lundi 19 novembre 2012

LE PROJET LARAMIE: traces de larmes blanches dans le rectangle rouge


Les dix 
Photo: Vincent Champoux

"It was reported that Shepard was beaten so brutally 
that his face was completely covered in blood, 
except where it had been partially washed clean by his tears."






WYOMING WIND
Seven Curses (2010)

As the tears you did weep
Washed the blood from your cheeks
And the stars faded into the blue
When you heard the wind blowin’
Did you feel more alone
Or did it sound like God whispering to you
Mike Erelli 

One more smile I fake
And try my best to be glad
One more smile does the maker make
Because he knows I'm sad


Rufus Wrainwright
Brokeback Mountain

          THE STORY OF MATTHEW SHEPARD



Le revenu moyen d'un ménage 
de la ville de Laramie 
est de $27 319
Les hommes ont un revenu moyen 
de $30 888 contre 22 009 $ pour les femmes. 
Près de 11,1 % des familles 
et 22,6 % vivent en dessous du seuil de pauvreté,
 dont 15,7 % de personnes âgées de moins de 18 ans 
et 8,3 % âgées de 65 ans et plus. 
(wikipedia)




LE PROJET LARAMIE: une production rentre-dedans avec une bunch d’acteurs qui te kick le ass dans le coin de ton cœur le plus endurci. Des reniflements, des larmes, du souffle pour ce docudrame qui s’est vécu loin du Québec mais qui aurait bien pu être joué ici, dans notre cour. Dans le tableau de cette superbe exhibition de sentiments, toutes les couleurs humaines de la mise en scène du grand Gill Champagne. Parce que durant 2:20 heures nous étions au Wyoming, dans le vent de Laramie, au centre des quelques deux cents témoignages délivrés par des facteurs gens qui ont pris le risque de parler sans crainte du désarroi, de la haine, du brasse-camarade, des manifestations, mais aussi de l’amour, de l’empathie, de la douceur et du réconfort qui les ont submergés après le meurtre crapuleux du jeune Matthew Shepard.

Le feu roulant de leurs confidences ne fit pourtant pas brûler les étapes de cette histoire émouvante interprétée avec brio par les dix comédiens hors-pairs qui les représentaient. Ils étaient environ soixante-dix pour nous rappeler le sort absurde d’un des leurs. Nous avons vécu l’avant, le pendant et l’après de cet épisode dramatique qui s’est passé à Laramie. C’était en 1998…





Matthew Shepard, un jeune homme qui prenait la vie à bras le corps, qui la tenait pour sa grande amie mais qui malheureusement a dû s’en faire une autre encore plus proche. Une qui vous ouvre sa porte par un de ces soirs de ténèbres, qui vous invite à faire quelques pas néfastes en son impitoyable compagnie, qui vous assomme de coups de crosse de magnum .357, qui vous laisse pour mort, ligoté à une clôture, dans un champ glacé du Wyoming…
Toute cette rage incrustée dans le beau visage de Matthew, nous l’avons bel et bien ressentie dans l’Octave-Crémazie du GTQ le 15 novembre dernier. L’émotion était à son comble dans nos têtes pleines, elle en a fait pleurer quelques-unes dont celle d’A., mon inséparable et essentiel ami des grands événements théâtraux comme des petites sorties. Encore une fois nous avons été commotionnés, étranglés, bashés par l’Insupportable. Mais c’est toujours comme une grâce que d’être ainsi bousculés par des êtres et des mots qui vous transpercent le « personnel ». Parce qu’il y aura toujours quelqu’un quelque part qui souffrira de ce mal qu’est l’Intolérance, celle de nos frères, voisins, sœurs, grands-mères, cousins, pères, copains, mères et autres aïeux. Parce qu'ils sont COMME ÇA. Parce qu’il reste encore tant à faire et à dire pour eux dans ce monde d’opacité, parce que la lumière se fait encore dans le compartiment obscur de leurs idées noires.
Toutes ces choses qui font de l’homosexualité qu’elle est encore montrée du doigt, de l’œil et  de la langue, mais aussi toutes ces choses qui défont les tabous, qui donnent à croire que la paternité et la maternité ne sont, et ne seront plus,  réservées qu’aux hétéros. L’homme ne marchera probablement jamais sur la face cachée de la lune mais il saura quand, pourquoi et pour qui il déploiera ses grandes ailes blanches quand le temps sera venu de le faire.



