lundi 20 décembre 2010

À l'affiche: Le petit lundi exceptionnel d'avant Noël

Le pommier illuminé
Photo: L.L.


C’était hier…déjà…

Au Quai St-André, dans le stationnement du Marché du Vieux-Port, A. avait un plan…de blanc…cassé ! Il fallait avoir le goût de marcher sur Elle, Vieille Ville, une fois de plus...Nos tuques et gants bien en place, nous partîmes à l’assaut de nos petits bonheurs...


Après avoir remonté la Côte-du-Palais et tourné à droite sur la St-Jean, nous prîmes la direction de la LIBRAIRIE PANTOUTE, A. voulait annuler une commande spéciale. Avons pris le temps de saluer Christian G., le plus aimable des libraires de la ville de Québec. ;-) Rien à acheter (pour une fois), juste parlé de son prochain recueil, qui pourrait bien voir le jour quelque part en 2011, aux Éditions MOULTS, dans la collection CRiTURes…collection qu’il dirige…Pris le temps de lui demander s'il me reconnaissait avec ma nouvelle tête à la jeanne d'arc avant d'aller au bûcher mais également des nouvelles des siens, qui sont en Gaspésie et qui attendent la prochaine grande marée. Pas trop de dégâts pour eux mais on croise nos doigts pour qu’il n’y en ait pas trop cette fois…

Second arrêt: la boulangerie LE PANETIER BALUCHON, parce que A. avait un papier à remettre à P.-C., le proprio, et qu’il voulait me montrer la superbe affiche des champs de St-Elzéar, là où nous avions passé la journée du 1er juillet 2009 ensemble…La culture du lin ayant été depuis remplacée par celle de la moutarde, c'est donc du jaune flash qui prédomine sur l'affiche...Après tout ce bleu....Entre le vert de cette vallée de la Beauce et le gris glissant de notre ville: le pain frais, celui que l’Homme boulange sept jours sur sept avec les mains de sa fatigue...

Fallait bien que je finisse par entrer chez ERICO CHOCO-MUSÉE, depuis le temps que je passe devant leur vitrine. C'est presque un péché de ne rien acheter tant l’arôme du chocolat vous excite et le nez et l’estomac…Glissé une pièce de 0.25¢ dans l’un des tourniquets pour y cueillir une petite poignée de mi-amer…Devant le comptoir, une foule de clients un peu pressés, qui en étaient probablement dans leurs dernières courses avant Noël. Acheté pour 4$ d’aiguillettes à l’orange enrobées du goût affriolant de cette fève royale…Divin!

Quelques pas plus loin, sur les trottoirs un peu gadoués, nous étions devant la porte d’une boutique de cuisine, le nom m’échappe. Je savais que A. finirait par l’acheter cette fameuse râpe à gingembre, depuis le temps qu’il s’était passé de l’autre, celle emportée par M. dans le raz-de-marée de la subite rupture. Enfin, il va pouvoir "violer " quelques racines de cet excellent rhizome pour l’incorporer dans son potage à la citrouille ou encore en parsemer la chair rose d’un tendre saumon…


Un court arrêt à la LIBRAIRIE ST-JEAN BAPTISTE, pour demander à Frédéric s’il n’y aurait pas en stock un poète du nom de Delvaille, Bernard de son prénom. Delvaille, un poète que j’ai " rencontré " récemment via Emmanuel F., un blogueur découvert grâce à Louis Hamelin du Devoir, dans une critique fort éloquente sur LA FUITE DE TOLSTOÏ, d'Alberto Cavallari, journaliste italien qui raconte la fin de la vie du célèbre romancier (que je n’ai pas encore terminé d’ailleurs). Pas de Delvaille mais du Larose…et éventuellement du Girard…Voici pourquoi on tombe pour un auteur:

Et ce sera l'adieu
un soir de neige
au chant des lèvres
col relevé
inconnu à moi-même
j'avancerai
je connais
le chemin

Tout est décidé
nul hasard
nul secours


Je sais à quel virage
m'attend
ma mort

Bernard Delvaille
Faits divers, 1976"
(site: Poezibao)

Le temps passait, nous approchions de la rue Cartier, celle-là qu’on aime tant A. et moi. Le Jules et Jim est à se refaire une beauté, lui qui a passé au feu en juillet dernier mais qui selon sa page facebook devrait rouvrir en février prochain. En attendant, nous avions le goût de nous asseoir un brin pour avaler quelques gorgées de cette rousse au goût de caramel, nous entrèrent donc au Pub Galway, à quelques pas du Jules et Jim, pour y retrouver un petit air d'Irlande... enneigée...

