lundi 4 février 2013

BRITANNICUS: Langue vivante dans le vin aigre-doux des palais en feu



Photo: Nicola-Frank Vachon



Entremetteur: Pâtissier dont les délicieux entremets favorisent les rencontres.

Marc Escayrol


Mots et grumots


y a un Réverbère
tout au fond de moi
qui éclaire chacun de mes pas
je suis ici-bas, dans tous mes états
et c'est très bien comme ça

Arianne Moffatt



Néron, œuvre en marbre du Ier siècle
Musée du Palatin (Inv. 618)


C’est toujours un réel plaisir que d’assister à une pièce présentée au Théâtre de la Bordée. Parce que nous sommes toujours aussi curieux de voir ce que l’on nous servira sur son prestigieux plateau: entrées spectaculaires, plats de résistance juteux et nourrissants, entremets croustillants ou fondants, bombes glacées, savoureux soufflés, vins pétillants. Nous sortons toujours de ce palais aussi satisfaits d’avoir pu savourer des textes qui n’en finiront jamais d’être «  à la mode ».

Ma copie
Photo: L.L.



BRITANNICUS, toujours à l'étude

Ainsi, en ce soir glacial du 24 janvier dernier, nous avons eu à renouveler ce plaisir qui est celui de côtoyer des personnages d'une antiquité pas si lointaine que ça. Les Britannicus, Néron, Burrhus, Agrippine  et compagnie ont tour à tour fait leur apparition dans l'éclatante mise en scène, tout à fait contemporaine, de Jean-Philippe Joubert. Nous avons ainsi pu constater toute la ressemblance des caractères et agissements radicaux des grands de ce monde qui n’en finiront jamais de nous achever.
Dotée des talents indéniables de la scène de Québec, nous avons ainsi pu goûter chacune des répliques sismiques de ce super classique du père Racine. Agrémentée de décors et musiques « modernes », les protagonistes donnaient ainsi l’impression d’avoir toujours habité ces lieux antiques qu’étaient les salons fastueux de Rome. Leur lumière, via leur brillante interprétation, est venue rallumer le réverbère de nos consciences qui ont parfois la fâcheuse manie de se laisser aller aux noirceurs de ce monde de cendres…
La jalousie, l’hypocrisie, les coups par en-dessous, les complots, les supercheries, tout était en place pour cet épuisant quadrille de l’honneur. Mais il y avait aussi de cette misère noire que possèdent les hommes gris, ceux qui sont pris entre l’arbre et l’écorce de leurs amours impossibles, ceux qui convoitent la pulpe des doigts rosés des promises, ceux qui fomentent l’assassinat de leurs géniteurs, ceux qui mettent à feu et à sang l'âme de leurs habitants, ceux qui finissent par avaler la couleuvre, ceux qui déchirent la toile du temps, ceux qui s'aiment à tout vent...


 Illustration: L.L.

Soir après soir, parce que les Comédiens savent combien j'apprécie leur nourrissante présence, je ne parlerai pas de leur magnifique prestation de ce soir, mais de cette franche camaraderie qui fait qu'ils font UN lorsqu'ils jouent ensemble à nous refaire le monde. Simplement, merci.



Photos: L.Langlois


BRITANNICUS

Texte: Jean Racine
Mise en scène: Jean-Philippe Joubert
Distribution: Chantal Dupuis, Érika Gagnon, Laurie-Ève Gagnon, Jacques Leblanc, Olivier Normand, Jean-Sébastien Ouellette, André Robillard

Conception


Assistance à la mise en scène: Caroline Martin
Décor: Claudia Gendreau 
Costumes: Julie Morel 
Éclairages: Félix Bernier Guimond 
Musique: Mathieu Campagna






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