Manifestation de Civitas, le 18 novembre 2012 à Paris.
(VINCENT DANIEL / FRANCETV INFO)

  
Entre le 6 et le 12 octobre 1998, est-ce que le vent aurait pu tourner autrement à Laramie ? Aurait-il pu neiger sur la clôture ? De Gone with the wind à Brokeback Mountain en passant par le Vent du Wyoming, rien ne se perd, tout se recrée. Et ce soir, encore une fois, fût un autre de ces moments inoubliables de théâtre. Merci à vous, messieurs les comédiens: Fabien Cloutier, Jean-Sébastien Ouellette, Lucien Ratio, Jocelyn Pelletier et Kevin McCoy, de nous avoir accueillis dans vos loges après cette prestation hallucinante, ce fût un réel plaisir de vous communiquer à chaud nos commentaires parce que :
« Tout commentaire d'une oeuvre est mauvais ou inutile, car tout ce qui n'est pas direct est nul. »
Emil Michel Cioran



***

 
Plus tard, sur la rue St-Jean, au coin de je ne me souviens plus du nom de l'autre rue, un jeune assassin prénommé Lucien; il revenait lui aussi du théâtre. Il s'était dévêtu de sa combinaison de prisonnier. Il allait rentrer chez lui je crois bien, quand nous l'avons intercepté pour parler du rôle qu'il venait de jouer. On se demandait s'il s'était fait violé en dedans. Il nous a appris qu'il donnait des conférence. Nous n'avions plus peur. Nous étions en sécurité. Mais pour combien de temps encore ? Dans l'autobus, A. ne regardait personne dans les yeux. Parce qu'on sait jamais...



Three suspects in the beating death of gay University of Wyoming student Matthew Shepard 
wait to be arraigned in this, Oct. 9, 1998 
file photo, from Laramie, Wyo. From left are Russell Henderson, 21, 
Aaron McKinney, 22, and Chastity Pasley, 20.
(Murderpedia)






'Western skies' don't make it right
'Home of the brave' don't make no sense
I've seen a scarecrow wrapped in wire
Left to die on a high ridge fence
It's a cold, cold wind
It's a cold, cold wind
It's a cold wind blowing, Wyoming

I never done good things  I never done bad things
I never did anything out of the blue,
Want an axe to break the ice
Wanna come down right now



LE PROJET LARAMIE

DISTRIBUTION

Guylaine Jacob, Linda Laplante, Danielle LeSaux-Farmer, Andrée Samson et Marjorie Vaillancourt Fabien Cloutier, Kevin McCoy, Jean-Sébastien Ouellette, Jocelyn Pelletier, Lucien Ratio.

CONCEPTION
TEXTE: Moisés Kaufman et le Techtonic Theater Project
TRADUCTION: Emmanuel Schwartz
CO-PRODUCTION: Théâtre Blanc
SCÉNOGRAPHIE: Jean Hazel
COSTUMES: Dominique Giguère
ÉCLAIRAGES: Laurent Routhier
MUSIQUE: Marc Vallée


Et parce que la pièce se termine sur une note plutôt positive, il nous reste  encore de ceci :

e-s-p-o-i-r





«Tu vois, toute l'affaire se noue autour de l'espoir. E-S-P-O-I-R.»
Doc O'Connor (Kevin McCoy-sa réplique préférée)

http://flic.kr/p/dgG78D




MATTHEW SHEPARDBRUNO WIELBERNARD NOUCHETVINCENT RIVERJACK TWIST…ils ont tous une histoire à raconter...
http://www.dailymotion.com/video/x99vla_vincent-river_shortfilms




