dimanche 24 septembre 2017

AILLEURS : L’Un comme l’Autre



Ce fut par une triste matinée qu’ils se mirent en route ; le vent soufflait avec violence, et la pluie tombait à torrents ; des nuages sombres et épais voilaient le ciel ; la nuit avait été très pluvieuse, car de larges flaques d’eau couvraient çà et là les rues, et les ruisseaux débordaient. Une faible lueur annonçait l’approche du jour, mais elle ajoutait à la tristesse de la scène plus qu’elle ne la dissipait ; cette pâle lumière ne faisait qu’affaiblir l’éclat des réverbères, sans éclairer davantage les toits humides et les rues solitaires ; il ne semblait pas que personne fût encore debout dans ce quartier ; toutes les fenêtres étaient soigneusement fermées, et les rues qu’ils traversaient étaient désertes et silencieuses.
Charles Dickens
OLIVER TWIST
Chapitre XXI
L’expédition

Photo: Denis-F. Doyon


Ce s’rait pas facile d’être ailleurs
OCTOBRE
DANS MA VILLE

Un temps absolument radieux pour ce 20 septembre 2017, date souvenir du trentième anniversaire de la mort de mon cher Papa. Pour célébrer ce jour quoi de mieux que la vie, celle qui va et vient autant par les chemins de terre de Notre-Dame-de-la-Merci que par les ruelles de la Basse-Ville de Québec

« D'ailleurs souvent, les adaptations amènent l'œuvre beaucoup plus loin, à des endroits où l'écrivain ne serait pas allé lui-même.»

Paul Rousseau





AILLEURS, de Samuel Matteau, qui réalisait son premier long-métrage dans SA ville, a défriché un autre de ses sentiers lumineux pour une histoire qui existait déjà sur papier. Basée en partie sur le roman HAINE-MOI de Paul Rousseau, le jeune créateur et les scénaristes Guillaume Fournier et Jacques Laberge ont fait la preuve de cette rencontre mémorable avec TV et Samu, les deux principaux et attachants personnages du roman, que quatre ans de travail acharné en valait plus que la chandelle…disons un lampadaire. Quatre ans, c'est pas mal moins que la durée de l’attente de l’auteur (18 ans) pour voir le résultat de son œuvre enfin adaptée pour le cinéma. Celui-ci disait :

«Ma grande frustration en tant qu'auteur, c'est d'avoir vendu quatre fois les droits de mon roman Haine-moi (qui portait sur les jeunes de la rue) pour en faire un film, et ça ne s'est jamais concrétisé...»

http://www.lapresse.ca/le-nouvelliste/arts/week-end/201512/18/01-4932660-le-cinema-sourit-a-paul-rousseau.php

Plaines d'Abraham, février 2010
Photo: L.Langlois

Les superbes comédiens que sont Théodore Pellerin (Samu) et Noah Parker (TV/Thierry) nous transportent la plupart du temps ENSEMBLE sur leurs fragiles épaules dans la caverne enchanteresse de leurs amis de passage. La magie opère à 100% dans cet antre rempli d’un ramassis organisé. Ça prenait une faute assez grave merci pour qu’ils se réfugient dans ce gîte sans étoiles gouverné par un parlement somme toute assez sévère sur les règles de la cohabitation. 

Et pour que leur solidarité progresse en beauté et se solidifie au pied du Cap, leur transparente cavale à travers les rues et ruelles de la Capitale doit les mener vers un couronnement, celui de leur Amitié indéfectible. Encerclés l’UN comme L’AUTRE dans le noir et la lumière favorable à leur Bienveillance, ils ont dû faire tourner tous les moulins de leurs cœurs sur ce plateau aux mille images, pour conjuguer avec le froid et l’humidité de novembre dans les maudites rues de Limoilou, cet ailleurs-là...


Les majestueux complices de cet achèvement pictural, dont les toujours aussi intenses Christian Michaud, marin d’eaux troubles, et Emmanuel Schwartz, Le Duc de Sault-au-Matelot, secondés par Mathieu Drouin, qui joue un Charles « enfant-roi » pas tout à fait comme les autres, bâtissent à même les murs vieillots de La Cité une inébranlable cathédrale de sentiments forteresse. 



