dimanche 26 juin 2011

IMAGINATION DU MONDE 2












Église Saint-Coeur-de-Marie, Québec
Photo: L.L.

Pour se souvenir de ce 9 juin 2011:
FENÊTRES OUVERTES sur miroir
IMAGINATION DU MONDE





lundi 13 juin 2011

STRIPTEASE:1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 et le diable, Ô corps


Céline Milliat-Baumgartner


Tous ces pieds, toutes ces plumes; tous ces regards, toutes ces hommes; toutes ces bouches, toutes ces femmes; toutes ces hanches, toutes ces fesses; tous ces coeurs, tous ces sexes; tous ces colliers, tous ces souliers; tous ces charmes, toutes ces beautés; toutes ces danses, tous ces mouvements; tous ces sifflements, tous ces efforts; toutes ces filles, tous ces garçons; tous ces riens, tous ces plus ou moins; toutes ces mains, tous ces seins; toutes ces cuisses, tous ces chapeaux; tous ces gants, tous ces parfums; tous ces dessous, tous ces genoux; toutes ces nuits, toutes ces folies; tous ces yeux, tous ces jeux; tout ce feu, toutes ces flammes; tous ces bleus, tous ces drames.


Lili St-Cyr

Pour le striptease des âmes, pour l'effeuillure des coeurs: STRIPTEASE. 55 minutes pour apprivoiser l'art de Celle qui soir après soir s'offre aux regards subtils de ses gentils voyeurs, qui pour quelques dollars de plus leur donnerait sans doute la lune...moins de rien.




***

Céline Milliat-Baumgartner et Cédric Orain ont offert au public du PÉRISCOPE (en majorité féminin) un spectacle auquel je m'attendais, c'est-à-dire ne contenant aucune espèce de vulgarité ni de censure, truffé d'humour et surtout toujours à propos. Nous avons pu apprécier tout le talent de cette comédienne qui s'est donnée corps et âme, surtout dans le dernier set; il fallait la voir et la revoir tourner autour de son poteau: électrique ! Vraiment essoufflant et pour Elle et pour nous, Spectateurs. À ma droite, deux jeunes femmes en pâmoison devant le brio de la jeune actrice, nous sommes toutes trois tombées d'accord pour le cran et l'art qu'est l'effeuillage, celui que cette artiste a déployé pour nous durant les 55 minutes que durait SON numéro, c'était là tout un exercice. Pour ma part, je dois avouer que c'était la première fois que j'assistais à un striptease, mais ce n'était pas n'importe lequel, c'était celui de Céline ! La musique m'a particulièrement allumée, vraiment de circonstance, surtout celle de la scène finale, mais comme je n'ai pu la dégoter nulle part sur la Toile j'ai pensé que celle-ci pourrait peut-être faire l'affaire...;-)






MAE DIX






dimanche 12 juin 2011

LA DIVINE COMÉDIE by Gustave Doré




Pour revenir sur cette soirée divine donnée par le Théâtre de l'Urd, une magnifique illustration de Gustave Doré. L'attraction vers l'Infini. Le deuil du Carrefour. L'attente de LA TEMPÊTE et du ROSSIGNOL. L'espoir des jours tièdes. Le lustre des siècles. La lecture du Temps. Il me faudra parler de ces pièces de choix que le Spectateur a vues dernièrement: STRIPTEASE, CINQ JOURS EN MARS et CABARET GAINSBOURG; des pièces de choix qui auront permis au voyageur/spectateur de rencontrer ces gens superbement joyeux et bien équipés pour exercer le travail de la Scène, sans qui la vie ne sera désormais plus jamais pareille à ce qu'elle était AVANT qu'il les rencontre. Mais avant, dormir un petit peu, retourner dans les vapes des rêves spacieux de l'inconscient, braver les pluies, en chasser les nuages, recourir au soleil, marcher le Fleuve, sentir les fleurs, plonger dans leur coeur, ouvrir sa valise, partir au vent, au bord des ils et des elles, pour arrondir ses fins d'émois, pour contrecarrer le vert glas, pour archiver le silence des mortels.




vendredi 10 juin 2011

IMAGINATION DU MONDE: Le lait des Muses, le pain des Anges, au dixième ciel

Photo: L.L.




