samedi 30 janvier 2010

Voix aveugles






Nuages toxiques
Ghetto de Varsovie
Napalm du Vietnam

Born after this

Corps morts
Voix aveugles
Yeux éteints
The mighty dead

Kill all people
by the fire,
dirty holy earth

Têtes à l'envers
Seuls en vos mers
sans télé
sans lectures
ni ordinateur...
just a couple
of your love letters

Shaking our foundations
in St Petersburg city
alone on the canal
where Pushkin died

L'art magique
de l'écriture
qui n'est pas
l'invention d'un poète,
mais celle d'un marchand
de Babylone
qui effectuait
une transaction
alone and confused

La Bible
le Livre de Job
des Comic books

Sherlock Holmes
Poe, Artaud,
King Lear

Qui lire ?
Quoi lire?

L'art de lire
L'art d'élire

Whitman, Gauvreau,
Nin ou Cocteau ?
Non, les (petits) journaux
de Péladeau
Rien de nouveau

Nation of slaves
Nation of graves

Les cendres des maîtres
les ponts de papier
les rivières d'encre

Puissance des livres
Mythes de nos
correspondances privées
Voyages dans nos cités
interdites

Pour tous les autres,
la survie de nos mots...
Rien ne périra

Transmettre nos mémoires.
L'urgence de les détruire.

Entre deux guerres,
nos premiers mots
écrits sur la pierre
enfouis dans la mer

Connaissance de notre monde
L'adorer...
mais en avoir peur

Mots qui nous appellent
qui nous détruisent
depuis 4000 ans,
depuis les jardins
suspendus
de Babylone

Citoyens oppressés,
Le coeur était prêt
Brutal, mais honnête

Born to lose
Like you
like me
like...

les derniers jours de Pompéi

Poems are made by fools

19 février 2005
Correspondance SUE


(Inspiré d'après une lecture
d'un New York Times d'il y
a deux ans...que je n'avais
pas relu AVANT aujourd'hui.
Comme quoi rien ne change).








jeudi 28 janvier 2010

HENRI IV: Le Roi dense

Photo: Louise Leblanc



Sometimes love don't feel like it should. 
You make it hurt so good.

John Cougar Mellencamp


Dans la tête du Roi bat le coeur d'un nouveau jeu de rôle. Et nous, Spectateurs, assis depuis quelques minutes à notre poste de surveillance, comme le jeune homme qui jouait debout quelques instants plus tôt au guitar hero....Hurt so good...

Trois petits écrans, un géant, des consoles, une télé-commande. Des pas, des souffles, des costumes, un décor. Des mots, de la musique, de la pénombre, une lampe. Des acteurs, des actrices, un auteur, de la folie, de la grandeur. De la passion, de la raison, de la défiance, de la méfiance. Du tic Ô tac, des rires, du silence. De l'attention, du respect, de la ferveur, du charisme. Du chahut, du barda, de l'efficience, des illusions, du rêve...à la réalité. Du chatoiement du rouge brillant de sa cape à nos rires en-dessous d'elle, l'homme de qui l'on aime bien se moquer, l'homme qui revient vivre en sa mémoire, celui qui a déjà été fou, qui jamais plus ne voudra l'être...

HENRI IV, non ! pas celui de France, l'autre, celui de l'empire germanique, l'anti-papes. HENRI IV, tombé de son cheval, viré fou, qui jouait le jeu, qui s'amusait, qui riait, mimait, aimait, qui bougeait, buvait, s'exaltait.

HENRI IV en Hugues Frenette ou Hugues Frenette en lui-même ? De la haute-voltige, des palpitations pendant une heure quarante, et du dévouement. Oui, car c'en est un que de se donner ainsi. Nous n'en attendions pas moins de lui et encore une fois il nous a " bien servis ". Et au-delà de l'admiration que je porte à ce grand tragi-comédien, l'envoûtement que sa performance suscite depuis la souvenance impérissable d'une autre de ces histoires qui se sera terminée en plein coeur du rouge feu de la solitude.

Bravo à Marie Gignac pour l'audace de cette nouvelle mise en scène absolument tonifiante, son choix de nous montrer sur écran géant les comédiens circulant dans les coulisses de la salle Octave-Crémazie s'est avéré, pour moi en tout cas, une trouvaille des plus audacieuses, elle a permis aux spectateurs un peu voyeurs que nous sommes devenus, en partie à cause de toutes ces technologies qui nous courent après et tout ce qui bouge autour, de nous immiscer dans " l'autre jeu ", celui qui se joue non pas seulement sous vos yeux dans la salle mais dans celui du back store de la scène, là où tout commence...

Autour du Roi et de ses gardes malades, ses fantômes, sublime distribution composée de messieurs Emmanuel Bédard, Christian Michaud, Réjean Vallée, Serge Bonin, Jean Michel Girouard, Lucien Ratio et de mesdames Érika Gagnon et Klervi Thienpont. En lui ses lubies et en nous son esprit...troublant. Et la vie, qui s'échappe par les manches de la bure du bénédictin...Le ravissement de la nouvelle parole à travers les mots de Pirandello. Le coup de couteau dans le ventre de la vanité. Le Roi ne jouait plus. Ses sujets non plus.

