le lac en
feu
les cœurs en
miettes;
la terre pas
beaucoup mieux
…qu’une mine
défaite
elquidam
Après avoir
appris la nouvelle, en avoir bavé et ragé, il n’y eut rien d’autre à faire
que d’en parler longtemps pour finalement l’accepter. FIRE LAKE, VILLE MINIÈRE, 1986,
écrit par Maxime Allen et mis en scène par Lorraine Côté, nous a fait la démonstration, avec ses
personnages plus grands que nature, de nous être retrouvés en plein centre d’un
territoire jusqu’ici inexploré, une région lointaine qu’ils n’auraient jamais voulu
quitter pour tout le fer du monde. La résilience, un mot fort à la mode par les
temps qui courent, a fait de cette histoire vécue dans le quotidien des
abandonnés, que la mine déterre les souvenirs violents d’un passé disparu mais
toujours aussi vivant dans la mémoire de ceux et celles qui l’ont vécu difficilement.
L’intègre et
si bénéfique THÉÂTRE NIVEAU PARKING, comme il sait toujours si bien le faire,
produit des pièces qui touchent droit au cœur du spectateur tout autant
qu’elles lui agitent sa conscience. L’humain, qui s’installe au PÉRISCOPE
pendant une heure quarante-cinq pour entendre la Voix de l'Auteur choisi, en ressort à tout coup amélioré, transformé. Il aurait fallu
enregistrer la conversation que nous avons eue sur la pièce A. et moi avec Line ...
Nous étions tous les trois dehors, mis " à la porte " du théâtre ;-). On parlait de Murdochville, de sa
mine de cuivre, de la grève qu’elle a subi pendant sept longs mois en 1957. Cette ville qui malgré sa fermeture a relevé le défi de ne pas se laisser mourir.
Également de
Baie-Comeau, de Sept-Îles, qui éprouvent l’usure de leurs mines et de leurs
forêts, qui deviendront peut-être à leur tour des cités fantômes comme Gagnonville. Et de l’épuisement de nos ressources naturelles. Et de Malartic. Du délogement des
propriétaires pour y exploiter l’or et ses poussières…En parlant de ça, un article fraîchement pondu du 18 décembre 2016:
I want to live
I want to give
I’ve been a miner for a heart of gold.
It’s these expression
I never give
That keep me searching for a heart of gold
Oui, il
aurait fallu qu’on nous entende afin que certains animateurs de radio dévidoirs
de fiel de Québec, qui dénigrent cette ressource spirituelle qu’est le Théâtre, aient un peu moins de préjugés sur ce à quoi ils n’assistent même pas. Que ce soit au coin
d’une rue couverte du désert d’un centre-ville d’hiver ou dans le fin fond d’un
baril d’huîtres, ou encore dans un sous-sol vidé de ses richesses naturelles, la
désolation complète, c’est ce qui peut-être nous guette.
Baril d’Huîtres
fils et
filles de miniers
frères et sœurs abandonnés
femmes
et enfants d'abord
de Blancs et d'Autochtones
drogue, violence et lits défaits
amour, angoisse, envol de valises
le coq chantera encore trois fois
et le train ne sifflera plus
elquidam
LES COMÉDIENS
Paule Savard, Véronika Makdissi-Warren, Serge Bonin, Marie-Pier Lagacé et Vincent Nolin-Bouchard sont montés sur scène pour descendre à bord de ce train de nuit. Chacun à leur manière, à travers trois générations, afin de nous situer au cœur de cette dévastation des pays d’en haut, ils nous ont fait prendre le pouls des passagers qui souffrirent de voir une partie de leur pays déménager...ailleurs…
Paule Savard, Véronika Makdissi-Warren, Serge Bonin, Marie-Pier Lagacé et Vincent Nolin-Bouchard sont montés sur scène pour descendre à bord de ce train de nuit. Chacun à leur manière, à travers trois générations, afin de nous situer au cœur de cette dévastation des pays d’en haut, ils nous ont fait prendre le pouls des passagers qui souffrirent de voir une partie de leur pays déménager...ailleurs…
Paule
Savard, une inconditionnelle de la scène québécoise, s’est à nouveau distinguée
avec ce rôle taillé sur mesure pour elle. Drôle, émouvante, divine, elle a tout
donné de son expérience de grand-mère résignée. Adaptée aux inquiétudes des deux adolescents elle leur fait tant bien que mal accepter le futur incertain qui
leur est destiné.
Vincent
Nolin-Bouchard et Marie-Pier Lagacé les ont interprétés avec une acuité
tellement près de la réalité courante que c’était à s’y méprendre. Leur
désinvolture les a menés tout droit-tout croche dans les bras l’un de l’autre avec les mots durs-mous de leur
langue, celle qui n’est pas fait en bois, pour se dire comment ils ont justement besoin
l’un de l’autre. Ils ont vraiment beaucoup de talent ces finissants du Conservatoire d’il n’y a
pas si longtemps.
Véronika
Makdissi-Warren, en veuve mère, qui en arrache avec l’annonce du déracinement
imminent de sa communauté, conserve malgré tout la force et la dignité pour
donner l’exemple à son fils déboussolé. Serge Bonin, son ami-amant, qui sonde et sauve les cœurs battants et apprivoise leurs tourments, apporte un goût de liberté, une
note de fraîcheur, une espérance...
CONCEPTION GRAPHIQUE
***
Mériol
Lehman, un photographe remarquable de Québec, exposait dans le hall du
Périscope quelques photos de COLERAINE, extraites de son OH CANADA. Sublime !
ARCELOR MITTAL
28 janvier
1986, le jour où la navette Challenger a explosé, j’étais à un mois près de
crever mes eaux profondes pour la première fois afin de prêter vie à mon fils Jeffrey. Le choc de voir ce
drame filmé en direct dans le ciel des USA aura déclenché une vague infinie de
sympathie pour ces sept hommes et femmes nés sur terre, morts dans l'espace, au nom de l'exploration. De revoir les images défiler sur l'écran lors de la pièce a ravivé ce souvenir indélébile...
24 mai
1986…c'est le jour du mariage de mon frère Raymond mais aussi celui de la 23e coupe Stanley pour la
Sainte-Flanelle. Il faisait très beau, le monde s'amusait ferme, ça fêtait fort de
tous bords de tous les cotés. Les hommes s'étaient rassemblés dans une espèce de petit salon de la salle des Chevaliers de Colomb de Saint-Eustache, il y avait une télé noir et blanc je crois bien et ils suivaient " la game ". De mon côté, disons que j'avais la tête ailleurs: c'était la première fois que j'étais loin de mon bébé de 3 mois. Il s'était fait garder par sa grand-mère paternelle. Il y a de ces événements parfois qui vous passent par-dessus la tête et d'avoir inclus cet autre souvenir impérissable de notre histoire nationale, m'a fait réfléchir à ceux et celles qui vivaient à ce moment même un drame beaucoup plus grave que le mien...
Revoyons celui-ci, un peu plus joyeux...
via facebook le 18 décembre 2016:
RépondreSupprimerMerci pour vos articles toujours très intéressants à lire.
Michel Nadeau
Tout le plaisir est dans le souvenir. Merci.
RépondreSupprimervia facebook le 21 janvier 2017:
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour vos mots, ils me touchent beaucoup.
Maxime Allen