ANTOINE ET
CLÉOPÂTRE,
CORIOLAN,
HAMLET,
JULES CÉSAR,
MACBETH,
OTHELLO,
LE ROI LEAR,
ROMÉO
ET JULIETTE,
BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN,
LA NUIT DES ROIS,
LE SONGE D’UNE NUIT
D’ÉTÉ,
RICHARD III,
HENRI IV,
LA TEMPÊTE…
Jean-Guy Legault, Simon Boudreault
et Mario-Josée Bastien
Photo: Isabelle Jetté
GLOUCESTER,
que nous attendions avec impatience depuis l’annonce de sa venue en mars
dernier lors de la présentation de la saison 2016-17 de La Bordée, a
inébranlablement atteint la cible parfaite des spectateurs avides de longues
pièces que nous sommes A. et moi, et j’ose l’espérer de plusieurs autres comme
nous...
Quel magnifique déploiement de talents, à commencer par l’écriture des
deux auteurs, Simon Boudreault et Jean-Guy Legault, et à l’énergique mise en
scène de l’impériale Marie-Josée Bastien. Et que dire de l’exceptionnelle habileté
verbale et physique des comédiens et comédiennes ? Qu’ils et elles se sont tous
littéralement * tué(e)s * à la tâche afin de nous faire voir toutes les
couleurs mêlées à l’ardeur de ce feu
roulant de scènes déchaînées ? Bien évidemment, comme dirait l’autre, nous
avons été comblés au plus haut point par leur jeu indéfectible...
Simon Boudreault
et Jean-Guy Legault, * aucteurs * de ce marathon théâtral de presque 3 heures,
tiennent le fort avec toute la force nécessaire pour faire aboutir les caractères
loufoques et délirants de leurs Gloucester et York (YARKQUE). Rien de plus, rien
de moins, parce que LE DIVERTISSEMENT LE PLUS AGRÉABLE EST CELUI QUI PLAÎT À
SON INSU, dixit Shakespeare en personne (lu dans le programme de cette soirée 5 étoiles)...
Emmanuel
Bédard, dont la voix grave et tant reconnaissable entre mille sillonne les
ondes radio d’un Roi de grand boulevard ;-), monte sur ses grands chevaux, de
bois et de métal, et fait rire aux éclats de verre. Il campe un Brutus absolument délirant. Il s’est
d’ailleurs mérité une salve d’applaudissements PENDANT l’exécution d’un soliloque
qui demandait plus que du simple souffle. Il donne à tout coup d’épée, et même ceux dans
l’eau, de cette joie profonde qui habille et habite les textes de tous ceux et celles pour lesquels IL JOUE...
David Bouchard, son jeune compagnon, avec ses Iago, Edmond et
autres, a offert à nouveau une puissante performance qui m’a fait penser que
nous avons eu droit à la naissance d’un futur roi de la scène. Brillant,
éloquent, agile, intense, on n’a surtout pas fini d’entendre parler de lui. On
doit d’ailleurs être en train de lui courir après pour des rôles demandant de
la rigueur et de la patience...
Jonathan Gagnon, qui fait également partie de l'équipe des FIVE
KINGS du Théâtre de Poche (qui je l’espère ardemment viendra faire un tour dans
la Capitale un de ces quatre), a définitivement conquis la salle avec son
truculent roi Édouard et son licheux de crucifix d'abbé de Westminster ;-). Investi de toutes
parts par le fantôme mort-vivant de Shakespeare, il nous a à nouveau fait don
de son immense savoir être...
Éloi Cousineau, hallucinants Caliban et Horatio, une * tête * que je ne suis pas prête d’oublier ;-), il a déclenché moult fous
rires tant par ses mimiques et ses contorsions que par son JEU d’ensemble AVEC LES
MOTS...
Érika Gagnon, en reine Goneril ou en soldat et autres rôles, naviguait en
terrain de guerre connu puisque elle campait au printemps 2015, sous la même gouverne
de Marie-Josée Bastien, une Lady Macbeth des plus sublimes, émouvantes et machiavéliques...