Le 19 juillet 2006, après avoir écumé plusieurs bars gays du Marais, à Paris, Bruno Wiel est accosté par quatre jeunes aux abords de place du Châtelet. Pensant que cette rencontre pourrait aboutir sur une nouvelle aventure, le trentenaire accepte de monter dans leur véhicule. Les suspects quittent la capitale pour gagner un parc de Vitry-sur-Seine. Et commencent à le ruer de coups, avec une extrême violence, le frappant tel «un ballon de foot», dira l’un des accusés lors de son audition. Ils iront jusqu’à le brûler avec des cigarettes et le violer avec un bâton. L’un de ses tortionnaires songera même à filmer la scène avant de renoncer. Laissé pour mort, Bruno Wiel sera retrouvé le lendemain derrière un buisson, nu et souffrant d’un traumatisme crânien et thoracique. Retrouvé par hasard, un exhibitionniste étant recherché par la police dans ce même parc. Il restera trois semaines dans le coma, et sept mois à l’hôpital. Les individus seront confondus par leur voiture de location le mois suivant l’agression. L’un d’entre eux avouera avoir manigancé ce guet-apens pour «lui voler sa carte bleue».
ParisMatch.com

http://www.parismatch.com/Actu-Match/Societe/Actu/Les-4-agresseurs-de-Bruno-Wiel-homosexuel-tabasse-ont-ete-condamnes-de-16-a-20-ans-de-prison-246515/


TIME TO DANCE






Le mot de la fin au Président américain BARAK OBAMA









                   WERE NOT LIKE THIS




vendredi 16 novembre 2012

Encore un peu de VIANDE svp !


Un court métrage d'Anthony Gramoso, produit par SCOOP Productions. Comme une suite à l'excellente pièce VIANDE de Maxime Robin. À regarder jusqu'à la ...faim...


mercredi 14 novembre 2012

VIANDE: une tranche de sans filet


Photo: Premier Acte



C’est un des cauchemars de l’industrie agroalimentaire. Une bactérie type E.Coli qui vient contaminer la viande et provoque un désastre sanitaire. Pour traquer ces vilains contaminateurs, certains comme les Etats-Unis, utilisent la manière forte, la javel pour les poulets, et de l’acide lactique pour nettoyer la viande de bœuf. Des méthodes, pour l’instant, jugées incompatibles avec nos habitudes culinaires européennes. Sauf que la Commission réfléchit à un projet de réglement qui autoriserait désormais l’acide lactique, et donc les importations de bœuf américain. Un revirement qui suscite beaucoup de débats.
Frédérique Lebel
RFI

Marc Couture était brûlé à 90 % de son corps. Ses reins ne fonctionnaient plus.


Strange days have found us

Strange days have tracked us down

They're going to destroy
Our casual joys
We shall go on playing
Or find a new town





Un morceau de mythologie dans la gueule saignante du gros méchant loup. Un petit chaperon rouge re:re: revisité par le grand Maxime Robin. Des dents effilées, des oreilles pointues, des cuisses entrouvertes, des viscères explosives  et du sang…FROID.


Une tête qui se penche sur le côté sombre des sentiments de fin de nuit. Du vice à l'amour, une couple de baffes dans le ventre de l'angoisse. Des odeurs de brûlé dans le fond de la poêle à frire. Un robinet chromé entre la souffrance et le sourire. Un délicieux ragoût enfoncé dans la gorge chaude de la beauté. De la lumière anorexique sur le fard de la nuit. Quelque chose qui fait mal. Quelque chose qui rend dingue. Comme dans une superbe hantise. Comme une balle entre les deux reins. Un homme caché en dessous du comptoir...

