jeudi 25 octobre 2018

LE VRAI MONDE ? Entre le doute et le mépris




THE ROAD NOT TAKEN

Two roads diverged in a yellow wood,
And sorry I could not travel both
And be one traveler, long I stood
And looked down one as far as I could
To where it bent in the undergrowth;

Then took the other, as just as fair,
And having perhaps the better claim,
Because it was grassy and wanted wear;
Though as for that the passing there
Had worn them really about the same,

And both that morning equally lay
In leaves no step had trodden black.
Oh, I kept the first for another day!
Yet knowing how way leads on to way,
I doubted if I should ever come back.

I shall be telling this with a sigh
Somewhere ages and ages hence:
Two roads diverged in a wood, and I—
I took the one less traveled by,
And that has made all the difference.

Robert Frost




Indisposée le 26 septembre dernier, c’est donc le samedi 13 octobre, depuis la première rangée (A-9) de l’Octave-Crémazie, que j’ai assisté à la représentation de LE VRAI MONDE ? de Michel Tremblay. J’ignore si c’est parce que c’était la dernière mais quelle performance de la part de tous les protagonistes de cette pièce magistrale qui fut créée le 15 avril 1987 au Théâtre du Rideau Vert. La mise en scène, signée par nul autre qu’André Brassard, qui a fait partie de l’univers Tremblay pendant kek’temps disons, a fait qu’à eux deux ils ont révolutionné le théâtre québécois. Ils l’ont décortiqué, dépoussiéré, mise à nu, renouvelé de bord en bord. On ne les remerciera jamais assez d’avoir accompli cette mission…possible.

1968

Photo: BANQ

Pour cette version 2018, c’est à la talentueuse Marie-Hélène Gendreau que l’on a passé le flambeau de la révolution. Elle a littéralement mis le feu dans la cabane de cette famille qui avait tant besoin de chaleur. Elle était assisté d'Émile Beauchemin, codirecteur artistique du Théâtre Astronaute, également de JokerJoker



« CLAUDE : Même si chus de bonne foi? / MADELEINE 1 : Tu peux pas être de bonne foi. Parce que t'es pas nous autres… / CLAUDE : C'est là que tu te trompes, maman… Écoute… Veux-tu m'écouter juste un peu? ( Madeleine 1 s'asseoit à côté de Claude.) J'ai toujours eu une grande facilité… à me glisser à l'intérieur des autres. À les sentir. J'fais ça depuis toujours. Vous autres, vous appelez ça de l'espionnage… Moi, j'appelle ça vivre. (…) »


L’histoire du VRAI MONDE ? se déroule en 1965, Claude voit double en écrivant une pièce inspirée des membres de sa famille que constituent son père, sa mère et sa sœur. Oscillant entre la réalité et l’imaginaire, le monde, tel qu'il le voit, est tellement plus vrai lorsqu’il découle de sa plume qu’il fait dire et faire des choses qui auraient dû être dites et faites depuis belle lurette. Sa mère, la première, ne le prend pas du tout, mais la vérité choque dit-on. Quant au père, celui à qui tout est dû, celui qui fait vivre SA famille, il fait face au miroir déformant du narcissisme dans lequel il passe presque tout son temps à y admirer le nombril de SON monde. Le vrai ? Il ne le saura probablement jamais, même si sa fille le critique à cause de ses yeux, comme ceux des autres porcs frais qui la regardent danser dans les bars de la Belle Province, même si sa femme finit par le mettre à la porte, même si son fils lui prodigue avec une éclatante vérité ses égarements en tous genres…

Dans l'abribus, un merle mort
Photo: L.Langlois

PERSONNAGES ET INTERPRÈTES

ALEX, les deux pères de Claude, joués d’une façon on ne peut plus juste par deux de mes préférés : Christian Michaud et Jean-Michel Déry. Avec leurs échanges chargés d’électricité, ils ont tout donné pour que l’on savoure chacune des répliques si bien orchestrées par le maestro Tremblay. Il fallait justement être assis dans la première rangée pour constater à quel point toute la vérité émanait de leur franc jeu. Et cette lueur dans leurs yeux…

Jean-Michel Déry
Christian Michaud

MADELEINE, les deux mères de Claude, empreintes d’une humanité qui ferait trembler d’angoisse le pire des cyniques. Anne-Marie Olivier, enveloppée de cet éternelle chape de brume qui voyage dans son regard troublé/troublant, et Nancy Bernier, viscéralement attachée aux mots qui font mal au cœur, au sexe et à l’âme. De femmes agenouillées, qui ont évolué dans le silence et parfois la honte, à celles qui un soir d’écœurement total se sont levées debout pour prendre la parole par le corps et lui en extirper la peur de ne pas être à la hauteur.