Quant à Alexandrine Warren, une autre habituée des pièces du grand Will, elle a
fait de sa Leavinia défigurée aux mains coupées une martyre particulièrement
drôle, avec sa langue arrachée qui...continue de parler. En compagnie de ses deux
autres compagnes sorcières, Catherine Ruel et Geneviève Bélisle, elle a exécuté
avec brio les multiples tâches des divers rôles exigés pour cette histoire
suintante, sanglante et baveuse…;-)
Merci à vous, comédiens et comédiennes, qui
avez conquis admirablement ces scènes de guerre et de paix qui habitent le
Théâtre de LA BORDÉE depuis 40 ans. En passant, bienvenue à M. Michel Nadeau qui
comme l’a fait M. Jacques Leblanc pendant les 12 ans qu’il l’a dirigé,
apportera son lot de surprenantes histoires d’ici et d’ailleurs. En espérant
que le thé et le sang des majestés coule encore à flots pour longtemps dans la plume de messieurs Boudreault et Legault...Et un tonitruant bravo à ceux et celles qui ont imaginé ce décor pratico-pratique qui s'alliait parfaitement au ton humoristique de l'histoire.
Et parce qu'on aime tous et toutes Shakespeare, voici quelques extraits
de mes impressions sur les spectacles auxquels j’ai assisté mettant en vedette les mots de l'auteur anglais (avec accompagnement musical shakespearien en prime, pour passer le temps à lire mes délires)...
En attendant
la mort…le poison errant de leurs amours suspendus dans le temps…et de la
neige…enchanteresse...pour les flancs en sang et saupoudrer la tête et les
épaules des comédiens qui jouèrent pendant trois heures dans cette brise d’antan, haleine fraîche d’un vieux printemps…
ROMÉO ET
JULIETTE
Alexandrine
Warren en Juliette
***
Pour
retourner vivre quelques deux heures quarante à l’époque des ducs et des
comtesses, avec leurs maîtres et valets à bord de la scène…pour partager leurs
farces et attrapes…pour voir (ou revoir) et subir leurs grandes et petites
manigances…pour étancher la soif des mots qui donnent à boire à toutes ces
histoires faites de scènes de choix qui ne vieillissent pas…pour retrouver les
mots d’un certain temps qui n’en
n’auront probablement jamais fini avec l’histoire de ce grand théâtre qu’a
écrit William Shakespeare…ces histoires qui n’en finiront jamais de faire
réfléchir et émouvoir le Spectateur, autant le Jeune que le Vieux…pour
s’imprégner de la douce folie des grandeurs qui habite encore les
esprits-châteaux de cette Angleterre qui ma foi n’a pas réellement changé…pour
perpétuer l’œuvre d’un créateur encore si actuel…pour se sécher au soleil
d’aujourd’hui…
LA NUIT DES
ROIS OU CE QUE VOUS VOUDREZ
***
Au sein de
leur Écosse en guerre
Au bord de
nos larmes en gouffre
À des
années-lumière de la Terre
L’odeur
sanglante de leurs frimes
Esbroufes et
autres bluffs
Le cœur sur
la main
La tête sur
la pique
La fin n’est
pas encore pour demain
La mort
dépendra encore pour le fric
MACBETH
Érika Gagnon en
Lady Macbeth
***
La bave qui sort
des bouches pleines de rage, ou d’amour, les coups de langues sur le visage des
traîtres, les doigts brûlants qui prennent les peaux froides, les yeux croches
qui touchent les âmes pures, la Louve Capitoline ressuscitée pour un soir à
Québec, ici, entre les sofas, les projecteurs et le son tonitruant des tambours
battants des jeunes musiciens…
TRAGÉDIES ROMAINES
CORIOLAN, JULES
CÉSAR, ANTOINE ET CLÉOPÂTRE
***
En ce soir du 18
