Rien de plus
exquis à fréquenter qu’un conte de fée
Rien de plus
envoûtant à respirer qu’un début d’été
Petit retour
en arrière pour une blogueuse procrastinatrice de premier ordre d’après-saison théâtrale.
Nous sommes donc un peu après le 25 mai, soir où A. et moi avons assisté au
prodigieux CENDRILLON de Joël Pommerat. Invités
privilégiés avons-nous été au théâtre de LA BORDÉE pour
assister à une autre de ces enchanteresses soirées auxquelles le CARREFOUR
INTERNATIONAL DE THÉÂTRE DE QUÉBEC nous habitue depuis sa fondation, en 1991. Le
CENDRILLON tant acclamé de Joël Pommerat était enfin parvenu à traverser l’Atlantique…
Ayant été
quelque peu retardataires pour l’achat de nos billets, nous avons
donc été juchés dans le jubé de la Bordée. De cet endroit, la vue d’ensemble du
paysage de verre y était magnifique. Le plaisir d’avoir habité pendant une
heure quarante ce tableau de maître aura nourri nos mémoires de cet espace
unique dans lequel évolue l’intelligence exceptionnelle de Joël Pommerat...
Une
enveloppante histoire comme on les aime, revisitée bien sûr, mais ô combien rafraîchissante. Des comédiens drôles et renversants, des rires entremêlés de
réflexion, une mise en scène clair-obscur, une scénographie absolument géniale,
bref, de quoi nous faire rêver d’un monde rempli de palais…et de résidences
secondaires…
Pommerat m’avait séduite avec LA GRANDE ET FABULEUSE HISTOIRE DU COMMERCE en 2013. J’ai pu ainsi me replonger dans son univers particulier fait d’ombres et de lumières et à nouveau savourer ces quelques pauses dans le noir qui font naître et renaître l’histoire de cette jeune fille qui a tant façonné l’imaginaire de ma tendre jeunesse et quelques-unes de mes longues et enivrantes journées de lecture…
Comme c’est
l’habitude durant cette fête annuelle qu’est le CARREFOUR INTERNATIONAL DE THÉÂTRE, on y
croise plusieurs artisans de la scène de
Québec, ceux et celles qui peuplent les décors de nos belles soirées durant la
saison régulière. Ce soir, nous avons remarqué dans le hall de la Bordée la chaleureuse
présence de Lise Castonguay, de même que celle de Philippe Savard, avec qui j’ai
conversé quelques instants sur une prochaine manifestation MERZienne. Et non
loin de nous, André Robillard, qui nous a tant séduits en mai dernier avec son
beau Nick dans QUI A PEUR DE VIRGINIA WOOLF ? Et à notre droite, la majestueuse
Marie-Josée Bastien, celle dont le rire franc et contagieux est reconnaissable
à mille lieues à la ronde…
Après la
représentation, nous sommes demeurés sur place quelques instants afin de
bénéficier de l’enrichissante rencontre avec les comédiens et comédiennes. Un excellent
complément pour en apprendre davantage sur la démarche et du metteur en scène
et des comédiens, également pour leur poser quelques questions ou simplement
les féliciter, notamment la méchante belle-mère campée par une Catherine
Mestoussis tout ce qu’il y a de plus charmant dans le beau monstre qu’elle
représente.
Les protagonistes
nous ont faits entrer directement dans une sorte de jeu de miroir éblouissant. Lorsque la lumière jaillissait de cet enchantement, nos yeux n’étaient pas
assez de deux pour tout capter de ces moments précieux dont celui du Prince qui
chante avec émotion le toujours aussi émouvant FATHER and SON de Cat Stevens, devenu Yusuf Islam après sa conversion à l'Islam en 1977. Ça nous a soudainement ramenés à nos petites et moyennes tourmentes
de l'adolescence, de celles qui font que seule la musique de nos idoles nous empêche parfois de
sombrer dans quelques dépressions profondes…
Ce prince, à qui l'on cache la mort de sa mère, est joué par Caroline Donnely, tout pour déjouer l’histoire à laquelle nous
étions habitués depuis la nuit des temps. Peut-être un doux clin d’œil à la
transsexualité ? C’est tellement d’actualité ces temps-ci…
Deborah
Rouach, dans le rôle de Sandra, la très jeune fille emprisonnée dans le voile de
grisaille du deuil de sa mère qui lui implore de ne jamais cesser de penser à
elle sinon elle mourra pour vrai, nous renvoie à nos propres deuils, quelques
fois plus longs et difficiles à supporter que d’autres...
Avec toute la grâce
émanant de sa forte fragilité, elle se défend tant bien que mal de toutes les
méchancetés des deux filles que sa folle belle-mère a engendrées. Alfredo
Canavate, son père, qui s’est remarié à cette harpie, et la fée, Noémie
Carcaud, apportent un certain soulagement aux noires sœurs qu’a à subir la
bonne Sandra-haillons. Le bal, le soulier, tout y est, mais pas toujours comme on nous l'avait raconté jadis...
En espérant que Marie Gignac nous refasse le coup dès l’an prochain d’importer en nos murs le feu du talent incommensurable de Joël Pommerat. On aimerait bien voir son PETIT CHAPERON ROUGE ainsi que son PINOCCHIO...
Production
du Théâtre national de Bruxelles
TROIS PRINCESSES (CENDRILLON)
GUILLAUME CORBEIL
(acheté quelques jours après avoir vu la pièce)
Photo: L.Langlois
Les contes sont sans cesse revisités. Quel était votre objectif avec ces réécritures ? La figure de la princesse s'inscrit dans l'IMAGINAIRE de notre société depuis des siècles, notamment avec les contes que Perreault et les frères Grimm ont répertorié et eux-mêmes réécrits. Les films de Disney se sont assurés qu'elle demeurerait un modèle structurant de nos identités. Les jeunes filles veulent être des princesses, et les garçons, des chevaliers qui délivrent des princesses. Je ne voulais pas me contenter de montrer le ridicule de ces archétypes - nous en sommes tous conscients, ces contes ont été parodiés des milliers de fois. Mes princesses se débattent avec la figure de la princesse: c'est une image qu'elles poursuivent ou fuient, et qui finira par les broyer. Si traditionnellement les princesses sont très passives, je souhaitais leur donner une vie intérieure, des désirs et des peurs, puis en faire de véritables héroïnes en les emmenant à quitter elles-mêmes le château.
Exemplaire acheté au COMPTOIR DU LIVRE,
rue St-Joseph Est. J'aimais bien aller flâner dans
ce repaire de papier. Malheureusement,
comme beaucoup d'autres bouquineries,
ce lieu est maintenant chose du passé.
Une princesse bien-aimée
dans une ville fortifiée.
Composée de remparts,
de portes, d'une Citadelle
et de trois tours Martello.
Le tout est agrémenté par
l'omniprésence d'un château sans roi
qui n'en finira jamais de l'éblouir.
elquidam
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