Anne-Marie Olivier et Nancy Bernier

MARIETTE, les deux sœurs de Claude, belles de jour comme de nuit, filles en feu, femmes en fleur, qui dansent aux tables tournantes pour oublier certaines plaisanteries d’un père aux mains un peu trop longues et à la langue bien pendue. Claude Breton-Potvin, impeccable  comme toujours avec sa gestuelle parfaitement adaptée à la conception géniale de ce chef-d’œuvre de la littérature québécoise. Claude, qui était metteure en scène de ce mémorable PROJET BBQ déambulatoire lors du Carrefour International de Théâtre 2017, avait pour double Ariel Charest, qui faisait d’ailleurs partie de ce parcours culino-théâtral dans l’histoire de l’huître empoisonnée d’Isabelle Hubert. L’étincelante Ariel, qui nous avait tant éblouit dans les énergisants MADE IN BEAUTIFUL (LA BELLE PROVINCE) ainsi que dans DOGGY DANS GRAVEL, deux époustouflantes productions du THÉÂTRE KATA, a récidivé encore une fois. Avec cette voix particulièrement puissante, remplie d’émotions de toutes sortes, elle nous a directement renvoyé la lumière camouflée à l’intérieur des souvenirs parfois douloureux d’une enfance qui paraissait pourtant heureuse.

Claude Breton-Potvin et Ariel Charest

Reste CLAUDE, l’écrivain, l’auteur, le frère, le fils, celui qui voit tout et ne dit rien jusqu’au jour où sa mère le lit. Jean-Denis Beaudoin, qui ne cesse de grandir, autant dans son jeu d’acteur que dans celui d’auteur. Comme le peintre joue avec les couleurs pour le tableau parfait, l’auteur joue d’abord avec les mots. Il les forme, les fonde, les met en place, les adossent, puis en ôte pour les replacer, les déplacer, les décomposer, les déchirer, les  brûler. Claude n’a pas de double. Claude est Claude, il est à lui seul LE vrai monde. Et que Jean-Denis ait eu le privilège d’occuper les planches de SON espace ce soir, lui donnera, j’en suis convaincue plus que jamais, une place de choix dans tous les théâtres du monde, comme Michel Tremblay l’a fait.

Jean-Denis Beaudoin

Michel Tremblay, qui ô surprise, nous a fait l’honneur, bouquet de fleurs à la main, d’être parmi les spectateurs du Trident, fidèles ou de passage. De le voir ainsi EN VRAI MONDE, lui, le plus grand dramaturge du Québec, dixit Anne-Marie Olivier, aura ajouté un gros + à cette partie de la réalité qui colle au fond des rêves les plus fous…

Photo: Lise Breton

LE VRAI MONDE ?

TEXTE : MICHEL TREMBLAY
MISE EN SCÈNE : MARIE-HÉLÈNE GENDREAU
ASSISTANCE À LA MISE EN SCÈNE : EMILE BEAUCHEMIN
SCÉNOGRAPHIE : ARIANE SAUVÉ
LUMIÈRES : KEVEN DUBOIS
COSTUMES : VIRGINIE LECLERC
MUSIQUE : JOSUÉ BEAUCAGE
PHOTOS : STÉPHANE BOURGEOIS



Cousines à gogo
1965
Photo: André Langlois






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mardi 23 octobre 2018

MANIFESTE DE LA JEUNE FILLE : refus global






Le défi est d’aller au bout du système pour arriver au fait qu’on n’y trouve pas d’issue. Le rôle du théâtre, c’est d’aller au bout des choses, au bout du système, pour voir ce qu’on peut y trouver.»