Assis au bord de la fenêtre, nous regardions passer les gens, ceux qui font et feront toujours l’âme et l'os de cette rue de caractère. Réal n’était pas à son poste, en avant de chez SILLONS LE DISQUAIRE, peut-être était-il demeuré au chaud chez lui en ce petit lundi d’avant Noël, entrain de préparer son habit de bonhomme de neige ou de Père Noël…A. et moi étions contents de nous retrouver ainsi, à recruter les humeurs et les visages de ces gens qui arpentent les rues abruptes de notre ville. Étrangement, on aurait dit qu’il y avait un vide dans ses rues, comme si le 23, dernier jour de magasinage éhonté, attendait dans le recoin fidèle de sa folie des grandes heures…ou des grands heurts (c'est selon)…A. et moi n’étant pas naturellement des gâteux de cadeaux, respirions donc à plein nez l’air humide de la belle Capitale, profitant de la liberté offerte à nos pieds bien chaussés…

La Grande Allée, sur laquelle les miens ne sont pas habitués de s’y poser, avait des allures d’après match…Devant le Dagobert, disco bar où le boxeur Jean Pascal est allé fêter après sa mi-victoire de samedi passé, des gros morceaux de glace étaient déjà en place, j’imagine que ce sont les préparatifs pour les terrasses chauffées pour le réveillon du Jour de l’An.

Les aurores boréales de la Bungee, le Moulin à Images, les feux d’artifices Loto-Québec, les édifices tout illuminés, le Red Bull Crashed Ice, les défilés du Carnaval: Québec est devenue une vraie ville-lumières, sans oublier le Parlement...Curieusement, y'avait pas de contestataires devant lui aujourd'hui, le monde est bien trop affairé à cuisiner ses derniers préparatifs des Fêtes: des tartes, des dindes, du kraft dinner ou des toasts au beurre de peanuts…

Non, pas de contestataires, que les statues de silence de nos grands et petits hommes politiques au parterre. En les voyant ainsi, bien plantées sur leurs socles, on a eu une pensée futile pour celles que Sylvio Berlusconi est entrain de faire réfectionner en Italie: greffe de pénis pour Mars, mains pour Vénus, et pourquoi pas un peu de botox sur le bord de ses vieilles lèvres et du silicone pour ses seins passés date ? ! Devant la porte Saint-Louis, on a rit comme deux fous, elle qui est aussi entrain de se faire faire un face-lift, tout comme sa petite soeur de la rue St-Jean. Je n'ai rien contre la réfection de statues, en autant que ce soit seulement pour les décrotter...

Rue Saint-Louis, pavée de ses restos classiques, avec le travers de ces boutiques attrape-touristes pour arriver aux portes tournantes et dorées du Château, le temps d'une certaine envie qui n’en pouvait plus d’attendre…Déambulation sur ses tapis sourds, auscultation de ses artères centenaires, un havre de repos pour les marcheurs fatigués que nous sommes...un arrêt dans le temps, pour la magie des lieux et le confort des demi-dieux…

Quasiment seuls sur Sault-au-Matelot, ses galeries semblaient presque s’ennuyer, c’est vrai que nous n’étions qu’un lundi, c’est ce que la plupart des commerçants nous ont chanté…St-Paul, au 48, pour déguster quelques tapas avec les 25$ qu’il me restait des 100 du prix littéraire de la revue Prestige, remporté à cause d’Elle, Vieille Ville…Encore un brin de jasette à propos de tout ce que nous avions à rattraper A. et moi de nos conversations estompées des derniers temps…

Assis bien calés sur des fauteuils plus que moelleux, le paysage des murs noirs et des glaces nous renvoie le calme souverain de ce coin que nous aimons depuis le jour du premier jour…Le gentil serveur, un peu surpris de voir arriver deux clients en plein après-midi, nous a servi: une bière pour A. et un thé vert pour moi, puis quelques unes des 48 tentations: satay de poulet sauce aux arachides et lait de coco, prosciutto et melon, croûtons de chèvre et sa tapenade d’olive, oignons caramélisés et canard fumé, mini fondue de mamirolle…Nos bouches qui se déliaient là-dedans, nos mots prenaient alors tout leur temps. L’instant d’une étiquette, à la table des petits rois…

À Espace 400, autour du sapin " développement durable ", puis une petite virée dans le labyrinthe des sapins, et une petite peur bleue de A. à moi, à la Jack Torenz dans le Shining ! La glissade de chambres à air au loin, avec des cris de vrais enfants qui s’amusent autrement qu’avec des consoles de désolés, ou de futurs consolés…

Fallait bien finir par boucler la boucle...de retour au Quai St-André pour le Marché de Noël du Vieux-Port…avec les odeurs de cannelle de chandelles au soya, les savons, les sirops, etc…Et les petits boires et bouchées à déguster, on se laisse bien sûr tenter: pour moi ce fût beignets maison, saucisses Sö-Chö, choucroute garnie, crème de cèpes et bolets, quinoa, (avec une petite pensée pour Mélissa, chez qui j'emprunterai bien une de ses recettes pour apprêter cette mère de tous les grains) et un sachet de poudre de maca, tubercule péruvien que les Incas cultivaient pour y solliciter l'énergie, l'intellect et la libido...;-)…Une bien belle fin de journée s'achevait...Le retour dans nos bercails respectifs, un petit bec sucré sur la joue de l'Ami retrouvé et heureux, des Joyeux Noël et Bonne Année, on peut bien encore se les souhaiter...entre nous...


De l'âme jusqu'à l'os,
ta mouelle dans mon écorce


Et le vent,
qui se véloce
sur tes voies
de vieille précoce;


Salut ma Belle Ville,
je t'aime encore autant,
et même plus qu'avant...



L.L.
21-12-10




SITES VISITÉS

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire