Nicolas de STAËL (1914-1955)
Cinq Pommes
1952
Huile sur toile, 38 x 61 cm.
Rue St-Jean, 9 février 2012
Photo: L.L.
Photo: L.L.
« ... le corps de l'acteur n'est ni plus ni moins qu'une boule d'énergie fabuleuse qu'il s'agit de maîtriser adroitement. »
Hugues Frenette à Claire Goutier
in BAZZART, 2010. Thème : BRUT [E]
Pour toi, petit Léo…
Je voudrais voir la mer
Et danser avec elle
Pour éloigner la mort
Pour éloigner la mort
Michel Rivard
III
Quand ta maman
Apparaît à la porte,
Et que je tourne la tête,
Pour la voir,
Ce n’est pas sur son visage
Que tombe d’abord mon regard,
Mais à l’endroit,
Plus près du seuil,
Là, où serait ton
Cher visage,
Si, rayonnante de joie,
Tu entrais avec elle
Comme autrefois, ma petite fille.
Quand ta maman
À la lueur de la bougie,
C’est pour moi toujours
Comme si tu entrais avec elle,
Te glissant derrière elle,
Comme autrefois, dans la pièce !
Ô toi, chair de ton père,
Ah, joyeuse apparition
Trop vite éteinte !
Friedrich Rückert
Chant pour des enfants morts
Kindertotenlieder
Traduction Wikisource
***
Au ras des nuages de laine, juste en dessous du sein tiède de la mer, une petite musique de fin de journée ordinaire pour toi, Caroline…
LA LISTE...un autre bon coup de marteau dans le ventre…une truffe fondante dans la bouche des mercredis…une mégatonne
de bas rouges à trier…
Du matin au soir, des mères au travail, des pères au bercail…une absente...une femme seule et nouvelle qui attend…quelqu’un…une ribambelle d’enfants joyeux qui courent sur les gazons verts…une table, des chaise... des pommes…cinq pommes...belles à croquer…bonnes à aimer…et du souffle…un banc de brouillard inattendu à la sortie d'une pièce attendue, avec le vent frais de la mi-février...
Du matin au soir, des mères au travail, des pères au bercail…une absente...une femme seule et nouvelle qui attend…quelqu’un…une ribambelle d’enfants joyeux qui courent sur les gazons verts…une table, des chaise... des pommes…cinq pommes...belles à croquer…bonnes à aimer…et du souffle…un banc de brouillard inattendu à la sortie d'une pièce attendue, avec le vent frais de la mi-février...
Jeudi, 16 février
au coin de Turnbull et Crémazie
au coin de Turnbull et Crémazie
Photo: L.L.
Sylvie Drapeau, concertiste de talent, pianiste, cantatrice, mais surtout actrice. Irréprochable. Une lumière dans le brouillard. Comment ne pas avoir eu mal aux mots de SA liste ? Comment ne pas s’être laissé abandonner par son regard endeuillé…Laissons courir les enfants librement dans les champs de SA mémoire...
Une heure et dix pour entendre l'ampleur de ce drame personnel, pour transformer les mots
récipiendaires de Jennifer Tremblay en promenade solitaire au milieu d’un cœur
saccagé par un remord pour le moins angoissant. Une heure et dix de silence râpé, de souffle découpé dans le verre de la transe/apparences...Soixante-dix minutes passées entre les murs lattés de cette maison de campagne aux fenêtres grandes ouvertes...Soixante-dix minutes à s’être fait malaxer le caillot à spin...Soixante-dix minutes pour avoir eu peur en même temps que tout le monde....
***
Toutes ces listes d’attentes interminables pour les greffes d'organes, colonoscopies ou quelconques psychothérapies, et celles plus flottantes, pour le jaunissement et/ou la rage des dents, pour les teintures et/ou coupe de cheveux, et celles vraiment plus urgentes pour l'achat du lait, du pain et des pommes...CINQ POMMES
Cézanne
1877-1878
1877-1878
Des touches estompées aux grands coups de spatule, la mise en scène impressionniste de Marie-Thérèse Fortin nous a ouvert les portes closes dans la penderie de nos mémoires remplies de linge propre. Tous ces placards à cafards pour ranger le désespoir de nos vaines accumulations de matériel bon à brûler. Toutes ces armoires à genoux devant leurs multiples compartiments pour dé-ranger le quotidien des mal arrangés. L'ultime des rangements pour la première résurrection…
***
Sylvie Drapeau, que je n'avais pas revue depuis février 2005 (superbe AIGLE À DEUX TÊTES de Jean Cocteau, d'ailleurs mis en scène par Marie-Thérèse Fortin et dans laquelle Hugues Frenette lui donnait la réplique) était tout simplement resplendissante, tout comme en 1997, au CAVEAU-THÉÂTRE des Trois-Pistoles dans cette fulgurante GUERRE DES CLOCHERS de Victor-Lévy Beaulieu. La sobre intensité avec laquelle elle a joué hier soir s'accordait parfaitement avec l'anthracite de la magnifique robe qui moulait toute la douleur de son "oubli ". La scénographie des accessoires nécessaires au service de l’histoire, l’intensité des mots de tous les jours, l’élocution avec laquelle l’Actrice nous les a offerts en pâture, nous, public littéralement suspendu à ses lèvres de rigueur et à ses yeux bouffis par les remords de nos propres oublis sur les listes à faire...et à refaire...Merci à vous Mesdames, ce fût une belle randonnée dans les alentours de l'âme...
LA LISTE
Équipe de création
Angelo Barsetti Stéphanie Capistran-Lalonde Jasmine Catudal Claude Cournoyer Charlotte Farcet Isabelle Larivière Julie Measroch Nancy Tobin
Direction de tournée et régie son
Julie Brosseau-Doré
Éclairagiste de tournée
Marie-Aube Saint-Amant Duplessis
Machiniste de plateau
Anthony Cantara
***
Quatre textes TREMBLAY cette saison: Michel, il y a quelques semaines, avec Pierrette et Thérèse à l'école des Saints-Anges, Jennifer hier soir, et Larry (deux fois), en octobre dernier avec le pur et dur CANTATE DE GUERRE, et en avril prochain avec L'ENFANT MATIÈRE…Trois Tremblay, synonymes de prodigalité, d'intensité et de réflexion, tout comme François Houdé, artiste verrier dont j'ai pu admirer quelques unes des splendides pièces hier après-midi chez MATERIA. Merci à Madame Carole Charette, commissionnaire de l'exposition qui nous a aimablement bien renseigné sur cet homme disparu beaucoup trop tôt.
« Pendant des années, le verre s'est égratigné, brisé entre mes doigts, toujours à mon grand désespoir. [...] Une égratignure, un léger éclat, me dérangeait, le travail parfait, celui que j'avais bien l'intention de créer, ne pouvait supporter la moindre irrégularité. [...] Pourquoi en fait ne pas partir de là où je devais toujours m'arrêter[?] Je devais aussi remettre en question l'idée même de perfection. [...]
François Houdé, cité par Henri Barras, Vie des Arts, vol.28, no 113 1983-1984, p.51
François Houdé
Bol brisé 45
Bol brisé 45
Photo: Erick Labbé, Le SOLEIL
Photos: L.L.
" MAMAN ! "
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