Pour ajouter à la beauté baroque de cette soirée divine et sans failles, le sourire contagieux de Marie-Josée Bastien, qui avait été assise à quelques rangées derrière nous. Salutations de circonstance, enjouement de la pièce à laquelle nous venions d'assister plus quelques mots sur SA Reine Margot, pour enfin me décider à lui dire que Le Soleil avait publié mon commentaire sur cette pièce qui m'a éblouie la semaine dernière. Son étonnement de savoir que c'était moi, et le mien de l'entendre me dire qu'elle appréciait plus que tout les " critiques " des spectateurs. Elle aussi avait trouvé que la superbe photo de Marguerite et La Môle qui accompagnait mes mots était splendide....

La semaine prochaine, un tout autre genre de " spectacle": ROUTE, chez Premier Acte, dans la petite salle que j'aime tout autant que la grande...Il est question d'un certain Jack Kerouac et d'un manuscrit d'une pièce inédite qu'il aurait écrite, ça promet.

mercredi 27 janvier 2010

Le Devoir


Haïti, janvier 2010

L'être humain est la proie de trois maladies chroniques et inguérissables : le besoin de nourriture, le besoin de sommeil et le besoin d'égards.

Henry de Montherlant
Extrait de Carnets


Photo: Hélène Maïa

Hier soir, à Montréal, au Dépanneur Café, des poètes disaient pour Haïti, en la mémoire de l'un des leurs, et parmi eux le Québécois, Jacques Desmarais et l'Haïtien, Anthony Phelps, que j'ai "découvert" le week-end dernier en prenant connaissance de son texte chavirant dans le Devoir, comme quoi on ne peut pas connaître tout le monde à temps, malheureusement. L'Auteur étant toujours vivant et parce qu'il avait eu l'amabilité de publier son adresse courriel, je lui ai envoyé un petit mot ce matin pour le remercier de ses mots touchants ainsi que pour lui demander la permission d'en recopier quelques lignes ici, aux Envapements. À cause de l'empressement qu'il a mis à me répondre, voici donc les extraits extirpés de ce beau décombre de mots tout chauds...chaud comme le rouge sang de la robe de cette Haïtienne là-haut qui tient son enfant tout contre elle, chaud comme celui tout neuf qui a coloré la vie de Mélissa et de Simon ce matin à 5:08 quand leur petite Whilelmina Anne a respiré notre monde de l'extérieur pour la première fois.

***

Nous n'irons plus jouer à la marelle et lancer nos pions par-dessus le ciel de terre. Nous n'irons pas pêcher la lune au Quai Christophe Colomb....

Nous n'irons pas poser nos nasses dans le lit de la voie lactée pour piéger les étoiles doubles. Nous n'irons pas, le temps n'est plus au jeu nous avons dépassé le chant des marionnettes. Nous avons dépassé le chant de l'enfant-do. Et l'enfant ne dormira pas. Il fait un temps de veille. Mon Pays a un caillot de sang dans la gorge.

L'église de mon enfance a été détruite, le Sacré-Coeur. Mon collège a disparu, l'Institution Saint-Louis de Gonzague. Les lycées, universités et autres écoles n'existent plus. Tant de voix se sont tues à jamais ! Tant de victimes d'une aveugle colère de cette terre qui nous a portés !

Entre la liane des racines tout un peuple affligé de silence se déplace dans l'argileux mutisme des abîmes et s'inscrivant dans les rétines le mouvement ouateux a remplacé le verbe. La vie partout est veilleuse.

En nous nos veines au sang tourné sur nous, le cataplasme de la peur et sa tiédeur gluante et notre peau fanée, doublée de crainte, comme un habit trop ample baille sur des vestiges d'hommes. La vie partout est en veilleuse. Ô mon Pays si triste est la saison qu'il est venu le temps de se parler par signe.

Nous n'avons plus de bouche pour parler nous portons les malheurs du monde et les oiseaux ont fui notre odeur de cadavre. Le jour n'a plus sa transparence et ressemble à la nuit. Ô mon Pays si triste est la saison qu'il est venu le temps de se parler par signe...

Étranger qui marches dans ma ville, souviens-toi que la terre que tu foules est terre du Poète et la plus noble et la plus belle, puisqu'avant tout c'est ma terre natale...

Yankee de mon coeur qui entres chez moi en pays conquis, Yankee de mon coeur qui viens dans ma caille parler en anglais, qui changes le nom de mes vieilles rues, Yankee de mon coeur, j'attends dans ma nuit que le vent change d'aire...

Après les pleurs et les douleurs, on entendra monter le chant qui séchera toutes les larmes, ô mon beau Pays sans écho. On entendra monter le chant des enfants qui auront seize ans, à la prochaine pleine lune.

Même si je dors sous la terre, leur chanson saura me rejoindre et je dirai dans un poème que j'écrirai avec mes os. Mon beau pays ? Pas mort ! Pas mort !

Anthony Phelps
Mon pays a un caillot de sang dans la gorge (extraits)
Le Devoir, 23 janvier 2010


Une page intéressante concernant M. Phelps et son oeuvre


lundi 25 janvier 2010

L'Urne


 
Si quelqu'un, du haut d'une guérite élevée, s'amusait à considérer le genre humain, comme les poètes disent que Jupiter le fait quelquefois, quelle foule de maux ne verrait-il pas assaillir de toutes parts la vie des misérables mortels.

Erasme
Éloge de la folie
1509

Traduction de Thibault de Laveaux en 1780)
(wikipedia)



Un monde affamé est un monde dangeureux.
Jean-Marc Salvet
in Le Soleil, 11-01-10


Pour les inspirateurs en général, mais plus particulièrement pour Monsieur Thomas Wharton.