Olivier Choinière



L’ACTIVITÉ était en ville le 9 octobre dernier. On en a donc profité  pour aller faire une balade sur Crémazie Est dans un Périscope qui nous a fait virer du sour au sweet ! Quelle superbe spectacle! Une parade de mode comme on n’en avait jamais imaginé ni les formes, ni le tissu ni les couleurs. De la réalité virtuelle au rocambolesque de la vie de tous les jours avec ses ÇA VA, ET TOI ?


On se regarde de loin, on ne se voit plus de proche. On devient tous des bêtes de scène, des animaux de cirque, rien de ce qu’il y a d’ordinaire, des consommACTEURS de séries télévisées, pièces de théâtre et autres opéras de la terreur. En ce cinquantième anniversaire du REFUS GLOBAL, pas pu faire autrement que penser aux artistes signataires de 1948 qui ont dépoussiéré la liberté qui se cachait dans les grands placards de l'hypocrisie.

« Un petit peuple serré de près aux soutanes restées les seules dépositaires de la foi, du savoir, de la vérité et de la richesse nationale. Tenu à l'écart de l'évolution universelle de la pensée pleine de risques et de dangers, éduqué sans mauvaise volonté, mais sans contrôle, dans le faux jugement des grands faits de l'histoire quand l'ignorance complète est impraticable. »

Paul-Émile Borduas
REFUS GLOBAL



De binge-watching en parades de mode dans les boutiques winners de ton look d’enfer, le monde vu avec tes grosses lunettes roses à 2000$, celui qui se tartine de foie gras ou de beurre de pinottes. Ce monde qui danse à fond la caisse toute la nuit sur ce n’était qu’un rave. Celui qui lutte dans la boue ou dans les rues pour la défense des animaux, celui qui vide son portefeuille en remplissant sa carte quand il se déshabille à nu dans les 24 cabines d’essayage du centre d’achats made in China.


Ce monde de terreur qui débarque un beau jour dans une salle de spectacle et qui tire à bout portant dans nos ta tête des mots que tu n'es pas prêt d'oublier. Ce moindre monde qui est fait de plus ET de moins, qui grossit à vue d’œil dans la lorgnette d’OLIVIER CHOINIÈRE, un auteur qui s’inspire des autres d’ailleurs, un artiste que l’on « s’approprie » pour le beau côté de la chose. 


« C’est un spectacle très particulier parce que les conventions vont à l’encontre de ce qu’on fait habituellement. Le focus est, normalement, à un seul endroit, mais là, comme on est des égoïstes narcissiques issus d’une société vouée à s’autodétruire, on brise constamment le quatrième mur. On est tout le temps en train de chercher le regard et l’approbation du public »

Isabelle Vincent



Muriel Dutil
Photo: Valérie Remise

Catherine Paquin-Béchard
Photo: Radio-Canada

Raymond Cloutier
Photo: Valérie Remise


Stéphane Crête et Isabelle Vincent
 Photo: Valérie Remise

Joanie Martel
Photo: Caroline Laberge

Sébastien René
Photo: Ina Lopez

Ce super groupe d’acteurs qu’Olivier Choinière met en scène en est un de grande valeur, à commencer par le seul et unique Raymond Cloutier, que je n’avais encore jamais vu EN VRAI. Avec sa verve et son intensité, il m’a tout simplement enchaînée à ce défoulement humanitaire. Muriel Dutil, quant à elle, révolutionne le plateau avec son franc-parler qui bash la masse. Isabelle Vincent, de même. Catherine Paquin Béchard, la flamboyante gardienne d’UNITÉ 9, en met plein la vue elle aussi. Stéphane Crête, toujours aussi drôle que son Brad Spitfire. Sébastien René, excellent et délirant, qui nous révèle en direct son immense talent. Joanie Martel, complètement investie, comme nous sommes habitués de la voir dans la tivi. La scène percutante, celle du terrorisme, en a jeté plus d’un à terre, assez osé mais si nécessaire. Et que dire de cette réjouissante finale, qui vient faire se connecter directement le public aux acteurs ? De quoi nous faire (ré) agir, car il n’est peut-être pas trop tard pour s'abonner à une autre humanité...




