samedi 26 avril 2014

FAIRE L'AMOUR: Les inondations de la pleine lune

Photo: L.L.


Au nom de quoi ne faudrait-il aimer qu’une seule personne dans sa vie, au nom de quoi aimer une personne empêche d’en aimer une autre, pourquoi ne pourrait-on pas aimer en même temps sept hommes, dix femmes, trois enfants et ce d’un amour tout aussi important et ravageur. D’où vient cette idée qu’il faut restreindre son cœur ? J’aime. J’aime aimer, j’aime l’être aussi et pourquoi ne pourrais-je pas, en plus d’ouvrir mon regard sur le monde et mon esprit, ouvrir tout grand mon cœur ?

Blue


Dans le lit de plumes des oiseaux de nuit
Autour de leurs cinq sens dessus dessous
L’amour qui donne des elles
L’amour qui fait des lui

Sous la couette chaude 
ou dans la fraîcheur du parc
Il vire au vent fou
Il parle à mi- mot
Il meurt en héros

On le fait par hasard un jour une nuit
On le refait mort ou vif
Tôt ou tard

elquidam, 27 avril 2014




CATCH THAT BUZZ
LOVE IS THE DRUG




Pas grand-chose de mal à écrire sur FAIRE L’AMOUR, ce somptueux morceau de tranches de vies remplies d’histoires à coucher à la belle étoile. Des comédiens qui vous font penser à des anges descendus d’un plafond d’éther, un amoncellement de papier mouchoir en guise de matelas, des prouesses érotiques sur son de pattes de chaises, de la musique live, de la danse, un beat saignant de cœurs amoureux, du bien, du mal, des mots qui parlent d’étreintes, de sexe, d’amour...et de mort…



Photo: Stéphane Bourgeois


Le Théâtre BIENVENUE AUX DAMES nous a importés dans leur affriolant musée de toiles vivantes, nous promenant à travers des histoires vraies, des belles, des cruelles, des vertes et des mûres, des dures et des crues, des pas piquées des vers par la soie brute et le coton ouaté en passant par la petite laine. Nous nous sommes ainsi réchauffés l’œil du cœur à écouter les talentueux comédiens que sont Anne-Marie Olivier, Maryse Lapierre, Eliot Laprise et Nicola-Frank Vachon, accompagnés musicalement par Mathieu Campagna. Fallait voir la lumière dans leurs yeux de feu, elle irradiait de partout, les éclairages de Christian Fontaine y étant sans doute pour ce grand quelque chose qui se vivait LÀ, dans le PÉRISCOPE de monsieur Frédéric Dubois, lieu sacré que nous irons à nouveau fréquenté assidûment la saison prochaine tant sa nouvelle programmation nous a plu....(à suivre)






Photos: L.L.


FAIRE L'AMOUR, comme une brûlante confidence faite sur la fraîcheur d'un oreiller moelleux, comme un grand livre ouvert qui prend 101 positions sur ce sexe humain qui n'en finit plus de s'ouvrir, comme une belle brassée de tendresse, de rires et de tristesse dans les eaux tièdes de l'immortalité en ce soir d'avant pleine lune...



Photo: Stéphane Bourgeois


C’est Véronique Côté qui a signé cette vaporeuse mise en scène, elle qui nous avait donné le magistral SCALPÉE de Anne-Marie Olivier. Il n’y a plus aucun doute quant à la qualité des œuvres auxquelles elles nous ont maintenant habitués, pour ne pas écrire habités, et c’est tout à leur honneur que de les avoir ICI et MAINTENANT à nos côtés, dans ces tunnels de soleil et abris sombres que nous offrent les différentes scènes de la Capitale. Ces femmes font de leur théâtre un art de vivre… et de mourir…

" Nous devons préserver les lieux de la création, les lieux du luxe de la pensée, les lieux de l'invention de ce qui n'existe pas encore, les lieux de l'interrogation d'hier, les lieux du questionnement. Ils sont notre belle propriété, nos maisons, à tous et à chacun. Les impressionnants bâtiments de la certitude définitive, nous n'en manquons pas, cessons d'en construire..."

Jean-Luc Lagarce





mercredi 2 avril 2014

FEMME NON RÉ-ÉDUCABLE/ANNA P.: Connais-tu ton Vladimir ?

