dimanche 30 novembre 2014

UN CERTAIN NOMBRE: la reproduction interdite

Affiche de la production 
Elena Fragasso



WHEN YOU’RE STRANGE

When you're strange
Faces come out of the rain
When you're strange
No one remembers your name






Jeudi soir dernier, en la toujours aussi plaisante compagnie de A., dans l’une des plus strictes intimités, presque à huis-clos dirais-je, nous avons assisté à l’exquise représentation d’UN CERTAIN NOMBRE, un texte de la britannique Caryl Churchill, adapté par Maxime Allen et mis en scène par Michel Nadeau du Théâtre Niveau Parking. Un exercice exigeant, pas vraiment facile, pour les deux habiles interprètes que sont Jean-Michel Déry et Jack Robitaille



Photo: Théâtre Périscope


Cinquante-cinq minutes de pur dialogue, sans réel temps mort, une maîtrise quasi parfaite de la langue, de niveau gratte-ciel, un bouillon d’intelligence pour l’esprit du Spectateur fait du concentré le plus digeste qui soit pour sa santé théâtrale. WOW! J’en mets encore trop me direz-vous ? Mais non, absolument pas. Il faut faire l’expérience de la salle Marc-Doré du Périscope au moins une fois dans sa vie pour se rendre compte à quel point la Littérature agit fort sur scène, autant sinon plus que dans les livres. Les histoires que nous lisons dans notre fauteuil préféré, pour s'exciter ou s'induire au sommeil, ont le don, lorsque adaptées pour la scène, de nous emporter dans leur dimension 3D: DAVANTAGE DIRECTE et DYNAMIQUE. Voilà ce qui se passe sous vos yeux, entre vos deux oreilles, dans l’obscurité des salles de Jeu, qui parfois ressemblent à de véritables salles d’attente, là où on craint parfois de faire face au médecin…malgré lui…




LA REPRODUCTION INTERDITE
René Magritte 
1937

UN CERTAIN NOMBRE nous introduit dans l'univers de trois jeunes hommes qui ont été clonés il y a trente-cinq ans. Leur rencontre quelque peu paranormale avec le père bio donne lieu à un dialogue fait de confrontation, de questionnement et d’acceptation. Ça fait peur, ça fait réfléchir, ça fait rire...un peu. Jean-Michel Déry, qui interprète les trois fils à tour de rôle, score un autre but dans le filet de ses prestations sans faille. Nous avons encore une fois été électrisés par sa performance embrasée, mais je pense qu’il le sait déjà. Son confrère, l’honorable Jack Robitaille, a livré, avec toute l’expérience de la scène qu’on lui connaît, une autre de ses percutantes prestations. Cette voix unique, doublée de son regard profond, fait de lui un général de la scène, déterminé à gagner toutes ses guerres...sur tous les fronts à libérer...




Caryl Churchill nous fait prendre conscience de ce qui pourrait bien se passer dans un certain avenir rempli d'incertitude, de science et d'enfants qui se ressemblent " en apparence " mais qui sont bel et bien distincts les uns des autres, avec leur identité propre, avec leurs idées, avec leurs projets, leurs angoisses, leurs espoirs, leurs amours, leurs peines... Le clone no. 1 contre le clone no. 2 contre le clone no. 3...la guerre des clones...




And we'll be carrying on, 
until the day it doesn't matter anymore
Step aside, you forgot what this is for
We fight to live, we live to fight
And tonight, you'll hear my battle cry
We live our lives on the frontlines
We're not afraid of the fast times
These days have opened up my eyes
And now, I see where the threat lies

FRONTLINE
Pillar



Photo-montage: L.Langlois


La laitue qui possède un peu de nous, le chimpanzé pas mal plus, tous reliés ensemble par les chaînes de l'ADN à brouter des fleurs pour Algernon, à penser que rien n'arrive pour rien, que tout se crée pour que rien ne se perde, que la somme de nos sentiments bien intentionnés fera le reste pour essayer de trouver la pièce manquante du gros méchant puzzle de l'humanité...







 









samedi 22 novembre 2014

MES ENFANTS N'ONT PAS PEUR DU NOIR: nourriture céleste pour salamandres en feu






PHONY: Somebody who pretends to be something else. It's like a bad actor.

