Mercredi 24 octobre, IMPÉRIAL BELL, rue Saint-Joseph Est, les gens
entrent par petite masses. La table de A. et L. est collée sur la scène. Ils
fraternisent avec deux spectatrices qui elles aussi sont aussi
enthousiasmes qu’eux. C’est qu’ils verront d’assez près merci Sébastien Ricard
et ses acolytes. Leur BIBLIOTHÈQUE-INTERDITE deviendra pour une heure et
dix la leur. Ils verront ainsi avec quelle grandeur le texte de Denis Plante,
mis en scène par nulle autre que Brigitte Haentjens, détonnera dans leurs mémoires. Comme le hasard fait toujours bien les choses, c'est ce soir, dans la LIBRAIRIE PANTOUTE de la rue Saint-Joseph, qu'il est venu nous faire un nouveau tour de magie circonstancielle. L'auteur en personne y était. Avec son livre qu'A. et moi avions remarqué puisqu'il trônait sur le kiosque promotionnel. Un bref entretien pour lui faire savoir qu'on serait dans la première rangée, pour lui témoigner notre hâte de voir ce spectacle tant attendu. A. s'est procuré le livre et a ainsi eu droit à une signature de l'auteur.
Une autre fois, nous aurons été ravis de participer à un spectacle empreint de chaleur et d’humanité. La musique, celle du bandonéon en particulier, nous a conquis dès les premières notes. Débarqué dans les nuits de tortures de l’Argentine de 1941, baigné des lumières de la Mythologie, enrichi des pages multi centenaires de la Littérature, ce spectacle haut en émotions et en vérité aura comblé nos yeux, nos cœurs et nos âmes. Ce court mais si intense moment de Culture plongé dans une éternité teintée des couleurs de la grâce et du souvenir impérissable, inondé des résurgences musicales de 1941, fait naître, ou renaître pour certains, tout le plaisir de feuilleter ces milliards de pages déterrées de l'antre des grandes bibliothèques. Fait aussi qu'on se souhaite de ne jamais perdre la vue, si essentielle à la lecture de tous ces poètes, romanciers, essayistes, journalistes...
MINOTAURE
George Frederic Watts (1817-19-04)
qui a inspiré la nouvelle
« La Demeure d'Astérion »
de Jorge Luis Borges
À la sortie du spectacle, après avoir reçu une ovation des plus méritées de la part d'un public en feu, on pouvait lire le ravissement dans les yeux du Concepteur. En espérant que ce show aussi divertissant qu'enrichissant puisse se promener sur cette planète rebelle à travers les amoureux de la Musique et de la Littérature. Sébastien Ricard, à nouveau dans une forme des plus expressives, autant par sa gestuelle que son souffle, nous a littéralement hypnotisés. Une performance tout aussi intensive que celles qu'il nous avait offertes avec les Koltès du garage Bérubé et de la Caserne au printemps dernier. Cette rigueur dans la prononciation, ce rythme dans ses pas, cette lumière dans ses yeux: il est unique. Voilà, tout est dit et...écrit.
TANGO BORÉAL
Photos: L.Langlois
24 octobre 2018
LA BIBLIOTHÈQUE-INTERDITE
Texte et musique : Denis Plante
Mise en scène : Brigitte Haentjens et Sébastien Ricard
Avec : Sébastien Ricard et les musiciens Denis Plante (bandonéon), Francis Palma (contrebasse), et Mathieu Léveillé (guitare)
ARGENTINE 1941
JANVIER
L'UCR (l’Union Civique Radicale) n'appuie pas au Congrès la
proposition du ministre de l'économie, Federico Pinedo, qui démissionne.
FÉVRIER
Le président Roberto Ortiz, pendant
son congé du travail pour cause de diabète, condamne
la fraude électorale promue par son vice-président et président par
intérim, Ramon Castillo.
SEPTEMBRE
Une tentative de coup d'Etat échoue. Le général Zuloaga, des forces aériennes, est rétrogradé.
Une tentative de coup d'Etat échoue. Le général Zuloaga, des forces aériennes, est rétrogradé.
OCTOBRE
Création de la Direction General de Fabricaciones Militares.
Nouvelle rébellion militaire, demandant la
rétrogradation du général Augustin Pedro Justo.
DÉCEMBRE
Le candidat
conservateur Rodolfo Moreno prévaut
aux élections de Buenos Aires. L'opposition dénonce la fraude électorale.
EN COURS
L'Argentine reste neutre pendant la Seconde Guerre mondiale, malgré la pression étrangère pour rejoindre la guerre.
(Sources: WIKIPEDIA)
Jorge Luis Borges et
sa bibliothèque
En 1938, Jorge Luis Borges obtient un
emploi dans une bibliothèque municipale de Buenos Aires. C’est à cette époque qu’il écrit Pierre Ménard, auteur du Quichotte, son premier conte fantastique. Il perd cet emploi en 1946 en raison de ses positions
contre la politique péroniste, et devient inspecteur des lapins et volailles sur les
marchés publics. En 1955, le gouvernement
« révolutionnaire » militaire, qui chasse Juan Peron du pouvoir, nomme Borges directeur de la bibliothèque
nationale. Il devient également professeur à la faculté de lettres de Buenos
Aires. Comme son père avant lui, il souffre d’une grave maladie
qui entraîne une cécité progressive, laquelle deviendra définitive en 1955. Devenant peu à peu un personnage public, il préside
la Sociedad Argentina de Escritores.
LES CAUSES
Homère surgit peu à peu
d’un autre texte, L’Immortel, après un extraordinaire voyage dans
l’espace et le temps. Dans Pierre Ménard, auteur du Quichotte, Borges nous dévoile son goût pour l’imposture, et un
certain humour littéraire souvent rare, mais qui dans l’ouvrage Chroniques
de Bustos Domecq, écrit en collaboration avec Adolfo Bioy Casares, s’épanouira dans l’évocation d’une étonnante
galerie de personnages artistes dérisoires et imposteurs.
Photo: Pascal Ratthé, Le Soleil
Représentation du 24 octobre 2018
PARTONS AU COMBAT
Partons,
ardent
prophète de l'aurore,
par les
sentiers cachés et abandonnés,
libérer le
vert crocodile que tu aimes tant.
Partons,
vainqueurs de
ceux qui nous humilient,
l'esprit
rempli des étoiles insurgées de Marti,
jurons de
triompher et de mourir.
Quand ta voix
répandra aux quatre vents
réforme
agraire, justice, pain, liberté,
à tes côtés,
avec les mots,
nous serons
là.
Et quand
viendra la fin du voyage,
la salutaire
opération contre le tyran,
à tes côtés,
espérant la dernière bataille,
nous serons
là.
Et si le fer
vient interrompre notre voyage,
nous
demandons un suaire de larmes cubaines
pour couvrir
les os des guérilleros
emmenés par
le courant de l'histoire américaine.
Che Guevara,
1956
MINOTAURE
copie d'une statue de Myron,
Musée national archéologique d'Athènes
Et aux dernières nouvelles...
"Alors que
l’Argentine s’enfonce dans une nouvelle crise économique et sociale, le
président de droite, Mauricio Macri, se prépare à briguer un second mandat en
2019. En face, le péronisme peine à s’affranchir de l’ombre de Cristina
Kirchner. D’autres figures inspirées par Trump ou Bolsonaro pourraient tirer
leur épingle de ce jeu politique très ouvert."
MEDIAPART
5 novembre
2018
LE TEMPS DES VIVANTS
Passe passe le temps des
abîmes
Il faut surtout pour faire
un mort
Du sang des nerfs et
quelques os
Que finisse le temps des
taudis
Passe passe le temps des
maudits
Il faut du temps pour faire
l’amour
Et de l’argent pour les
amants
Vienne vienne le temps des
vivants
Le vrai visage de notre
histoire
Vienne vienne le temps des
victoires
Et le soleil dans nos
mémoires
Ce vent qui passe dans nos
espaces
C’est le grand vent d’un
long désir
Qui ne veut vraiment pas
mourir
Avant d’avoir vu l’avenir
Que finisse le temps des
perdants
Passe passe le temps inquiétant
Un feu de vie chante en nos
cœurs
Qui brûlera tous nos
malheurs
Que finisse le temps des
mystères
Passe passe le temps des
misères
Les éclairs blancs de nos
amours
Éclateront au flanc du jour
Vienne vienne le temps des
passions
La liberté qu’on imagine
Vienne vienne le temps du
délire
Et des artères qui
chavirent
Un sang nouveau se lève en
nous
Qui réunit les vieux
murmures
Il faut pour faire un rêve
aussi
Un cœur, un corps et un
pays
Que finisse le temps des
prisons
Passe passe le temps des
barreaux
Que finisse le temps des
esclaves
Passe passe le temps des
bourreaux
Je préfère l'indépendance
À la prudence de leur troupeau
C'est fini le temps des malchances
Notre espoir est un oiseau
Paroles: Gilbert Langevin
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