Ce soir, c’est de la belle grosse fatigue qui m’envahit, elle me provient d’IMAGINATION DU MONDE, cette performance théâtrale hors norme du Théâtre de l’URD inspirée de La Divine Comédie à laquelle j'ai assisté hier soir. Une fête pour tous les Sens... Des souffles de vie éternelle entremêlés à ceux de la mort, des chorégraphies à couper les nôtres, des corps complets avec les âmes qui vont avec, de la démesure, du cran, de l’audace, de la Présence. Quatre heures qui auront fait lentement passer le Temps du 9 au 10 juin...Le 10 juin, un autre de ces beaux jours.





L. à S.



LA NUIT JUSTE APRÈS LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS…

DANS LE CIEL QUI PREND LE PLUS DE SA LUMIÈRE
JE FUS, ET VIS DES CHOSES QUE NE SAIT NI NE PEUT
REDIRE QUI DESCEND DE LÀ-HAUT;
CAR EN S’APPROCHANT DE SON DÉSIR
NOTRE INTELLECT VA SI PROFOND
QUE LA MÉMOIRE NE PEUT L’Y SUIVRE…


La Divine Comédie
Le Paradis, I, 5-9



IL N’Y A PAS SI LONGTEMPS, DANS UNE ÉGLISE QUI ÉTAIT À LOUER, DES ANGES VINRENT À NOTRE RENCONTRE. DANS CET ESPACE À JOUER, IL Y AVAIT UNE FORÊT ROULANTE AVEC DE VRAIES ODEURS DE CONIFÈRES, DES CROIX DE BOIS EN TAS, UNE PLAGE DE SOULIERS DÉLACÉS POUR DES JAMBES MOLLES COMME DE LA GUENILLE, DE LA SALIVE TIÈDE DANS LES BOUCHES AVIDES D’EAU, DE LA GLACE FRAÎCHEMENT OFFERTE POUR NOS MAINS CHAUDES, DES HOMMES DE PLASTIQUE QUI FONT POP, DE LA LUMIÈRE PURE POUR LES TÉNÈBRES, DES PAS DE DANSE ENDIABLÉS, DES GESTES FOUS, DES JEUNES VISAGES PÂLES, UNE TÊTE QUI TOURNE, DES COUS QUI SE TRANCHENT, DES MORTS QUI S' ÉTENDENT, DU SANG, DU SEXE, DE LA ROSÉE, DE L'AUBE ET DES AMIS…


IMAGINATION DU MONDE, UNE PERFORMANCE EXCEPTIONNELLE MISE EN SCÈNE PAR MONSIEUR HANNA ABD EL NOUR, NOUS A ÉTÉ RÉVERBÉRÉE PAR DES ARTISTES MULTIDISCIPLINAIRES EXCEPTIONNELS:


JÉRÉMIE AUBRY JOANIE LEHOUX CHARO FOO SHAWN COTTON EDITH PATENAUDE JOCELYN PELLETIER RAPHAËL POSADAS AMÉLIE LANGLAIS DANIÈLE SIMON GENEVIÈVE DOYON MYKALLE BIELINSKI CYNTHIA TRUDEL FRÉDÉRIC GOSSELIN SARAH CHOUINARD-POIRIER MARYSE DAMECOUR ANNIE GAGNON ISABELLE GAGNON


CE SONT EUX, AVEC ELLES, QUI CHANTÈRENT, DANSÈRENT ET JOUÈRENT POUR NOUS; CE SONT EUX EN ELLES QUI SOUFFRIRENT, MOURURENT ET RESSUSCITÈRENT; CE SONT EUX ET ELLES QUI PRIRENT LE TEMPS DE NOUS CONDUIRE DANS LES COULISSES DU CIEL, DE L'ENFER ET DU PURGATOIRE, À BORD D’AILES ET D’OEILS, AU COEUR D'UN FESTIN DE GESTUELLE...



