dimanche 20 mars 2011

TEMPS: mort aux rats

 

Paul Gavarni
Le marchand de mort aux rats






DANS LE SPEAKER, DU VENT DU NORD SUR LA PETITE ROBE GRIS PÂLE. DES INTERPRÈTES À TOUTES ÉPREUVES. DES RATS QUI FONT LE TOUR DE LA VILLE. UN ARCHER FÉMININ QUI CIBLE LE TEMPS. 

RIEN.
RIEN.

RIEN/FER.

HABITER LE SOL D'UNE FORÊT DE SEL, CELLE IMAGINÉE PAR UN AUTEUR FUGUEUR; HABITER LE FROID SIBÉRIEN ET DÉMENTIEL D'UN TEMPS CONGÉLATEUR D'OREILLES ASSASSINÉES. RÉAPPRIVOISER LA LANGUE MORTE. VOIR APPARAÎTRE SUR UNE SCÈNE UN MUR DE LAMENTATIONS, UN MUR MOUVANT DE VIES OÙ IL Y EUT UNE MÈRE DEDANS AUTREFOIS…PLONGER DANS LE REMOUS, VIVRE PAR LE VIDE, LAISSER UNE TRACE...UNE MINE DE FER POUR FAIRE DES BALLES, POUR FAIRE LA GUERRE...GAGNER DU TEMPS, GÂCHER LE SANG, CRÉER UN REFROIDISSEMENT...

TEMPS: UNE PIÈCE IMPORTÉE DE L'INCONNU POUR UNE SALLE BONDÉE DE SPECTATEURS (QUI NE L'AURONT PEUT-ÊTRE PAS TOUS BIEN VUE); UN SHOWROOM REMPLI D'HUMAINS POUR Y EXPOSER LA MORT D'UN CADAVRE VIOLENTÉ PAR LE CALME DE SES INTOUCHABLES..

IL FAUT MOURIR
IL FAUT MOURIR,

DIT-IL
MAIS IL FAUT SAVOIR PARTIR.


***


On ne dira jamais assez la hâte que nous avions de voir ce morceau inédit de Wajdi Mouawad. On ne dira jamais assez non plus le silence qui habitait l'Octave-Crémazie jeudi soir dernier alors que les spectateurs semblaient figés par ce froid venu tout droit de Fermont. On ne dira jamais assez combien notre coeur s'est agrandi lorsqu'arriva au bout de son chemin de faire cette pièce aux conséquences exaltantes...Encore une fois l'horreur incrustée dans la beauté, le calme vissé dans la violence... L'union/la désunion familiale, le désarroi au milieu de la fête, la torpeur des nuits à -60 c, le son assourdissant du vent veuf du feu maternel de l'immolation, le refrain des souvenirs d'enfance enfoncé dans la gorge éteinte de Noëlla, le chant de la forçure d'un homme embrouillé par les brumes de sa paternité, l'éloge amouritieuse d'une femme qui le déifie, l'intervention divine des deux fils frères, le centre moelleux des interprètes, les flèches de froid dans le cercle de l'archer...Le féminin, le masculin...encore humains...


TEMPS s'est fait chair,
TEMPS s'est fait mère....

Trois soirs plus tard, des mots à peine retouchés, un peu confus, écrits par le spectre d'un Spectateur ému. La résurrection spontanée d'un nouvel espace Mouawad, revenu pour raviver nos mémoires endormies... le temps d'un soir de printemps, via les images collées à ma rétine étoilée. Merci.


(Québec) Marie-Josée Bastien: Noëlla de la Forge
(Québec) Jean-Jacqui Boutet: Napier de la Forge
(Québec) Véronique Côté: Blanche Leblanc
(Québec) Linda Laplante: Meredith-Rose
(Montréal) Gérald Gagnon: Edward Ferland
(Québec) Anne-Marie Olivier: Vera Pavlova
(Moscou) Valeriy Pankov: Arkadiy Tatarine
(Montréal) Isabelle Roy: Apolline Delf

Texte et mise en scène: Wajdi Mouawad
Dramaturgie: Charlotte Farcet
Conseil artistique: François Ismert
Traductrice: Larissa Ovadis
Décors et accessoires: Emmanuel Clolus
Costumes: Isabelle Larivière
Éclairages: Éric Champoux
Compositeur: Michael Jon Fink
Conception son: Jean-Sébastien Côté
Maquillage et coiffures: Angelo Barsetti

Une création du Théâtre du Trident et du Théâtre d’Aujourd’hui en coproduction avec le Théâtre français du Centre national des Arts, Abé Carré Cé Carré, Au Carré de l’Hypoténuse et en collaboration avec le Grand Théâtre de Québec


Conférence de presse de Wajdi Mouawad





2 commentaires:

  1. Justement, je me demandais si tu avais eu le temps en ce début de printemps d'aller voir Temps. J'irai en mai. Wajdi, l'intense! J'enverrai le lien de ton billet à Jean-Paul Damaggio, l'auteur de Au carrefour Wajdi Mouawad.

    Code: brataso

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  2. Pour le Théâtre, je trouverai toujours un peu de temps...perdu, surtout pour une pièce de Wajdi Mouawad. TEMPS est peut-être l'amorce d'un nouveau cycle pour lui, un détonateur pour les prochaines pièces. Pas que ça diffère tant que ça des autres spectacles que j'ai vus, on y respire encore de son essence-ciel, mais y'a comme une sorte de lumière qui est venue s'infiltrer dans mon oeil-âme, une aurore boréale peut-être. Chose certaine, ça remue aux bons endroits. J'espère que tu m'en donnes des nouvelles.

    Ce soir, je m'en vais encore courailler (chez Premier Acte cette fois), on y joue LA MÉLODIE ENTRE LA VIE ET LA MORT, texte et mise en scène de Jocelyn Pelletier, une étoile montante du théâtre d'ici. Un billet suivra.

    Merci de ton passage, c'est toujours agréable d'être lue par un homme tel que toi.

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