Edgar Allan Poe, frère de sang cent fleurs dans le pot, Edgar Allan Poe, amer ricain naissant…Dans le froid dur de janvier, depuis l’amertume du père encrier, depuis les eaux bues de la mer retranchée, parmi les bourgs/soufflures des chevelures de l’hiver hanté, tous les anciens, présents et prochains 19 janvier, à jamais notre propriété


Naissance des sangs, résistance au froid des mésanges, au ras des fils électriques la piste des faux cirques et une danseuse du ventre qui enfanta tout l'Afrique, qui retrouva dans ton cœur relique une ancienne réplique…Écrire des poumons pour recracher le sang, venir à l'immonde pour nourrir le vent
...

Janvier des mort-nés et des tempêtes de névrosés, Janvier des soul mourning et du temps frelaté, Janvier des remords de dératés, Janvier givré sur les poteaux arrosés, toujours vivant avec autant d’ecchymoses sur les peaux gelées des petits avant-bras tatoués
...

Ne pas t’avoir reconnu avant d'avoir appris de ta main sèche, attendant que des chars de feu jaillissent de tes calèches, n’ayant pas plus peur des hommes en laisse que de tes ombres de grièches
...

La Nuit qui dépasse de tes limbes, la Nuit qui s’espace de tes extases; au bout des tuyaux d’exhaust, le cauchemar qui rase les mottes de ta peau sans âge, les poils de tes bras morts qui continuent de pousser, les toiles des araignées qui continuent de filer dans le fléau flottant du spectre de tes mots circonspects, dans les flots mouvants de tes sables sans fond, dans les flots craquants de nos peaux beiges, dans nos os friables en ressac, qui ressortent en saquant des mots qui dissèquent les aortes


J’inverse le verbe, je verse dans la verve, j’ignore tout du goût de la coupe aux lèvres mais j’adore respirer la fumée de tes herbes, je mords à tes fièvres, je frime l’Éphèbe, t’éclaire tout le Grand Nord, j’éteins tout le plein Sud, nos pôles s’affolent, nos pôles se frôlent, nos pales s’effritent, nos ailes vont vite
...

J’ai faim de ta mort, j'ai soif de mon sort. De ta guérite, mon frère, tu fondes toutes tes histoires, territoires de ton Imaginaire en exil sur mes paupières. Les Issues du fantastique, c’est la Nuit entre nous qui les fabrique. Il n’aurait pas fallu que l’on naisse autrement, il aurait seulement fallu qu’entre le Feu et l’Urne apparaisse, avec tout le blanc qui l'accueille, le dedans de ton Rêve...le rêve de ton Oeil…
 






mercredi 20 janvier 2010

LA REINE MARGOT: Par-delà les fenêtres du Louvre

photo: Daniel Mallard


Après la mort de Henri II, Catherine de Médicis toujours vêtue de noir, utilisa le parfum au service de ses ambitions et de ses vengeances. " René le Florentin " lui confectionnera des philtres, des sachets, des bijoux et en particulier des gants parfumés cachant ….un poison !! Agrippa d’Aubigné (le grand-père de la future épouse morganatique de Louis XIV, Madame de Maintenon), accusa la Régente d’avoir empoisonné Jeanne d’Albret, sœur de François I°, Reine de Navarre. Laissant son fils le futur Henri IV face à son destinée ; elle mourut à Paris en 1572, après avoir discuté et convenu de l’union entre ce fils et Marguerite de Valois, la " Reine Margot ".



Bien loin d’ici, là où s’envolent les hirondelles lorsque l’hiver arrive chez nous, demeurait un roi qui avait onze fils et une fille appelée Élisa. Les onze frères, tous princes, allaient à l’école, la poitrine ornée d’une large décoration et l’épée au côté. Ils écrivaient avec des crayons de diamant sur des tablettes d’or, et ils savaient réciter par cœur d’une manière parfaite ; enfin tout chez eux annonçait qu’ils étaient des princes.

Hans Christian Anderson
Les Cygnes sauvages

 
Hier soir, au Théâtre de la Bordée, une prestation des plus enlevantes, de l’énergie à revendre, du talent plein la gorge, des combats, des trahisons, des amours, mais surtout de l’amitié, de la loyale et grande amitié. LA REINE MARGOT, c’est cette robe à vous couper le souffle de n’importe quel homme , " non ce n’est pas une robe ça madame, c’est une arme " (ceci pour parodier un certain Roy Dupuis dans l'une des scènes les plus sensuelles qu’il eut à jouer avec l’aguichante Macha Grenon lors d’un épisode de la feue télé-série SCOOP)…

La robe, oui, LA robe, parce qu’au Théâtre, chacun des vêtements qu'enfile l'Acteur est conçu spécialement pour lui, et doit, je le suppose, lui faire comme un gant, il doit révéler à son corps battant (et défendant) autant le chatoiement que la sobriété. La robe de Margot, un accessoire important dans l’histoire, tout autant que sa perruque aux longs cheveux noirs, un point de repère. Et comme la Môle le devint en voyant pour la première fois Margot dans son habillement, nous tombâmes amoureux nous aussi et de cette robe et de cette femme. Puis de ses frères, de sa mère, et de sa grande amie…Merci au créateur de la robe, Sébastien Delorme, qui nous refilé ce rêve rouge sang...