Synonymes: FAKE POSER FRAUD LIAR LOSER WANNABE FALSE HYPOCRITE FAKER DOUCHEBAG PHONIES BITCH BULLSHIT DOUCHE REAL STUPID BOGUS LAME PRETENTIOUS SHAM

Photo: Premier Acte


LE COMBAT DES SALAMANDRES

Pour ne pas se perdre dans le bois
Épier l’œil rouge de la Bête Noire

Lui déterrer sa hache de guerre
Lui jeter des morceaux de pain
Se donner un coup de couteau
Lui rendre la clef de son chant
Démembrer Hansel et Gretel

Il faut toujours avoir de quoi de bon dans le four
au cas où il faudrait engraisser...



COMBAT DE SALAMANDRES



Le son collant de la voix brute de la mère
Le bruit de sa crème fouettée en bouteille
Le vent qu'on entendit à travers les murs
La déplorable noyade d'un cœur saignant






Jocelyn Pelletier, Sam, incroyablement hallucinant avec sa gestuelle remplie d’une énergie renouvelable sans bons sens, un comédien au talent illimité qui, je le constate pièce après pièce, évolue au rythme des excellents auteurs qui lui donnent des rôles, pas toujours faciles...



Photo: Premier Acte


Jean-Denis Beaudoin, Joe, également l’auteur, qui encore une fois met ses tripes sur la table avec toute la rigueur qu'on lui connaît, qui semble faire de la scène sa dulcinée, m’a encore une fois complètement renversée, on ne peut pas ne pas l’aimer, impossible...



Photo: Premier Acte


Lise Castonguay, la mère, qui nous revenait pour une troisième fois d’affilée cet automne, a encore une fois fait résonner son indéniable talent, elle sait TOUT faire, et l’humour que commandait son rôle de mère un peu folle apportait une sorte d’apaisement à la lourdeur de la situation parfois très tendue entre les deux fils, (et oui, petit inside, j’ai apprécié tout autant MES ENFANTS N'ONT PAS PEUR DU NOIR que PHOTOSENSIBLES)...



Photo: Premier Acte


...Maxime Beauregard-Martin, le cher et si fidèle Will, que nous avions découvert (pour ma part) dans TRICKORTREAT *, autre excellente production de LA BÊTE NOIRE, m’a tout autant impressionnée que la première fois, son surprenant personnage en était un d’une sensibilité poignante, on sentait toute la subtilité dans laquelle il nageait et pas toujours dans le plein bonheur...



Photo: Premier Acte


Laurie-Ève Gagnon, Sarah, la blonde de Joe, une comédienne qu’il fait toujours aussi bon de revoir, avec toute sa douceur, sa beauté et sa discipline, Sarah, un nénuphar dans ce tas de boue...



Photo: Premier Acte


...et Nicolas Létourneau, père fantôme, qui ne parle pas, qui rôde en walking dead aux alentours de la maison d'épicéa glauque, manquant à ses fils manqués, fournisseur d'armes et de cauchemars, qui masque son visage d'un bas et ses pas de silence, un autre rôle qui nous le déstabilise...en bien...



Photo: Premier Acte


C'est la géniale Édith Patenaude qui a mis ce texte remuant en valeur. Avec toute l'ingéniosité qu'on lui connaît on savait d'avance que ce serait une réussite. Secondée magistralement par Jeff Labbé aux éclairages et à la scénographie, d'Uberko aux effets sonores obsédants et de Karine Mecteau Bouchard aux costumes (ah! le beau chandail de Joe !) et aux noirs accessoires, parfaitement ajustés à cette ambiance de forêt endeuillée, elle a su COMMENT nous captiver du début à la toute fin.

Vraiment, nous avons encore une fois été gâtés pourris par LA BÊTE NOIRE. Longue vie à cette jeune équipe qui OSE nous propOSER du matériel extensible dans tous les sens des maux. Leur proposition indécente tient l'affiche chez PREMIER ACTE jusqu'au samedi 6 décembre à 15 heures. Après ça, ils pourront reprendre leur souffle jusqu'à leur prochaine production...




Un décor absorbé par le noir prédominant de l’isolement, des arbres, des colombages, une forêt, des éclairages réfléchissant parfaitement l’âme du texte, une musique ajustée au corps céleste de la scène, des costumes naturels, des comédiens qui savent comment se revirer sur un dix cents, un texte intelligent et d’une beauté féroce, une mise en scène absolument géniale, le brut du réel de la poésie, de la testostérone, du sang, de l’eau, un chien…

MES ENFANTS N’ONT PAS PEUR DU NOIR, comme une série infinie de shooters avalés sans vraiment penser aux conséquences, une pièce où il n’y a pas de place pour le phony, des coups de mains dans le ventre, sur la gueule, des coups de hache sur la planche, des coups de gueule dans la cuisine, des matins de toasts brûlées, des soirs de bœuf braisé, de bluff haché, de partie de péchés…







Deux frères, une mère, une blonde, un chien, un père. La violence qui ne fait pas toujours saigner les bras…un tête-à-queue dans la promiscuité, une pulsion de trop, un égarement…et pas de beaux grands cygnes blancs pour Joe et Sam à la fin, qu'un hululement




La mort qui rôde à nos côtés
La mort chaude comme le thé
De la résistance de la Communauté
à l'insistance de nos mal-aimés


Jean-Denis Beaudoin mérite ce qu’il sème: de l’intégrité amalgamée à la générosité. Et dire que c’est son tout premier texte, on n’a pas vraiment fini d’en entendre parler. En voici un que nous devrions suivre pas à pas, et croyez-moi, nous serons sur ses talons....



MES ENFANTS N’ONT PAS PEUR DU NOIR

TEXTE: Jean-Denis Beaudoin
MISE EN SCÈNE: Édith Patenaude
COSTUMES ET ACCESSOIRES: Karine Mecteau Bouchard
ÉCLAIRAGE ET DÉCOR: Jeff Labbé
CONCEPTION MUSICALE ET SONORE: Uberko



Une excellente critique du Devoir





jeudi 20 novembre 2014

GUERRE ET PAIX: Entre les peurs et le désir


Napoléon à Fontaineblau



GUERRE ET PAIX, au Théâtre de la La Bordée jeudi soir dernier, en la toujours et aussi joyeuse instructive compagnie du Loup Bleu. Une autre belle longue histoire qu’il est venu nous condenser en une heure et quarante-cinq minutes (sans entracte). Les quelques deux milles pages que contient ce roman épique publié en feuilleton entre 1865 et 1869, sont une création de Seigneur Lev Nikolaïevitch Tolstoï, elles ont en effet été passablement comprimées mais non sans jamais en avoir altéré le noyau. Etc''est tout à l'honneur de l'auteur, Louis-Dominique Lavigne et du metteur en scène, Antoine Laprise, deux manipulateurs hors-pair ! La pièce tient l'affiche encore quelques soirs, elle se termine ce samedi-ci...Courez-y !


Photo: L.L.


Pour l’avoir lu, qu’une seule fois, et vu dans sa version cinématographique (américaine), je puis écrire que le Loup Bleu m'a fait retrouver tout l’attachement que je porte à la littérature russe, celle que je lisais souvent les soirs d’hiver d'antan, avant que la fibre optique ne vienne prendre un peu trop de place dans ma vie de lectrice. Je ne me suis donc pas précipitée sur mes deux tomes en format poche pour les relire mais sur LA FUITE DE TOLSTOÏ, un excellent ouvrage du journaliste Alberto Cavallari, qui y relate les derniers moments d’une vie passablement bien remplie.



Photo: L.L.


Photo: L.L.


Photo: L.L.


Le livre traînait depuis quelques années sur le bureau de ma chambre, attendant bien patiemment qu’un événement quelconque survienne afin qu'il puisse être enfin lu au complet. Voilà, c’est fait. Je l’ai repris cet après-midi, il devait m’en rester le tiers à lire. Je me suis donc retrouvée  dans l’un des nombreux trains que Tolstoï a pris lors de cette fuite finale vers la mort. Le chapitre où je m’étais arrêtée m’emmenait à la fin d’octobre, puis vers novembre, un peu comme cet aujourd’hui teinté du paysage de givre dans mes fenêtres, ce temps de froidures hivernales qui commence à faire des siennes…



Photo: L.L.


Tolstoï qui s’est éteint dans la chair d'un jeune homme de 82 ans, Tolstoï qui s’en allait majestueusement vers sa mort physique et qui a écrit jusque à la fin, qui nous a donné de sa plus que brillante intelligence et dont nous avons encore eu le loisir d’en jouir en ce jeudi soir de novembre dans le théâtre magique qu’est celui de LA BORDÉE.


