Photo: Vincent Champoux
Les Précieux se retrouvent dans des salons littéraires tenus souvent dans les ruelles. Pour y accéder, on doit avoir une noblesse de sang et une « noblesse de l’âme ». Les femmes y sont actives. On y discute dans un langage très appliqué, on y parle de littérature, on y écrit et lit des poèmes, presque tous sur l’amour, et on y lit des extraits d’œuvres. (wikipedia)
Oronte:
Alceste:
Je ne dis pas cela ; mais enfin, lui disois-je, quel besoin si pressant avez-vous de rimer ?
Et qui diantre vous pousse à vous faire imprimer ?
Si l’on peut pardonner l’essor d' un mauvais livre,
ce n' est qu' aux malheureux qui composent pour vivre.
Croyez-moi, résistez à vos tentations,
dérobez au public ces occupations ;
et n' allez point quitter, de quoi que l' on vous somme,
le nom que dans la cour vous avez d' honnête homme,
pour prendre, de la main d' un avide imprimeur,
celui de ridicule et misérable auteur.
C’est ce que je tâchai de lui faire comprendre.
ACTE I, SCÈNE II
LE MISANTHROPE ou L'ATRABILAIRE AMOUREUX
représentée
pour la première fois à Paris,
sur le Théâtre du Palais-Royal,
le 4e du mois de juin 1666,
par la Troupe du Roi.
sur le Théâtre du Palais-Royal,
le 4e du mois de juin 1666,
par la Troupe du Roi.
Théâtre du Palais-Royal
L’humour, l’humeur, celle de l'atrabile qui coule dans la rate malade d'amour d’Alceste pour Célimène, donne le ton juste à cette pièce
qui, mon foie ! n’en finit plus d'être " à la mode ". L'hypocrisie, la vraie, la bonne, la juste (ou l'injuste), celle qui fait que rien n'a encore véritablement changé depuis 346 ans, incorrigible qu'elle est, tout autant que Celui qui nous l'a si brillamment illustrée. Les mots, les sentiments, et tout le baratin qui les accompagnent, ont fait toutes leurs preuves depuis. Cré Molière ! Toujours aussi près de nous, en nos cœurs follement épris d'amours imposteurs, en nos foies mous fielleux débordant d'unplugged coma...
L’humour, un bien petit mot pour y peaufiner les railleries de ce monde continuellement en bataille, ce monde de chicanes, d'amour, d'escroqueries, qui s’invective, se harcèle, se "victimise " pour quelques dollars de plus ou quelques non mal dits, mal placés dans le travers de nos petites bouches trop grandes gueules. La guerre des sexes: l'épée de l’homme, la rose de la femme.
Revenir en arrière pour mieux longer l'avant...Le Théâtre, ce ressortissant qui sort de l'ombre pour briller quelques instants sous les lumières cerclées de noirceur, nous arrive parfois à l'impromptu, inconnu, étranger, semblable. De la cour des rois, du salon d'un précieux, d'un compagnon d'infortune qui vous demande asile dans les ruelles de son imaginaire. Le Théâtre, ce témoin qui a vu tous les crimes que la scène lui offre...
CÉLIMÈNE à ALCESTE:
La solitude effraie une âme de vingt ans.
Je ne sens point la mienne assez grande, assez forte,
Pour me résoudre à prendre un dessein de la sorte.
Si le don de ma main peut contenter vos vœux,
Je pourrai me résoudre à serrer de tels nœuds,
Et l'hymen...
L’humour, un bien petit mot pour y peaufiner les railleries de ce monde continuellement en bataille, ce monde de chicanes, d'amour, d'escroqueries, qui s’invective, se harcèle, se "victimise " pour quelques dollars de plus ou quelques non mal dits, mal placés dans le travers de nos petites bouches trop grandes gueules. La guerre des sexes: l'épée de l’homme, la rose de la femme.
Revenir en arrière pour mieux longer l'avant...Le Théâtre, ce ressortissant qui sort de l'ombre pour briller quelques instants sous les lumières cerclées de noirceur, nous arrive parfois à l'impromptu, inconnu, étranger, semblable. De la cour des rois, du salon d'un précieux, d'un compagnon d'infortune qui vous demande asile dans les ruelles de son imaginaire. Le Théâtre, ce témoin qui a vu tous les crimes que la scène lui offre...
CÉLIMÈNE à ALCESTE:
La solitude effraie une âme de vingt ans.
Je ne sens point la mienne assez grande, assez forte,
Pour me résoudre à prendre un dessein de la sorte.
Si le don de ma main peut contenter vos vœux,
Je pourrai me résoudre à serrer de tels nœuds,
Et l'hymen...
Photo: TwoWings
Jacques Leblanc, lui qui sait si bien délié la langue de Molière en tant que comédien, nous en a mis plein les oreilles en tant que metteur en scène; il était assisté par Raphaël Posadas (Le " K " Buster, Imagination du monde). Un vrai travail d'orfèvres pour y faire briller à nouveau l'or des mots renaissants.
