Photo: Nicola-Frank Vachon
Une petite laine pour réchauffer les âmes de Rosie et de Ralph.
Et pour Nancy et Agnetha, des ciseaux. Pour les couper d'eux.
La première fois où j’ai entendu parler de FROZEN (Océan
Arctique), c’était lors du lancement de la saison 2013-2014 du Théâtre de La
Bordée, il y a donc environ un an de ça. Après que Jacques Leblanc, le
chaleureux maître de ce théâtre abordéable et si bienveillant, nous ait parlé du
sujet de la pièce, et qu’il ait prononcé le nom de celui qui interpréterait le
rôle de Ralph, kidnappeur et tueur d’enfants, mon cœur n’a fait qu’un bond:
Éric Leblanc jouerait donc dans cette pièce de Bryony Lavery, dans une mise en scène de Jeremy Peter Allen, mais que nous ne verrions que dans un an environ, soit le 20
mars 2014. Aujourd’hui, le mercredi 26 mars, je puis écrire que la longue
attente en a aura valu largement la peine…et le bonheur…
Le jour même, nous apprenions, ô malheureux hasard, que Guy
Turcotte aurait droit à un nouveau procès pour le meurtre de ses deux
chérubins.Triste réalité, s’il en est une, que de se faire enlever si odieusement
ceux et celles que nous chérissons le plus au monde et pour qui nous aurions
donné notre vie en échange de la leur, ne serait-ce que pour apaiser temporairement la folie de ces tueurs terrorisant la chair de leur chair. Mais l’ex-cardiologue, n’étant pas vraiment un tueur en série, quoique ce qu’il
a fait a vraisemblablement contribué à éliminer une partie des bons sentiments qui devaient l’animer alors qu’il jouait consciencieusement dans
le cœur malade de ses nombreux patients, demeurera encore pour longtemps un sujet vif d'incompréhension totale pour la plupart d'entre nous qui ne pratiquons ni médecine et encore moins la psychiatrie.
CHANSON DU MAL-AIMÉ
(Guillaume Apollinaire)
Il aura fallu vingt ans avant que le tueur de
la petite Rosie, 10 ans, se fasse prendre. Mais il n'aura fallu que quelques heures à
peine, après que Nancy, la mère affligée, le rencontre face à face dans sa
cellule, pour qu’il aille se pendre, meurtri lui-même par les gestes qu'il avait commis. Un triste histoire comme on en entend parler souvent. J'ai eu une pensée pour Cédrika Provencher, qui attend peut-être elle aussi en quelque part qu'on la retrouve sous un épais manteau de neige ou dans un sous-sol désaffecté...
Marie-Ginette Guay, avec son immense talent, nous aura hautement émus, encore une fois. C’est toujours une belle douleur que de la voir se donner autant pour nous. Sa modestie nous a tenus en haleine jusqu’à la toute dernière réplique. Nancy Bernier, en Agnetha psychiatre chercheuse tâteuse de pouls dedans la tête, nous en a fait voir de toutes les couleurs avec ses propres bibittes. On se pose un tas de questions après avoir assisté à une telle pièce: Que vit celui ou celle qui nous soigne ? Que peut-il apporter de plus humain à celui ou celle qui se retrouve seul ( e ) à nager en rond dans sa cage de glace avec les esprits malicieux de la folie passagère ? Où se terre, le temps d’une conversation amicale, cette chaleur humaine qui pourrait faire fondre le malheur de l’assaillant ou encore la douleur de l'assailli ?
Quand la neige et le gel recouvrent la devanture de ta maison,
que tu cherches la porte, les fenêtres et le perron;
Qu'après l'hiver et le vent tu sacres,
que tu balaies encore tes marches,
Affûte donc, à tort ou à raison,
le fer froid de ta hache,
pour y faire fondre en quatre
tes murs de glace
tes murs de glace
L.L.
Crâne de glace
Un enfant naît supposément innocent, mais qui sait ? Qui
sait si les eaux dans lesquelles il a nagé pendant sa gestation n’étaient pas
souillées par l’alcool, la drogue, le tabac, les coups de poings sur la gueule, les coups de
pieds au ventre, les brûlures aux bras, les engelures aux doigts, les viols répétitifs du père ou l'inceste de la mère ? Qui sait ? Qui sait vraiment ? Agnetha le sait.
Lundi dernier, j’ai eu le privilège furtif de rencontrer Éric Leblanc lors du lancement de la saison 2014-2015 du Théâtre Périscope. Parce qu’il sera du PÉRIPLE en septembre prochain dans l’autobus jaune d’Agnès Zacharie. Un autre privilège qui me sera accordé, soit celui de faire partie des 32 spectateurs « à la fois » qui, je le pense, auront une autre de ses doses d’émerveillement à se faire shooter dans le ciboulot ! Quoi de plus pur, et moins dur, que des marionnettes miniatures pour manipuler le Verbe avec des mains habiles de magiciens ? Nous avons échangé quelques mots avec deux autres spectateurs qui avaient vu FROZEN eux aussi. Nous avions également de beaux becs bien sucrés ;-), c'est que la tire d'érable chaude coulait à flot sur la neige bien encastrée dans le rectangle glacé de cet fin d'hiver...infinie...Nous étions alors moins sur nos gardes et bien loin de l'Écosse, de Ralph et de Rosie...« Bonjour, là, bonjour ! »
Photos de la pièce: Nicola-Frank Vachon
GLACE DE FLEUVE
Photo: Denis-F. Doyon,
dit Le Coyote inquiet,
mars 2014
Photo: Denis-F. Doyon,
dit Le Coyote inquiet,
mars 2014
J'entends de près le craquement de ton pas au loin,
je vois la lumière dans le fond de ton âme de glace;
Je touche presque au bout de la corde de ton cœur,
Je passe avec le vent, sous le pont de tes malheurs.
L.L.
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