dimanche 27 mai 2012

MANIF D'ART 6, MACHINES: au-delà du réel

ESPACE 400
Photo: L.L.




Si vous voulez vous rappeler, cela peut vous coûter cher.

Mounir Fatmi

Faudrait-il se souvenir de tout ?
Faudrait-il oublier ce que nous sommes ?
Vaudrait-il mieux revenir sur nos pas ?

Dans le coeur de ses machines,
au sein de ce qu'il m'imagine:
l'Homme et son génie.





Manipuler, écouter, regarder.
 Examiner, ausculter.
Avoir peur. Résister.
Entrer par les yeux.
Sortir par la bouche.
Ouvrir les canaux.
Nager sous les os.
Apprendre à interagir.
Participer. Accepter.

Télécopier.
Éclairer.
Filtrer.
Passer
le temps
à travers
la machine.
Passer le temps
à travers
le temps.

Rêver de ferraille
dans la forêt de Cocteau
Tourner les pages sans les toucher.
Effleurer l'esprit.
Descendre dans la rue.

Autour de la fascination,
la petite chaise on the rock.
Manivelle de ma découverte.

Machination au service de l'imaginaire.

IT WORKS !



Yann Farley
CORPUS S1-11 (bêta 1.0)
(2012)
http://vimeo.com/42157905


Mounir Fatmi
Mehr Licht
(2009-2011)
Installation
5 photocopieurs, papier, 28 néons

http://www.mounirfatmi.com/


Louise Faure Anne Julien
Le Monstre dans la forêt
(2005)
Vidéo, couleur et noir et blanc,
57 min, français




Arthur Ganson
Thinking Chair
(2007)





Rube Goldberg
Keep Hat on Windy Day
(1914-1964)
See Audri




Mise au point en 1959 par l'inventeur du cut-up Brion Gysin, en collaboration avec le mathématicien Ian Sommerville, la Dreamachine est la première oeuvre d'art destinée à être regardée les yeux fermés.


Brion Gysin Ian Sommerville
Dreamachine
(1960-2011)


Joseph Herscher
The Page Turner
(2012)
Vidéo, couleur, son, 2 min 8 s




Marla Hlady

Manon Labrecque
THE, de la série
Les astrophysiques
(2012)



Diane Obomsawin
Chronique en trois mouvements
(2012)

La fleur
Le livre
La danse




Stansfield/Hooykaas
Hearing Voices II
(1994)
Sculpture sonore / audio sculpture



Martin Tétreault
Phonographes vinylisés
(2012)






 Karel Zeman
L’Invention diabolique
(1958)
Film d’animation, noir et blanc, 83 minutes

extrait:



ESPACE 400
Québec





lundi 21 mai 2012

DON'T BE SAD

Le jaune pissenlit d'Honoré-Mercier
17 mai 2012

Photo: L.L.




C'est le pillage du civisme: dans l'antichambre des jaloux, un coq. La foule est une lave, se déchaîne comme un noeud d'agrafes projectiles. On vend les préceptes et les codes d'accès de la civilisation pour confier les rêves publics aux esclaves volontaires. On célèbre.

Si la lueur est encore là demain, ce sera le tonnerre manqué, ce sera le fils du geste et de l'éther furieux. Vraisemblablement, les miracles piétinent trop avant de se rendre.


extrait de L'antenne de l'humanité
FAIRE CONFIANCE À UN ANIMAL
Frans Ben Callado



mercredi 9 mai 2012

JOCELYN GASSE: le complot des complicités




...I see a line of cars and the're all painted in black...






(cliquez sur l'image pour l'agrandir)


Une grande toile blanche comme une feuille vide, des chuchotements de no man’s land, le silence d’une bombe, un destroy quelque peu modifié...
Captation des gestes du peintre en action, intention de raconter une histoire de tsunami qui emporterait dans son nuage de poussière les carcasses noires et blanches de véhicules suburbains remplis d'essence et de lumières...
Petite musique du jour jouée par les poils des larges pinceaux; travail des mains gantées de caoutchouc; chhhhhifonnement des doigts agiles qui agrandissent le paysage urbain; cœur battant de l’artiste en avant de ceux de ses convives muets de béatitude...