Il faut parler des Acteurs, parce que ce sont eux qui ont transporté pendant plus de deux heures trente cette pièce à bout de bras, par leurs regards, coups d’épées et poisons dans le creux cruel du cœur de cette somptueuse pièce menée de main de maître par nulle autre que Marie-Josée Bastien, metteure en scène des plus rafraîchissantes si je puis m’exprimer ainsi. Ses Acteurs lui ont tout donné, et plus…Je tiens à les remercier pour la gentillesse qu'il ont eue de venir faire brin de causette à nous Spectateurs, aussi essoufflés qu’eux, encore sous le choc enivrant de ce marathon qu’ils venaient de courir pour Alexandre Dumas, l’auteur de ce texte datant de 1845, et qui ma foi n'a pas vieilli…Ce geste fût très apprécié. Merci également à Jacques Leblanc, directeur artistique de la Bordée, qui animait cette discussion ainsi qu' à Marie-Josée Bastien, venue se joindre à lui. Marie-Josée qui nous a encore une fois merveilleusement bien " parfumés " de la lumière métallique de son désir…
***
Ils étaient 11 sur la scène, comme les cygnes sauvages d’Andersen…

Le toujours aussi " grand majestueux et flamboyant " Frédérick Bouffard, en Henri d’Anjou, chouchou de sa Maman très chère, Catherine de Médicis, jouée ici par la plus qu’intriguante Danielle Lépine, il fallait les voir aller tous deux alors qu’il déshabillait, sentimentalement parlant, le reste de perfidie de cette femme qui aime trop mâleJonathan Gagnon, en Charles IX, roi de France, qui se meurt, empoisonné par l’arsenic imprégné dans les pages d’un traité de chasse qui fut écrit par le père de la Môle, magnifique Guillaume Perreault, amant décapité de Marguerite, un livre que Catherine voulait offrir hypocritement à Henri de Navarre, le nouveau mari protestant de sa fille catholique…

Renaud Lacelle-Bourdon, François, le plus jeune des frères de Marguerite, dit le duc d’Alençon, le malcontent (future petite " grenouille " d’Élizabeth 1ère d’Angleterre), très touchant avec sa voix plaintive de rebelle jaloux, lui aussi amoureux de Margot, tout comme le Duc de Guise, joué avec brio par Gabriel Fournier (récent diplômé du Conservatoire de Québec), un autre des amants dé-couronnés de la sœur adorée du frangin freluquet, un autre qui se prénommait François. Philippe Cousineau, dans la peau d’ombre saignante de Gaspard de Coligny, puis dans celle du " parfumeur " René le Florentin, ajoute aux mystères et aux splendeurs des Médicis. Simon Rousseau, qui campe un Henri de Navarre des plus attachants en mari trompé par Margot la nuit même leurs noces, qui développe une amitié avec Charles et François, une amitié qui nous fait espérer en une quelconque réconciliation des religions.

J’ai beaucoup apprécié la touche d’humour qui venait adoucir les contours quelques peu meurtriers de cette cour de faux miracles. Éliot Laprise et Marie-Soleil Dion, un couple on ne peut plus dépareillé, lui en Annibal de Coconnas, ami catholique et à la vie à la mort du protestant de la Môle, et elle, en Henriette de Nevers, amie fidèle de la jeune Margot, Marie-Ève Pelletier, beauté plus-que-parfaite, autant pour le geste que pour la parole, qui supporte sur ses frêles épaules le poids lourd de sa sainte et si catholique famille, qui ficelle, par l’impétuosité de sa jeunesse, les intrigues des alliances (et des mésalliances), celles qui y menèrent des bals plus ou moins sanglants, du temps des rois cocus et des reines jalouses...

***
La deuxième moitié de saison théâtrale est bel et bien amorcée, et la semaine prochaine, au Trident, pour demeurer dans l’Histoire, nous irons voir Henri IV, non pas le Henri IV d'hier soir, non, un autre roi, celui-là venu directement du Saint Empire romain germanique via le texte de Luigi Pirandello et la mise en scène de Marie Gignac, qui dirige pour la troisième fois M. Hugues Frenette, de qui je n’en n'attends jamais moins qu’à l’accoutumée. Il y a tellement de talents ici, dans NOTRE cour aux grands et petits miracles qui vont avec…Qui remportera les trophées de fin de saison ? De par les superbes productions auxquelles nous assistons depuis septembre, je prédis que la lutte pourrait être féroce entre...et...et...

Pour revenir à la Bordée, juste après le WOYZECK de Brigitte Haentjens, une autre robe succédera à celle de Margot, ce sera celle de GULNARA, elle tiendra l'affiche du 2 au 27 mars et sera mise en scène par une autre de nos brillantes étoiles de Québec, Jean-Sébastien Ouellette, lui qui devrait nous faire tout un Monseigneur Charbonneau plus tard ce printemps...
***
Pour culminer cette superbe journée d'anniversaire passée dans la pleine douceur de janvier, (n'en déplaise à Pipon), une autre de ces courtes mais si intenses rencontres de coin d'autobus, ce soir avec une autre Marie-Ève, une jeune étudiante en soins infirmiers, qui revenait de l'hôpital où, à l'occasion d'un stage, elle venait d'assister à une toute autre performance que moi: un accouchement, (quoiqu'un tel événement peut-être aussi palpitant que la première d'une pièce ou le lancement d'un nouveau livre); elle était toute aussi ébahie de me raconter ce qu'elle venait de vivre pour la première fois de sa vie (et non pas la dernière d'après ce qu'elle entrevoit pour son avenir), que moi je l'étais de lui parler de la pièce à laquelle je venais d'assister. C'était une fille, elle pesait 7 livres et 9 onces; une fille née le 19 janvier elle aussi. Ça a rendu Marie-Ève tout ce qu'il y avait de plus heureuse ce soir-là, et moi aussi. La roue tourne...