Non, la VIANDE de Maxime Robin, c’est pas de la petite bière. C’est une pièce comme on les aime: cruelle, sensuelle, chaude, froide, jamais tiède. Une entrée viscérale dans la matière grise. Une caméra cachée dans l’œil humide de l’humanité. Un show ALL RIGHT NOW, BABY, avec des comédiens all-in-one...



Jean-Michel Déry: éclatant de noirceur et d’inhumanité, aussi froid qu’un granulat recyclé, tranchant comme une lame de rasoir dans une pomme de tire, aseptisé; Noémie O’Farrell: toujours aussi juste et distinguée, un corps parfait, des yeux tout le tour de la tête, un poing enfoncé dans la bouche, une crampe de vérité pure; Pier-Olivier Grondin: frais émoulu du Conservatoire, un jeune premier rempli de tout le sang des promesses... 

There she stood in the street
Smiling from her head to her feet
I said "Hey, what is this"
Now baby, maybe she's in need of a kiss
I said " Hey, what's your name baby"
maybe we can see things the same
Now don't you wait or hesitate
Let's move before they raise the parking rent



En conclusion, l’Effroyable cause parfois de ces miracles qu’on est pas prêts d’oublier. Nous n’avons absolument rien vu venir et c’était parfait de même. Les surprises, c’est ce qui nous tue le mieux (au théâtre), en cela VIANDE aura semé sa bactérie mangeuse de chair dans nos petites têtes affolées. Dorénavant tout ce que l’on peut espérer pour l’avenir de LA VIERGE FOLLE est qu’Elle aille se faire voir ailleurs que dans la jeune Capitale, qu’Elle aille « viroser » la métropole et puis tout le reste du monde entier, si ça lui chante.

Merci à Maxime Robin pour les bons soins de son Intensif, c’est un excellent chirurgien; il sait comment découper, et suturer, nos âmes-sueurs. Avec la coalition de ses Acteurs et de ses Collaborateurs, il nous fabrique tout un cinéma…d’Auteur. Ses futurs petits chaperons rouges n’auront qu’à bien se tenir dans le boisé des amateurs affamés... 

Et on partira sur un simple reflet
Qu'on épousera jusqu'à tout oublier
On repartira chaque jour sans filet

On s'écoulera jusqu'à se perdre en pieds






Production: LA VIERGE FOLLE
Direction de production: Noémie O'Farrell
Texte et mise en scène: Maxime Robin
Collaboration à la mise en scène: Jean-Michel Girouard
Conception vidéo et projection: Marilyn Laflamme
Décor et effets spéciaux: David Pleau
Lumières: Keven Dubois
DISTRIBUTION
Jean-Michel Déry
Pier-Olivier Grondin
Noémie O'Farrell
Photos: David Talbot-Lachance









lundi 12 novembre 2012

LES CHAISES: Ding Dong, entrez donc, prenez place


Neige de mai à Notre-Dame-de-la-Merci
2009
 Photo: L.Langlois

À tous les prolétaires, fonctionnaires, militaires, révolutionnaires, réactionnaires


« J’ai essayé d’extérioriser l’angoisse de mes personnages dans les objets, de faire parler les décors, de visualiser l’action scénique, de donner des images concrètes de la frayeur ou du regret, du remords, de l’aliénation…[… en ce sens] tout devient présence, tout devient personnage. »
Eugène Ionesco
Notes et Contre-notes




L’absurde comme le fantastique, c’est encore pas mal d’actualité, surtout par les temps qui courent plus vite que nos ombres. Comment ne pas être tombée en bas des Chaises de Ionesco en la chaleureuse compagnie de ce jeune couple explosif de nonagénaires qui m’a complètement  abasourdie. Il m’a fait penser à tout plein de vieux et de vieilles qui célébreront leur presque 100ème anniversaire de naissance, qui sont mariés depuis 80 ans. Dans le journal de Québec du samedi y’en a toujours un ou deux semblables de ceux-là. Avant de faire leur ultime tour de piste ils ont tellement à nous dire et...à nous redire. C'est drôle pis pas drôle, parce qu'il y en a qui finissent par nous tomber sur les nerfs tant ils se répètent mais ces deux-là, ceux de Ionesco, on les écouterait ad nauseam tellement les interprètes qui les ont joués sont imposants.

