Photo: Rolline Laporte
Le monde est
une huître, mais on n’ouvre pas une huître avec douceur.
Arthur
Miller
Mort d’un
commis voyageur
POUR RÉUSSIR
UN POULET: un stand up de groupe tragicomique issu de la plume pas tellement chicken de Fabien Cloutier, qui nous fait
découvrir ici un texte qui décape, décoiffe, wrap pis dérape et déplume ! De quoi
faire avaler goulûment un paquet de répliques aussi débridées les unes que les
autres. À côté de ces tas de ferraille productrice de futurs éreintés chroniques, ramasseurs de chesseuses à 6 pour 25 piasses, un magasin fantôme...pour les mains baladeuses du vice versant dans l'interdit...
http://ici.radio-canada.ca/tele/le-telejournal-quebec/2015-2016/segments/reportage/18572/cameron-poulet?isAutoPlay=1
L’air
climatisé, qui soufflait fort au-dessus de nos têtes ce soir, avait peut-être pour but de nous rafraîchir la mémoire sur cette histoire "glissée dans le vortex de la déchéance" depuis le 23 septembre 2014, date de sa création au Théâtre de la Licorne par le
Théâtre de la Manufacture.
http://ici.radio-canada.ca/tele/le-telejournal-quebec/2015-2016/segments/reportage/18572/cameron-poulet?isAutoPlay=1
"Ça prend un poulet d'grain
Note ça
Poulet de grain
Pis bio si possib'"
Vaillancourt à Mélissa
(page 9)
L’animal a
peu de mobilier, il n’a ni arts, ni sciences; tandis que l’homme, par une loi
qui est à rechercher, tend à représenter ses mœurs, sa pensée et sa vie dans
tout ce qu’il approprie à ses besoins.
Honoré de
Balzac
LA COMÉDIE
HUMAINE
Trois
chaises droites comme seul mobilier de décor ont largement suffit aux cinq protagonistes
pour y fixer leurs révélations pendant une bonne heure et dix. L’éclatement verbal du
déclin de l’empire québécois pouvait se mettre en marche avec un raid de
dialogues qui fait exploser à peu près tous les tabous qu’on puisse imaginer
ici-bas Ô Canada.
Mélissa, Vaillancourt et Judith
On a tous connu un jour ou l’autre un Steven, un Carl, un
Vaillancourt, une Judith ou une Mélissa. Leur profil en est un qui correspond à
ce quotidien qui nous fait tourner en rond à un arrêt de bus, dans un bar, sur le net, au
dépanneur, ou encore dans la salle d’attente du CLSC. Mais curieusement jamais à l’opéra
ou au théâtre. Encore une fois, le THÉÂTRE PÉRISCOPE nous a offert une pièce de
premier plan qui apporte son lot de réflexions profondes sur une société
qu’on aimerait parfois mieux cacher dans le fin fond d’un terroir encombré d'extrêmes en tout genre...
" Plus c’est
pesant,
plu$$$ c’est payant"
Parce que
Fabien Cloutier n’y va jamais par quatre chemins pour nous raconter ses
histoires « avec queues et têtes ». Parce que sa route cahoteuse est
en partie constellée de petits poucets écartés des sentiers débattus et de gros
chaperons bruns tristement violentés. Parce que les symboles pas toujours sexy
de la misère et de la pauvreté se promènent souvent dans ses alentours. Parce qu’il
sait comment leur dessiner le portrait avec ses mots durs et crus.
Photo: Patrice Laroche
Après avoir
vu l’excellente À TOI, POUR TOUJOURS, TA MARIE-LOU la semaine dernière à LA
BORDÉE, je n’ai pu m’empêcher de faire un parallèle avec le monde de Michel Tremblay : le vrai, le faux, le franc et le perfide. C’est qu’il faut en
mentir une shot de temps en temps pour finir par faire croire ce qu’on veut vraiment dire…
"Plus cher
ça
peut vouloir dire meilleur"
Steven à Carl
(page 25)
"La
différence entre un riche pis un pauv’
C'est pas le
nombre de fois que tu manges par jour
C'est c'que
tu manges ces trois fois-là."
Steven à
Carl
(page 17)
Les superbes
interprètes que sont Hubert Proulx (Steven Gilbert), Guillaume Cyr (Carl
Beaudoin), Denis Bernard (Mario Vaillancourt), Marie Michaud (Judith Gilbert)
et Gabrielle Côté (Mélissa Beaudoin), semblaient suspendus d’un bout à l’autre de la pièce aux lèvres et aux yeux de leurs collègues. Un véritable ballet de langues
déliées dans le pas à peu près.
Carl, Steven et Judith
Et parce qu’on a ri plus fort sur
certaines répliques plus truculentes, et qu’on en a perdu quelques mots, A. et
moi avons étiré notre luck en se procurant ce texte qui a remporté le prix
littéraire (théâtre) du Gouverneur général du Canada en 2015. Publié aux
éditions de L’INSTANT MÊME Dramaturges Éditeurs, il m’a dès le lendemain matin replongé dans le vrai monde « des personnages populaires à qui on ne donne pas
souvent la parole au théâtre ». And The beat goes on...
