« LA DUCHESSE : […] C't'effrayant, c'te soleil-là,
c't'effrayant! M'as mourir! Mais ça fait rien, tu vas v'nir brune pis belle!
(Elle s'éponge le visage.) Ça, c'est pas vrai pantoute, parce que tout c'que
j'arrive à être, c'est rouge comme un homard… Un homard! Seigneur-Dieu!
J'commencerais-tu à parler de moé au masculin? Quelle horreur! C'est vrai que
homarde… »
Michel Tremblay
LA DUCHESSE DE LANGEAIS
Ce texte a été présenté en lecture publique par le CEAD, le
24 juin 1968 au festival ACTA, à Vaudreuil, et le 1er juillet au Théâtre de
Quat'Sous; la lecture était dirigée par André Brassard.
Création
Les Insolents de Val d'Or, le 10 mai 1968; Théâtre de
Quat'Sous, 18 février 1970
DANSER SUR LA TABLE DANS LE THÉÂTRE QUI FLAMBE
NAPALM
Keith Kouna
Que tu danses ou boives ta vie
Que tu t’en sacres ou la revive
Tu seras toujours le/la même
Tu seras à jamais LA REINE
Tel(le) que tu hais
Tel (le) que tu aimes
Tel(le) que tu es
On t’aimera toujours, Duchesse
On t’aimera, que tu le veuilles ou non, d’amour.
Point.
elquidam
30-11-19
Samedi dernier, 23 novembre, 16 heures tapant, dans la rangée double A, siège
7, on l’attendait fébrilement dans un Trident impatient de la voir s’amener
avec sa perruque, robe, talons aiguilles, bobettes et paillettes. Contrairement à
ses anciennes habitudes, elle n’était pas toute seule: trois beaux
jeunes hommes, un pianiste-batteur, un chanteur-guitariste et un danseur l'accompagnaient. Ils
étaient fins et prêts à tout pour la mettre en oeuvre et en évidence, elle, LA DUCHESSE DE LANGEAIS. alias Édouard, prince de Tremblay…
18 nuances de gai dans LE VILLAGE
Swing la bacaisse dans l'fond de la boîte à bois ?
En québécois, une bacaisse est un morçeau de tissu que les
colons utilisaient pour transporter le bois à l'intérieur des chaumières afin
d'alimenter le feu de cheminée. Son orthographe original est baquaisse. Swinguer désigne l'action de lancer quelque chose. Ainsi,
Swing la bacaisse dans l'fond de la boîte à bois est une expression québécoise
qui nous invite à jeter son instrument de travail (sa bacaisse) dans un coin
(ou dans l'fond de la boîte à bois) afin de se libérer les mains et se joindre
à la danse pour faire la fête.
California
mai 1979
Quoique son histoire ait commencée vers la fin des années
60, je me demande si je ne l’aurais pas croisée un soir à L.A. en mai 1979, lors de
cette virée sur Sunset Boulevard. Ou peut-être que c’était au LIMELIGHT, la célèbre
discothèque du 1254 rue Stanley...
Dans une Métropole en feu remplie de bars et discothèques en tous genres, les femmes au premier, les gays, les blacks, les white, les straight au deuxième et les réguliers au troisième. Tout le monde était presque sur la même longueur d’ondes que celles de la Dufresne, une autre grande dame de Montréal. À coup de coco cognac, de whiskey-à-gogo, et autres drinks exotiques, ça se faisait aller gaiement sur le plancher des vaches sacrées et autres veaux d'or bien bien attifés. Au son des 12 pouces du Dee-Jay Ouimet, on y passait une partie de la nuit à se branler le popotin, swinguer la bacaisse dans le coin de la boîte à bois. Comme des fous et des folles, come on and do it !
Dans une Métropole en feu remplie de bars et discothèques en tous genres, les femmes au premier, les gays, les blacks, les white, les straight au deuxième et les réguliers au troisième. Tout le monde était presque sur la même longueur d’ondes que celles de la Dufresne, une autre grande dame de Montréal. À coup de coco cognac, de whiskey-à-gogo, et autres drinks exotiques, ça se faisait aller gaiement sur le plancher des vaches sacrées et autres veaux d'or bien bien attifés. Au son des 12 pouces du Dee-Jay Ouimet, on y passait une partie de la nuit à se branler le popotin, swinguer la bacaisse dans le coin de la boîte à bois. Comme des fous et des folles, come on and do it !
Toilettes du DRAGUE à Québec
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Michel Tremblay, l’auteur de ce passage obligé dans la vie
d’Édouard, nous aura tenus encore une fois au bout de sa plume trempée dans le
moyen malheur de l’homme libre. Jacques Leblanc, ce grand acteur condamné au
succès et à l’amour de son public de par ses rôles marquants a, comme
d’habitude, tout donné pour satisfaire les buveurs de mots durs et crus que nous
sommes devenus au fil du temps qui passe, sans jamais vraiment s’arrêter. Parce
que cet aveu du petit garçon agressé sexuellement à l’âge innocent de six ans
par un cousin plus âgé nous apprend comment le vice versa en son corps et en
son cœur. Tomber pour les uns et les autres à travers les plus grandes villes
du monde et finir par rire de soi pour fuir l’amour avec un grand A, pour ne
pas mourir tout seul. Non, ce n'est pas toujours facile la vie de starversie. Touchant et direct comme nous
ne l’avions pas encore vu, M. Leblanc se méritera probablement encore le prix
d’interprétation masculin(e)…;-)
Ses fabuleux acolytes, SUPER-posés à lui, ont apporté une
quatrième dimension à ce spectacle dirigé de main de maîtresse par nulle autre
que Marie-Hélène Gendreau qui, décidément, est partout cet automne, et ceci est
loin d’être un reproche. Elle a trouvé la combinaison parfaite de ce
coffre-fort rempli de talents. À commencer par celui de Fabien Piché, prodigieux danseur/personnificateur, transparent comme un
cygne de verre, gracieux et ardent, ouvert et secret, juste assez pour le voir
contourner l’amour dans les bras de son vieil amant. De toute beauté!