Réjean Vallée, qui a remplacé à pied levé un Jacques Leblanc empêché par une mise au repos imposée par son médecin (malgré lui), a tout simplement été impeccable, comme à l'accoutumée. Sa compagne, Nancy Bernier, tout aussi tordante que lumineuse le complétait à merveille. Et Jack Robitaille, en Orateur muet sur écran géant, un petit bonheur sans nom. Les rires ont fusé de toutes parts dans une Bordée remplie à ras bord. Trois rappels l’ont confirmé. Le décor: absolument génial. Faut voir cette chaise géante qui pivote au rythme de l’huile de coude des deux protagonistes. Les portes, les fenêtres, les escaliers, la lumière, la musique ! Tout était en place pour la magnifique mise en scène de M. Bertrand Alain. Tout a contribué au succès du jour.

Jeudi soir dernier, le 8, j’ai eu quelques pensées (violettes) pour ma mère et ses sœurs, mes tantes octogénaires, toutes veuves. Elles auraient probablement rit un bon coup en voyant les mimiques slapstick de la vieille, ses tendres pirouettes, à entendre les sempiternelles remontrances faites à son compagnon maréchal des logis. Mais elles auraient peut-être pleuré en les entendant parler de leur fils unique qui les a abandonné un jour pour un ailleurs qui ne se trouve pas être à deux coins rue de chez elle...

La solitude, l’ennui, et cette (in)certaine envie de les fuir. Le tournage en rond, comme des vieux hamsters dans leur cage, les anciennes histoires de leur bon vieux temps, et celles du jour, plus plates encore qu’une planche à les repasser. De l'aurore au crépuscule, leurs pas feutrés sur les planchers usés mais cirés, leurs cœurs brisés par l’arythmie, leur repos bien mérité dans leur dernier sanctuaire...

La scène est là pour recréer des ambiances, elle y fait s’y recycler des souvenirs indélébiles d’une époque encore pas si lointaine. Ceux des CHAISES datent  de 1954, et j’avoue que ça ressemble parfois pas mal à aujourd’hui. Le théâtre des angoisses d’Ionesco nous promène dans les coulisses d’empereurs perchés au plafond, entre les bras d’une maman retrouvée dans la tête itinérante de l’enfance impérissable, dans la bouche d’un Orateur invisible et muet. La mort suit tout le reste mais la vie se reprend vite en main. On se lève alors pour applaudir les Comédiens qui nous ont apporté de leur lumière, de leur espérance, et l'on ne se surprend plus à les aimer de plus en plus et de mieux en mieux. Ils marchent à nos côtés, tels des amis fantômes, ils vous donnent envie d'un lift pour l'Éternité ou d'un lifting de l'Absurdité.

LES CHAISES de la Bordée: le parfait prélude pour le RHINOCÉROS du Trident. Ionesco devient, je crois bien, l'un de mes immortels préférés.



« C’est le rire du vieillard qui exprime la plus grande sagesse » dit l’axiome zen.
LE VIEIL ÂGE ET LE RIRE
de Fernand Dansereau









Texte: Eugène Ionesco 
Mise en scène: Bertrand Alain
Distribution: Nancy Bernier, Réjean Vallée, Jack Robitaille

Conception

Assistance à la mise en scène: France Deslauriers 
Décor: Vano Hotto
Costumes: Stéphanie Cléroux
Éclairages: Hubert Gagnon
Musique: Fabrice Tremblay

Chus ben assis dans mon salon,
Y mouille dewors su’l balcon, 
Et un jour y f’ra plusse beau 
dans mon bol de toilette (2x)
Bernard Adamus



dimanche 11 novembre 2012

ANGOISSE COSMIQUE ou LE JOUR OÙ BRAD PITT FUT ATTEINT DE PARANOÏA: PAUSE !