Grandmas sit in chairs and reminisce
Boys keep chasing girls to get a kiss
The cars keep going faster all the time
Bums still cry, "Hey buddy,
Have you got a dime?"
"C'est pas parce qu'une banane
a noirci su l'comptoir
qu'à se mange pus"
Carl
Page 54
Lori et
Mégane, 7 et 10 ans, les deux filles de
Carl, ne sont peut-être pas sur scène en chair et en os, mais l’on perçoit parfaitement leurs présences et même leurs odeurs, comme celle de poisson qui
se dégage des maudites huîtres de la perdition sur leurs vêtements de petites écolières...;-(
Tout comme Cédric,
le fils de 14 ans de Steven, on les imagine détenus dans leurs petites chambres noires
en train de jouer à cette grande et lucrative comédie humaine qu’est la
consommation de jeux vidéos, de chansons pop de millionnaires, de films de cul, ou encore de recettes de poulet dans une cocotte de fonte, n'en déplaise à Carl...
Des Galeries
du Boulevard à Caraquet, en passant par Costco, YouTube et le salon mortuaire,
les doigts enfoncés dans la gorge pour se faire vomir des hot-dogs de pauv' sur une carcasse au crépuscule, le public du Périscope ne s’est pas fait prier
pour applaudir à tout rompre le fait qu’il ne s’était pas fait rouler dans la
farine...des poulets morts...
Avant de symboliser la pureté et la douceur,
la perle est un
moyen de défense pour le mollusque.
Lorsque celui-ci entrouvre sa coquille pour
se nourrir,
il arrive qu’un grain de sable se glisse à l’intérieur.
L’huître le recouvre alors de nacre
pour
éviter les irritations.
LES HUÎTRES
DE LA SURVIE
POUR RÉUSSIR UN POULET
Production La Manufacture
Texte et mise en scène: Fabien Cloutier
Assistance à la mise en scène: Emmanuelle Nappert
Décor, costumes et accessoires: Maude Audet
Éclairages: André Rioux
Musique: Valaire
Reportage avec un extrait vidéo:
http://www.lapresse.ca/le-soleil/arts/theatre/201703/15/01-5079019-pour-reussir-un-poulet-la-recette-dun-desastre.php
"L'épée translucide
À s'appelle de même tabarnac
L'épée translucide
C'pas d'ma faute osti"
Carl à Steven
(page 20)
Après
Mario, c’était au tour de Judith, merveilleuse Marie Michaud qui nous a
tellement fait rire avec son amie facebook Jacqueline et son "ail de Chine qui fait
plus roter que l'ail d'icitte", et son singe qui sent son doigt et à qui j'offre cette belle horloge en forme de homard ;-) Nous lui avons souhaité une belle poursuite du show à Montréal et en province.
Il y
avait également quelques spectateurs comédiens dont Jean-Michel Déry,
Marie-Josée Bastien, Catherine Simard et Samantha Clavet. Ils avaient tous
visiblement apprécié la pièce. Et pour terminer ces intéressantes causeries, Guillaume
Cyr, comme un seul homme, tellement imposant et accessible. Parlé de ce rôle
important de Carl, de 8, que j’aimerais bientôt voir à Québec, de Mani Soleymanlou, qui est
à Paris en ce moment avec ses UN, DEUX et TROIS, de L’IMPOSTEUR, qui revient à l’automne prochain, de sa page Facebook "officielle", d'ILS ÉTAIENT QUATRE et de BILLY, LES JOURS DE HURLEMENT dans lesquels il excellait. Et puis, comme le disait si souvent feu Jean Lapierre: salut salut, et à la prochaine j’espère...
http://envapements.blogspot.ca/2013/11/billy-les-jours-de-hurlement-cheese.html
http://envapements.blogspot.ca/search?q=ils+%C3%A9taient+quatre
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L. était déjà partie et A. m’attendait. Dehors, y’avait Philippe Durocher, comédien, auteur et
bar tender à ses heures, c’est d’ailleurs lui qui m’a servi une rafraîchissante
limonade bourbon parce que je suis une fidèle au poste. On a parlé du prochain
BEU-BYE, des nouveaux collaborateurs, tout pour nous donner envie de récidiver
en décembre prochain parce que THE SHOW MUST GO ON...Celle-là, elle est pour toi, Guillaume « Carl »...
Empty spaces -
what are we living for
Abandoned places -
I guess we know the score
On and on,
does anybody know
what we are looking
for...
Another hero,
another mindless crime
"LA MER C’EST
BEAU
MAIS ÇA SENT"
Carl
(page 50)
via facebook le 27 mars 2017:
RépondreSupprimerMerci beaucoup.
Denis Bernard
via facebook le 26 juin 2017:
RépondreSupprimerMerci !
Fabien Cloutier