Les Cygnes Sauvages

dimanche 17 janvier 2010

Enfants_Soldats

Admiral 1948


Se perdre est le seul endroit où il vaille vraiment la peine d'aller 

Tiziano Scarpa


Pour S., en souvenir du SOCLE INSTABLE


Enfant_soldat qui écoute dumas, qui boit de la vodka et qui lit du brisebois...enfant_soldat pas encore vraiment sorti du bois...

Enfant de Dumas qui brise les lois---Enfant_Soldat qui casse sa voix, qui rompt le Boa, qui baise les Bras, qui tente encore une fois de se péter le foie---Enfant_Soldat qui brigue les lois, qui me donne à moi ce qui me manquera de toi; ce qui le tue là-bas, ce qui le boit en toi---

Enfant_Soldat sur la Route des Ébats, sur le cul, et qui a froid---Enfant_Soldat qui bouge sans moi, qui cherche ses doigts dans les soûls bois remplis de feuilles en tas, agrégats de silence du porto cheap des émois

Enfant_Soldat du Doute et des Débats, de la Guerre et du Sang-Froid---Enfant_Soldat des restants de ragoût, au ras des rats d'égoûts---Enfant_Soldat du risque et du S.I.D.A---Enfant_Soldat aux artifices C H I N O I S---Enfant_Soldat des pétroles de l'E-mirat---Enfant_Soldat aux yeux couleur de grenat et au coeur de celle de son éternel célibat---

Enfant_Soldat qui frime avec le frimas de l'éphèbe et le Verglas---qui s'emplit des reflux gastriques qui inondent son foie---Enfant_Soldat qui donne ses mots à son Chant et aux enfants morts de Brisebois---

Enfant_soldat qui ne répond plus au télé-phone des enfants-rois qui lui déconnent des mots sans voix---Enfant_soldat qui change ses A en ONNE, parce que les OFF ne lui donnent jamais rien ni personne, parce qu'il finit trop souvent par écrire des rimes qui le raisonnent---

L'É-crire, le Dire, le Faire et le Désir: y'a pas vraiment de différence, y'a pas vraiment d'interférence, ni de négligeance, ni non plus de mauvaise engeance pour tous les Cavaliers sans allégeance, et encore moins pour les Combattants de la Dernière Chance---

Enfants_Soldats de mon coeur en extase, délivrez-les de toutes ses rancoeurs qui sentent trop le GAZ... Enfants_soldats, Enfants de la Nuit, Enfants de putes---Enfants de Jack, Enfants en rut, Enfants de jute et de Nadja--- Enfants invités au gala de l'armée des ombres---Enfants confirmés dans le branle-bas d'un combat sans décombres---Enfants morts sous les balles d'un Autre Soldat---Enfants morts du Mauvais Sort---Enfants aînés et gelés des nokturA---Enfants incendiés des hellrideurs---

Enfants de la Couleur--- Enfants de la Douleur---Enfants nés de l'E-Boueur---Enfants du Froid-Manteau des Lampadaires---Enfants de Balzac et de Voltaire--- Enfants pendus devant le Vide du Frigide Air---Enfants morts au front-froid---Enfants morts au fin fond de notre Misère---Enfants des neiges de décembre---Enfants farcis de foies gras---Enfants devenus cendres dans les fours à bois---Enfants de choeur fendus des brise-bois---Enfants nés de la Dernière Femme morte-née---Enfants-flots nés de mots donnés en cadeau par les angeloi---

Anges aux ailes gelées qui ont apporté des fleurs avortées dans les ventres plats des futures révoltées---Enfants encastrés sous les chaudes couvertures de leurs parents divorcés---Enfants du sperme et de l'ovaire violée, castrés sous les lumières voilées de leurs petits corps débridés---Enfants qui se relisent tout d'abord chez les grands auteurs, qui se laissent aller vers les balises de ceux qui viennent encore les enter dans la nuit qui les grise---Enfants enfin endormis pour de bon dans leurs petits nids défaits de draps plissés, qui rêveront peut-être, ils le prédisent, à la Liberté Promise---

Enfants totalement libérés du Grand Curseur; Enfants prévenus de la Littérature des Noirceurs---Enfants d'Aquin, de Dédé, d'Egolf et d'Hemmingway---Enfants empoisonnés par les fantômes enducharmés, qui n'auront jamais su ce qu'était venu faire ici cette Nature impitoyable qui les avait déterrés vivants d'un fatras d'ordures ininflammables---Enfants de 1 9 4 8, faisant fi de la censure, qui écrivirent dans la Pleine Démesure ce qui les fracturait du reste du monde qui encore les endurent---

Il faudra toujours de la grogne,
Il faudra toujours que ça cogne---
Pour que ça dure---

10 décembre 2005/11 mai 2006
in LE SOCLE INSTABLE


samedi 16 janvier 2010

Terre des hautes montagnes

(cliquer sur l'image pour agrandir le texte)


ANMWE *



En physique, le terme résilience désigne la capacité pour un matériau à résister à la rupture. C'est le contraire de fragilité. En écologie, c'est la capacité d'un écosystème, d'un habitat, d'une population ou d'une espèce à retrouver un fonctionnement et un développement normal après avoir subi une perturbation importante. En économie, c'est la capacité à surmonter rapidement des chocs et perturbations économiques. Selon Jean-François Jaudon, l'intensité de la résilience économique durable d'un pays est proportionnelle à la lutte contre la corruption dans ce pays. En psychologie, c'est un phénomène qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de l'événement traumatique pour ne plus vivre dans la dépression. La résilience serait rendue possible grâce à la réflexion, à la parole, et à l'encadrement médical d'une thérapie, d'une analyse.
(wikipedia)

[...] Pour un peuple habité par Dieu, les accablements successifs auraient-ils encore un sens ? Nombreux sont ceux qui n'ont que le mot résilience à la bouche pour décrire les Haïtiens. Mais hélas, les résilients sont avant tout ceux qui ont réussi à quitter leur île. Ou alors ceux qui ont les moyens matériels ou intellectuels de la quitter. Les autres, presque tous les autres, ces sept millions de pauvres qui vivent avec deux dollars par jour, qui sont analphabètes, sans travail, sans autres rêves que le bon Dieu et la musique et qui n'attendent que l'aide extérieure, cette charité moderne et celle plus personnelle des membres de leur famille vivant en diaspora, ces Haïtiens sont prisonniers de leur misère. Le tremblement de terre de mardi dont on ne connaîtra peut-être jamais le nombre réel de victimes risque de tuer même les survivants. En effet, comment retrouver des réflexes de vie déjà altérés par l'indigence, les injustices et une forme de déni qui s'exprime dans la glorification culturelle ? Comment renaître alors que le cataclysme plonge le peuple plus profondément dans les abysses de la détresse ? En d'autres termes, sommes-nous en train d'assister à la disparition d'Haïti ? [...]

On ne rebâtira tout de même pas des taudis, on ne reconstruira pas des bidonvilles sans service d'égout, sans route et sans électricité. La France, instigatrice de ce projet, a beaucoup à se faire pardonner, elle qui a ignoré pendant plus d'un siècle ces Haïtiens orgueilleux qui se sont affranchis d'elle. Les États-Unis ont aussi leur part de responsabilité à cause de la complaisance avec laquelle ils ont traité les dictateurs et autres potentats qui ont sévi à la tête du pays. Mais cela n'efface pas la trahison des élites haïtiennes au cours de sa tragique histoire. Le dynamisme et la séduction culturelle qu'imposent les artistes et intellectuels du pays, qui vivent pour la plupart à l'étranger, Dany Laferrière en tête, ne garantissent pas l'avenir d'Haïti. Seuls la volonté et les moyens de la communauté internationale pour refuser la disparition du pays sauveront la population d'Haïti, ces fils d'esclaves qui en s'affranchissant croyaient instaurer le bonheur sur leur terre d'adoption.

Denise Bombardier
Le Devoir, 16 janvier 2010
* HELP (en créole haïtien)


jeudi 14 janvier 2010

Du sang séché * pour l'écho de Narcisse





IMAGERIE b)

 
Pendule de l’horloge qui résonne
entre les lustres de ce faux cristal;
Me catapulte une kyrielle d’images,
passé d’un présent au futur antérieur
Me projette entre les lumières de l’eau,
et autour de toi, jeune archange adoré,
la Pleine Magnitude de diurne beauté

La Frime de l'Éphèbe, 1995



« Les 10 dernières années ont été celles de la culture narcissique où tout le monde peut devenir une petite vedette. »

Luc Dupont, sociologue

L'article complet, signé Valérie Gaudreau (LE SOLEIL)

Ce que l'on peut écrire à partir d'un simple clic... Les 400 Lapins, un groupe que je ne connaissais pas, qui fait partie de la même écurie qu'Éric Lapointe.

Narcisse (tu glisses)




L'un des mythes de Narcisse:

Selon une autre légende, il avait une sœur qui lui ressemblait beaucoup et dont il tomba éperdument amoureux ; quand la jeune fille mourut, il se rendit tous les jours près d'une source pour y retrouver son image en se mirant dans l'eau limpide. Depuis ce jour il tomba amoureux de lui même. Écho, bien qu'elle n'eût pas pardonné à Narcisse, souffrait avec lui ; elle répéta, en écho à sa voix : « Hélas ! Hélas ! » comme il se plongeait un poignard dans la poitrine. Son sang s'écoula dans la terre et ainsi naquit un narcisse blanc à corolle rouge.
(wikipedia)

* Le sang séché est un engrais azoté naturel, 100 % d'origine animale, qui stimule la biologie du sol. Son action est rapide et durable : l'azote (N) contenu dans le sang favorise la croissance des plantes, agit sur la couleur du feuillage, soutient les floraisons. Un engrais qui convient parfaitement aux massifs de rosiers et aux plantes vivaces. Aucun risque de brûlures racinaires.

Dosage
arbres fruitiers et d'ornements : 1,25 kg pour 10 m²
légumes, fleurs et arbustes : 0,75 kg pour 10 m²
gazon : 1 kg pour 20 m²
compost biologique : 1,5 kg pour 1 m3



dimanche 10 janvier 2010

Le moineau


Montage: L.L.


