À tous ces jeunes écureuils orphelins qui, au lieu de faire des
provisions pour l’hiver difficile qui s'en vient, préfèrent partager les fruits et
noix de leur automne avec qui les sauveraient peut-être plus tard de leur famine.
L.L.
JE NE SUIS PAS INTELLIGENT, JE LE SAIS.
PRENEZ-EN DONC VOTRE PARTIE.
Bousille au cœur d’or
Noëlla et Bousille
Photo: Nicola-Frank Vachon
BOUSILLE: (lève la tête et regarde les deux hommes à
tour de rôle, consterné): Vous ne pouvez pas me demander de faire une
chose pareille.
HENRI: QUOI ?
BOUSILLE: Vous savez bien que ce serait un faux
serment…
HENRI: Écoute, toi…
BOUSILLE: (le sang glacé): Le Bon Dieu me
laisserait retomber dans mon vice, sûr et certain…
HENRI: (pris d’une rage sourde): Je t’avertis
charitablement: le temps de niaiser est fini.
Bousille et les justes
Gratien Gélinas
Ghislaine Vincent
En mémoire de Blaise Belzile et Bruno Maltais
Jeudi soir dernier, 1er octobre, soir de rentrée théâtrale à LA BORDÉE dans NOTRE Saint-Roch. À l’accueil,
une gente dame, que nous croisons souvent dans d’autres halls de Québec. Elle nous offre gentiment le programme de BOUSILLE ET LES JUSTES. C’est si bon
de se retrouver ICI, en plein milieu du peuple qui migre de son salon de
banlieue plate pour aller faire un tour dans le satellite naturel de la Culture
québécoise. Juste avant, une visite chez Phil Smoke Meat de la rue
Saint-Vallier, l’endroit idéal pour être tranquille, pour bien manger, pas trop
cher, pour boire une bière, des fois deux, pour faire nos mises à jour de la
saison 2015-2016, qui s'annonce comme l'une des plus cinématographiques !
***
BOUSILLE ET LES JUSTES
Pauvre Bousille, pris entre ses saints et ses démons, si
tendre et bon, simple comme bonjour, pas compliqué pour un sou, rempli de tout
le respect possible envers ses semblables, pauvres, idiots, riches ou
mécréants.
Un chien sale te mord,
un homme froid te bat;
Une chatte en chaleur te griffe,
une mère porteuse qui s’en va…
Peu importe la justice, peu importe les lois,
c’est ce que tu
décideras de faire APRÈS avoir triché
qui comptera…
Mais qu’est-ce qu’il nous a eu avec son air de rien qui
disait tout, avec sa pure franchise et sa sainte dévotion. On a entendu à
travers l’illumination des spots son cœur se briser, ses poumons se comprimer,
ses tempes se battre; on a également senti la peur l’envahir, la peur de l’ombre
de l’homme qui le contraint à ne pas tout dire. Que d’émotions, surtout dans le
dernier stretch alors que la lumière blanche et crue inonde les chemises
blanches des hommes blancs qui veulent tellement laver plus blanc que blanc,
qu’à force de frotter si fort sur la peau de leurs victimes, on finit par voir
gicler le sang pour sang des grands rebelles muets…
Phil, Henri et Bousille
Photo: Nicola-Frank Vachon
Jean-Philippe Joubert, l’incomparable et si intègre metteur
en scène de cette magnifique production, assisté de Caroline Martin, a réalisé,
comme à son habitude, un travail de maître. Tout en harmonie, avec beaucoup de
mouvements, dont des pas de danse sur la sublime musique de Josué
Beaucage. Les éclairages lors de ces parenthèses musicales apportaient une
touche de beauté spectrale, le fantôme de Gratien Gélinas devait sûrement rôder
dans le coin du grand rideau rouge de LA BORDÉE.
Photo: Nicola-Frank Vachon
La scénographie et les
costumes, de mesdames Monique Dion et Julie Morel, ont également tiré leur...épingle du jeu. Les pièces ouvertes de l’hôtel Corona, avec la chambre 312 en
vedette, ses portes invisibles qu’on pouvait VOIR s’ouvrir et ENTENDRE grincer,
apportaient encore plus de profondeur aux divers déplacements. L’imaginaire du
Spectateur, ainsi bien entretenu et donc sollicité, ne peut qu'apporter davantage d’agrément à notre mental...
Photo: Nicola-Frank Vachon
Christian Michaud, le Bousille nouvelle cuvée, celui à qui
LA BORDÉE a offert de jouer l’une de ses plus belles partitions théâtrales,
prend avec humilité et le talent illimité qu’on lui connaît, tout l’espace qui
lui appartient dans ce premier rôle mais non sans laisser prendre celui tout
aussi important de ses compagnes et compagnons qui sont enchaînés à lui. Simon Lepage/Phil Vezeau, et Eliot Laprise/Henri Grenon, ont
été particulièrement éblouissants, dans toute la radiation du mot; investis à
150 % dans leurs rôles de beaux-frères sauveurs de la face/race familiale.
Éclatée/éclatante, leur joute, autant verbale que physique, a fait en sorte…qu’on avait affaire à les écouter.