MANIFESTE DE LA JEUNE-FILLE

Compagnies › L’ACTIVITÉ et Espace Go
Texte et mise en scène › Olivier Choinière
Assistance à la mise en scène › Stéphanie Capistran-Lalonde 
Distribution › Raymond Cloutier, Stéphane Crête, Muriel Dutil, Joanie Martel, Catherine Paquin-Béchard, Sébastien René et Isabelle Vincent 
Scénographie › Max-Otto Fauteux
Costumes › Elen Ewing 
Lumière › André Rioux
Accessoires › Clélia Brissaud
Vidéo › Michel Antoine Castonguay et Dominique Hawry
Musique › Eric Forget
Maquillages-coiffures › Sylvie Rolland-Provost
Direction de production › Cynthia Bouchard-Gosselin 
Équipe de tournée › Jacinthe Racine, Jean-Benoit Mongeau, Robin Brazill, Cynthia Bouchard- Gosselin, Steve Montambault 
Agente de tournée › Ginette Ferland 


POUTINE MENACE NUCLÉAIRE

Une poutine MENACE NUCLÉAIRE de chez Frite Alors! Gagnante du concours fondateur de poutine la menace nucléaire (bœuf bbq coréen) " le péché mignon de Kim Jong-Un" émincé de bœuf, sauce bulgogi, kimchi, échalotes et sésame grillé 13,75 $. Rien de plus approprié pour starter une soirée au Périscope ou chez Premier Acte.


À PART ÇA ? ÇA VA ?

SUPER BIEN !




dimanche 21 octobre 2018

LA RÉUNIFICATION DES DEUX CORÉES : « l’amour, c’est comme un jour »



« Mais non, quand on s’est rencontrés c’était parfait. On était comme deux moitiés qui s’étaient perdues et qui se retrouvaient. C’était merveilleux. C’était comme si la Corée du Nord et la Corée du Sud ouvraient leurs frontières et se réunifiaient, et que les gens qui avaient été empêchés de se voir pendant des années se retrouvaient. »

L'HOMME
La réunification des deux Corées Joël Pommerat
Tableau 14 - La femme amnésique



LA RÉUNIFICATION DES DEUX CORÉES, mon troisième Joël Pommerat et non le moindre. Dirigé de main de maître par Michel Nadeau, et assisté par Amélie Bergeron, qui avait admirablement mis en scène UNE BÊTE SUR LA LUNE au printemps dernier dans cette même BORDÉE, c'était donc avec un immense plaisir que nous retrouvions nos places d’abonnés le jeudi 4 octobre. Le plaisir mais aussi la peine appréhendée de ne pas voir Line dans le hall d’entrée avec ses  programmes si gentiment offerts. Line qui nous accueillait si humainement avec son irrésistible sourire, un peu beaucoup comme le théâtre de Pommerat. Un théâtre qui donne à la vie son supplément de revenu humain garanti. Toutes ces scènes qui décrivent le grand et le petit mal de l’amour, avec toutes les grimaces qu’il nous fait faire à l’occasion, situations plus ou moins irréelles ou loufoques, scènes de la vie conjugale, scènes de la vie familiale, scène de la vie tout court.