DE CES QUATRE HEURES DE LENTES HEURES NE RESTENT PLUS QUE CES QUELQUES MOTS QUI ESSAIENT TANT BIEN QUE MAL DE DÉCRIRE CE QUI S’EST PASSÉ EN CE SOIR DU 9 JUIN 2011. HANNA ABD EL NOUR A MIS AU MONDE UN THÉÂTRE D’HOMMES ET DE FEMMES LIBRES OÙ L’IMAGINAIRE DU SPECTATEUR EST CONVIÉ À RESSENTIR L’ACTION DIRECTE QUI SE DÉGAGE DU BANC DES HOMMES-POISSONS QUI NAGENT DANS TOUS LES SENS DE LEUR PASSION, LA VRAIE, CELLE QUI FAIT QU'ILS SONT DE VÉRITABLES PÊCHEURS/PRÊTEURS D'ÉMOTIONS. SELON L’APPÂT QUE LE METTEUR EN SCÈNE AURA MIS AU BOUT DE LEURS ÂMES-SONS, LE SPECTATEUR/SQUATTER ACCROCHERA L'ESPACE LOUÉ DE SON OEIL AU TEMPS QUI FUIT ET QUI LUI RESTE À VIVRE…


CE QU’IMAGINATION DU MONDE AURA LAISSÉ COMME TRACES INDÉLÉBILES DANS NOS SENS RENVERSÉS CONTRIBUERA, JE L’ESPÈRE GRANDEMENT, À FAIRE RECONSTRUIRE CE QUE NOUS ÉTIONS ENTRAIN DE DÉMOLIR, À FAIRE DE NOUS, SPECTATEURS ÉPARPILLÉS, MILLE NOUVEAUX ANONYMES...


Cette glace fraîche au creux de ma main chaude, c’est le continent qui fond, Marins...Au-delà de vos mers, en-dessous de nos terres, à la jonction de leurs forêts déboisées; de la lumière sur l’œil glacé de l’Homme à la frontière des chairs enceintes d’enfants nouveaux, il restera toujours un peu de lait de Muses dans les seins gonflés du Ciel et quelques miettes égarées du pain des Anges...déchus...



PARFOIS NOUS SOMMES REJOINTS PAR DES PAROLES QUI FURENT FIXÉES DANS LE TEMPS POUR LA POSTÉRITÉ, ET PARFOIS NON; CE SOIR, ENCORE UNE FOIS, C’EST CE QUI AURA FAIT LA DIFFÉRENCE ICI, DANS L'ÉGLISE SAINT COEUR DE MARIE...


La musique, ô combien céleste, fit corps à corps avec les voix, les gestes, les corps, le décor, la lumière. Composée par Katia Makdissi-Warren d’OktoEcho, elle a largement contribué à faire de ce monument théâtral qu’est IMAGINATION DU MONDE, une oeuvre d'art qui s’emportera dans les profondeurs fécondes de notre mémoire vive. Il y aurait tant d'autres choses à écrire sur la beauté de ce spectacle hors norme, mais …


NOUS ALLÂMES AINSI JUSQU'À LA LUMIÈRE
EN CAUSANT DE CHOSES QU'IL EST BEAU DE TAIRE

102

L'ENFER IV 96-131


Merci à messieurs Émile Vigneault et Sylvain Bleau, avec qui ce fût fort plaisant d'échanger quelques mots sur ce qui se déroulait pour nos yeux et nos oreilles en ce soir du 9 juin 2011. Ainsi, l’intermission de dix minutes aura permis à quelques spectateurs réunis à la porte de l’église d’échanger sur l’œuvre de Dante revisitée par l’Urd. Merci à vous, hommes libres, d’être venus voir ce spectacle avec nous, nous avions besoin d’y être pour ressentir ce qui pourrait bien finir par se passer dans les prochains jours de notre monde, au coeur de notre si belle Cité...