QUOI ?
Chapelet de la bonne Sainte-Anne
Ghislaine Vincent, la sainte-mère de cette trâlée d’orgueilleux,
qui crie autant qu’elle prie, (qui avait d’ailleurs joué le même rôle en 1986
ici-même à LA BORDÉE), était fréquemment
accompagnée de Jean-Denis Beaudoin, le prodigieux et spirituel Frère Nolasque.
Ces désopilantes grenouilles de bénitier, provoquaient allègrement les rires dans
la salle avec leurs sempiternelles répliques de « plus catholiques que le Pape
». L’énergie naturelle avec laquelle ils les déployaient, a opéré; elle créé
ce magnétisme unique qui n’existe qu’ICI, entre le Public récepteur et l’Artiste
émetteur.
Simon Lepage (Phil)
et Jean-Denis Beaudoin (Nolasque)
Photo: Nicola-Frank Vachon
et Jean-Denis Beaudoin (Nolasque)
Photo: Nicola-Frank Vachon
Et que dire de celle de Valérie Laroche/Aurore Vézeau, la police de Phil son mari, qui en gère et en mène assez large dans cette famille
surprotectrice? Qu’elle est sur le 220 à peu près tout le temps que dure la
pièce, une véritable boule d’énergie. Pourtant, si elle savait tout ce qui se
trame dans son dos étroit de petite épouse parfaite. Et que dire de la candeur
de Danielle Belley, la Colette Marcoux d’Aimé Grenon, celle par qui une grande
partie du drame arrive ? Que dans toute cette blancheur de cygne tachée du
rouge de la honte, apparaît au-dessus de sa tête de madone harcelée une auréole
d’épines de roses fanées.
Et Laurie-Ève Gagnon/Noëlla Grenon, toujours aussi juste, belle et touchante, qui ressemble le plus à Bousille en fait, celle qui ne se
révoltera jamais, qui endurera le harcèlement et la violence de son cher époux
mais jusque où et quand se dit-on ? Et Maxime
Perron/l’avocat d’Aimé (le fils accusé du meurtre d’un rival amoureux) ? J’ai
bien aimé son jeu naturel, et j’espère (dans une suite imaginaire) qu’il la
défendrait lors d’un futur divorce. Non, mais on a le droit de rêver un peu que
cette femme puisse accéder enfin à un peu plus de respect…un jour. Mais comme
elle est enceinte et si bonne, j’imagine qu’elle demeurera muette et fidèle…jusque avant la prochaine
révolution…pas trop tranquille j'espère (hein Marcel ? ).........
QUOI ?
QUOI ?
Oui, Gratien Gélinas, aurait été pas peu fier de voir
comment sa pièce, créée en 1959, a bien vieilli. Parce que les odeurs nauséabondes
de l’intimidation, du harcèlement, de la malhonnêteté et de l’hypocrisie
subsistent encore dans notre monde remplis de névrosés, de narcissiques, de violents et de dépravés de toutes sortes. La preuve: une tuerie de plus cet après-midi
dans un collège américain, en Oregon cette fois. Chris Harper Mercer, un jeune homme de l’âge de Bousille,
qui apparemment demandait à ses futures victimes si elles étaient chrétiennes avant de les abattre de sang-froid. Il avait écrit ces mots laissant présager
le drame qui a suivi:
Je suis
si insignifiant. »
« Le peuple québécois s’est défini par opposition au reste
du Canada par deux choses: la langue et la religion. Il y a un terreau
fertile pour qu’il y ait des problèmes avec les minorités religieuses. »
Haroun Bouazzi
Association des Musulmans et des Arabes pour la laïcité du
Québec
2 octobre 2015
(Avec 140 commentaires dans le Journal de Montréal !!!)
Autres sortes de dieux du carnage
Mais c’est pas si grave que Blaise Belzile ait été un pécheur,
puisque lundi prochain
LE MONDE SERA MEILLEUR
(with...NO RELIGION)
puisque lundi prochain
LE MONDE SERA MEILLEUR
(with...NO RELIGION)
And they
ask what hate is
It’s just
the other side of love
Some people
want to give their enemies
Everything
they think that they deserve
Some say
why don’t you love your neighbours
Go ahead,
turn the other cheek
But there’s
nobody on this planet that can ever be so meek
And I can’t
bleed for you
You have to
do it your own way
And there’s
NO RELIGION,
NO
RELIGION,
NO RELIGION,
HERE TODAY
Photo: Nicola-Frank Vachon
BRAVO !
BRAVO !
via facebook
RépondreSupprimerle 4 octobre 2015
Merci énormément du commentaire ! Très bel article, comme d'habitude
Simon Lepage
via facebook le 4 octobre 2015
RépondreSupprimerMerci.
Jean-Philippe Joubert
via facebook le 4 octobre 2015
RépondreSupprimerWow merci beaucoup Louise, c'est très touchant xx
Christian Michaud
via facebook le 4 octobre 2015
RépondreSupprimerSalut Louise!
Wow, merci pour le beau texte1
!
à Bientôt!
Jean-Denis Beaudoin