SCÈNES

DIVORCE : JE PRÉFÈRE CETTE SOLITUDE À CETTE ABSENCE D’AMOUR.
MÉNAGE : L’AMOUR, C’EST ENCORE PLUS BEAU QUAND C’EST DIFFICILE.
SÉPARATION : JE VAIS FAIRE PEUT-ÊTRE QUELQUE CHOSE QUE TU NE COMPRENDRAS PAS…JE VAIS TE LAISSER…JE VAIS ALLER AVEC LUI.
MARIAGE : SE MARIER C’EST PAS UNE PREUVE.
PHILTRE : PARLEZ-MOI TRANQUILLEMENT, COMME À UNE ALLIÉE, UNE AMIE, JE VEUX JUSTE POUVOIR ENTENDRE LES MOTS, LES MOTS VRAIS, SORTIR DE VOTRE BOUCHE.
ARGENT : ÉCOUTE, EUH, JE PEUX PAS ENTRETENIR DEUX RELATIONS EN MÊME TEMPS, JE NE DIS PAS QU’AU FOND DE MOI JE N’EN AURAIS PEUT-ÊTRE PAS LE DÉSIR, C’EST BIEN POSSIBLE, MAIS ENFIN C’EST, C’EST J’PEUX PAS,  SANS COMPTER MES ENGAGEMENTS, MA VIE RELIGIEUSE.
CLÉS : MAIS C’EST PLUS CHEZ LUI MAINTENANT, FAUT QU’IL NOUS RENDE LES CLEFS, SINON IL PEUT REVENIR QUAND ÇA LUI CHANTE CE TYPE, EN PLUS IL EST REPARTI AVEC.
ATTENTE : ON NE PEUT PAS TRANSIGER AVEC L’AMOUR, IL EST ENTIER, ÉTERNEL, ABSOLU, OU BIEN IL N’EST PAS.
GUERRE : C’EST UNE GUERRE, IL Y A FORCÉMENT DES ENFANTS DE PARENTS COMME NOUS QUI DOIVENT MOURIR.
ENFANTS : C’EST-À-DIRE DE GARDER DES ENFANTS ALORS QU’IL N’Y AVAIT PAS D’ENFANTS.
MÉMOIRE : QUAND ON S’EST MARIÉS C’ÉTAIT PARFAIT, ON ÉTAIT COMME DEUX MOITIÉS QUI SE SONT PERDUES QUI SE SONT RETROUVÉES, C’ÉTAIT MERVEILLEUX, COMME SI LA CORÉE DU NORD ET LA CORÉE DU SUD OUVRAIENT LEURS FRONTIÈRES ET SE RÉUNIFIAIENT ET Q UE LES GENS QUI AVEINT ÉTÉ EMPÊCHÉS DE SE VOIR PENDANT DES ANNÉES  SE RETROUVAIENT, C’ÉTAIT LA FÊTE, ON SE SENTAIT UNIS ET ÇA REMONTAIT À TRÈS LOIN.
LA CLASSE VERTE : SI JE FAIS CE MÉTIER C’EST QUE J’AIME LES ENFANTS ET JE FAIS PAS MON MÉTIER COMME UN FONCTIONNAIRE, SI JE FAIS CE MÉTIER C’EST QUE JE LES AIME ET J’AIME VOTRE ENFANT  SI VOUS VOULEZ LE SAVOIR, J’AI MÊME DE L’AMOUR POUR LUI ET JE N’EN AI PAS HONTE.
L’AMOUR NE SUFFIT PAS : JE T’AIME MAIS ÇA NE SUFFIT PAS.
AMITIÉ : ÇA NE SE VOYAIT PAS, MAIS TU ÉTAIS DÉJÀ QUELQU’UN QUI POUVAIT DEVENIR MON AMI, JE NE LE VOYAIS PAS PARCE QUE TU NE LE DÉGAGEAIS PAS ENCORE À CE MOMENT-LÀ.
VALEUR 1 : 120 DOLLARS, T’AS PAS D’ARGENT OU T’AS PAS ENVIE ?
ENCEINTE : L’AMOUR ÇA FAIT FAIRE DES CHOSES TOTALEMENT INSENSÉES  ET DANGEREUSES.
VALEUR 2 : 5 DOLLARS, C’EST LA MOINDRE DES CHOSES, JE SUIS PAS UNE BÊTE MOI.


Ann-Sophie Archer ouvre solennellement ce grand bal d’émotions en tout genre. Elle rend dans ses pleines grosseurs celles que ses différents personnages nous font vivre. Cette histoire de DIVORCE en est une qui a du toucher au moins la moitié de la salle…Avec ses comparses, Emmanuel Bédard, Gabriel Fournier, Normand Bissonnette, Olivier Normand, Alexandrine Warren, Sophie Thibault, Véronika Makdissi-Warren et Valérie Laroche, nous avons eu droit d’entrer dans l’univers Pommerat par la grande porte d'un monde qui est et sera toujours aussi fascinant de fréquenter.

Le numéro MARIAGE en est un autre qui aura déstabilisé et surtout fait rire (jaune) un public toute ouïe. Le futur marié qui a séduit la ou les  sœurs de sa promise. Qui n’a pas un jour vécu une telle situation ? 