Pour les nourrir et éclairer leur lampadaire parfois au trois-quarts éteint, un proche aidant, le père Bouchard, inestimable Claude Robinson, qui stationne sa roulotte chaude et accueillante à côté de leurs chemins de croix…et de fer. Gabriel Cloutier Tremblay, La Belette, dans son premier rôle au cinéma, lui qui nous éblouit tant au théâtre, Antoine Desrochers, le Wolfe, Clémence Dufresne-Deslières, Élie, et Nahéma Ricci, l’Artiste, complètent ce tableau contemporain d’une jeunesse errante qui ne crèche pas toujours aux premières loges des grands théâtres et autres salles de spectacles subventionnées.


Photo: FCVQ

Photo: L.Langlois

Photo: L.langlois

Tourné en partie dans un ancien bunker, vestige de la précédente guerre froide, on n'a jamais été aussi près de ceux et celles que nous côtoyons dans la rue parfois sans les voir. Cette fresque a su mettre en lumière une partie de notre société souterraine, celle qui se cache derrière les murs imaginaires des présidents de secondes zones de futurs sinistres…sans étoiles dessinées sur leur bannière de réfugiés. C'est pour ces raisons que je retournerai les voir en décembre prochain lors de leur sortie en salles...

Merci au réalisateur Samuel Matteau d'être venu à notre rencontre après la projection de ce mercredi 20 septembre 2017, ce fût un réel plaisir de lui faire quelques commentaires en live. Tout comme moi, mes deux compagnons ont vivement apprécié son film et sa présence. On attend déjà le prochain....  

http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/508593/montreal-ailleurs-land-bon-courage

http://www.journaldemontreal.com/2015/11/26/au-cur-des-vestiges-de-la-guerre-froide





Ce s’rait pas facile d’être ailleurs…


Réalisé par Samuel Matteau



https://vimeo.com/sammatteau

https://vimeo.com/37265609




RÉALISATION : Samuel Matteau
COSTUMES : Jean-Nicolas Demers, Sébastien Dionne
MONTAGE : René Caron
SON : Norman Lapierre
CONCEPTION SONORE : Jérôme Boiteau
MAQUILLAGE : Catherine Carré
PHOTOGRAPHIE : François Gamache
ILLUSTRATIONS : Jeik Dion
MUSIQUE ORIGINALE : Mathieu Robineau
Coaching et chorégraphie des acteurs : Félixe Ross et Allan Lake
DIRECTION ARTISTIQUE : Grégoire Steunou-Duthell
assisté de Simon Elmaleh
SCÉNARIO : Guillaume Fourmier, Jacques Laberge
PRODUCTEUR : Valérie Bissonnette
DISTRIBUTEUR : Louis Dussault
DISTRIBUTION : K-Films Amérique
CHANSON du générique de fin : Roses de Ghostly Kisses
CHANSON également dans le film : Little Birds de We are Wolves


INTERPRÉTATION
Théodore Pellerin
Noah Parker
Clémence Dufresne-Deslières
Antoine DesRochers,
Christian Michaud
Emmanuel Schwartz
Nahéma Ricci
Gabriel Cloutier Tremblay
Mathieu Drouin
PARTICIPATION

Robert Lepage
Claude Robinson

AUTEUR : Paul Rousseau
ANNÉE : 2017
DURÉE : 100 MIN

https://www.facebook.com/squatfilm/



Photo: Yan Doublet
 LE SOLEIL


vendredi 22 septembre 2017

LE PLACARD: la vie en rose

Photo: L.Langlois
16 août 2017

Le théâtre, l’été, surtout vers la fin, pour faire différent, pour se préparer à la nouvelle saison, pour recommencer la fête, pour jouer un peu, pour ne jamais oublier que l’Artiste a faim lui aussi, pour être plus près de lui, pour ne pas manquer ni un mot ni le moindre souffle, pour faire partie de son Ensemble…


LE PLACARD, de Francis Veber, version Québec, avec une troupe de jeunes vétérans toujours aussi égaux à eux-mêmes, méritait amplement qu’on s’arrête au THÉÂTRE PETIT CHAMPLAIN le 16 août dernier. Du rire, de la finesse, de l’humain, du bonbon, des carottes et...des condoms !