Plus de deux semaines déjà qu’ ANGOISSE COSMIQUE ou LE JOUR OÙ BRAD PITT FUT ATTEINT DE PARANOÏA s’est fait voir et entendre au Périscope. J’ignore combien d’humains sont nés depuis ce jour encore moins combien sont morts. Tout ce que je sais est qu’il y a deux fois plus de naissances que de décès et donc que ça peuple en masse sur notre belle planète bleue et brune.







Quel magnifique et désastreux constat ! Les Brad que j'ai vus le 24 octobre dernier nous en mis plein les yeux et les oreilles. À les voir s’angoisser ainsi, tout comme nous, devant leur écran géant à longueur de jour, à s’essouffler au fur et à mesure que les heures s’étirent, il a dû …ah! Et pis allez donc voir le WORLDOMETER * (plus bas) pour constater les statistiques de nos mini-méga-dégâts, c’est tout simplement...crevant !





Christian Lollike, l’auteur danois qui a écrit ce texte (traduit par Catherine Lise Dubost), donne à réfléchir en même temps qu’il divertit. J’ai en tête les blanchissantes PAUSES ! et cette immense tête de lapin en peluche, comme une sorte d’extra-terrestre venu d’une forêt imaginaire, une forêt qui contiendrait les derniers mammifères d’un monde qui fond dans la marmite du temps. J’ai aussi en tête les échanges de perruques des trois Brad: Emmanuel Bédard, Claude Breton-Potvin et Hugues Frenette. Leur lumineuse interprétation, empreinte du cynisme face à ce qui se passe au niveau des cons-pétant-plus-haut-que-le-trou qui gouvernent le bateau errant de l'humanité dans lequel chacun de nous essaie tant bien que mal de naviguer sur les eaux gazeuses de son obésité croissante, aura creusé un nouveau sillon dans la caverne de mes doutes. Parce que je ne crois pas que ce soit un Brad Pitt, ou quiconque d'autre de ces stars à systèmes, qui pourrait sauver notre tueur-monde de ce flot de fléaux explosifs, mais peut-être bien les méga-tonnes de krills qui seront transformés en huile par les nouveaux dieux de la pharmaceutique (si entretemps ils ne sont pas trop intoxiqués par le HCB (hexachlorobenzène)) !!!

La paranoïa nous guette. Elle est là, tout près de nos pas vacillants, au centre de nos fantasmes les plus fous. Elle grandit à mesure que les continents rapetissent. Elle fait entrer ses guerriers dans les recoins sombres de nos armées en déroute. Elle se blottit contre le stress ambiant du moment. Elle accumule les dépôts salés de nos larmes refoulées en petites boules. Elle attend l'heure de l'immolation de nos douleurs à mère. Elle ouvre la porte à nos démons de carbone, leur insuffle le poison chaud des mortels que nous sommes tous. Elle finira par emporter tous les Brad qui sommeillent en chacun de vous. 
André-Philippe Côté LE SOLEIL

CARBON VISUALS










Superbes photos prises par Nicola-Frank Vachon:




ANGOISSE COSMIQUE ou LE JOUR OÙ BRAD PITT FUT ATTEINT DE PARANOÏA
DISTRIBUTION
Hugues Frenette
Emmanuel Bédard
Claude Breton-Potvin

Auteur
Christian Lollike

Traduction
Catherine Lise Dubost

Adaptation
Michel Nadeau

Mise en scène
Michel Nadeau

Assistance à la mise en scène
Simon Lemoine

Décor et accessoires
Marie-Renée Bourget Harvey

Costumes
Daphnée Lemieux-Boivin

Éclairages
Jean-François Labbé

Bande sonore
Yves Dubois

Vidéo
Lionel Arnould