Photo: Nicola-Frank Vachon

En ces temps fous de scènes de guerre quasiment mondiale, celles du Loup Bleu, avec son épique et douloureuse bataille de Borodino qui y faisait s'affronter la Grande Armée de Napoléon et celle du général Koutouzov, aura valu à elle seule qu’on assiste à cette fresque tolstoïenne. Quel délire ! Les marionnettistes ont livré ici un véritable combat. Les éclairages, la musique, tout était parfait pour reconstituer ces gestes de grande cruauté humaine, car il s’agit bien d’humanité n’est-ce pas ? La mort du cheval en était une d’une tristesse à fendre les pierres et les cœurs…





Cette pièce fera partie de mon trésor théâtral personnel, c’en est une qui avec le temps prendra certainement une grande valeur. C’était ma troisième rencontre avec le Théâtre du Sous-marin jaune, la première fût LA BIBLE, et la deuxième, KANATA, UNE HISTOIRE RENVERSÉE. Dommage que j’aie perdu le texte de mes impressions de KANATA, c’est le seul qui se soit esquivé de mes ENVAPEMENTS par inadvertance, un clic de trop je suppose, mais je revois encore ces scènes inoubliables que créent avec minutie les grands manipulateurs de ces superbes marionnettes. Phénoménal est le don qu’ils possèdent d’activer avec autant d’art et d’adresse tous ces mots repêchés à même la résistance de leur coque, éclairés par la luminosité ingénieuse que nous offre son périscope.






Julie Renault, Paul Patrick Charbonneau, Jacques Laroche et Antoine Laprise (le Loup bleu), nous ont transportés dans les territoires lointains d’une époque qui nous rappelle drôlement la nôtre.
Le metteur en scène Antoine Laprise Il fallait entendre et sentir la chaleur des applaudissements à la fin pour se rendre compte que le spectateur aime bien se faire raconter des histoires, et surtout pas des pipes !






Parlant de pipe, je ne peux passer sous silence cet auteur de chez nous qui nous a donné, et nous livre encore, de belles et longues histoires de grands hommes. Victor-Lévy Beaulieu, qui a publié cet excellent ouvrage biographique combinant SEIGNEUR LÉON TOLSTOÏ d’un bord et SOPHIE ET LÉON de l'autre, une pièce de théâtre sur le célèbre couple russe.

Un extrait:



Photo: L.L.







Page facebook du Sous-marin jaune

Les autres magnifiques photos de Nicola-Frank Vachon


LA CAMPAGNE DE RUSSIE





Pour finir en musique, voici la finale de l'ouverture 1812 de Tchaïkovsky.





« Avant, j’étais directeur commercial dans une grande entreprise américaine mais désormais je suis retraité et citoyen français. Bien sûr, en France les 200 ans de la Campagne de Russie ne représentent pas un événement des plus joyeux, eux qui aiment répéter qu’ils n’ont pas été battus par les Russes mais par le froid extrême de cet hiver là. Cependant, lors de conférences, tout le monde s’entend bien sûr à dire que l’armée russe est la grande gagnante de cette guerre. »
Andreï Mousine-Pouchkine, 69 ans, descendant du major-général Ivan Mousine-Pouchkine

http://www.lecourrierderussie.com/2012/06/borodino-dans-le-sang/






vendredi 14 novembre 2014

VANIA: Les montagnes russes de la patience

Photo: Le Trident


Ce soir, Vania. Au sortir de la représentation, nous croisons une vieille dame qui avance lentement avec sa canne. Elle a apprécié sa soirée avec nous. Au détour d'une phrase, nous apprenons qu'elle ne sort plus de chez elle que pour aller au théâtre. L'honneur est grand.

Vendredi le 14 novembre 2014
Hugues Frenette via facebook




ONCLE VANIA / L'EXCURSION AU MONT D'OR

Oh coquin de sort
Main pourrie de mort
Main pourrie, la tête et l'ennui
Main pourrie
Qui suis-je, dieu dis
Une pieuvre, du gui
Quelle haine pour ton Tennessee
Oncle Vania

Oui tu m'interdis
De refaire ma vie
Pour une excursion au Mont-d'or
Je sais que j'ai eu tort
Au fil du lendemain
Nous verrons demain
C'est un rendez-vous baladin
Oh je sais bien

Torez parti,
Bakounine aussi
Condamné à ma pauvre vie d'aéroport
Oncle débile
Oui tu m'interdis
De refaire ma vie
Pour une excursion au Mont-d'or
Je sais que j'ai eu tort

