lundi 7 octobre 2013

DÉVADÉ: Demain l'hiver...

Photo: Erick Labbé




Comme si de rien n’était.............
Comme si des rats s’évadaient…
Une petite neige fofolle qui descend sur des têtes  à tuques
Des restants de beauté
Un bas troué
DÉVADÉ d’un monde sans queue ni tête

Des cœurs qui déraillent sur des voix fêlées
Des glissements de reins au ras des escaliers
Enducharmé par des oiseaux rares nichés pour quelques soirs à la Bordée
Perchés bas dans le cimetière des bêtes à cornes
Des muses gelées aux ventres plats et aux cheveux platinés
Des germes de garçons dénudés qui partent au loin de la maison

Dans le bain fret et blanc des petits vices cachés
Le chaud tourbillon des choses de la vie
Dans les petites chambres comme dans les grands salons
Des lumières qui descendent de leurs grands chevaux
Et du plafond.

Ah! Comme la neige aura neigé….
Et comme elle neigera…


***


Hugues Frenette, Véronique Côté, Marianne Marceau, Eliot Laprise et Sylvie Cantin, sous la tutelle ducharmienne de Frédéric Dubois, nous ont transportés au cœur même d’un ancien volcan en éruption de culs tannés par les soleils de fin de soirée. Tout était en place pour un court mais intense set câllé. Un brillant ballet de mots fort bien adaptés par Marianne Marceau, des mots qui ne finiront jamais de «  de de de de danser dans ma tête », des mots qui font et referont toujours des petits à tous ceux-là qui viendront APRÈS…

Merci à LA BORDÉE de nous présenter des textes de choix, des histoires qui nous renvoient la balle dans notre camp. C’est toujours un souverain plaisir que de faire partie de ce clan privilégié d’assistants qui se prêtent  aux aventures d’un théâtre vivant et coloré.  Et que ce soit du balcon ou de la rangée C, le public de ce soir a déliré et aimé. Il fallait voir la petite lueur dans l’œil des comédiens, et leur sourire qui en disait assez pour qu'on pense que l'on doit dormir bien mieux…après ça…

Mais...DEMAIN L'HIVER...








Portrait de Réjean Ducharme





Critique de Radio-Canada

http://www.radio-canada.ca/regions/quebec/2013/09/19/007-devade-theatre-bordee.shtml




On a vu souvent
Rejaillir le feu
D'un ancien volcan
Qu'on croyait trop vieux
Il est paraît-il
Des terres brûlées
Donnant plus de blé
Qu'un meilleur avril
Et quand vient le soir
Pour qu'un ciel flamboie
Le rouge et le noir
Ne s'épousent-ils pas


Jacques Brel
Ne me quitte pas





samedi 5 octobre 2013

LES AIGUILLES ET L'OPIUM: Coup de cœur au cube

Marc Labrèche
2013



Nous sommes  dans l’inconcevable
Mais avec des repères éblouissants

René Char


Depuis l'offrande de cette clémente et inoubliable soirée de juin, depuis cet ingénieux décor, où Miles et Moreau se fusionnaient, et dans lequel en un jet s'éclataient les 9 muses du Palais, je découvris le cinéma d'un aigle trapéziste en moins d'une heure et demie. Dans cet espace comblé de par son corps qui avec le Jeu ne firent plus qu'UN, je suis entrée au musée de l'imaginaire d'un jeune magicien où j'y capta par ses ondes stationnaires celles on ne pouvait plus révolutionnaires.

L. Langlois
Les Aiguilles et l'Opium
18 Juin 1993


***


Nouvelle mouture pour une ancienne aventure
Ravissement de l’ouïe comme de l’œil
Tout l’univers contenu dans un cube étoilé
LES AIGUILLES ET L’OPIUM revenus pour nous ré-enchanter

Dans le centre du cube:
Robert, Jean, Miles, Raymond, Juliette, JeanneLouis
et probablement plusieurs d'entre nous...



