Photo: Radio-Canada
Une lame est une vague qui s'étend en nappe à la surface de l'océan.
Sail on Silver Girl,
Sail on by
Your time has come to shine
All your dreams are on their way
Sail on by
Your time has come to shine
All your dreams are on their way
Bridge over troubled water
DRAP EAU: les deux premiers mots qui me sont sortis de la bouche après un peu moins de quatre heures de cet éminent spectacle qu'est LE PROJET EAU. Un drap de houle sur la mer des sentiments tumultueux; une touche de bleus marins pour calmer les tempêtes de la jeunesse; une longueur d'ondes d'avance. Tout baignait dans l'huile pour célébrer les dix ans d'existence des NUAGES EN PANTALON...
***
De l’eau jusqu’aux genoux
De l’eau jusqu’au cou
De l’eau douce
De l’eau salée
De l'eau/mots ravalée
de l'à vau-l'eau envolé
De l'eau qui coule dessous les ponts
De l’eau qui coule des bas plafonds
De l'eau de mer qui mange les quais
De l'eau douce qui respire et vit sur le plancher
Comme un détonateur
Comme dans les mots moteurs
L'eau qui a fait feu dans nos coeurs
L'eau qui a fait fondre nos froideurs
De l’eau jusqu’au cou
De l’eau douce
De l’eau salée
De l'eau/mots ravalée
de l'à vau-l'eau envolé
De l'eau qui coule dessous les ponts
De l’eau qui coule des bas plafonds
De l'eau de mer qui mange les quais
De l'eau douce qui respire et vit sur le plancher
Comme un détonateur
Comme dans les mots moteurs
L'eau qui a fait feu dans nos coeurs
L'eau qui a fait fondre nos froideurs
La mer qui recueille l'Homme face à lui-même, qui le retourne dans les vagues salées de son enfance, qui le détourne dans ses silences, qui lui fait faire une halte dans son adolescence, qui le poursuit jusque dans les résurgences de sa vie
d’adulte. LE PROJET EAU: un accès aqueux aux souvenirs spongieux des sirènes…
« C'est la mer et son rythme innombrable, puis,
parmi les vagues argentées de lune, s'entend, rit et passe le chant mystérieux
des Sirènes. »
Claude DebussyIllustration: L.L.
LE PROJET EAU, présenté au Théâtre Périscope samedi soir dernier, m’est entré dedans comme une lame de fond, déchirant quelques anciens lambeaux d'amitié échoués sur les rives du Vide, énergisant une partie des petits neurones miroirs de mon imaginaire. Un spectacle déployé pour et par tous les sens, avec la simplicité audacieuse de son intelligence, en harmonie avec le corps et l'esprit. Des images fluides, de la lumière lucide. Un tout en un...Une belle histoire...d'eau...
“Lame de fond” : J.C. : C’est le fantasme du mec qui coule. J’ai toujours vécu au bord de l’eau, et c’est une histoire sur cette angoisse…
Asperger. Baptiser. Arroser. Surfer. Couler. Noyer. RESPIRER. Apprendre à vivre sous l'eau des mots. Bouffer la lumière des abysses. Rendre les larmes à la mère. Un drap sur la peau de ses eaux. Le souffle à venir...
Ce sont les mots exposés au Seuil des Froidures au retour de ma tournée du théâtre de la rue Crémazie. Ils sont ni plus ni moins la synthèse de ce qui suit et précède aux Envapements.
Ce sont les mots exposés au Seuil des Froidures au retour de ma tournée du théâtre de la rue Crémazie. Ils sont ni plus ni moins la synthèse de ce qui suit et précède aux Envapements.
Quoi qu'il en soit, voici une carte postale
qu'écrivit Debussy à son éditeur, alors qu'il séjournait près de Dieppe, au
Grand Hôtel Château de Puys, le 8 août 1906:
Mon cher ami,
Me revoici avec ma vieille amie la Mer; elle est toujours innombrable et belle. C'est vraiment la chose de nature qui vous remet le mieux en place. Seulement on ne respecte pas assez la Mer... Il ne devrait pas être permis d'y tremper des corps déformés par la vie quotidienne; mais vraiment tous ces bras, ces jambes qui s'agitent dans des rythmes ridicules, c'est à faire pleurer les poissons. Dans la Mer, il ne devrait y avoir que des Sirènes; et comment voulez-vous que ces estimables personnes consentent à revenir dans des eaux si mal fréquentées?
Donnez-moi bientôt de vos bonnes nouvelles et croyez à ma vieille amitié.
Mon cher ami,
Me revoici avec ma vieille amie la Mer; elle est toujours innombrable et belle. C'est vraiment la chose de nature qui vous remet le mieux en place. Seulement on ne respecte pas assez la Mer... Il ne devrait pas être permis d'y tremper des corps déformés par la vie quotidienne; mais vraiment tous ces bras, ces jambes qui s'agitent dans des rythmes ridicules, c'est à faire pleurer les poissons. Dans la Mer, il ne devrait y avoir que des Sirènes; et comment voulez-vous que ces estimables personnes consentent à revenir dans des eaux si mal fréquentées?
Donnez-moi bientôt de vos bonnes nouvelles et croyez à ma vieille amitié.
LE CHANT DE LA MER (enfant)
Maman les p’tits bateaux
Lucienne Vernay et les Quatre Barbus
L’IVRESSE DES PROFONDEURS (ado)
Bridge over troubles water
Simon and Garfunkel
RÉMINISCENCE (adulte)
La Seine
10 petits indiens
« La mer est salée parce qu'il y a des morues dedans. Et si elle ne déborde
pas, c'est parce que la providence, dans sa sagesse, y a placé aussi des
éponges. »
Alphonse Allais
Alphonse Allais
Jeux d’eaux, fontaines, piscines; pour s'abreuver d'espoir, pour monter ou descendre, pour plonger dans le creux ou rester sur le bord. Pour offrir une alternative aux spectateurs. De l’enfance à
l’âge adulte, il n’y a guère que quelques cheveux gris et blancs puis perdus qui nous en séparent…La
mer ce soir, celle des NUAGES EN PANTALON, a été créée pour nous faire voguer sur et sous ses flots tumultueux, là où il ne manquait pas de
bouées de sauvetage. Le vert et le bleu de ses vagues pris entre les filets du grand jaune. Accompagnant le rouge sang de ses branchies, le sel blanc sur sa peau. Dans toute l’immensité
de ses grains de sable, ce fût, avec la musique intemporelle de Mathieu Campagna, la simple valeur ajoutée au paysage des corps affranchis de Jean-Philippe Joubert, Olivier Normand, Laurie-Ève Gagnon, Danièle Belley, Valérie Laroche et Sonia Montminy. À la claire fontaine, m'en allant promener, j'ai trouvé l'eau si belle que je m'y suis baigné...
Et pour faire comme une suite logique au spectacle auquel je venais d'assister, un hasard comme seul il m'en arrive après avoir été submergée de circonstances plus ou moins chaoteuses: en feuilletant la revue BAZZART, un photo reportage de Charles-F. Ouellet, SUR LA ROUTE DE L'EAU. Les mots de la page 25, avec la photo assez troublante qui les accompagnaient ont fait reminiscence, LE PROJET EAU tracera lui aussi SA route...
« Dépourvu d’équipement sanitaire et d’approvisionnement en eau potable, l’arrondissement de Dharavi, qui compte plus de 800 000 habitants, est sujet à une grave crise de l'eau. »
Jean-Philippe Joubert via facebook
RépondreSupprimer1er avril
Merci beaucoup de votre témoignage. C'est très apprécié.
Jean-Philippe Joubert
Directeur artistique