Les deux musiciens que sont Keith Kouna et Vincent Gagnon se
sont parfaitement intercalés dès le départ avec leurs envolées tant vocales
qu’instrumentales. Ils ont habité une pièce quelque peu fantomatique de la maison de
cette belle grande famille à l’univers particulier qu’a créée Michel Tremblay il y a de ça plus de cinquante ans. Keith Kouna, qui a sorti sa voix unique
d’inestimable poète des grandes occasions, retentissait comme on le connaît
depuis ses débuts : rebelle authentique, sans artifice, avec toute la
puissance TNT de ses mots et musiques, accents aigus d'une Amérique plus latine que britannique.
Vincent Gagnon, un pianiste aux métamorphoses multiples, qui
passe du jazz au rock au pop sans aucune espèce de difficulté, peut-être à cause
de cet amour de la musique qu’il partage avec plusieurs autres musiciens. J’ai d’ailleurs eu le bonheur d’assister à
l’un de ses concerts jazz au Palais Montcalm en octobre 2010 alors qu’il jouait
avec son quintette. Le résumé de cette soirée ici :
Photo: Catherine Tétreault
CHANSONS ET POÈMES
CITÉS DANS LE TEXTE
Je me souviens de LA DUCHESSE DE LANGEAIS, celle qui existait dans
la peau blanche de feu Claude Gai. Elle avait étrangement fascinée l’enfant que j’étais alors. Je ne me souviens plus si c’était un extrait
de Demain matin Montréal m’attends ou bien la pièce elle-même, la mémoire, ça
finit par défaillir ça aussi. Une chose est certaine, cette image d’un homme
travesti en femme m’est restée collée dans la rétine longtemps. Claude Gai, disciple de Tremblay, a interprété plusieurs rôles de..gays. En l'an 2000, dans le rough n' tough HOCHELAGA de Michel Jetté, il campait un employé de sauna. Il est mort d'un infarctus le 3 février 2007. Dans la 800, avec une autre spectatrice, il a été l'un de nos sujets de conversation. Jacques Leblanc et lui peuvent s'estimer privilégiés d'avoir été choisis pour interpréter cette grande Dame au langage arc-en-ciel...
J’aimais bien cette époque dorée du noir et blanc où Radio-Canada télédiffusait du théâtre le dimanche soir. Tous ces comédiens et comédiennes qui joualaient du Tremblay, Dubé, Carrier, Barbeau, Gauvreau, Gélinas, VLB et cie, ont développé mon intérêt pour les histoires d’ici. Pour se remettre dans l'ambiance nostalgique, l'extrait ci-haut avec feu Pierre Dufresne et la belle Monique Miller, me rappelle que cette dernière doit commencer à se sentir bien seule ces jours-ci, notre belle et si bonne Andrée Lachapelle étant allée rejoindre les étoiles de la plus grande scène théâtrale qu'est l'Univers...
ALBERTINE À 60 ANS
COMME TOI, DUCHESSE
Claude Gai
C'est peut-être ce qui a fait que j'ai tant aimé me retrouver en compagnie de ces hommes si beaux et fascinants, des fois un peu bitch mais si chaleureux. Sortir avec eux en boîte, dans leurs bars, après le boulot, c'était la cerise sur le sundae de nos amitiés. La plupart travaillaient avec moi chez Trans-Canada Musique Services (TC pour les intimes). C'était en 1975, on était jeunes et la musique nous unissait de la tête aux pieds en passant par les doigts et les narines. On pouvait alors tomber en amour avec tout le monde, enfin presque. Comme dans la chanson de Plamondon, des choses comme l'amour qui se peut pas, ça peut vous arriver...
Cette musique disco, rock, pop, jazz, classique ou peu importe, on la vendait, on l'achetait, on la mangeait, et surtout on la dansait. Ce qu'on a pu en avoir du fun. Certaines de ces nuits folles ne se finissaient qu'au lever du jour. Comme toi, Duchesse, on aimait ça le NIGHTLIFE...
I can cast a spell,
Of secrets you can't tell,
Mix a special brew,
Put fire inside of you
Anytime you feel danger or fear,
Then instantly
I will appear 'cause
I'm every woman,
It's all in me
IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L'EST
LAURENCE ANYWAYS
CONCEPTION
MICHEL TREMBLAY : TEXTE
MARIE-HÉLÈNE GENDREAU : MISE EN SCÈNE
CATHERINE CÔTÉ : ASSISTANCE À LA MISE EN SCÈNE
KEVEN DUBOIS : ÉCLAIRAGES
KEITH KOUNA : MUSIQUE
ALAN LAKE : CHORÉGRAPHIES
VIRGINIE LECLERC : COSTUMES
JULIE LEVESQUE : SCÉNOGRAPHIE
ÉLÈNE PEARSON : MAQUILLAGES
STÉPHANE BOURGEOIS: PHOTOS DU SPECTACLE
AUTRES DUCHESSES
Francis Bourgea
La Duchesse de Laurent Paquin dans
DEMAIN MATIN MONTRÉAL M'ATTEND
Photo: Yves Renaud
Céline Dion et Muriel Millard
(montage: L.Langlois)
Près de la porte du Théâtre PÉRISCOPE
cet automne
cet automne
Photo: L.Langlois
Ça, c'est juste juste pour les bons,
Jacques !
;-)
Jacques !
;-)
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