MÉMOIRE, avec un couple dépareillé comme il en existe des millions dans le monde : la femme Alzheimer qui a « partiellement «  oublié l’homme qu’elle a épousé il y a plusieurs années, qui retombe en amour à tous les jours comme si c’était la première fois. Touchants Véronika Makdissi-Warren et Normand Bissonnette

AMITIÉ, qui ne finit pas comme ça avait commencé : deux « amis » de longue date, qui sont si bien allongés dans leurs chaises avec leurs bières mais qui tout de même en viendront aux coups pour une confidence qu’il aurait valu mieux taire. Le mépris, faut faire attention à ça, les zamis ! Et le doute aussi…

Imprégnés des sublimes éclairages de Caroline Ross, attifés des costumes habités de Julie Morel, les neuf comédiens campaient une cinquantaine de personnages dans le décor interchangeable de Véronique Bertrand. Au gré des différents tableaux, on pouvait à tout moment pénétrer dans cette immense piscine aux différentes profondeurs: celle de la barboteuse, celle du milieu et celle du creux, celui-là qui vous entraîne où vous cessez presque de respirer. Heureusement, la plupart du temps, on y remonte à la surface... 









TEXTE : Joël Pommerat
MISE EN SCÈNE : Michel Nadeau
ASSISTANCE À LA MISE EN SCÈNE : Amélie Bergeron
DÉCOR : Véronique Bertrand
COSTUMES : Julie Morel
LUMIÈRES : Caroline Ross
MUSIQUE : Yves Dubois
PHOTOS : Pierre-Marc Laliberté



L'AMOUR C'EST COMME UN JOUR, du regretté Charles Aznavour, qui a si bien décrit toutes les facettes de l'amour, qui nous a quittés le 1er octobre dernier.

GALERIE 3


À la Galerie 3., rue St-Vallier E., M. Norbert Langlois, propriétaire de la galerie, nous a fait faire la tournée de NATURELLEMENT SOPHISTIQUÉS, des œuvres que Mathieu Valade y exposait du 7 septembre au 7 octobre. Des œuvres que l’on regarde de travers pour y percer chacun de leur mystère. Du flou dans la transparence. Des ailes d'oiseaux emprisonnées dans du verre. Des fleurs en plastique neuves. Un certain regard. Et Gertrud Stein et Marcel Duchamp riant dans leur cadre animé. Une belle découverte.




Une autre de ces belles coïncidences: M. Langlois et moi avons le même ancêtre, Noël Langlois.

LANGLOIS, NOËL, pilote du Saint-Laurent, un des premiers colons de la seigneurie de Beauport, né vers 1603 à Saint-Léonard, en Normandie, fils de Guillaume Langlois et de Jeanne Millet, mort le 15 juillet 1684.Après la cession de la Nouvelle-France par les Anglais en 1632, Robert Giffard, seigneur de Beauport, persuada Langlois d’aller s’établir dans le nouveau pays. Il est probable qu’Abraham Martin, dit l’Écossais, pilote du roi à Québec et peut-être parent de Langlois par alliance, influa beaucoup sur sa décision. Langlois et sa promise, Françoise Grenier (Garnier), quittèrent la France au printemps de 1634 avec les futurs colons de Giffard et arrivèrent à Québec le 24 juin. Après son mariage dans cette ville le 25 juillet, Langlois s’installa à Beauport. Trois ans plus tard, il recevait de Giffard une concession à perpétuité. Sa femme, mère de 10 de ses 11 enfants, mourut en novembre 1665. Le 27 juillet 1666, Langlois épousa à Château-Richer Marie Crevet, veuve de Robert Caron. Il décéda à Beauport en juillet 1684, laissant sa veuve et 8 de ses 11 enfants.




 WARTIN PANTOIS


Toujours sur St-Vallier Est, les œuvres éphémères de Wartin Pantois, qui emprunte les rues de Québec pour y exposer ses réflexions citoyennes. Toujours aussi enrichissant et impressionnant.