Pour être en vie auprès de Piaf il fallait être armé d'amour...et de patience. L'Édith de Marion Cotillard dans LA VIE EN ROSE: un moment parfaitement inoubliable. Pour la danse des émotions, le souvenir d'un Paris cocteau/montand, etc...pour les infatigables que nous sommes. Pour vivre un soir entre Elle et Cerdan. Mais surtout pour la musique des mains sur son cœur.







samedi 9 janvier 2010

La moulinette

moulinette à données


Outil d'analyse de données de sondage (ou de données qualitatives et quantitatives) dont les capacités se situent en quelque part entre un chiffrier électronique et SPSS/SAS.Exige Java 1.4
(source: INNOVATIS inc. Création, Analyse, Imagination)


La Moulinette (en informatique)


Une moulinette est un outil minimaliste développé sans spécifications dans un langage généralement abscons et sans exigence de maintenabilité ou de performance. Elle a pour objectif d'automatiser une série de tâches rébarbatives plus ou moins maîtrisées. L'une des caractéristiques principale d'une moulinette est que sa durée de vie prévue lors de sa création est extrêmement courte. En pratique elle se retrouve souvent intégrée de manière définitive dans de plus gros développements qui, sans le savoir réellement, dépendent en grande partie de son fonctionnement. La plupart du temps une moulinette ne dispose d'aucune documentation et la connaissance nécessaire à sa difficile maintenance ou à son improbable évolution disparaît avec son auteur.
(wikipedia)
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Pourquoi les comédiens, les vrais, n’écrivent pas ou presque pas sur un blogue ? Probablement à cause de leur mémoire, qui les tient captifs de tous ces textes qu’ils ont à apprendre. Imaginez, tous ces mots qu’ils n'ont pas à écrire mais à DIRE. Dans leur tête, soir après soir, ils nous les débitent à coups sûrs de H muets, de C cédilles, d’accents graves, d’Elles majuscules…Toutes ces phrases qu’ils mémorisent, qu’ils apprennent par cœur pendant de longs mois avant de venir nous les souffler dans le noir des salles, dans ces pièces qu’ils ne joueront parfois que quelques soirs seulement…Tout ce travail de moine pour les amateurs que nous sommes. Toutes ces phrases inscrites dans leur tête pour qu’elles se rendent jusqu’au centre mou de nos oreilles qui entendent dur parfois, pour qu’elles passent ensuite dans la moulinette de nos cœurs, pour qu'elles s’emboutissent tranquillement dans le creux de nos âmes en sueur…Vive la mémoire vive de l’Acteur, pour suivre le pas de la cadence des mots, pour entendre battre le vivre pour vivre de son spasme.

NON, le Théâtre ne se joue pas sur les planches invisibles d’un blogue, même si certains blogueurs ont parfois tendance à vouloir jouer des scènes dans lesquelles on y entend le son crin-crin de leurs "fausses notes ". Il n’en demeure pas moins que le blogue est un outil de propagande, quand il s’agit de vouloir ployer SA plogue ! On a pu le constater cette semaine avec la triste nouvelle de la mort de Lhasa de Sela. Certains journalistes qui écrivent pour un patron sont même montés sur la selle de leur petite jument pour y décrier un blogueur qui a eu le malheur d'écrire plus vite que leur ombre…

Et OUI, chers et valeureux journalistes, il n’y a plus seulement VOUS qui avez le monopole des nouvelles fraîches, d’autres sont désormais plus vite sur le dos de leur souris ! Si l’on se fie au sondage paru cette semaine dans diverses publications " officielles ", à propos de la confiance que les Québécois vous accordent, (qu’un maigre 4%) on ne peut pas dire que vous volez bien haut dans notre estime de vous, et que vous auriez peut-être besoin d’un quelconque petit remontant pour y hausser votre cote, non pas d'écoute mais de voyeurisme !

C’est fou, mais lorsque j’ai vu la une " ensoleillée " du beau visage de Lhasa, je croyais rêver, elle qui faisait également briller son talent dans la noirceur des salles, voilà que c’est SA mort qu’on nous annonce et non pas sa venue en nos murs prochainement. Mon quotidien est devenu subitement un peu beaucoup moins préféré qu’avant. (Mais il y a d’autres raisons qui font qu'il n’est plus l’ombre de ce qu’il a déjà été, mais ça c’est une autre histoire). J’ai eu le même genre de pensée que ce journaliste radio-faunique de Québec, celui qui a apparemment tenu des propos négatifs sur la mort de Lhasa de Sela, à savoir « mais qu’est-ce qu’elle faisait LÀ, à la une », elle qu’IL ne connaissait même pas, elle qui avait tenu presque en secret l’état de sa maladie mortelle ? Mais là s'arrêtait la ressemblance de ma pensée avec les propos de ce journaliste, la tristesse d'apprendre qu'un autre être humain, dans la pleine fleur de son âge, venait de quitter notre chemin, me fit redescendre de ma propre petite jument...

