jeudi 6 juin 2013

LES REINES: de coeur et d'esprit


Photo: Stéphane Bourgeois et Hélène Bouffard



Le privilège du Spectateur ? Qu’il ait la joie d'assister à une pièce qui sera jouée dans la Tour Martello 4, celle qui se situe sur la rue Lavigueur dans le quartier Saint-Baptiste, celle qui n'est pas accessible au public en temps normal, là où cette vue imprenable sur la basse-ville y est absolument magnifique…là où plusieurs artistes de Québec l'habitent, la vivent et la jouent...


Photo: L.L.


Le privilège du Spectateur ?
S’être assis sur une chaise droite, ou sur l’un des bancs haut perchés, ne pas avoir eu froid aux doigts ni...aux yeux, s’être senti comme au moyen-âge, avoir à nouveau frôlé les bras fantômes de Shakespeare autour de nos petites têtes grises, avoir entendu les battement de cœur du vent de 1485 à travers les effets sonores de Meriol Lehman, avoir vu scintiller la couronne d'Élizabeth et frissonner les jupes d'Isabelle et Anne Warwick, s’entasser les souliers des reines mortes, être investi de la parole poignante et du regard intensément troublé de la Duchesse d'York, trouvé la détresse en même temps que l'enchantement, gravi et descendu l’escalier étroit de la tour, rencontré des gens attentionnés et passionnés, avoir conversé avec l’aimable maman d’un comédien photographe, avoir échangé avec les comédiennes, le metteur en scène, la codirectrice du Carrefour International…Que de privilèges en un même soir pour l’amateur que je suis devenue au fil du temps...

Photo: L.L.
En sortant de la Tour Martello 4

Nos vies sont en ligne,
Nos images sont cousues, arrangées…
et
Nous sommes les reines de rien...
Frédéric Dubois





Édith Patenaude, Marie- Hélène Lalande, Laurie-Ève Gagnon, Joanie Lehoux, Valérie Marquis et Anne-Marie Côté (mon coup de cœur de la soirée), nous avaient donné rendez-vous avec l’Histoire, celle qui s’écrit les soirs de tempête, dans le plein du janvier glacial. L'efficace mise en scène de Frédéric Dubois nous a bel et bien déménagés avec elles, dans les fournaises de leur enfer. La mort d’un roi nous rappelle qu’elles furent aux pieds de l’amour, qu’elles firent la fête, qu’elles moururent sans véritable couronnement. Leurs enfants leur ayant survécus, elles revinrent ici, sur la rue Lavigueur, pour nous révéler le secret de leurs tombeaux. Le temps leur a bien arrangé cette chose qu’on appelle éternité.

Je ne vois rien de plus à écrire sur ce chef-d’œuvre de notre théâtre québécois. Merci à tous les concepteurs et conceptrices de cette autre soirée magique mais surtout historique. Nous nous sommes retrouvés dans les bras de la mère, sous ses racines et territoires, de l’aube claire jusque dans la nuit la plus noire…


LES REINES


Texte: Normand Chaurette
Mise en scène: Frédéric Dubois
Comédiennes: Anne-Marie Côté, Laurie-Ève Gagnon,
Marie-Hélène Lalande, Joanie Lehoux, Valérie Marquis,
Édith Patenaude
Éclairages et direction technique: Charlotte Legault
Régie: Olivier Bourque
Costumes: Yasmina Giguère
Maquillages et coiffures: Marilou Bergeron
Environnement sonore: Mériol Lehmann
Répétitrice: Alexandrine Warren
Production: Les Écornifleuses,
avec la participation du Théâtre des Fonds de Tiroirs
Remerciements: André Chagnon et les Compagnons de la Tour
Le Théâtre Périscope, Alexandrine Warren, Jeanne Lapierre,
le Théâtre de La Bordée et tous les autres prêteurs de souliers.


Photo: L.L.




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