« Les artistes et les musiciens de l'Orchestre d'hommes-orchestres cultivent la transversalité et l'originalité. Ils plaident en faveur de la débrouillardise et de l'intelligence et appellent à une réconciliation espérée entre art actuel et culture populaire. En contournant la virtuosité et en empruntant à plusieurs langages artistiques, ils déjouent la pensée disciplinaire pour créer un véritable chantier des arts vivants. Sur scène ou dans la rue, d'un spectacle à l'autre, ils réinventent un répertoire en l'utilisant comme un terrain de jeux oì la musique se voit. »
Ce sont les mots que l'on pouvait lire à l'endos du carton qui servait de programme aux nombreux spectateurs réunis au Périscope jeudi soir passé pour voir et entendre LODHO. Pas une première pour moi puisque j'avais eu la surprenance de les découvrir en avril dernier au Trident lors de L'OPÉRA DE QUAT' SOUS, un spectacle absolument génial mis en scène par le non moins génial Martin Genest.
Curieusement, je me retrouve quasiment dans le même état général que l'an passé à pareille date: les dernières pièces de la saison, avec un Genest pour clore celle du Trident (L'ODYSSÉE), le Carrefour International de théâtre de Québec qui s'en vient à grands pas, l'effervescence du vert printanier qui titille mes lentilles dans tous les sens, la jouissance de savoir qu'il y aura encore de l'excellente dramaturgie présentée à Québec la saison prochaine. Les différentes maisons ayant maintenant toutes présenté leurs spectacles à l'affiche, ne reste plus qu'à essayer de slalomer à travers un calendrier passablement chargé de beautés de toutes sortes...mais revenons à jeudi soir passé...
SPEAK LOW et LES FILLES DE BORDEAUX plus l'extrait du WEILL 01 lowres, tous trois diffusés sur YouTube, c'est à peu près tout ce que j'avais à me mettre dans les oreilles pour me transporter dans l'ambiance du CABARET BRISE-JOUR ET AUTRES MANIVELLES de LODHO, de quoi attiser mes ouïe-dire à propos de ce groupe multidisciplinaire. Déjà, je pouvais imaginer tout le plaisir que j'aurais à passer les deux heures que les Frédéric Auger, Bruno Bouchard, Gabrielle Bouthillier, Jasmin Cloutier, Simon Drouin, Simon Elmaleh, Lyne Goulet, Philippe Lessard Drolet, Danya Ortmann et Pascal Robitaille nous avaient concoctées...en toute félicité !
- Les compositeurs doivent « élargir et enrichir de plus en plus le domaine des sons », ce qui aura pour conséquence, en poursuivant le travail poursuivi par les compositeurs contemporains en direction du son-bruit, de substituer définitivement les bruits aux sons;
- Les musiciens doivent s'efforcer de sortir du carcan trop étroit des sons de l'orchestre et tenter de reproduire l'infinie variété des bruits au moyen de mécanismes appropriés;
- Après s'être débarrassés du rythme traditionnel, les musiciens trouveront dans le bruit une richesse rythmique leur permettant de se renouveler;
- Les tonalités complexes du bruit peuvent être reproduites et étendues au moyen d'instruments construits à l'image de cette complexité;
- La création d'instruments reproduisant le bruit ne devrait pas être d'une grande difficulté, puisqu'une fois trouvé le moyen de créer un type de bruit, les lois de l'acoustique permettront de l'étendre facilement aux autres hauteurs souhaitées (en jouant sur la vitesse de rotation dans le cas d'un instrument rotatoire, sur la tension dans d'autres cas, etc.);
- Le nouvel orchestre ne se contentera pas d'imiter les bruits de la vie, mais au contraire suscitera des émotions renouvelées en créant de nouvelles associations variées des timbres et des rythmes du bruit;
- "La variété des bruits est infinie", se trouve liée à la variété des machines produites par l'homme, que le compositeur futuriste devra savoir combiner et utiliser, et non seulement imiter;
- Enfin, il invite les nouveaux musiciens à prêter attention aux bruits et à leur complexité et, une fois qu'ils auront découvert l'étendue de la palette de timbres des bruits, ils développeront une passion pour le bruit. Il prédit l'apparition, après les yeux futuristes, des oreilles futuristes.