Oh comment souffrir
Sans faire de bruit
Dans ce putain d'aéroport
Oncle débile

Jean-Louis Murat



Forêt russe




VANIA sur les planches du Trident, entouré de sa jolie forêt animée et de ses gens torturés, amoureux, qui s’ennuient à vivre…Le samovar sur la grande table, c’est l’heure du thé, c’est l’heure de boire pour les siècles à venir…Un orage dans la nuit, des bruissements de feuilles, de la salive autour des désirs, des grandes chaleurs, des pas perdus…Des coups de feu dans le cœur de l’homme et de sa forêt…On la coupe, on la rase, on la dénude, les animaux qui y vivaient s’en vont ailleurs mais pas Vania, ni Sonia, ni Maria, ni Illia, ni Marina, ni Mikhaïl, ils attendent dans la paix de l’ennui que le printemps revienne après le long hiver, tout comme celui de Québec, Kamouraska et Gaspé…Ainsi, leurs amours auront peut-être moins mal aux dents…





1897



Tout ce bois sur le plancher muet respirant à fond à l’écran, magnifique scénographie de Michel Gauthier qui nous a enfermés à clef à même la maison-donjon de ces bons mourants. Il y avait là des messieurs fort en forme...

Hugues Frenette ne déroge pas à sa renommée, toujours aussi intense, juste et bon, il ne nous déçoit jamais, on peut en dire autant de Jean-Sébastien Ouellette, avec quel mordant il a interprété son Astrov, et cette langue qu’il maîtrise si bien, et que dire de Jacques Leblanc, de cette passion qui l’anime, que ce soit en tant qu’acteur ou directeur, et Normand Bissonnette, qui a un rôle plus effacé mais non moins impeccable, un vrai bonus que de les voir tous quatre ensemble. À leurs côtés, la présence essentielle des dames...

Claudiane Ruelland et Alexandrine Warren, qui incarnent avec brio la jeunesse de la pièce, nous offrent une prestation aérienne, empreinte de noblesse oblige; leurs aînées, Véronique Aubut et Denise Verville ajoutent une touche d’humour aux situations qui engendrent les éclatantes chicanes de la discorde passagère ce qui donne parfois lieu à une rixe de jars pour la belle oie...;-) mais je préfère les jars russes aux chars russes...






Marie Gignac, qui signe cette illustre mise en scène, nous fait entrer dans l’univers particulièrement tragico-comique de Tchékov par qui tout et rien arrivent en même temps. Elle nous préparait pour notre prochaine pièce, le lumineux et ingénieux GUERRE ET PAIX du Loup Bleu. Quelle magnifique saison russe avons-nous cet automne...Tchékov disait:


« Je crains la mort de Tolstoï […] Tant que dans la littérature il y a un Tolstoï, cela est facile et agréable d'être un littérateur; même la conscience de n’avoir rien fait ou de ne rien faire n’est pas si terrible, car Tolstoï fait pour tous. Son travail est l’accomplissement de tous les espoirs et de toutes les attentes, que l'on peut placer dans la littérature. »






Merci messieurs dames pour l’intéressante causerie de ce vendredi du 7 novembre, ce fût un réel plaisir que de vous entendre nous parler de ce qui vous tient le plus à cœur. Sachez que c’est toujours avec amour que nous assistons à vos différents spectacles et j’espère bien, comme la vieille dame avec sa canne, être des vôtres encore pour très longtemps. 


« Aviver le feu, c'est injecter à nos vies de la passion et de la fulgurance. Aviver le feu, c'est augmenter la température sur scène et vous livrer des œuvres au contenu fort et pertinent, portés par des metteurs en scène avides de prendre la parole et des artistes inspirés. »

Anne-Marie Olivier






La dernière réplique...

« Nous nous reposerons ! Nous entendrons les anges, nous verrons tout le ciel constellé de diamants, et nous verrons le mal terrestre, toutes nos souffrances se noyer dans la charité qui remplira le monde entier, et notre vie deviendra douce, tendre, légère, comme une caresse. Je crois, je crois… Nous nous reposerons ! Nous nous reposerons ! »

***

Photos extraites du spectacles, gracieuseté du Trident.









Je ne peux passer sous silence le travail magnifique de Marius Dubois qui exposait à la galerie du Grand Théâtre. Beaucoup de couleurs, de chaleur et de beauté.




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VANIA


Conception

SCÉNOGRAPHIE: Michel Gauthier
COSTUMES: Maude Audet
ÉCLAIRAGES: Caroline Ross
MUSIQUE: Stéphane Caron 
VIDÉO: David Leclerc
MAQUILLAGES: Marie-Renée Bourget Harvey