ELLE EST
TERRIBLE
LA TENTATION DE LA BONTÉ
LA TENTATION DE LA BONTÉ
Le 12 mai
dernier, par l’une de ces autres mémorables soirées de théâtre,
Québec rayonnait de tous ses éclats dans la splendeur chaleureuse qui semble
l’accompagner depuis la toute première fois où nous nous sommes rencontrées
Elle et moi…
Septembre 1978
Photo: A. Langlois
Elle, la
même qu’au tout jour premier, celui où est né cet émoi inépuisable du précieux souvenir
impérissable de SA conquête…
Elle, qui me trotte encore dans ma petite tête de jeune
badtripeuse décongelée, qui me tricote de la mémoire vive pour l’éternité; qui
me dévale à travers ses rues pentues, ses fenêtres à battants et portes cochères;
qui me perd, m’avale et me noie; m’accueille avec tous ces exilés qui se
nourrissent de sa culture 360 degrés…
Avenue Sainte-Geneviève, Québec
Photo: L.Langlois
Elle, avec qui le 12 mai dernier, je suis
à nouveau retombée en amour; Elle qui, ce soir, pour dix piastres seulement,
s’est fait allumer les planches d’aplomb par le jeu intense des finissants et finissantes de
son « jeune » Conservatoire d’art dramatique...
Mais avant
la pièce, A. et moi étions allés nous faire voir du côté de chez BATINSE,
cuisine d’icitte. Won tons aux pieds de cochon confits et aux crevettes de
Matane, raviolis de cerf, cromesquis de foie gras, et pour terminer ce festin
estival, salade de fleurmier chaud aux bleuets sauvages. Que du vrai, que du
bon. Le goût d’icitte, c’est franchement délicieux. Et le service d’Isabelle:
impeccable. L’endroit, éclairé, coloré et fort original, tout à fait de son
temps; avec une balançoire comme fauteuil, des drinks de matantes géants, de la
pierre aux murs et une cargaison de beaux sourires accrochés aux lèvres d’une
jeunesse bio-locale ;-)…Comme le menu est de saison, il est d’ores et déjà
assuré que nous y reviendrons l’automne prochain lors de la prochaine saison du Conservatoire…à moins que ce soit demain...mais revenons à nos finissants...
On a fermé
les cahiers un soir
Sur la
guerre inachevée
Et comme si
rien ne
s’était
passé
On a déserté
l’histoire
Et tout
s’est effacé
Comme s’il y
avait un peu de craie
dans
l’encrier
LE CERCLE DE
CRAIE CAUCASIEN, de Bertold Bretch, écrite en 1945 mais jouée en 1949, est donc
une œuvre d’après-guerre mais pourtant encore si actuelle. C’est l’énergique
Marie-Hélène Gendreau qui a mis en scène cette ultime production des finissants
et finissantes de 2016, et c’en était toute une.
Aucune espèce de temps mort, que
de la vie de tout bord tout côté pour ces garçons et filles qui ont eu l’air de
s’en donner à cœur joie devant les spectateurs en éveil, sauf un qui, ma foi,
devait avoir eu une bien grosse journée. Non, ce n’est pas toujours facile
d’être voisin de tels auditeurs, heureusement, il s’est fait déserteur à
l’entracte. Mis à part
cette fausse note, tout était parfait, à commencer par les comédiens, dont nous
avions fait notre première reconnaissance en décembre dernier lors de leur imminent
DÉTAILS DU GRAND PORTRAIT d’Owen McCafferty, « chorégraphie endiablée de corps
cognant aux portes de l’enfer ». Pour leur finale, ils avaient donc à « négocier » avec le grand texte d’un autre géant de l’écriture...
Ils ont tout
donné pendant les quelques deux heures 45 que dure cette magistrale rencontre. Truffée de rebondissements, cette histoire de folies, d’amour, de cruauté, nous a
donné une autre leçon d’humanité. Je ne raconterai pas les six actes, vous les
connaissez probablement, mais résumons:
sur cette terre inondée de soleil et de
vents, il y aura toujours des maisons, du pain, des parents, des enfants, des
unions, des séparations et des reconstitutions; et comme arrière-plan, sous le
règne de l’hypocrisie des rois, la trame douce-amère de la paix et de la guerre.
Et de la bonté, celle qui refait toujours surface…à un moment donné…
Merci à
vous, jeunes artisans et artisanes de la scène de Québec, de nous avoir autant
investis de vos talents indéniables. Vous teniez tous et toutes des premiers et
seconds rôles, aussi importants les uns que les autres, les rois comme les
valets, les femmes en hommes et les hommes en femmes, du UN POUR TOUS, TOUS
POUR UN, une solidarité exemplaire. J’en suis maintenant persuadée à 100 %, ce
talent il vous conduira LÀ où vous voulez bien aller l’exploiter et que ce soit au théâtre, au cinéma, à la télévision, en
vidéo, derrière, devant ou sur le côté de la scène, vos regards ardents,
entremêlés à vos voix tirant le Spectateur à bout portant, nous emmèneront
toujours LÀ où vous l’aurez bien voulu…
depuis les berceaux
et les tombeaux,
dans les brasiers comme sur les flots,
en-dessous
de la peau et des os,
avec vos
tréteaux et chapiteaux
elquidam
De haut en bas et de gauche à droite **
(via la page facebook du Conservatoire)
Steven Lee Potvin, Pierre-Luc Désilets, David Mendoza Hélaine, Dayne Simard, Olivier Arteau-Gauthier, David Biron, Joëlle Déry, Nathalie Séguin, Pier-Olivier Cauchon, Ariane Bellavance-Fafard, Magali Delorme, Claudelle Houde-Labrecque, Stéphanie Jolicoeur, Gabrielle Ferron, Jean-Philippe Côté et Lauren Hartley
Les concepteurs ont créé un véritable tourbillon de turbulences *, nous étions en
pleine révolution du Caucase et donc en costumes d’époque. Drôles et colorés,
ils ont apporté ce complément essentiel à l’œil. Avec la panoplie d’accessoires,
perruques et barbes en tout genre, le décor transformable à souhait a servi admirablement l’histoire de l’auteur de L’OPÉRA DE QUAT’SOUS. D’ailleurs, on a pu
apercevoir un certain Mackie le surineur, alias Jean-Sébastien Ouellette qui,
dans ses temps libres, fait partie du
corps professoral du Conservatoire.
Pier-Olivier
Cauchon: accessoires
Magali
Delorme: affiche/éclairages
Claudelle
Houde-Labrecque: décor
David
Mendoza-Hélaine: costumes
·
via facebook le 30 août 2016
RépondreSupprimerMon Facebook me révèle ce message aujourd'hui, presque un an plus tard !
Merci de la belle critique : c'est très drôle parce que j'étais tombé dessus l'an dernier et j'étais réellement intrigué, à savoir qui en était l'auteur !
Steven Lee Potvin
Eh bien, ça fait plaisir cher M. Potvin. Il y a eu depuis celle du CERCLE DE CRAIE CAUCASIEN ;-) et bientôt celle de DOGGY DANS GRAVEL. Ce sera la pièce qui entamera la saison 2016-17. Très hâte d'y assister. En attendant, bonne fin d'été ! Louise
RépondreSupprimerAbsolument ! J'ai lu toutes vos entrées sur le blog, ma curiosité est sans fin... À bientôt dans ce cas !
RépondreSupprimerPour la suite des choses...;-)
RépondreSupprimerUn premier texte pour le premier show de la saison.
Excellent !