dimanche 6 décembre 2015

TU TE SOUVIENDRAS DE MOI : pour survivre au fil de l’Histoire

Photo: L.Langlois
Jeudi 3 décembre 2015

OUI
« je t'aurai dans la mémoire longtemps »





C’est dans le brouillard 
qu’on peut presque tout voir 
(de près)…

L.L.


Album photo, écrits, lettres: toujours mettre ça dans le haut des étagères, au cas où une inondation soudaine surviendrait. Un jour, quelqu'un pourrait bien avoir besoin de ça...

Édouard Beauchemin






youtube 
facebook 
twitter
instagram
pour immortaliser l'instant présent
pour la vue le vin la vie
pour l’espoir
et la robe de chambre
et le pyjama

pour le ciel et la forêt
pour la fuite dans le désert
pour le soir du 15 novembre 1976
pour la mémoire collective
pour la famille
pour SA mémoire
pour son legs
pour le début d’un temps nouveau

TU TE SOUVIENDRAS DE MOI
et de ce petit pick-up...

Le temps de se regarder dans les yeux
toute l’histoire est encore à recommencer

Se séparer pour peut-être mieux aimer
Se préparer à peut-être tout quitter
Se charger d'images 
pour engranger des souvenirs
Se prendre en charge au large
pour marchander dans l’espace
(le temps d’une pause devenir cosmonaute)

Se rappeler d’un voyage en famille à Cape Cod
Se souvenir du goût fade d’un pâté au poulet acheté
Se crever le cœur à force d’y repenser

Publier les restes d’un amour écrit sur une table à café
Éparpiller les mémoires un jour vécues ensemble

Dans ce pays étrange qu’est notre cerveau
étions-nous vraiment nés pour un petit pain?
(de ménage brisé)  
ou encore un petit lapin 
aux oreilles bien dressées ?

Rire
Pleurer
Réfléchir
... ... ...
Vivre
Chanter
... ... ...
Et puis crever


elquidam


Juin 1976
19 ans



Annick Cojean: Vous votez ?

Juliette Gréco: Bien sûr ! Demandez au chat s’il veut du lait. À gauche. Je ne peux pas m’en empêcher. Je n’ai jamais compris les valeurs de la droite. En revanche, j’adhérais aux valeurs de ce qui était la vraie gauche.

A.C. : Vous en parlez à l’imparfait.

J. G. : Oui. Car avant, il y avait un idéal. Des valeurs humaines et de la générosité. Des élans du cœur et de l’esprit. On était fier d’appartenir à une certaine famille. Mais il n’y a plus de famille. C’est l’argent qui gouverne.






Il faut bien le dire (ou l’écrire): le fait que Guy Nadon jouait dans cette pièce présentée au THÉÂTRE DE LA LICORNE à Montréal, et dont nous en avions entendu dire que du bien par différents médias, a « joué » dans notre décision à A. et moi de réserver nos places le plus tôt possible à LA BORDÉE. Ce serait donc la première fois que nous aurions le privilège de voir sur scène ce comédien si talentueux et que nous aimons tant.   


Photo: Rolline Laporte


Et en effet, Guy Nadon porte à bout de bras, et de brain, ce texte abouti de François Archambault, un auteur d’ici qui vous envoie un souffle de vie ensoleillé comme un été indien à travers nos deux oreilles tendues comme celles d’une ancienne antenne de lapin aux aguets. Des oreilles qui ne veulent absolument rien perdre de ce somptueux défilé de phrases au verbe tant humain. Avec la voix suave du comédien chevronné en premier plan, celle qui vous donne de ces grave/doux/mou/dur/railleur/touchant/ mielleux/suret/drôle/touchant, tous les tons possibles y sont modulés, passant en coup de vent chaud par les sentiments qui y étaient parfaitement accordés.


Photo: Suzanne O'Neill


Accompagné de sa tendre et belle moitié Madeleine, resplendissante Marie-Johanne Tremblay, de sa grande et fidèle fille Isabelle, énergisante Marie-Hélène Thibault, de son gendre serviable et sympathique c’est quoi son nom déjà ? Patrick, attachant Claude Despins, et finalement de la pétillante Bérénice, la fille de Patrick, magistrale Emmanuelle Lussier-Martinez, qui ressemble à l'enfantôme dont Édouard ne cesse de se souvenir malgré les grandes pertes de sa mémoire faillible. Des scènes émouvantes entre ces deux cœurs tricotés serrés…


Photo: La Bordée


Perdre la mémoire, pour un homme qui connaît autant l’Histoire qu'Édouard, et tous les fils qui s’y rattachent, c’est un peu comme si l’araignée dans le plafond cessait de tisser sa volumineuse toile de connaissances. Il y a bien sûr quelque tristesse de constater tout ce que cet éminent professeur perd au fur et à mesure que la maladie progresse mais tellement de petits soulagements lorsqu'il la retrouve ici et là, éparpillée sur le plancher du Dense qui se vide tranquillement pas vite de cette immense Forêt neuronale *. Une forêt jadis peuplée par tous les chemins menant à la Conscience, densifiée de micro points lumineux, diamants précieux que sont ces (im) parfaits cadeaux de l’Instant Présent, trésors inestimables pour ceux et celles qui ont le bonheur parfois d’en attraper la lumière passagère, enfouie dans LEUR propre mémoire...