Hugues Frenette en François Pignon, toujours aussi délicieux et attendrissant, comique de surcroît en faux gai, qui se donne autant qu’au Trident; Patric Saucier, tordant à souhait, convaincant en Santini, mâle aimé pour ses préjugés envers les LGBTQ, métamorphosé au contact de son collègue pas comme les autres; Bertrand Alain, le si charmant voisin de palier, celui qui est toujours prêt à vous sortir de vos problèmes, qui arrange les choses à SA façon et qui fait souvent la différence, et surtout, qui aime son chat;

Pitchounette, la chatte de ma mère

Jack Robitaille, intense et délirant en patron cruiser de secrétaires, toujours aussi passionné qu’un jeune premier; Charles-Étienne Beaulne, encore une fois à la hauteur de son talent en Guillaume as-buveur de café, qui va et vient entre deux bureaux et qui n’en rate jamais une à propos des quiproquos de la situation; Alexandrine Warren, la belle mademoiselle Bertrand, qui peut être aussi bête et méchante qu’éprise et ambitieuse, ravissante à souhait dans cette scène d’amour quelque peu « échauffante » avec son François; Joëlle Bourdon, l’espiègle Ariane, qui devient depuis les excellents BEU-BYE de la Bordée une vraie spécialiste de la comédie de situation, déterminée à vouloir faire rire l’audience du Petit Champlain


À entendre les chaleureux applaudissements des spectateurs à la fin, on peut dire que la tourbillonnante mise en scène de Nicolas Létourneau a semblé les ravir au plus haut point. Vraiment une très belle soirée. Merci à toute l’équipe, en particulier Jean-Denis Beaudoin, qui assistait Nicolas à la mise en scène, et à Jean-François Labbé qui, comme à l’habitude, éclaire les scènes théâtrales de Québec avec SA luminosité sans faille.



LE PLACARD

ASSISTANCE À LA MISE SCÈNE : Jean-Denis Beaudoin
DÉCOR ET ÉCLAIRAGES : Jean-François Labbé
COSTUMES : Virginie Leclerc
RÉGIE : Thierry Carpentier
GÉRANCE DE SALLE : David Jolin
CONSEILLÈRE MARKETING : Audrey Latulippe
CONSEILLÈRE MARKETING NUMÉRIQUE : Carole-Ann Labrie
RELATIONS DE PRESSE : Geneviève Richard
DIRECTRICE DE PRODUCTION : Marie-Hélène Lalande
GRAPHISME ET PHOTOGRAPHIE : Vincent Champoux
PHOTOS : Réjeanne Bouchard





En sortant de la pièce, vers 10 :15 heures, on a pu voir la toute fin des FEUX LOTO-QUÉBEC. Quelques explosions multicolores au-dessus du majestueux fleuve Saint-Laurent dont celle avec cette méga-bombe de 25 cm, que j’ai pu capter. 

Les rues du Vieux-Port étaient bondées d’une grande foule silencieuse qui rentrait calmement chez elle. Une belle fin de soirée pour nous, également pour ceux et celles qui étaient allés célébrer les 40 ans de la mort du King Elvis au centre Videotron...



AVANT LA PIÈCE

Quelques-unes des photos souvenirs que j'ai prises lors de notre ballade à travers LES PASSAGES INSOLITES, parcours d’art public ainsi qu'à la Place des Canotiers


Le jardin de Saint-Roch, 
rebaptisé Jean-Paul Lallier




Giorgia Volpe




Place des Canotiers

http://beta.radio-canada.ca/nouvelle/1042499/les-passages-insolites-de-retour-dans-le-vieux-quebec

http://www.capitale.gouv.qc.ca/parcs-et-places-publiques/places-publiques/place-des-canotiers

Avons ajouté à ce parcours artistique une enrichissante visite à la GALERIE d'art URBANIA située au 112 rue Saint-Paul. Ouvert depuis peu, cet espace accueillant est rempli de couleurs et de beauté réalisés par des créateurs d’ici et d’ailleurs. Doublée d’une intéressante rencontre avec Kathie Robitaille, la sympathique artiste propriétaire, cette nouvelle découverte a une fois de plus fait notre bonheur. En furetant sur le web, je découvre un fort beau secret à propos de ses œuvres, dont celle de SA MAJESTÉ FRONTENAC, que j’ai emmagasinée dans ma réserve de cartes d’artistes. Écoutez-la nous le raconter...

http://arturbania.ca/


Photo: L.Langlois

DERNIÈRE HEURE

Un autre de ces beaux hasards: quelques instants après avoir posté ce texte, voici que le Journal de Québec publie un article sur Kathie: UNE GALERIE PAS COMME LES AUTRES...et en plus ceci: 

" L’artiste expose ses œuvres dans sa galerie, dont une fresque récente qu’elle a peinte en revenant de Paris cette année, là où elle expose en permanence. Inspirée par son expérience parisienne, elle a créé les quatre grandes toiles qui forment la fresque, intitulée La vie en rose, sur une période de 32 heures consécutives, dans un élan de motivation."