L’émergence de la nouvelle vision fera le reste…






 
 
 
Au milieu du chemin de notre vie
je me retrouvai dans une forêt obscure,
dont la route droite était perdue.







samedi 4 juin 2011

LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS: Mise aux poings


Photo: L.L.





LES ÉTRANGERS SE RESSEMBLENT.

LES ÉTRANGLÉS SE RASSEMBLENT.



pour Monsieur Oscar Éric Simard,
qui erre encore dans un coin du garage...




MOULIN À PAROLES


UN GARS LE VENDREDI SOIR, SOUS LA PLUIE. DE LA PLUIE dans ses cheveux et sur ses vêtements. De LA PLUIE. Et ENCORE de LA PLUIE. COMME À TOUS LES vendredis soirs DE SA VIE, IL CHERCHE UN LIT POUR LA NUIT; IL CHERCHE peut-être aussi UN AMI…il LE TROUVE et LE GARDE EN HALEINE PENDANT CINQUANTE MINUTES, une brève éternité...
CE TEXTE EXALTANT, DE BERNARD-MARIE KOLTÈS, FAIT DE SOUFFLE, DE SANG, DE SUEUR, DE BLEUS, DE GRIS, DE NOIR, DE FUREUR, DE NUIT, DE PELOUSES, D’ARBRES, D’AMOUR, DE SOIF, DE POINGS, DE RÉVOLTE, DE BEAUTÉ. DE BEAUCOUP DE BEAUTÉ. OUI, DE grande et éloquente BEAUTÉ. LE GESTE TAILLÉ DANS LA PAROLE D'UN HOMME QUI S’EN VA FAIRE SA NUIT…AVEC LE TEMPS…






EN CE SOIR DE COMBUSTION SPONTANÉE DE DÉBUT JUIN, DANS LE DÉFUNT GARAGE BÉRUBÉ, DANS LA 2ÈME RANGÉE, ASSISE ENTRE NFV ET UN HOMME D’ÂGE MÛR, IL FALLAIT TOUT DE MÊME beaucoup S’AIMER POUR ainsi SE COLLER, " C’EST ÇA QUI FAUT " M’A CONFIÉ UNE SPECTATRICE ENCORE SOUS LE CHOC DE CE CONCERTO POUR UNE VOIX...


AU BOUT DE CETTE PHRASE SANS FIN, IL FALLAIT admirer LE REGARD ILLUMINÉ PAR les sens injectés dans TOUS LES PORES DE LA PEAU DE L’ACTEUR. Avec cette LUMIÈRE qui traversait le dedans DE SA BOUCHE PLEINE DE MOTS VITRÉS…. SON MAQUILLAGE BLEU MAUVE ASSORTI À SON ÂME EN CHAIR, son cœur en verre ÉMIETTÉ...pour ENTENDRE LE SON DES VÉHICULES QUI CIRCULAIENT SUR LE CHEMIN SAINTE-FOY...pour entendre LE CHANT DE L’ARABE sur la rue DES PUTES... pour IMAGINER LES ARBRES, LES OMBRES... pour repérer UNE FILLE inconnue SUR UN PONT EN ROBE DE NUIT…JUSTE AVANT LES FORÊTS…

DANS LE DÉCOR NATUREL DU GARAGE BÉRUBÉ TOUT SE PRÊTAIT TOUT À FAIT À CETTE SCÉANCE/PERFORMANCE DU MERVEILLEUX COMÉDIEN QU’EST SÉBASTIEN RICARD. La mise en scène sobrement efficace de madame Brigitte Haentjens nous a encore une fois transportés dans un autre monde, celui de l'Autre et de son ailleurs d'ici. Avec les mots crus et justes d’un auteur mort prématurément: Bernard-Marie Koltès. Koltès que je ne connaissais pas vraiment, mais pour qui j’irai sûrement faire quelques pas de doigts agiles dans la littérature qu’il a créée il y de cela quelques décennies…



