lundi 6 mai 2013

HAMLET: dans le rectangle de la mort

Photo: Nicola-Frank Vachon



THRONE ROOM


Dead boy dares
Believe in you
Dead boy stares
Afraid that you will see him

Sonic Youth
I love you golden blue
SONIC NURSE



Fantasques guirlandes De romarin, de renoncules D’orties et de marguerites, Faites que jamais HAMLET ne capitule Faites que jamais son VALET ne recule Devant ces 10 doigts d’homme mort pourpres Qui fendent son SILENCE et tracent sa route
Vastes propriétaires de boue enfoncés, Se bornant à prendre le ton du jour, Pour en former de cette écume vidangée Qu’une sale et malodorante fermentation; Insanité qui fera se lisser au sommet de l’opinion, Ardente et agitée, comme peut l’être le typhon, Votre usage " externe " d’une présente société
Soufflons seulement sur ces bulles Pour faire l’épreuve qu’elles crèvent; Soufflons seulement sur elles, pauvres crédules, Pour y faire la preuve, et des " confiseurs " la trêve !
Gemmes rouges, vifs éclats, Noms anciens de ces grenats; Rouge sang des vils scélérats, Rouge cœur de leur stérile célibat; ESCARBOUCLES de toutes ces envies, Quand L’HEURE se pare de faux rubis
Les couronnes des royautés d’autrefois N’ont depuis ces temps-là que peu terni, Car de par le vif-argent de ces dernières Dont l’on peut extraire pour quelques öres, De cet allié fluide qu’est le brillant or, Quelques tiares recyclées pour les néo-rois d’ici
L. Langlois
Extraits Impressions des variations
ELSENEUR Robert Lepage/Ex Machina
Photo: Nicola-Frank Vachon

Le spectre d’HAMLET, revenu pour nous éblouir et nous hanter pendant quelques trois heures au  théâtre de la Bordée, s'est offert toute une scène pour y étaler le talent indéniable de celui qui devait l’interpréter pour la troisième fois: Jean-Michel Déry. Il nous en a faits, comme à son habitude, les heureux privilégiés. Encerclé par une brigade des plus spécialisées dans l’art de la scène, il était sous le commandement prodigieux de Marie-Josée Bastien, dont je garde le souvenir immortel de son ténébreux et sublime RICHARD III, joué en mars 2008 et également présenté à La Bordée. HAMLET, un gâteau de noces sanglantes, coté cinq fourchettes !



1601, presque à la même époque où Québec fût fondée, Hamlet se promène encore dans un autre de ses nombreux décors, farcissant de sa folie feinte les rideaux mortels des chambres sombres du château d’Elseneur. Parmi les péchés vécus ou à venir, dans la pourriture démentielle du Danemark, Hamlet, couché dans la tombe de la jeunesse, au ras de la folie des grandes heures, comme un prince drapé de brouillard et de ténèbres, outrageant la lumière de sa vengeance qui brille au fond de son regard poignard.
En ce soir du 18 avril 2013, autour de cette histoire de vengeance qui n’en finira jamais de nous en apprendre sur le comportement humain, nous nous sommes retrouvés « entre amis », comme si c’était hier. Traduite dans la langue de Jean-Marc Dalpé, Shakespeare vit encore parmi nous, ici-bas, autour des décombres et dépouilles, dans les ronces et les pierres. Il est toujours aussi captivant et sait comment se faire aimer après plus de 400 ans...
Lise Castonguay (Gertrude), toujours aussi vibrante et surnaturelle, Gabriel Fournier (Cornélius), avec sa voix venue des profondeurs, Israël Gamache (Horatio), à nouveau si touchant, Jack Robitaille, spectre géant, Jean-René Moisan (Laertes) électrisant, Réjean Vallée (Claudius) encore une autre fois parfait, Patric Saucier (Polonius) impayable, Simon Lepage (Guildenstern) et Pierre-Olivier Grondin (Rosencrantz), tout deux aussi réjouissants qu'éblouissants, Alexandrine Warren, lumineuse Ophélie, ont su justement très bien servir un Jean-Michel Déry au sommet de son art. Un pur ravissement pour nous Spectateurs qui assistaient à cette dernière pièce de la saison.

Vraiment, la Bordée nous a fait l’un de ses plus beaux cadeaux en nous présentant ce chef-d’œuvre qui n'a pris, ne prend et ne prendra jamais aucune ride. Merci à toute l'équipe de production et aux concepteurs de cet autre inoubliable soirée.

Dead boy dares
Believe in you
Dead boy stares
Afraid that you will see him


HAMLET

Texte: William Shakespeare
Traduction: Jean-Marc Dalpé
Mise en scène: Marie-Josée Bastien
Conception: Marie-Renée Bourget Harvey (décor),

Sébastien Dionne (costumes), Sonoyo Nishikawa (éclairages),
Stéphane Caron (musique)


Photos du spectacle: Nicola-Frank Vachon
TO BE OR NOT TO BE ?




2 commentaires:

  1. (via Facebook)
    Merci Louise! ;-)
    Jean-Michel Déry
    7 mai 2013

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  2. (via Facebook)

    Bonjour,
    Merci beaucoup pour les bons mots. Je viens de découvrir votre blogue.... C'est absolument magnifique!! Tout plein de beauté, d'intelligence, d'informations précieuses et instructives. Merci. Si loin du cynisme souvent présent des critiques d'art. Fabuleux!!C'est pour et grâce à des gens comme vous que l'on a envie de remonter sur scène malgré la peur qui nous tenaille, et de jouer avec toute l'énergie possible pour vous toucher, vous faire rire ou susciter une quelconque réflexion. Tous mes hommages. Je vous souhaite un très bel été aussi et je me réjouis déjà de ma prochaine saison... sachant qu'il y aura une et plusieurs Louise Langlois pour qui jouer.
    Réjean Vallée
    13 mai 2013

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