avril 2013, autour de cette histoire de vengeance qui n’en finira jamais de
nous en apprendre sur le comportement humain, nous nous sommes retrouvés *
entre amis *, comme si c’étair hier. Traduite dans la langue de Jean-Marc
Dalpé, Shakespeare vit encore parmi nous, ici-bas, autour des décombres et
dépouilles, dans les ronces et les pierres. Il est toujours aussi captivant et
sait comment se faire aimer après plus de 400 ans…
HAMLET
Alexandrine Warren
en Ophélie
***
Ne devrions-nous
pas nous prosterner devant ce fantôme géant que Shakespeare a dessiné pour la
postérité ? Certainement, car après toutes ces années de révolutions ratées,
rien n’a vraiment changé, il y a encore autant de tricheries, de malhonnêteté
et de harcèlement dans nos sociétés soi-disant évoluées. Il y aura toujours
quelque chose de pourri au royaume de ces gros roitelets. Un divorce à
l’amiable entre eux et nous pourrait peut-être créer un nid-de-poule
gigantesque dans leur budget du mois, soit 1% de moins à dépenser en guenilles
et bijoux (mais jamais jamais au grand jamais en œuvres d’art…)
LE MONDE SERA
MEILLEUR
***
La mort d’un roi
nous rappelle qu’elles furent aux pieds de l’amour, qu’elles firent la fête,
qu’elles moururent sans véritable couronnement. Leurs enfants leur ayant
survécus, elles revinrent ici, sur la rue Lavigueur, pour nous révéler le
secret de leurs tombeaux. Le temps leur a bien arrangé cette chose qu’on
appelle éternité...
LES REINES
Dans la tour Martello
***
…ni les chants
d’oiseaux de nuit blottis entre le bruit du moteur d’une grosse moto et celui
cascadant de la chute Kabir-Kouba; ni l’eau de la mer qui montait
inlassablement sur le rivage de l’île; ni les peaux de la trappe qui
recouvraient celle des danseurs et danseuses wendats; ni la trahison, ni
l’amour, ni la réconciliation; ni le grand départ de l’embarcation des
conquérants; ni le sentiment étrange d’être à nouveau en train de recommencer à
vivre là notre histoire d’il y a plus de 400 ans; ni celui qui animait ce
soir-là les cœurs et la raison de certains d’entre nous, d’eux et de vous…
LA TEMPÊTE
Jouée en plein air
à Wendake
***
L’humanité qui éternue
tousse toussote,
Lave ses petites
mains,
Astique ses
menottes enduites du purell
Des plus sains que
sains;
Qui assouplit ses
langues molles,
Qui durcit ses
dagues sales.
Langues molles qui
mordent les bagues du vol,
Langues de bois qui
lèchent celles du Vassal;
L’humanité qui
scrute via le blanc mort de ses yeux glauques,
L’humanité qui
colmate ses peines dans les craques aveugles de ses aveux,
Qui recoud le voile
de ses tentures déchirées,
Qui décape ses
portes d’armoires ébréchées,
Qui graffigne les
miroirs de ses parquets cirés,
Qui desserre les
cordons malusés de sa bourse,
Qui danse en transe
sur le son des vieux records…
MACBETT
Celui de Ionesco
***
HAMLET, encore une
fois, comme l’ultime revenant de Shakespeare. Lui qui passera toujours à
travers le Temps, au-delà des hommes et de leurs tourments. Lui qui revient
enrober de son essence l’esprit du Père via le Fils. Et boire au sein de la
Mère…
Je sais que tout ne
me reviendra pas, et je le reconnais, car je ne le veux pas. Laisser retomber
la fine poussière entre les spectres, ne pas abandonner la vie au détriment du
coma. Il n’en fallait pas plus pour que les fantômes de cette opération
réussissent à agiter à nouveau l’Émoi et y reconnaissent la fragilité de son
état.