Vingt-cinq minutes de souffle et d’essoufflement; du noir et du blanc pour les immeubles désertés et le vent qui l'emporte sur les couleurs mortes, seul le jaune lumière des phares envolés et un peu de ce rouge imaginé...
Le temps d’un après-midi ensoleillé de mai, nous sommes allés voir ce qui se passait au travers de la matière; assez pour ressentir le surplus d'angoisses évadé de l'imaginaire dégelé; assez pour y emmagasiner une flopée de mots défoncés à l'acrylique; pour être ensemble, pour communier; pour contrer le pays made of rocks, pour y rebâtir une autre réalité; pour écouter chanter le vide, pour le remplir de pièges à pensées violettes; pour arracher une dent pourrie dans la bouche géante du passé; pour y transiger l’or des poètes, pour y refuser celui des faux chèques; pour imaginer le Grand Éclatement, pour survoler ce monde d’ICI, pour y démolir les en attendant, pour y retoucher les avant-hier, pour tracer l'aujourd'hui, pour vivre un moment du présent, pour l'Uniquement...
***

Merci à Jocelyn Gasse ainsi qu'à ceux et celles qui ont participé de près ou de loin à cet événement; merci de nous avoir initiés à cette lumière singulière qui inonde l’artiste lorsqu'il crée, de nous avoir ainsi prêté une partie de son âme, de s'être donné non pas en spectacle mais en toute humanité. Jamais nous n’oublierons ce grand mouvement d'indépendance... 





Photo: L.L.
12 avril 2012

L'exposition de ses œuvres récentes est présentement à l'affiche à la salle Jean-Paul Lemieux de la BIBLIOTHÈQUE ÉTIENNE-PARENT jusqu'au 26 mai. Une nouvelle série qui explore les recoins sombres et lumineux d'une urbanité sans dessus dessous, un virus occidental pour un réel universel.

Jocelyn Gasse et son sublime COMPLOT
(photo: Le Soleil)



Le jour où j'ai découvert Jocelyn Gasse, via Michel Bois alors critique d'art au journal LE SOLEIL, en fut un moment de pleine inspiration. ses toiles exposées à la Galerie du Trait-Carré à Charlesbourg m'avaient fortement émue. Sont sortis de cette rencontre des mots inspirés directement de ses toiles, des mots que j'ai quelque peu modifiés depuis 1997 mais qui en ont toujours conservé l'odeur du premier jet. Ils sont exposés ici aux ISSUES PLAUSIBLES.



AUX INSPIRATEURS


Prisonniers des pères poètes qui,
dans leur alpin sommeil,
cadastrent de sfumatos éthérés
nos terres déjà trop enfumées

Prisonniers des bleds récents et désaffectés,
aux yeux remplis de crachin,
futurs appartenant aux no man's land
qui lorgnent en trompe-l'oeil,
comme des chiens,
les bornes-fontaines des bons yes man



Interview à Radio-Canada:



Today I said goodbye to my conflicted goddess
Her lush eyes show surprise
At how we could gather knowledge
The painting has a dream
Where shadow breaks the scene
 
And the colors run off
Blue is bashful, green is my goal
Yellow girls are running backward
Until the next time, with six hits of sunshine
The lights will blind us with blues in haiku
The shadow has a dream
Where painters look to sea
And colors burn out
Now I know where I once saw you
Stepping into muddy water
John's reflection decried perfection
Now you walk him through the garden
Waiting in the wings
Painters shade their dreams 

With falling colors 
See me wave goodbye forever
Happiness the goddess lover
Hurry back remember last time
The hits of sunshine, the hits of goldmine
I'll see you back tonight
Where painters love the light
And yellow shadow girls

Today I say goodbye to my complicious goddess
Her hushed eyes show surprise
At how we captured knowledge
I'll see you back tonight
Where shadows dream of light
Let's slip on outside
SONIC YOUTH
A THOUSAND LEAVES
1998

PHOTOS: L.L.