Extrait lu par François Bon


Nous sommes peut-être au bord d’une nouvelle révolution, ou peut-être en plein cœur, on ne le sait pas encore; c’est ce que j'ai ressenti ou cru ressentir ce soir dans ce texte révélateur, dévastateur. Des mots qui donnent soif et affament, des mots de choix, des mots empreints de milliards de solitudes, des mots qui réveillent la multitude, des mots qui pratiquent à haute voix la voltige des acrobates du verbe, des mots qui ont longé en incognito les remparts gris de l’âme de Koltès. Le regard révolutionnaire de la voix de l'Acteur, (et non, ce n'était pas du lipsynch) explosé dans l’Invisible de nos yeux s’est déposé sur nous; NOUS, petite foule de quelques 70 spectateurs québécois de tous âges, agglutinés les uns aux autres, qui étions venus comme ça pour y entendre la parole d'un homme à travers celle d’un Autre, étranger familier qui aura traversé tout seul à la nage, avec le temps de le dire, les vagues rouges des plaies fantômes de l’âme.


Après les 50 minutes de ce long souffle aérien du Comédien, lorsqu'il s’est complètement éteint, il y eut comme un silence de mort, assourdissant, ça aura pris un couteau pour trancher l'air qui circulait dans le garage, ça aura pris quelques 20 à 30 secondes avant que les Spectateurs ne se lèvent d'un trait pour applaudir à tout corrompre. J’ai vu les yeux du Comédien reprendre leur vraie couleur, j’ai vu son regard changer, comme s’il redevenait enfin lui-même, ou peut-être bien qu'il était encore cet Autre? Il était visiblement heureux de ce qu’il venait d’accomplir comme travail. Il venait de donner entière satisfaction à son public subjugué. Il fallait être assis LÀ, aujourd’hui, et non pas ailleurs…Entre la Parole et le Geste, subsisteront toujours ces restants de bonheur encore chauds, ceux d’une humanité passablement absorbée par son déclin.

La griffe écrit dans le sang
et ses messages les plus doux
sont ceux de l'agonie.


Ces mots sont ceux de Claude Gauvreau, POÈTE fantôme toujours vivant, qui m’accompagne souvent les soirs de grandes performances…



LA ZONE DU VENDREDI SOIR

(Pour l’Étranger qui marche seul à tes côtés dans ta ville la nuit)

Un couteau rouillé en plein coeur de la forêt dénudée
pour la défendre d'une fourchette qui voulait la manger.
Et une cuillère en argent pour nous la réchauffer.
Et des pieds dans les plats.
Et des mains dans sa Voix.

--- Où t'étais quand t'es venu par ici ? 

--- Là-bas, dans le garage de G. Bérubé.



Des mercis exponentiels à Sébastien Ricard pour son incandescente présence, elle nous aura encore une fois comblés de tous ses bienfaits créateurs. On ne servirait jamais à grand chose si on ne trouait pas la peau d'un salopard.

À la sortie, au comptoir du garage, une bénévole du Carrefour nous offrait bien humblement une publication sur LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS. Des mots, encore des mots, ceux des amis, artistes, artisans qui ont côtoyé l'oeuvre de Koltès de près ou de loin...des mots pour simplement ne pas l'oublier...


Louise Langlois
Nuits de vendredi à samedi à dimanche


TOUS CES MOTS COULEUR DE SILENCE
TOUS CES MOTS VENUS DE LA PLUIE
D'UNE AURORE QUI POINT À PEINE
TOUS CES MOTS QUE JE N'AI PAS DITS
TOUS CES MOTS JAMAIS ENTENDUS
CACHÉS AU PLUS PROFOND DE MOI
MAIS QUI RÉSONNENT À PRÉSENT
LE TEMPS VENU DE LEUR EMPLOI


DANS LA NUIT TIÈDE
AU BOUT DE L'AUTRE RUE
UNE LAMPE S'ALLUME
MORT QUI VIENT
ET JE RESTERAI SEUL
QUAND IL FAUDRA VEILLER TON CORPS
JUSQU'AU LEVER DU JOUR
LES FEUILLES FRAÎCHES SUR TON FRONT


Bernard Delvaille
Oeuvre poétique
LA TABLE RONDE (p.469)


LA PLUIE
Bérurier Noir