RECONNAISSANCE
Exploration de
l’univers d’Hamlet
***
Gemme rouges, vifs
éclats
Noms anciens de ces
grenats;
Rouge cœur de leur
stérile célibat;
ESCARBOUCLES de
toutes ces envies,
Quand L’HEURE se
pare de faux rubis
Les couronnes des
royautés d’autrefois,
N’ont depuis ces temps-là
que peu terni,
Car de par leur
vif-argent de ces dernières
Dont l’on peut
extraire pour quelques öres,
De cet allié fluide
qu’est le brillant or,
Quelques tiares
recyclées pour les néo-rois d’ici
ELSENEUR
Le Hamlet de Robert
Lepage
ROYAL PINE
Marc Nerbonne
2010
60 x 60 encaustique
et technique mixte sur panneau
TIMBERLINE
1989
1500 Royal Pine car air fresheners paint
Cobalt blue pastel pigment
Installation: 10 X 8 X 15 feet
Barbara
McCarren
Parce que William Shakespeare sent toujours aussi bon et qu'il sera toujours celui par qui la mort vient et le vent
va...parce qu’on ne cessera jamais de lui creuser non pas sa tombe mais un nouveau berceau...parce que nous serons toujours de service pour témoigner de son
éternité…
elquidam
Et Line était
de service ce soir à LA BORDÉE, toujours aussi accueillante et souriante.
SOL LATINO
Photos: L.Langlois
6 octobre 2016
Pendant que
le soleil brillait de tous ses feux sur la Basse-Ville de Québec, en Floride,
un ouragan de force 4 menaçait de déranger passablement le paysage de nos
voisins. Jeudi, 6 octobre 2016, le mercure est monté jusqu’à 21 degrés, on se
croyait presque…en Floride. Avons donc profité de cet autre bel après-midi d’automne pour se balader dans les quartiers Saint-Roch et Saint-Sauveur...
Avec
François G., proprio de DÉJÀ VU, meubles anciens à qui il redonne une seconde
vie; CAMILLA SINENSIS, ROCK’N LIVRES, LE
LIEU, avec Patrick D., qui nous a conseillé le SOL LATINO sur
Saint-Vallier O., IMAGIN’HAIR, avec Bianca V., coiffeuse-propriétaire, une ancienne voisine avec qui nous avons parlé
de famille, frère pour elle fils pour moi. 17 heures, le Sol Latino nous
ouvrait sa porte. Bianca connaît le proprio, c’est à quelques pas de son salon.
Endroit très sympathique, familial. Le menu est simple mais savoureux, et
surtout peu dispendieux. Et ce soir, par exception, nous avons bu du vin, du
rouge. La chaleur du Mexique, émigrée à Québec en cette superbe fin journée,
aura permis encore une fois de s’être sentis bel et bien en vie malgré toutes les sortes de tempêtes que l'on peut traverser...
Photos du spectacle: La Bordée
THÉÂTRE DES VENTRES BLEUS
via facebook le 16 octobre 2016:
RépondreSupprimerMerci Louise pour ton super mot! :) (Petite coquille dans ton texte, c'est l'Abbé de Westminster qui se délecte de son crucifix et non Canterbury hihihi). Pour ce qui est de Five Kings, on travaille fort pour venir le présenter
...à Québec très prochaine! :) Merci encore. :)
Jonathan Gagnon
Merci pour la coquille, je viens de rectifier le tir. En ai profité pour ajouter un bravo à l'équipe des décors. Gros oubli de ma part. Merci pour ton merci. Tellement hâte de voir FIVE KINGS...s'il le faut, on va mettre des crucifix sur la corde à linge ;-)
RépondreSupprimerLouise
via facebook le 23 octobre 2016
RépondreSupprimerWow merci bcp!! Ca c'est très gentil. Merci pour les bons mots ET merci du partage de l'article !! Au plaisir et merci de nous suivre.
Cordialement
Emmanuel
Bonne continuation !
SupprimerLouise
via hotmail le 25 octobre 2016:
RépondreSupprimerFélicitations Louise pour ton beau texte sur Gloucester! Propos toujours intéressant et bien rédigé! Du beau travail! Merci pour ton commentaire!
Bonne soirée!
Line Sirois