L'ART DU BRUIT
Manifeste, 1913
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J'ignore si les membres de l'Orchestre d'hommes-orchestres connaissent ce manifeste, mais en fouillant sur le Net pour le mot bruit je suis tombée dessus. Une découverte de plus, une corde de plus ou moins à mon arc de connaissances. Le bruit d'une chose nouvelle a toujours de quoi exciter de vieux tympans comme les miens. Bien assise sur le siège gracieuseté CEGEP Limoilou, entre deux spectateurs des plus attentifs, mes oreilles de lapin se sont dressées bien droites, l'air du temps y entrant au plus creux de son creux...
Sur facebook, le 20 avril, au retour du show, toute première impression spontanée:
Au Périscope: KURT WEILL, Cabaret Brise-Jour et autres manivelles avec l'Orchestre d'hommes-orchestres: quelque chose comme un moyen chaos, un forfait de sons turbulents accompagnés d'images pour têtes avides de dépaysement, une bonne dose... de Mycobacterium Vaccae *, et des petits coups de balai dans le nid de la bonne humeur...
Également sur facebook, le 20 avril: à Christian Girard, après que celui-ci m'eut offert de me réserver une copie en format poche du Nazi et le Barbier d'Edgar Hilsenrath, ce prodigieux auteur allemand, né juif, qu'il m'a fait découvrir lors d'une visite dans sa Pantoute, un auteur qui, comme Kurt Weill, a subit les débordements du Troisième Reich.
Côïncidence: j'arrive tout juste de KURT WEILL, CABARET BRISE-JOUR, avec l'Orchestre d'hommes-orchestres, un show éclaté, qui crée sa propre fureur...;-)
FANTÔMAS
KURT WEILL
La dragée est une confiserie généralement constituée d'un noyau dur enrobé de sucre. Les dragées sont traditionnellement offertes à l'occasion de baptêmes, de mariages ou de communions et présentées dans de petits récipients appelés bonbonnière ou drageoir. (wikipedia)
IMPRESSIONS SEMI-SPONTANÉES
Au ras de l'échafaud, en bas de nos chaises, une fuite pour l'imaginaire mutant. Une flambée de sons néo-weill dans la forêt des grands dérangements tant espérés. Une lumière de chevet sur les tables tournantes pour la multiplicité des Collaborateurs. Du cœur au ventre, de la tête aux reins, du cou aux jambes et de la guenille à vendre. Déviation spontanée. Confusion des genres. Approvisionnement de désirs. Here et là, bigger than une crampe au cœur: jeux de mains, jeux de vilains.
Chansons en allemand, français et anglais, langues encore vivantes. Langues unies dans un même temple. Instruments du délire. Piano, violon, guitares, batterie, contrebasse, trompette, scie à découper, moulin à coudre, poire à sauce, push push, sons de pouètes-pouètes heavy burlesque. Voix d'anges, voix d'ogre. Bombe aérosol. Péché capital.
Pour ceux et celles qui mangent de la vache engagée, pourceaux aisselles qui sucent des bonbons acides: dragée qui fond sur le bout de la langue d'une ombre qui aveugle le manteau de la lune. Vertige d'un vol planifié sur le gris du temps. Scanner dans l'oreille du populus abribus. Balayage d'ondes their ground dans le cabaret engagé du Périscope. Accès illimité à l’hymne des possibles. Nouvel hommage au Prince des dégénérés...Chansons en allemand, français et anglais, langues encore vivantes. Langues unies dans un même temple. Instruments du délire. Piano, violon, guitares, batterie, contrebasse, trompette, scie à découper, moulin à coudre, poire à sauce, push push, sons de pouètes-pouètes heavy burlesque. Voix d'anges, voix d'ogre. Bombe aérosol. Péché capital.
* Les scientifiques pensent que l'exposition à Mycobacterium vaccae peut fonctionner comme un antidépresseur car elle stimule la production de sérotonine et de noradrénaline dans le cerveau. Plus précisément, elle induit la neurogenèse des neurones qui produisent ces deux composés .
(wikipedia)
http://chercheursdesons.hautetfort.com/archive/2006/10/12/suite-pour-un-homme-orchestre.html
http://envapements.blogspot.ca/search?q=op%C3%A9ra+de+quat'+sous
http://fr.wikipedia.org/wiki/Edgar_Hilsenrath
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