1969

2014




                                     http://www.liveinternet.ru/users/2363719/post112476375/


L'AIGLE DU CAUCASE

Nicolas Sébastien Adam (le Jeune)
entre 1731  et 1762
Musée du Louvre


Le JAB a trois fonctions principales: 

1) garder l'adversaire à distance
2) gêner l'adversaire dans ses démarches
3) et surtout permettre une construction du jeu offensif (préparer une suite d'actions pour trouver des     ouvertures)

Source: wikipedia





On ne prend pas réellement plaisir à voir une pièce sur l’assassinat d'Anna Politkovskaïa, née à New-York de parents diplomates russes, qui n’a pas eu peur de se mouiller en rapportant les combats et les injustices auxquels elle a assisté en tant que journaliste. ANNA P. FEMME NON RÉ-ÉDUCABLE, nous a transportés de notre chaise du théâtre PREMIER ACTE directement sous le grill de ce four chaud qu'est le Caucase.




Ce que l’on savait déjà sur elle, ce que l’on a su de plus, ce qui nous a été donné de voir en live, ce qu’on a pu ressentir, pressentir: le bien, le mal, le dégoût, l’espoir, la faim, entremêlés dans le ruisseau de la peur. Accompagnant l’odeur persistante et alléchante des pilons grillés: celle du sang, de l’encre, du papier, du sel des larmes séchées. Olivier Lépine a réalisé cette mise en scène pétante de vie et de violence, remplie de morts, de viols et d'exactions de toutes sortes. Il a admirablement bien dirigé les six comédiens qui semblaient très à l’aise d’interagir avec un public à la portée de leurs répliques.


Photo: courtoisie PREMIER ACTE

Le quizz CONNAIS-TU TON VLADIMIR ? en a fait preuve. (En passant, Vladimir a 61 ans et mesure 5 pieds 5 pouces). Olivier Lépine a également fait la scénographie, fertile en rebondissements de toutes sortes avec deux super écrans propagandistes, quelques postes de télé neigeux, un bassin d’eau tombeau/berceau, des feuilles de journaux délivrés aux portes de l’actualité, de la vodka embouteillée dans les gosiers, des draps tachés du sang des armes qui font taratata, de la boucane qui donne aux lumières, tantôt dépouillées, tantôt révolutionnaires, un relief gonflé au brun noir du sang qui revolait un peu partout... 


La vraie Anna P.

Les comédiens formaient à eux six le personnage d'Anna P., ils nous l’ont tous et toutes dépeinte à travers ses écrits qu’elle nous aura laissés pour la postérité. Je dois avouer que j’ai cependant eu un petit faible pour la Anna jouée par Xenia Chernyshova, de nationalité ukrainienne, connue également pour faire partie des FEMEN, elle était bouleversante de vérité. Ce rôle lui allait comme un gant (de boxe). Ses jabs historiques pour mettre KO un système russe de plus en plus corrompu resteront gravés dans nos mémoires longtemps. La méthode du poison dans le thé ne l’ayant pas tuée, on aura plutôt préféré employer celle d’un prince des ténèbres anonyme pour la mettre hors d’ondes à tout jamais...


Le " lutteur " de la Tchétchénie






ANNA P. FEMME NON RÉ-ÉDUCABLE

PRODUCTIONPortrait-Robot
TEXTE: Stefano Massini
TRADUCTION: Pietro Pizzuti
TEXTES AJOUTÉS: Équipe de création
MISE EN SCÈNE: Olivier Lépine
SCÉNOGRAPHIE: Olivier Lépine
ASSISTANCE À LA SCÉNOGRAPHIE: Julie Lévesque
LUMIÈRES: Caroline Ross
MUSIQUE: Josué Beaucage

DISTRIBUTION

Ariane Bérubé
Xenia Chernyshova
Eliot Laprise
Jean-René Moisan
Maxime Perron
Annabelle Pelletier Legros

  



Et dire que Vladimir n'a que 61 ans...
et que ça cote monte encore...
et encore...





Photos de PREMIER ACTE:
https://www.flickr.com/photos/50973761@N08/sets/72157642298027185/with/13128488333/





La Tchétchénie à Moscou



La Tchétchénie à Boston




OCTOBRE ROUGE
AVRIL SANGLANT


On ne peut pas ne pas y penser

Ils sont là,
juste à côté de nous

sur le trottoir,
dans le bus

AU THÉÂTRE

dans les avions,
sur les bateaux,
sous l'eau
sur terre
dans les berceaux
et les cimetières

elquidam
2 avril 2014



R.I.P. Anna