Les mots de vers glissant sur le grand tapis rouge du superbe loft que Michel Gauthier a créé pour les Alceste, Célimène, Oronte et compagnie. Les mots déamdéboulant le long de la rampe des escaliers de la cave des Soupirants de l'inconscient. Les mots s'asseyant les fesses serrées (ou carrées) sur un canapé enflammé par les fourberies et tricheries des Précieux habilement éclairés par les jeux de lumière séculaire de Bernard White. Les mots majestueusement costumés par l'originalité de Julie Morel. Les mots musicalement amplifiés par les sons planants que Stéphane Caron a judicieusement orchestrés pour offrir aux Spectateurs de la Bordée une ambiance tout aussi précieuse que celle de ce mémorable RICHARD TROIS de Marie-Josée Bastien, vu et écouté en mars 2008...De bien beaux souvenirs...
La distribution ? Impeccable. Olivier Normand, aussi suave et bouillant qu'une sève brute en Alceste amant de Célimène, délicieuse Alexandrine Warren, qui en fait voir de toutes les couleurs à ses prétendants qui sont Réjean Vallée, Nicolas-Frank Vachon et Lucien Ratio, des habitués des grands classiques joués ici à Québec, tout comme Serge Bonin. Pour les accompagner dans leurs hypocrites répliques: André Robillard, un gradué de la promotion 2011 du Conservatoire d'art dramatique de Québec, excellent dans les rôles de valets d'Alceste et de Célimène, qui fera partie des deux pièces mises en scène par Jean-Philippe Joubert la saison prochaine: BRITANNICUS à la Bordée et SEMBLANCE au Périscope, de quoi apprécier davantage l'émergence de ce talent très prometteur. Quant à mesdames Lorraine Côté et Chantal Dupuis, elles ont été comme à l'accoutumée: tout simplement parfaites et justes dans les rôles d'amie et de cousine de Célimène. De quoi me donner envie de réécouter le sublime et admirable MOLIÈRE d'Ariane Mnouchkine et cette scène finale particulièrement touchante.
Le fauteuil de Molière
Des scènes furent tournées dans divers châteaux de France dont celui de VAUX LE VICOMTE. Il est situé sur le territoire de la commune française de Maincy (Seine-et-Marne), à 50 km au sud est de Paris près de Melun. Il avait été construit pour le surintendant des finances de Louis XIV, Nicolas Fouquet. Pour son inauguration, Molière y avait présenté LES FÂCHEUX. C'est un endroit magnifique. C'est d'ailleurs pourquoi le Roi en désira un qui s'en inspira directement: Versailles fût créé, mais ô combien plus démesuré. Je me souviens que la cuisine m'avait fortement impressionnée, tant par ses dimensions que par sa " modernité ". On ne peut pas ne pas avoir une petite pensée pour François Vatel, ce pâtissier/écuyer de cuisine, devenu maître d'hôtel de Fouquet, mais également organisateur de festins à n'en plus finir dont celui du célèbre trois jours au château de Chantilly dans lequel Molière, Lully et compagnie y avaient été invités pour divertir Louis et les quelques 3000 membres de sa cour. Un fastueux banquet qui fit que Vatel se suicida à cause d'une certaine commande de poissons qui n'était point arrivée à l'heure ! La vie de château !!!
VAUX LE VICOMTE
20 septembre 2002
Photo: L.L.
Une semaine après la mort de Molière, les comédiens recommencent à jouer, Le Misanthrope d'abord, dont Baron reprend le rôle principal, puis Le Malade imaginaire, La Thorillière jouant le rôle de Molière. Le 21 mars, c'est la clôture de Pâques. Baron, La Thorillière, le couple Beauval quittent la troupe pour rejoindre l'Hôtel de Bourgogne et un mois plus tard le roi reprend la salle qu'il prêtait gratuitement à Molière pour la donner à Lully, afin d'y représenter ses spectacles d'opéra.
(wikipedia)
LA VIE ET RIEN D'AUTRE
(Entendu à la fin de la pièce : « C’est lourd comme texte. » Lourd ? Peut-être. Molière n’est tout de même pas un poids léger de la Littérature. Certes, ça prend une oreille assez musclée pour tout entendre et tout comprendre, mais Molière, c’est Molière. Lourd dans le sens moins drôle, moins esclaffant, je suis d’accord avec la première impression de cette spectatrice quelque peu déçue qui, sans aucun doute, préfère rigoler plutôt que réfléchir. Mais ça, c'est une autre histoire...)
Illustration: Jean Cocteau
ALCESTE Olivier Normand
PHILINTE Serge Bonin
ORONTE Réjean Vallée
CÉLIMÈNE Alexandrine Warren
ÉLIANTE Chantal Dupuis
ARSINOÉ Lorraine Côté
ACASTE Lucien Ratio
CLITANDRE Nicola-Frank Vachon
BASQUE et DU BOIS André Robillard
PHILINTE Serge Bonin
ORONTE Réjean Vallée
CÉLIMÈNE Alexandrine Warren
ÉLIANTE Chantal Dupuis
ARSINOÉ Lorraine Côté
ACASTE Lucien Ratio
CLITANDRE Nicola-Frank Vachon
BASQUE et DU BOIS André Robillard
Le texte
Olivier Normand via facebook
RépondreSupprimer20 avril
Merci beaucoup!