et leur casque...





1984

Un éclairage à vous scier les yeux en nage 
Des doubles pensées multipliées par deux
Des non personnages
Des éclairs de rage
Des rats en cage…
Une thérapie de groupe
Un lavage de cerveau
Une escalade dans la violence
Un peuple dans le confort de son indifférence
Une dose mortelle de vrai café
Une folie expurgée
Un air de déjà vu
pour des soldats presque inconnus...

WARNING mon frère

Je t’ai à l’œil 
dans ma république du SEUIL





SUR LA MONTAGNE, NUE

Un quai sur le rivage
Des femmes sur la plage
Une montagne et des nuages
et des mains
qui feront fondre les glaces...

SUR LA MONTAGNE, NUE, poème suspendu aux lèvres molles des saisons qui sculptent les cœurs ouverts dans les maisons écloses; objet théâtral rempli de zénitude, bien-être social qui remplace le tumulte des flots quelque peu sanglants de ces derniers jours...



SAUVAGEAU SAUVAGEAU

LA LANTERNE

Un homme assis dans la Lune de neige,
un homme déguisé en petit Indien beige,
un homme infusé par sa poésie astrale.
Un homme, avec une fleur et un agneau.
Et un de ses ciels gris qui ombre son sourire.
Plus l’acide sur sa langue propre et si éclatée.
Et sa mort prématurée au pays du Revenant.
Cette voix qui propulse la pensée de sa tête pour la faire passer dans les nôtres, cette voix qui oxygène nos souffles errants de futurs mourants, cette voix, honorée aujourd'hui même à Montréal en même temps que dans la Capitale...




DÉCEMBRE


TU TE SOUVIENDRAS DE MOI

Une forêt jadis peuplée par tous les chemins menant à la Conscience, densifiée de micro points lumineux, diamants précieux que sont ces (im) parfaits cadeaux de l’Instant Présent, trésors inestimables pour ceux et celles qui ont le bonheur parfois d’en attraper la lumière passagère, enfouie dans LEUR propre mémoire...
petite mémoire sur les papiers chiffonnés
petits mots griffonnés pour ne pas oublier…
d’acheter…
du pain, du lait,
du poivre, du sel…
(et des chips
et du chocolat)
et quelque chose comme de l’eau
mais aussi quelques doses d’ebixa
d’aricept, d’exelon, de reminyl
etc etc...



BEUBYE 15

La parodie d’UNITÉ 9, avec la nouvelle pensionnaire Lise Thibault, a déchaîné les rires dans la salle (qui n’était malheureusement pas remplie). Fallait voir la sexy Shandy/Edwige Morin la "cruiser" et s’écraser sur ses genoux, tordant ! Et Suzanne, avec ses pilules, et Marie, qui pleure tout le temps, et Jeanne, qui beugle et perd la tête, une sucrée-salée de bonne parodie. Et comment oublier cette chère Matricule 728, qui push-push un bébé rempli à ras bord dans sa couche, et Mononk Marcel, qui chante bisous bisous en harcelant, boxers à l'appui, tous les jupons du monde entier, une vraie jouissance. Et pasticher Isabelle Richer avec son collier cervical, non mais fallait le faire, Joëlle Bourdon était particulièrement splendide dans ce rôle. Comme quoi, presque tout est risible...




DÉTAILS DU GRAND PORTRAIT

La rage de l’Ange dans le dépotoir
Ses cuites et ses rixes dans le bar
Le long des jours à broyer l’Espoir
Il ne travaillera jamais à l’Abattoir 

Beaucoup de temps donc pour ces indigents qui le boivent à même le goulot d’une bouteille sans fond, qui lui sucent la moelle des os trempant dedans, qui lui rongent ses ongles jusqu’au sang, qui le déchiquettent en le baisant, qui le vident de tous ses excédents, un peu comme le font BLOOD OR WHISKEY ci-contre... DÉTAILS DU GRAND PORTRAIT, ce sont des serviettes de plage d’amoureux entrelacés et tendus, des verres de bière remplis à ras bord, un coup de revolver im(prévu), des souliers d’enfant disparu trouvés dans la terre froide, un trousseau de clefs lancés par une fenêtre ouverte, des chorégraphies endiablées de corps cognant aux portes de l’enfer, des accessoires qui s’entassent dans les recoins poussiéreux des caveaux, alcôves et cellules en tout genre…