Étrangement, on dirait qu’on parle plus de Lhasa morte que vive. Mais où étiez-vous donc chers et valeureux journalistes, alors qu’elle était en train de mourir dans un anonymat presque complet ? Elle vous a bien eu n’est-ce pas ? Et c’est bien tant mieux. Vous avez OSÉ faire un front page avec SA mort, probablement à cause de la maladie dont elle souffrait depuis des longs mois, le cancer du sein. Non pas que cette maladie soit négligeable, au contraire il faut en parler, mais avouez que ça faisait un peu presse à sensation…faible que cette nouvelle-là.

Le sensationnalisme, c’est tout ce qui fait mourir les UNES d'aujourd’hui, même LE SOLEIL en est arrivé LÀ. Il n’y a pratiquement plus aucune différence entre " lui et l’autre ". Et pour le journaliste qui a dû se rétracter, s’excuser auprès des fans frustrés de Lhasa, je me demande QUI de nous annoncera sa mort à lui, quand il disparaîtra incognito, en plein milieu de SON chant du cygne ?

Heureusement, il nous reste encore quelques blogues, pour y jouer à la cachette, pour y passer le temps à la moulinette, pour y dépecer vivantes les prochaines pièces, pour faire goûter le sel de leur chair saignante et craquer leurs os légers, souples et solides.


La Voix à ...marée haute...






dimanche 3 janvier 2010

Les petits écureuils morts dans la boîte de croissants dehors


Hier soir, j'écrivais à S. pour lui raconter mon inquiétude du long silence de Carl, NokturA pour les intimes...Puis ce matin, dans ma boîte de courriels presque vide, il y avait un court message de Charlie Carlsön m'annonçant la mort de sa grand-mère. Il m'avertissait qu'il mettrait peut-être quelques photos sur son blogue...Toute contente que j'étais d'avoir enfin de ses nouvelles, je lui répondis aussitôt, sans toutefois passer par son blogue, ce qui fût fait tout de suite après ma réponse. Et qu'est-ce que j'y aperçois? Tout plein de photos sur lesquelles Carl tient dans ses belles grandes mains d'artiste un bébé écureuil; c'est sa nouvelle amie, nous écrit-il. Touchant. C'est à ce moment que je me remémore ce que mon fils N. m'avait raconté plus tôt cette semaine, lundi je crois, que deux petits bébés écureuils étaient tombés de leur nid installé dans l'un de nos épinettes dans la cour...que mon voisin J.-P. les avait recueillis tous deux, puis qu'il les avait enveloppés d'un linge...propre, qu'il les avait ensuite déposés dans le fond d'une petite cage faite pour attraper...des écureuils (!) parce qu'il pensait que la maman pourrait revenir afin de les ramener dans leur nid tout là-haut...J'appelai aussitôt J.-P., il me dit qu'ils devaient être probablement morts (s'ils avaient été bouffés par un gros chat errant)...Je sortis donc immédiatement dehors, en robe de chambre...(brr...c'était vraiment pas chaud à Québec cet avant-midi-là), pour me diriger vers la petite cage, dégager la cloison à moitié ouverte et découvrir les deux petits corps endormis...La fatalité étant ce qu'elle est parfois, comme on peut s'en douter, les deux petites bêtes qui ressemblaient à celle que vous voyez ici-bas avec Carl, étaient bel et bien mortes. On aurait dit deux fœtus...humains; l'un noir, l'autre gris; ils semblaient si bien dormir, il étaient dos à dos, comme un vieux couple qui dort en paix après avoir fait l'amour, face à face...Une image vaut mille maux, et celle-là à elle seule les valait amplement...Je les sortis de la cage, toujours enveloppés de leur linceul de fortune, puis les rangea dans une boîte de plastique à croissants...Je les laissa dehors, là où ça vit habituellemnt des écureuils...Puis j'ai réécrit à Carl, sur son blogue cette fois, pour lui raconter cette drôle de coïncidence avec nos écureuils, que je les enterrerais à l'ombre du lilas et des épinettes dans le fond de ma cour... Mais ce soir-là, ça ne me tentait pas de leur creuser un trou, je suis suffisamment assez enfoncée dans le mien comme ça; je les ai donc remisés dans le gros bac vert, celui qui avale presque tout de nos ordures, les belles comme les vilaines, celui qui les envoie toutes dans le Grand Incinérateur de la Stadaconna Nouvelle pour les réduire en un immense paquet de cendres....J'espère seulement que l'Esprit Maraudeur des Petits Bébés Écureuils ne se sent pas trop coincé à l'intérieur de ce fatras de salmigondis immondes...Cette pure coïncidence dans le petit monde des écureuils a donc fait ma journée, et pondre ce texte...Et peut-être que ce soir l'Esprit des deux petits écureuils veille avec celui de la grand-mère de Carl, qui doit reposer en paix en quelque part...

J'aime beaucoup les écureuils, ça me vient de mon enfance, de mon arrière-grand-père Lucien, qui les nourrissait de cacahuètes et d'amour à tous les matins sur sa galerie arrière. Je connais quelqu'un d'autre qui aime beaucoup les écureuils lui aussi, je tenais à lui écrire ce texte pour qu'il sache à quel point la Mort est parfois bienvenue, comme une Amie Précieuse...Regardez bien les images de Carl * avec sa nouvelle amie, deux vrais complices. Il ne nous a pas précisé cependant s'il l'avait ramenée coucher chez lui ce soir-là ;-)


Merci à mes trois inspirateurs.
L.L.
19.05.06

ON and OFF

http://onhandoff.blogspot.ca/




* Les photos de Carl ne veulent plus se copier-coller, nous les laisserons là où elles sont...