ABATTEMENT
Nos arbres qui ont perdu leur tête
(et bientôt le reste de leur corps)
Lundi, 30 novembre 2015
Photo: L.Langlois


Merci à François Archambault **, l’auteur de cette bienveillante histoire de famille qui apprend à conjuguer son quotidien, non pas toujours facile il va s’en dire, avec celui d’un parent atteint de la maladie l’Alzheimer. 





Drôle et touchante à la fois, un peu à la manière dont Marie Gilbert nous a éblouis cet automne chez PREMIER ACTE avec son excellent texte CRÉPUSCULE, tiré de ses ENNEIGÉS. Il nous a fait entrer dans le décor vertigineux de son enneigé d’Édouard. D’ailleurs, quelques œuvres de Marie Gilbert étaient exposées dans le hall d’entrée de LA BORDÉE



Photo: L.Langlois
La partie de poche d'Hélène, 2011
Marie Gilbert
Sérigraphie, gaufrage et graphite sur papier
55,5 cm X 56,5 cm
520$


Une association tout à fait en harmonie avec le programme de cette autre inoubliable soirée de théâtre.Vraiment heureux d’avoir pu assister à cette création venue de l'autre bout de la 20. Avec un casting de la sorte, il était franchement inévitable que cette pièce ne tourne pas en rond dans la métropole. La troupe se promène à travers le Québec et le Canada jusqu’en mars 2016.

Pour admirer d'autres œuvres de l'artiste:



L’élégant cardigan de Madeleine, 
la chemise à carreaux d’Isabelle, 
son gros foulard enveloppant, 
la tuque chaude de Patrick,  
la veste, le manteau, 
la robe de chambre et la couverture 
sur les épaules d’Édouard autour du feu et...
la « maudite veste » de Bérénice/Nathalie...



Photo: La Bordée


Tous ces vêtements pratiques et confortables, conception de Patricia Ruel, m’ont rappelé la magie du molleton du CARDIGAN DE GLORIA ESTEBAN, cette magnifique pièce écrite par Joëlle Bond et produite par LE PETIT LUXE. On y traitait d'une autre maladie qui terrasse beaucoup de familles: le cancer. Parmi la distribution, Benoît Cliche, un jeune homme qui en serait lui-même atteint mortellement par la suite. Une autre de ces belles coïncidences: en lisant le programme du THÉÂTRE DE LA MANUFACTURE, j’apprends que Madame Marie-Ginette Guay, qui tenait le premier rôle dans LE CARDIGAN, a participé à l’atelier d’écriture lors de la résidence de cette pièce. Une espèce de cartel théâtral ;-) 





petite mémoire sur les papiers chiffonnés
petits mots griffonnés pour ne pas oublier…
d’acheter…

du pain, du lait,
du poivre, du sel…
(et des chips
et du chocolat)
et quelque chose comme de l’eau

mais aussi quelques doses d’ebixa
d’aricept, d’exelon, de reminyl
etc etc

elquidam




Trop beau et touchant 
cette SYMPHONIE






JE T’ÉCOUTE












***

Ce soir, une faim étrangère, une autre. Pas grand monde dans les restos et les bars de Saint-Roch. Nous arrêtons notre choix chez Méchoui Marrakech, au coin de Saint-Joseph E. et Charest E.. Sommes fins seuls avec nos assiettes de shish taouk bien remplies à ras bord. Délicieux et surtout rassasiant. Aucun alcool, que de l'eau. Notre hôte est souriant et sympathique. On ne parle pas du récent massacre en Californie. Pour une fois, on fera silence sur l'actualité qui nous tue un peu plus à chaque jour...ces temps-ci. Un bon café au Nektar pour parler de la famille, du théâtre, du temps qui fuit, et de la neige, qui ne semble pas avoir envie de se pointer le nez, si ce n'est que pour quelques traces...;-)


Photo: L.Langlois
Jeudi 3 décembre 2015





OUI, JE ME SOUVIENDRAI DE VOUS,
MES ARBRES
;-(

Photo: L.Langlois
(au retour de la pièce)


JE ME SOUVIENS






2 commentaires:

  1. via facebook le 21 janvier 2016

    Merci pour le message (que je viens de découvrir). Il était dans mes messages filtrés....

    FRançois Archambault

    RépondreSupprimer
  2. via facebook le 12 mars 2016

    Merci infiniment! Heureuse d'avoir pu vous offrir un bon moment :-)

    Emmanuelle Lussier-Martinez

    RépondreSupprimer