lundi 6 octobre 2014

LES FÉES ONT SOIF: Pretty women

Photo: La Bordée




Si le silence veille
Pour couper le cœur en deux
Vous avez tout fait pour ça
C'est bien de votre faute
Si je m'éloigne de vous

Un beau grand bateau
Denise Boucher





Le mastic par exemple sert à stabiliser des matériaux durs et/ou coupants qui pourraient autrement se briser s'ils étaient trop proches les uns des autres. C'est l'usage qui en est fait par les vitriers.



Ce qu’il faut retenir
Ce qu’il faut détenir
Ce qu’il faut fuir…


La Putain la Vierge et la Mère
L'Hystérique la Sainte et la Folle
Leurs bottes et leurs bobettes 
et leurs crottes...
sur le cœur

De la peau sur les os
De la chair à moineaux
Des menstrues 
Des sangsues

Au nom du père, de la bite
du mac et des vices
Au nom des juges, du Fils 
et des flics
Marteaux et matraques 
Câlices et tabarnacs

Éducatrices de la noirceur
Toutes ces cicatrices au cœur

Trois actrices 
Une seule auteure  

Dans la soue
Sur la terre
De la boue 
De la bière

Du pétrole dans le plastique
De la vitre contre le mastic

Une queue une pomme
Un serpent et des hommes

Des abandons 
Des prisons
Un viol un envol

Un beau grand trou
Une belle grande scène
Un beau grand bateau


***

Bien camouflée depuis 1978 dans le grand vestibule des côtés cour et jardin de notre Théâtre, on peut dire qu'on l'attendait depuis longtemps cette femmeuse pièce de résistance de Denise Boucher, remixée par un Alexandre Fecteau plus en forme que jamais, qui n'en finit plus de nous surprendre par ses mises en scènes éclatantes. Faut dire qu'il avait dans son jeu trois reines de cœurs, trois grandes comédiennes d'ici, Lorraine Côté, Marie-Ginette Guay et Lise Castonguay. Des femmes au talent divin, qui savent comment nous parler avec toute la générosité qui les caractérise si bien. Imprégnées de la lumière de la grâce, elles nous ont dépassé par leur prouesse, autant verbale que gestuelle. Le décor d'apocalypse dans lequel elles évoluaient nous aura permis de visiter leur enfer pour finalement aboutir dans une espèce de coin de paradis. On a pu ressentir toute la chaleur de l'énergie que dégageait la puissance de cette bombe textuelle. Le Théâtre de la Bordée amorce ainsi sa nouvelle saison avec grand fracas et nous en sommes bien heureux. Et à en juger par les commentaires entendus au sortir de la pièce la note doit être presque parfaite. 





Photo: La fabrique d'image


P.S. : Ce soir, j'espère que Madeleine dort en cuillère avec la personne de SON choix, que Marie s'éclate éternellement dans sa belle robe écarlate et que la Vierge soit bénie entre tous les hommes de bonne volonté... 







Auteure: Denise Boucher
Mise en scène: Alexandre Fecteau
Assistance à la mise en scène: Joée Lachapelle

DISTRIBUTION

Marie: Lise Castonguay
Madeleine: Lorraine Côté
La Vierge: Marie-Ginette Guay

CONCEPTEURS

Décor et accessoires: Vano Hotton
Costumes, maquillages et coiffure: Élène Pearson
Assistance aux costumes: Julie Morel
Lumières: Laurent Routhier / Projet Blanc
Musique originale: Maude et Navet Confit
Vidéo: Eliot Laprise



Une vidéo produite par La Bordée

ÊTRE FEMME EN 2014



Le magnifiques photos de répétitions de Nicola-Frank Vachon

http://nicolafrankvachon.com/2014/08/29/les-fees-en-repetition/



mercredi 1 octobre 2014

DANS LE BOIS: Un ours à la fenêtre

Photo: Premier Acte


Au printemps l'Oiseau naît et chante :
N'avez-vous pas ouï sa voix ? ...
Elle est pure, simple et touchante,
La voix de l'Oiseau - dans les bois !

L'été, l'Oiseau cherche l'Oiselle ;
Il aime - et n'aime qu'une fois !
Qu'il est doux, paisible et fidèle,
Le nid de l'Oiseau - dans les bois !

Puis quand vient l'automne brumeuse,
Il se tait... avant les temps froids.
Hélas ! qu'elle doit être heureuse
La mort de l'Oiseau - dans les bois !


Gérard de Nerval
Poésie et Souvenirs





Faites attention aux loups pis aux ours…


Vendredi soir dernier, par une superbe et douce soirée d’automne, A. et moi sommes allés prendre une bouffée d'oxygène DANS LE BOIS. Premier Acte, véritable et essentielle pépinière théâtrale,  a encore une fois fait honneur à sa réputation de défricheurs de talents fous. Le sujet en étant un qui nous tiendra toujours à cœur, le duo/duel d'un couple homosexuel, pour rien au monde nous n’aurions raté cette pièce de David Mamet, écrite originalement pour un couple hétéro, mise en scène ici à Québec par Danielle Le Saux-Farmer. Brillamment interprétée par André Robillard et Jean-Denis Beaudoin, deux jeunes loups qui ont pris l'habitude de nous faire gravir avec passion leurs montagnes d’émotions et de non-dits, ils forgent à même leur talent exceptionnel l'avenir du théâtre d'ici et c'est ce qui fait que le Spectateur aura toujours autant envie d'aller les voir jouer. Ils ont tout donné pour que l'on croit ferme à leur il était une fois...



Photo: Premier Acte



Nick et Antoine, seuls et ensemble en pleine Nature, 
avec le chant des grillons et des grenouilles, 
avec le clapotis de l’eau noire, plouc-plouc...
avec leurs corps en feu, leur âme en peine, 
remplis du désir charnel, expulsant les pulsions...

Nick et Antoine, seuls et ensemble, 
avec la musique du fond de leurs cœurs de battants, 
avec leurs pieds nus chevauchant les platitudes du doute, 
avec leurs têtes en éclat sur le billot du bourreau,
avec leurs beaux bras ruisselants et leurs bouches en sang…

Nick et Antoine, des amis, des amants, des frères, 
mais avant tout des hommes qui s'aiment
sans avoir toujours à se le dire...

Et l’orage qui naît à travers leurs aveux 
puis le calme des adieux…

Nous n’irons plus au bois....









David Mamet