vendredi 4 mai 2012

AMOURS ÉCUREUILS: La première étoile








DU NOIR, DU BLANC
SURTOUT PAS DU GRIS


Jeudi soir dernier, chez Premier Acte, c’était salle comble…et surtout comblée; nous étions venus pour assister à cette première pièce de Jean-Michel Girouard, lui que nous avions découvert au Trident dans le Henri IV de Pirandello mis en scène par Marie Gignac, une prestation qui nous avait  fait bien rire. En septembre dernier, nous avions eu le bonheur de le voir jouer dans NOTES DE CUISINE de Rodrigo Gracia, mis en scène de Frédéric Dubois. Toujours aussi affable et souriant, un amoureux du théâtre, un bon vivant. Sa pièce nous le révèle davantage, elle est lui, enfin, une partie de lui. En compagnie de la lumineuse Marie-Hélène Gendreau, sous la brillante direction de Vincent Champoux, il nous en a mis et remis...plein la bouche. Les trois lits doubles, les trois fenêtres,  les trois lampes de chevet, les trois planchers (qui craquaient pour vrai), les deux portes, tout était en parfait ordre pour plonger au creux de cette belle histoire du pays d'en haut, juste « pour comprendre le monde » (oui, oui, je lis les programmes !)...

Quartier St-Jean-Bapstiste, vue sur la Basse-Ville
3 mai 2012
Photo: L.L.

Par un soir de printemps, comme celui de ce soir, en plein cœur du quartier St-Jean-Baptiste, l’intelligible et savoureux monologue d’un gars qui a lost sa baby il y a quelques mois, qui entre dans la chambre de celle-ci qui est couchée dans le lit tiède de sa solitude d'après rupture qu’elle n’arrive pas à vraiment contrôler. Elle entend les mots qu'il lui dit, mais il ne sait pas, ou enfin. Un flot de mots que l’on boit à même les serrements de son cœur encore brûlant d'amour qui a mal aux dents et qui n’a pas abouti où il pensait…


Photo: Simon Clark




Un segment de vie, un saignement de lit, une mauvaise nuit; une intention, une relation, un grignotement d’émotions, parce qu’il y a toujours un ou deux de ces écureuils qui vous regardent avec étonnement tout en poursuivant leurs mille et une pirouettes à travers les arbres des rues tranquilles de la Cité ou sur les fils électriques de la frAgilité. Comme eux, Alex et Agathe gambadent ici et là, se regardent et se touchent, s'arrêtant chacun de leur bord sur des scènes dans lesquelles l’humour et la poésie y prennent toute la place qu'ils veulent bien leur donner. Entre autres, celle de la partie de hockey avec les boys et leurs blondes, tordante à souhait et tellement vraie, et d’autres, aux envolées poétiques touchantes et profondes, composées de la sève de cette toute première intimité partagée avec l’être aimé. Elles auront, je le crois bien, rappelé à plusieurs Spectateurs suspendus aux lèvres des ex frenchés, certains des grands moments inoubliables de leurs amours qu'ils croyaient bien à l'abri de la défaite, blottis dans le nid moelleux des petits écureux amoureux fous. Et pour les plus jeunes d'entre eux, encore plus.




Un vrai bon chocolat chaud,
avec du quick liquide
celui dans la bouteille en forme de lapin

Les derniers instants de ces cent vingt minutes bien remplis ont donné lieu à une excellente performance de Jean-Michel Girouard, notamment celui où il a tire la douillette grise du premier lit pour s’en enrober le corps bien au chaud, alors qu'il nous livre le dernier combat, celui où il plonge dans le fleuve glacé pour mieux en remonter, une scène littéralement à couper le souffle dans laquelle on a pu ressentir toute la vie qui s'abattait alors en lui à ce moment précis. La fin finale fermait bien le bal à ce texte fort soigné et exigeant qui aura permis à un jeune auteur d’ici d’entrer en grande communication avec un public qui, je le pense sincèrement, suivra mot à mot ses prochaines pièces, parce qu’il a encore beaucoup à DIRE.



La saison 2011-2012 s'est donc terminée en beauté, sur une note très rafraîchissante, et la prochaine de Premier Acte augure tout aussi bien. Il y aura encore beaucoup à écrire sur ces productions qui ont le don de nous jeter...en bas de nos fenêtres ouvertes...


...et leurs amours qui ont mal aux dents



Extrait de la lecture d'AMOURS (z) ÉCUREUILS



Un peu de Leloup dans la bergerie





Dans le soir doux et calme, 
auprès d'un ami écureuil...
Photo: L.L.