mercredi 8 avril 2015

MOI DANS LES RUINES ROUGES DU SIÈCLE : le second souffle de Sasha




LA SÉRIE DU SIÈCLE

Devant le fait accompli de la nouvelle agréable
le divin enfant nous est né.
Et même lorsqu'il est triste
son histoire sait comment nous faire rire.
Mais par-dessus tout, 
il sait comment faire vivre...

Depuis le rouge éclatant de sa bonté: son cœur.
Toujours à la bonne place.
Et son souffle au centre du ventre chaud de sa mère,
entre les mains charbonneuses de son père.

L.Langlois
7 avril 2015




 Photo: Jérémie Battaglia



« LES IDÉAUX SE SUCCÈDENT, ON LES DÉPASSE, ILS TOMBENT EN RUINES, ET PUISQU’IL N’Y A PAS D’AUTRE VIE, C’EST SUR CES RUINES ENCORE QU’IL FAUT FONDER UN IDÉAL DERNIER. »

LES NUITS BLANCHES
Fedor Dostoïevski


S’il fallait donner des étoiles aux pièces de théâtre celle-ci n’en mériterait pas moins de cinq. Une mise en scène impeccable. Des interprètes majestueux. Des éclairages parfaits. De la musique au point. Une scénographie d’une sobriété tellement efficace.Tout était en place pour ce magnifique texte empreint de la plus profonde des transparences.






L’histoire " vraie " de Sasha Samar nous a complètement bouleversés A. et moi. Personne d’autre que lui n’aurait pu mieux nous la raconter parce que « c’est SON histoire ». Celle d’une naissance. D'un père, d’une mère et d’un enfant. Rien de bien compliqué. Et pourtant…Fallait entendre toute la suite de ce monde en ruines pour se rendre compte que le rouge est sans aucun doute possible la plus belle couleur qui soit pour parler en plein cœur du Spectateur…






L’Ukraine, à nouveau morcelée par les dents longues de la Russie, celle de Poutine, nous a envoyés promener directement dans le tordeur assassin du Grand Réacteur de Tchernobyl. Les comédiens, dont deux d’entre eux, Marilyn Castonguay et Pascale Montpetit, cassaient la pièce ce soir, ont fait des lieux magiques du Périscope, une salle taillée sur mesure pour ce genre de pièce, là où la dimension humaine y prend tout son sens, là où l’intégrité du texte et la sobriété du décor cohabitent parfaitement avec la gestuelle et la parole. De quoi faire le plus beau des voyages avec presque rien. C’est tout cet ensemble exemplaire qui nous a transportés là-bas, dans les mines de charbon, dans le salon, devant l’écran de télévision, à la radio, dans la discothèque, sur le sofa, au creux des mains, dans le souffle au cœur de Sasha Samar, un homme qui sait si bien se raconter et qui fait vraiment beaucoup de bien à rencontrer. Sa quête personnelle nous aura projetés, souhaitons-le perpétuellement, les uns contre les autres, sur la nôtre. NOUS ÉTIONS... ENSEMBLE...


Père et fils, 1980


« Oui, l’homme a la vie dure ! Un être qui s’habitue à tout. Voilà, je pense, la meilleure définition qu’on puisse donner de l’homme. »

SOUVENIRS DE LA MAISON DES MORTS
Fedor Dostoïevski




 Les liquidateurs de Tchernobyl, héros malgré eux...


Boudha m'a dit d'une voix basse
Tous lasse hélas ! Tout casse, tout passe
L'enfant répond d'une voix brave
C'est pas grave papa, c'est pas grave
Des cris résonnent au fond de la mine
Ceux de Lennon, ceux de Lénine
Et j'entends les sirènes chanter
Vanité tout est vanité

Pierre Flynn
TRACES DANS LE SABLE
"mirador"





Le rapprochement fructifiant d’Olivier Keimed et de Sasha Samar nous aura fait profiter pleinement de chacune des scènes impérissables de ce chef-d’œuvre d’humanité. Secondés admirablement par les chevronnés Robert Lalonde et Pascale Montpetit, toujours aussi puissants et touchants, que dire de l’intensité de la fougueuse Marilyn Castonguay et de la brillante folie de Geoffrey Gaquère ? Que cette pièce aura marqué nos mémoires par le feu de la passion qui brûlait dans leurs yeux en ce soir de première.


Rue Hrouchevski, le 22 janvier 2014


Merci du fond du cœur au Théâtre Périscope de nous faire passer par toute la « game » des émotions. Cette saison 2014-2015, qui s’achèvera bientôt avec le NO SHOW, c’est drôle à dire, mais c’est presque à regret qu’on la quitte. Parce qu'elle était unique et qu'elle nous a laissé de belles et parfois douloureuses séquelles dans nos esprits avides d'histoires. Qu'elles soient vraies ou fictives, nous avons la certitude d’en retrouver d’aussi bonnes, humaines et profondes pour la prochaine. Avec une programmation tout aussi alléchante et intrigante, incluant la relecture du mythique VINCI de Robert Lepage et le non moins énigmatique SAUVAGEAU SAUVAGEAU de Christian Lapointe, il est d’ores et déjà assuré que l'on sera à nouveau...FIDÈLES AU POSTE…


***

Peut-être est-ce seulement qu'une coïncidence mais nous étions le 7 avril 2015, et il y a un an, jour pour jour, se passait ceci:


MOI DANS LES RUINES ROUGES DU SIÈCLE

Idée originale: Sasha Samar et Olivier Kemeid
Auteur: Olivier Kemeid
Mise en scène: Olivier Keimed
Assistance à la mise en scène: Stéphanie Capistran-Lalonde
Conception visuelle: Romain Fabre
Éclairages: Martin Labrecque
Conception sonore: Philippe Brault
Mouvement: Estelle Clareton
Régie: Charlotte Ménard
Direction de production: Catherine La Frenière
Direction technique: Alexandre Brunet
Assistance aux costumes: Fruzsina Lànyi
Assistance au décor et accessoires: Loïc Lacroix Hoy
Production: TROIS TRISTES TIGRES

ÉQUIPE DE TOURNÉE

Direction de production: Caroline Ferland
Direction technique: Érik Palardy
Régie: Maude Labonté
Régie éclairages: Marie-Aube St-Amant Duplessis




TROIS TRISTES TIGRES


***



Le Feu, rage de petite étincelle, observe l'eau des souterrains; il est agité, il voudrait remonter à la surface, se rouler dans l'herbe, partir en fumée, disparaître. Mais il couve sous la terre, il attend la foudre des armes aux côtés de ses racines brûlées.Il faut ou il ne faut pas, le présent c'est toujours aussi embarrassant. Mais un jour, il le faudra bien. Il le faudra. Partir. S'éloigner de soi. Envisager le détournement majeur. Virer boutte pour boutte. Traverser le cul-de-sac des calamités. Fleurir le Néant. Déterrer le Miracle.

elquidam à aimon, le 18 juillet 2012





 Vieil artefact de la Série du siècle,
que je garde précieusement 
dans mes rouges souvenirs de 1972

L.L.