Photo: L.Langlois

Des fois, je me demande si certains esprits se connectent comme ça, tout naturellement, sans avoir demandé quoi que ce soit. Mais laissons faire le hasard, il fait parfois si bien les choses... 

http://www.journaldequebec.com/2017/09/21/une-galerie-pas-comme-les-autres



Montage: L.Langlois

Et puis ce savoureux souper au SAPRISTI, celui situé sur le boulevard Champlain. Servi par un excellent garçon, enjoué et dévoué, qui nous a bien entretenus tout au long de son service impeccable, notre choix s’est arrêté sur la pizza Trois Garçons (sauce béchamel, poires, pacanes caramélisées, poireaux, fromage bleu, roquette et parmesan la composent). Un vrai délice. L’accompagnait la planche de charcuterie : saucisson la Rosette de Charlevoix, chorizo Charlot 1608, prosciutto, fromages Cendré de lune et La Sauvagine, olives marinées, raisins rouges et confiture de figues. Ces saveurs de chez nous ont de quoi procurer la jouissance des palais les plus fins. Quand nous irons voir les finissants du Conservatoire d’art dramatique au théâtre de la rue Saint-Stanislas, nous récidiverons sûrement à l’autre établissement situé sur la rue Saint-Jean.






jeudi 21 septembre 2017

PHILIPPE HALSMAN « ÉTONNEZ-MOI! » & LE FABULEUX DESTIN DES TABLEAUX DES ABBÉS DESJARDINS : jump!

JEAN COCTEAU

Philippe Halsman


Le 10 août dernier, en compagnie de A. et L., ai pris mon premier abonnement à vie d’un musée, celui du National des Beaux-Arts du Québec. À soixante balais passés, il était temps que je me décide de passer quelques coups de plumeau, au moins quatre par année, sur des œuvres qui n’attendent que ça. Il faisait une splendide journée, il n’y avait donc quasiment personne lors de notre visite dans le Pavillon Lassonde, dont je suis tombée amoureuse l'hiver passé. Le pavillon, comme un antre de paix, où on y présentait les deux expositions qui se terminaient le 4 septembre, m'ait apparu encore plus lumineux. Peut-être à cause de ce soleil du plein été qui le traversait...


 

Notre premier choix s’est arrêté sur LE FABULEUX DESTIN DES TABLEAUX DES ABBÉS DESJARDINS. Des toiles sorties en grand et tout droit de leur enclos catholiques français et québécois. Des originaux et des copies impressionnantes de par leur immense dimension, certaines nous plongeant véritablement dans les paysages d’affliction que pouvaient causer l'effroi de l’Enfer investi de son ange noir. Beaucoup de crânes, d’angelots et d’odeurs de sainteté, de quoi avoir un peu peur…;-) Voici quelques-unes de ces œuvres. :



 https://www.mnbaq.org/exhibition/le-fabuleux-destin-des-tableaux-des-abbes-desjardins-1247/oeuvres

 

http://www.narthex.fr/news/le-fabuleux-destin-des-tableaux-des-abbes-desjardins



DALI ATOMICUS
Philippe Halsman

La seconde exposition et non la moindre, qui m’attirait davantage, celle de PHILIPPE HALSMAN, dont le nom ne me disait pratiquement rien et qui pourtant avait fait briller mes yeux par ses photographies immortelles de Salvador Dali, Marilyn Monroe, Jean Cocteau et Alfred Hitchcock entre autres. Toutes ces magnifiques photos de couvertures du LIFE magazine, que je voyais traîner sur les tables à café de tante Jacqueline ou d'oncle Gilles, elles étaient souvent issues de son exceptionnel talent. Une vraie belle découverte que celle de cet artiste qui vécut intensément de 1906 à 1979 en compagnie de gens qu’il avait pris un soin méticuleux d’immortaliser pour la postérité en les faisant sauter à travers les craques lucides de l’Art. Il en parle ici:



  

Salvadore Dali

Alfred Hitchcock 

Andy Warhol

http://www.lapresse.ca/arts/arts-visuels/201707/27/01-5119834-philippe-halsman-surprendre-avant-tout.php









Et pour L., qui trouvait une petite ressemblance entre Malraux et Mongrain ;-)


Antoine Plamondon 
(L'Ancienne-Lorette, 1804 - Neuville, 1895)
d'après Charles Monnet (Paris, 1732-? après 1808)
LE CHRIST EXPIANT SUR LA CROIX 
1851
huile sur toile, 355 X 230 cm
Québec, Fabrique Saint-Michel de Sillery
Photo: MNBAQ, Idra Labrie