Photos: L.Langlois
4 octobre 2018


https://quebec.huffingtonpost.ca/etienne-boudou-laforce/le-cadre-limite-et-opprime-lexperience-humaine_a_23449909/


LA PIAZZETTA

Avant le théâtre, un arrêt à la Piazzetta sur St-Joseph Est pour y savourer un menu tout en fraîcheur :

 

SALADE DE BEAUCEEndive, pomme, pacanes, cheddar, céleri, oignon vert, prosciutto fumé, vinaigrette au sirop d’érable et aux trois poivres






FLAMMEKUECHE
Sauce Alfredo, vin blanc, fleur d’ail, confit d’oignons au porto, fromage Chemin Hatley et Alfred Le Fermier de la Fromagerie La Station de Compton, lardons fumés et roquette

TIRAMISÙ

GÂTEAU CITRON ET ROMARIN 



 




vendredi 12 octobre 2018

JUST IN : moi, ce que j’aime, c’est les monstres



Les enjeux et les débats politiques aujourd’hui sont moins importants que l’image. Les idées valent moins que la célébrité. On réclame haut et fort du changement, mais on a profondément peur que les choses changent. On crée du neuf avec du vieux. On vend des coffres antiques que l’on dépoussière et vernit de nouveau, à haut prix, et ils se vendent très bien. On vote JUST IN.

Lucien Ratio 
in le programme de la soirée



Pour le lancement de sa saison 2018-2019, PREMIER ACTE avait fait le choix de JUST IN, un texte de Lucien Ratio, qui pour la première fois se lançait seul sur scène. Une première fois mise en scène par l’ardent Jocelyn Pelletier, dont la « voix » résonnait à travers les impulsions spontanées de la fougue de l’interprète de l'Élu.


Le monologue du jeune politicien nu comme un ver s’amplifie au fur et à mesure que le vide se remplit des images qui lui reviennent en tête après une nuit de débauche électorale. Il nous entraîne à travers les brumes rouges et blanches de ce plus meilleur pays au monde, ce grand et si vaste territoire qui ne nous appartient pas vraiment. On aime le voir se faire aller de tous bords tous côtés, se faire embrasser, photographier, boxer, baiser, et danser…


L’énergie solaire ainsi dégagée par le brillant comédien qu’est Lucien Ratio donne l’impression d’assister à une succession de petites explosions nucléaires dans un espace restreint qui appartient en majeure partie à son imaginaire fertile et contagieux. La musique de Millimetrik, qui vient d’ailleurs tout juste de sortir un nouvel opus, agrémente l’atmosphère de ses notes toujours aussi enivrantes. Les légendaires éclairages de Jean-François Labbé, seigneur des environnements théâtraux de la Cité, nous plongent à nouveau au cœur saignant de cette histoire fantastiquement incarnée de l’ambition qui fera peut-être un jour périr son maître…


En pleine campagne électorale 2018, après la saga des Lehman Brothers du 11 septembre passé au Périscope et le JUST IN de Lucien Ratio le 20 chez Premier Acte, je me suis rappelé le 20 septembre 1987, jour de la mort de mon créateur, celui qui m'a initiée à la politique depuis ma tendre enfance, DEPUIS LE MAQUIS CONFORTABLE DU SALON, celui qui fût l'un des premier membre il y a 50 ans du presque défunt Parti Québécois. Les temps changent, comme le chante encore sa Majesté Bob Dylan...



Et quand je regarde les nouveaux élus du 1er octobre, qui vont dans quelques jours prendre place à l'Assemblée Nationale pour la toute première fois, j'aurai très certainement une pensée spéciale pour Lucien Ratio et sa Compagnie du Temps qui s'arrête. Parce qu'il y aura sans doute encore énormément d'inspiration pour un prochain show....Hâte au Beu-Bye 18 pour retrouver cette énergie qu'il sait si bien déployer.  


JUST IN

compagnie : Les productions le temps qui s’arrête

texte et interprétation : lUCIEN rATIO

MISE EN SCÈNE : jOCELYN pELLETIER

SCÉNOGRAPHIE ET ÉCLAIRAGES : JEAN-FRANÇOIS LABBÉ

PROJECTIONS : JEAN-PHILIPPE CÔTÉ ET JÉRÔME HUOT

MUSIQUE : MILLIMETRIK (PASCAL ASSELIN)

VISUEL : GUILLAUME PERREAULT

PHOTOS : CATH lANGLOIS



Le prochain ?
 Le chef du NPD, Jagmeet Singh
PHOTO DARRYL DYCK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE