Photo: Nicola Frank Vachon
ÉTERNITÉ ÉPHÉMÈRE
Le théâtre est toujours un engagement. Histoires pour
célébrer le monde et ses mystères. Mots et choses pour ne pas mourir. Verbes
pour esquisser pierres, engendrer vies, créer des femmes et des hommes,
souffler des dieux, voir défiler des siècles entiers. Le théâtre est toujours
intuitions vitales, fouilles archéologiques de rêves, tentations de folies. Le
théâtre est toujours labyrinthes de couleurs et de matières, chorégraphie
divine, mélodie secrète. Le théâtre est toujours voyages à travers les plis de
la lumière. Le théâtre est toujours une éternité éphémère…
Urd Théâtre
2006
Sachez vous éloigner car,
lorsque vous reviendrez au travail,
votre jugement sera plus sûr.
Leonard de Vinci
Photo: L.Langlois
Il y a trente ans
...et maintenant...
Un homme dans le miroir
Un homme conçu pour la lumière
Un homme retourné dans l'ombre...
Sommes (re) venus.
L’avons enfin (re) vu.
L.L.
À Québec, ces jours-ci, on peut dire que c’est le temps des grandes
et moyennes ouvertures. Après celles, multiples, du Centre Vidéotron, c’était
au tour du Théâtre Périscope mardi soir le 8. Le Périscope qui fête cette année
ses 30 ans d’existence. Et comme le prodigieux VINCI de Robert Lepage a atteint
lui aussi cet âge en plein cœur de sa jeunesse, on l’a recréé au même endroit. Pour la plupart d’entre nous,
Spectateurs Ravis, avons enfin eu le bonheur de faire connaissance avec cette divine
« transmission ».
Olivier Normand, Frédéric Dubois
et Pierre Philippe Guay
Photo: Daniel Mallard
Sous les conseils artistiques de Pierre Philippe Guay, qui
était d’ailleurs acteur et assistant de Robert Lepage en 1985 lors de la
création de VINCI, et qui interprétait le guide du musée aveugle ce soir, Frédéric Dubois, a mis en scène cette pièce haute en lumières et miroitante de sobriété; il a
rempli cet espace mental qui manquait à ma culture. N’ayant jamais été rejouée
depuis sa création, l’anniversaire du Périscope ne pouvait mieux coïncider avec
celle de VINCI. Une autre excellente performance d’Olivier Normand qui a fait
renaître la lumière unique des tableaux de ces deux grands maîtres que sont Robert
Lepage et Léonard de Vinci. Un rendez-vous qu’il ne fallait absolument pas manqué.
Photo: Nicola Frank Vachon
À propos du début de la pièce, que certains ont qualifié de
« malaisant » pour les spectateurs, je dirais que j’ai tout d’abord pensé que
ces trous blancs de mémoire, transmis en italien par le guide du musée,
faisaient tout bonnement partie du texte. Son « désolé » n'a même pas effleuré mon esprit qu'il cherchait son texte. Ce sont des choses qui peuvent arriver, c’était soir de
première après tout. Mais absolument rien de ce contretemps n’a transparu par
la suite. Ça nous rappelle qu'on est pas devant un écran plat de 55 pouces...
Photo: Nicola Frank Vachon
Dire que j’ai été de ceux-là un jour. Massés devant Elle, excités
comme des enfants avant de faire un tour dans la Grande Roue, la cliquetant de
milles et un flash, ne la voyant presque pas, la vitre lui donnant cet air
invisible, mais pourtant, elle était bel et bien là, accrochée au mur, nous scrutant
avec son regard stigmatique ceint de son sourire énigmatique. Oui, j’ai eu la
chance et le privilège de la rencontrer quelques courts instants. C’était en
août 2002.
C’est à tort que les hommes se plaignent de la fuite du
temps, en l’accusant d’être trop rapide, sans voir qu’il s’écoule à la bonne
vitesse.
Léonard de Vinci
« Is the image I'm making is the image I see
When the man in the mirror is talking to me ? »
les miroirs, la buée, le trépas
la bouche, la main, le bras
l’œil de l’interrogation
le secret de l’ami disparu
le dilemme du grand départ,
la rencontre avec le tableau
la vision, le code
la différence entre
l’amour et la mort, la vitesse
parti retrouver les ailes de son désir
parti prendre son élan,
parti planer pour quelques temps
se (sur) prendre à aimer cette envolée
puis repartir à l’envers
pour écrire en spéculaire
pour boire à la source
pour re-naître
elquidam
Cœur: instrument
merveilleux, inventé par le Maître suprême. Celui-ci se meurt lui-même et ne
s’arrête point, sinon pour toujours. »
Léonard de Vinci
Photo: Nicola Frank Vachon
Un nouvel ami
(mon 97ème)
Philippe, jeune photographe en deuil de Marc, un ami très
cher et mentor parti comme ça sans même l’avertir, laissant son travail en
plan. Un Philippe comme tant d’autre Philippe, qui se cherche dans l’Art, qui
s’interroge sur ses propres exécutions, comme celles de prendre en photos des
salles de bains « frett et blanches comme des lavabos », des tâches qui finissent par gruger son énergie, pas toujours renouvelable.
Photo: Nicola Frank Vachon
Un Philippe qui élabore des
plans d’évasion, qui se demande ce qu’il fait maintenant de et avec sa
vie, qui décide de prendre un billet ouvert pour l’Europe, qui part à la recherche
de son identité dans d’autres pays aux miroirs embués, qui croise le sourire
d’une fille-homme à travers le génie illimité de son créateur, qui visite les
fortifications antiques d’une civilisation signée Léonard de Vinci. Un fort
beau voyage au cœur de l’Humain, du Louvre, de l’Italie, du vin…et du bain…
Photo: Nicola Frank Vachon
Olivier Normand, artiste multidisciplinaire, découvert le 28
septembre 2006, dans l'inoubliable DES GRENOUILLES ET DES PARAPLUIES de l’Urd
Théâtre, présenté chez PREMIER ACTE. Une souvenance récurrente qui refait
souvent surface lorsque nous apercevons les escaliers extérieurs du Centre
Culture et Environnement Frédéric Back. Il s’est passé là des moments rares,
surprenants, révolutionnaires, empreints de beauté rebelle et d’intelligence extra-sensorielle,
indissociables de l’insoumis Hanna Abd El Nour, inventif chef d’orchestre de
cette exceptionnelle bande d’artistes remplis du « souffle des dieux »…PREMIER ACTE, comme un refuge, une oasis, un asile, pour les itinérants assoiffés de paroles et de gestes que nous sommes devenus...avec le temps...
Photo: Carl Perreault
Olivier, avec sa voix grave et juste, qui est faite sur mesure pour
les grands classiques tels LA NUIT DES ROIS, LE MISANTHROPE, BRITANNICUS,
CALIGULA, L’OPÉRA DE QUAT’SOUS, qui sait comment la moduler dans
le si renversant TOUT CE QUI TOMBE et la mettre davantage en évidence en
l’utilisant comme instrument dans le splendide CHANTE AVEC MOI, fait détonner autant la force que la sensibilité. Mais que dire de ses autres talents de danseur et
d’acrobate qui l’ont parfois emmené dans des projets plus ou moins fiévreux et glissants tel ce plus qu’enchanteur PROJET EAU des NUAGES EN PANTALONS. Il nous y a fait
vivre une autre sorte d’envolée.
Illustration: L.Langlois
Extrait de mes impressions:
LE PROJET EAU,
présenté au Théâtre Périscope samedi soir dernier, m’est entré dedans comme une
lame de fond, déchirant quelques lambeaux d’amitié échoués sur les rives du
Vide, énergisant une partie de mes petits neurones miroirs de mon imaginaire.
Un spectacle déployé pour et par tous les sens, avec la simplicité audacieuse
de son intelligence, en harmonie avec le corps et l’esprit. Des images fluides,
de la lumière lucide. Un tout en un…Une belle histoire…d’eau…
30 mars 2012
ENVAPEMENTS
VINCI
LES CARNETS
Les deux volumes, enserrés depuis 1994 dans leur coffret, un an après ma première rencontre avec celui qui encore aujourd’hui ne
cesse de révolutionner l’Art sous toutes ses coutures. LES AIGUILLES ET L'OPIUM, une révélation pour l'amateur que j'étais alors. Un merci particulier à Monsieur Jean Saint-Hilaire qui m'a tant instruite par ses brillantes critiques, de véritables bijoux, qui souvent m'ont fait quitter mon sofa de salon pour un siège de théâtre.
OMBRES ET LUMIÈRES
Carnets de Léonard de Vinci
Photo: L.Langlois
Photo: Centre Vidéotron
Et ce cadre, dans lequel séjourne MA Mona Lisa depuis près
de 30 ans; un fantôme infatigable installé sur le mur sud-est de ma chambre à
rêver…
Étant maintenant des FIDÈLES AU POSTE, nous détenons la carte privilège, nous
avons donc eu droit au shooter emblématique du jour, et comme l’Italie était à
l’honneur ce soir, la grappa l’était également. Ouf! Il faisait assez chaud
dans ce hall aux allures de bain turc ;-) Tellement occupée à converser avec Alain
et Claude ainsi qu’avec la toujours aussi chaleureuse et distinguée Edwige que
j’en ai oublié de prendre le programme. On repassera en récupérer un le 23,
avant d’aller voir LE DIEU DU CARNAGE, notre prochaine pièce au Trident.
Photo: L.Langlois
Une autre très belle envolée dans cet espace magique qu’est le PÉRISCOPE. Je pense qu'on a retrouvé nos ailes nous autres aussi. Merci à toute l'équipe qui a fait revenir VINCI en grand vainqueur...
Je crois que le bonheur vient aux hommes qui naissent
là
où l’on trouve de bons vins.
Léonard de Vinci
Mais si le secret était dans la Caramilk ?
NOUS VAINCRONS
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