Raymond Radiguet



De l’Amérique du Nord à l’Europe
De Paris à New-York
De l’opium à l’héroïne
Le chant de la trompette des boulevards
Le chant des divas noires sur les trottoirs

Dans l’œil de cette magnifique tempête
Le Poète et le Musicien
L'Acteur et l'Acrobate
Le Danseur et l'Écrivain

Tout ce beau monde au service des secondes qui fuient
Et personne qui ne connaît vraiment personne

Une ligne blanche qui résonne
Une voix au bout du téléphone
Des mots qui s’échelonnent 
le long de l'échine de ce quelqu'un
ou
de personne…


Jean Cocteau
1949



Cocteau qui s'envole à deux heures quatre du matin
Miles qui joue de l'aiguille en me tenant par la main
Toute la peine des hommes contenue dans ce carré 3D
Toute l’humanité qui vient encore de se réinventer


Marc Labrèche et Wellesley Robertson III 
impeccables et ravissants
La grâce de leurs corps
la finesse de leurs gestes
Tout y était encore une fois
Comme il y a 20 ans
Comme avant hier quoi

Rien de plus à écrire
Sinon MERCI



Robert Lepage
1993



La fin du livre, la fin de la pièce.
Jean Cocteau 
LETTRE AUX AMÉRICAINS
(ma copie)




LES AIGUILLES ET L'OPIUM

Texte et mise en scène: Robert Lepage
Production: Ex Machina
Scénographie: Carl Fillion
Costumes: François Saint-Aubin
Éclairages: Robert Lepage
Musique: Jean-Sébastien Côté
Projections: Lionel Arnould
Assistant à la mise en scène: Normand Bissonnette
Accessoires: Claudia Gendreau
Assistance aux éclairages: Bruno Matte




« Nous vivons avec quelques arpents du passé,
Les gais mensonges du présent
Et la cascade furieuse de l'avenir. »

René Char



Photo: L.L.










vendredi 4 octobre 2013

QUAND LA MER... Moutons d'espoir



Photo: Nicola-Frank Vachon


La mer c’est éternel et pourtant, elle se retire

Esther Beauchemin
Théâtre de la Vieille 17

Commères comme les mères
Murmures salés sur leur langue
Rires sous  capes et voiles fripés
Sensation de déjà vu

Vautour des glacières

Poissons géants au crochet de l’humanité
Lumières d’artifices
Poussières du sacrifice

Au-delà de la misère
L’amour des pères et des mères
Vautours des glacières

Dans ce monde planté d’inconnus
Sensations de déjà vu
Étrange étranglement
Tapotement de boules de ouate sur les joues creuses
La mer au coton
La vie qui s’extrait de l’huile de ses poissons

NOUS SOMMES TOUS FAITS D’EAU ET D’OS
WE ARE WATER, WE ARE THE WORLD
NOUS SOMMES DES ESPOIRS AU MILIEU DU DÉSESPOIR 
NOUS SOMMES FAITS
NOUS SOMMES LAIT








MOUTONS: petites vagues crêtées d'écume. (Les moutons apparaissent par petite brise (vent force 3) et s'étendent à mesure que le vent fraîchit).


Un excellent début de saison avec des comédiens fort talentueux, que l'on ne connaissait pas ou presque, une mise en scène alerte et sobre, sans écrans ni trop de fla-fla, des mots clairs comme de l'eau de mer. Une évasion, un dépaysement, une prise de conscience. Bravo Périscope de nous faire connaître, et surtout apprécier, des textes francs, sans détour, pour des scènes qui nous restent collées dans le fond de la mémoire longtemps. Le cœur salé du monde y était ce soir et c'est ce qui compte QUAND LA MER te révèle où elle s'en va lorsqu'elle qu'elle t'habite...ou te quitte...


Merci à M. Philippe Soldevila à qui j'ai pu adresser mes plus sincères félicitations après le spectacle. Il avait l'air d'un homme absolument comblé tout comme nous l'étions. Voici ce qu'il avait à nous dire avant la première:








DISTRIBUTION

Eloi ArchamBaudoin

Roch Castonguay
Céleste Dubé
Valérie Laroche
Annick Léger
Sylvain Perron

Auteur et idée originale Esther Beauchemin
Mise en scène Philippe Soldevila
Conseillère artistique Geneviève Pineault
Assistance à la mise en scène Mélanie Primeau
Scénographie Christian Fontaine
Environnement sonore Pascal Robitaille
Costumes et accessoires Marianne Thériault
Éclairages Guillaume Hoüet
Direction artistique Esther Beauchemin






ARAL, THE LOST SEA